Les Témoins du passé – La basilique Saint-Julien de Brioude
LES TÉMOINS DU PASSÉ
BASILIQUE SAINT-JULIEN
DE BRIOUDE
Haute-Loire,
Auvergne-Rhône-Alpes
TYPE : église
CULTE : catholique.
DÉBUT DE CONSTRUCTION : 11ème siècle.
FIN DE CONSTRUCTION : 12ème siècle.
STYLE DOMINANT : art roman auvergnat.
PROTECTION : le monument est classé par les listes des monuments historiques de 1840.
HISTORIQUE
Située au cœur de Brioude, la basilique Saint Julien est le témoin d’un illustre passé. C’est en 304 que le soldat romain « Julien », converti au christianisme, est décapité puis enseveli à l’emplacement actuel de la basilique. Depuis lors, il devient le Saint patron de la ville, et sa renommée ira grandissante.
D’après Grégoire de Tours (538/539-594), le lieu va attirer une foule de pèlerins en recherche de guérison, de salut, et pour se rapprocher de Dieu. Par la suite, Brioude deviendra un des principaux lieux de pèlerinage de Gaule : au fil du temps, plusieurs églises seront construites sur le site du martyrium du 4ème siècle. Les Ducs d’Aquitaine y fonderont leur capitale et Guillaume le Pieux (875-918), fondateur en 909 de l’abbaye de Cluny, se fera inhumer dans l’église.
CHRONOLOGIE
– A l’origine, l’église mérovingienne a probablement été ravagée par un incendie.
– Aux 8ème et 9ème siècles, une nouvelle église carolingienne est construite ; en témoigne l’actuelle mosaïque du chœur.
– En 825, l’église est protégée par un édit qui lui donne une grande autonomie et surtout l’ « immunité », c’est-à-dire l’exonération de diverses taxes.
– Dès le 9ème siècle est fondé le chapitre de Brioude. Un acte de 874 révèle une fratrie d’influents chanoines occupant les lieux. Ce chapitre de chanoines, fort de 21 maisons, a la tâche de veiller et de protéger le tombeau du Saint.
– Faisant suite à la chute de l’empire carolingien, les Guilhelmides ou Wilhelmides (lignée de la noblesse franque, des 8ème et 9ème siècles, proche de la dynastie carolingienne), sont les nouveaux maîtres de Brioude et en deviennent les abbés. C’est ainsi que le duc Guillaume 1er d’Aquitaine, mort en 918, est enterré aux côtés de la tombe de Saint julien.
– Brioude tombe ensuite dans l’escarcelle des comtes de Gévaudan, puis des comtes d’Auvergne. On trouve à cette époque là, parmi le chapitre de Saint Julien, les descendants des plus grandes familles d’Auvergne. Notamment Odilon de Mercœur qui optera pour l’abbaye de Cluny, et Robert de Turlande qui, lui, choisira une vie d’anachorète puis, la fondation de l’abbaye de la Chaise-Dieu.
L’édification de l’église romane telle qu’elle apparaît de nos jours remonte à la 2ème moitié du
11ème siècle. Brioude se développe alors et devient un lieu de pèlerinage ; c’est aussi un lieu de passage sur la route de Saint Jacques de Compostelle, de Rome, et de Jérusalem : la ville se trouve sur la Via Arverna (chemin de randonnée de Saint Jacques de Compostelle, entre Clermont-Ferrand et Cahors). Le chapitre essaie alors de s’émanciper de la protection des comtes d’Auvergne. En 1095, le pape Urbain II vient, lors de son Concile de Clermont, prêcher la 2ème Croisade. Dès lors, il place Saint-Julien sous sa propre responsabilité, et son successeur, Pascal II, garantit au chapitre le droit de désigner son abbé et son prévôt. Le roi de France Louis VII lui-même affirmera son autorité sur le chapitre. Conjointement, des discordes vont alors naître au sein de la communauté des chanoines. Elles seront à l’image des rivalités entre les familles de Mercœur et d’Auvergne. Ce n’est qu’en 1223, après l’unification de l’Auvergne à la couronne de France, que le chapitre rachètera les droits féodaux des comtes d’Auvergne. Le chapitre gardera son emprise et son influence jusqu’à la Révolution, date à laquelle il sera supprimé. En 1794, l’église sera endommagée, un de ses clochers effondré et l’autre étêté.
– En 1957, le pape Pie XII lui attribue le titre de « Basilique Mineure ».
PLAN DE LA BASILIQUE
EXTÉRIEURS
LE CHEVET
La basilique Saint-Julien de Brioude possède un chœur décoré d’une mosaïque de rosaces en pierres polychromes, un chevet à déambulatoire, ainsi que des chapelles rayonnantes. Contrairement aux églises dites « majeures » de Basse-Auvergne, la basilique de Brioude est dépourvue de « massif barlong ».
D’autre part, elle se distingue, au niveau des fenêtres, par des décorations que l’on ne perçoit jamais sur les églises majeures. En effet, les ouvertures du déambulatoire et de ses chapelles rayonnantes sont cernées par des colonnettes à chapiteaux, alors que celles du chœur sont encadrées de baies orbes, formant ainsi des triplets.
LA FAÇADE
LE CLOCHER
L’INTÉRIEUR
L’on découvre à l’intérieur un ensemble d’une magnifique polychromie, composé de pierres grises, rouges, blanches et noires, extraites des carrières voisines : le grès rouge provient d’Azérat, le grès calcaire de Beaumont, le basalte de La Vergueur (Saint-Just-près-Brioude) et le marbre de Lauriat (Enval). Le tout en harmonie avec le pavement au sol qui se présente comme un tapis minéral bicolore, composé de galets de basalte et de quartz noirs et blancs de l’Allier. Des figures aux motifs géométriques d’arabesques y sont représentées.
LA NEF
Elle mesure 74 mètres de long, et comprend cinq travées. Elle est soutenue par des colonnes à base carrée, et dominée par des chapiteaux décorés de dessins variés : chimères, sirènes, palmettes stylisées, feuilles d’Acanthe, génies ailés, un minotaure ou bien Hermès criophore (qui porte un bélier). De nombreuses scènes de la vie quotidienne sont aussi représentées : un dompteur de singes, un avare portant un livre de comptes, ou une lutte entre deux cavaliers. Trois chapiteaux évoquent le Christ en majesté, un ange qui prie et les Saintes femmes au tombeau. On peut encore découvrir sur certaines colonnes des traces de fresques.
– L’avant-nef est surplombée par une tribune qui reçoit la chapelle Saint-Michel. On peut s’y rendre par un petit escalier en colimaçon. Au-dessus se situe le clocher carré.
– Dans la crypte se trouvent les reliques de Saint Julien.
– Enfin, un large déambulatoire ouvre l’accès à cinq chapelles rayonnantes.
MAITRE AUTEL