Mistral brûlant sur la « Bonne Mère »

SECONDE GUERRE MONDIALE

Armoiries de Marseille

LA LIBÉRATION DE MARSEILLE

Du 21 au 28 août 1944

Drapeau de Marseille

MISTRAL BRÛLANT SUR

« LA BONNE MÈRE »

Le tank Jeanne d’Arc

Cet article est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait qu’une pure coïncidence. Seuls les événements historiques sont authentiques.

LES BOMBARDEMENTS DE LA CITE PHOCÉENNE

Les bombardements de Marseille sont des raids aériens menés en juin 1940 contre le port de Marseille et ses abords, par la « Luftwaffe » et par la « Regia Aeronautica ». Puis, le 27 mai 1944, par l’aviation américaine, qui bombardera la ville à haute altitude, causant de nombreuses pertes civiles.

ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS :

Opération « Dragoon » débarquement sur les côtes françaises en août 1944.

CONTEXTE

Le 15 août 1944 a lieu le débarquement allié en Provence.

Les différentes forces armées participant au débarquement.

 

Les Allemands se retranchent dans des bunkers et se terrent. Mais ils continuent la lutte contre la résistance, et font sauter les installations portuaires : plus de 200 navires sont coulés, et le célèbre pont transbordeur de Marseille détruit.

Le Pont Transbordeur

Le débarquement de Provence (nommé code Anvil puis Dragoon) est une opération militaire qui s’est déroulée à partir du 15 août 1944, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il fut mené par les troupes alliées dans le Sud-Est de la France, entre Toulon et Cannes.

Opération Dragoon. Débarquement entre le 14 et le 16 août 1944, des soldats français, canadiens, américains, et anglais partent à l’assaut de la côte méditerranéenne

Le 19 août 1944, le général de Lattre de Tassigny reçoit l’ordre du général Patch (commandant de la 7ème armée américaine) de s‘emparer des villes de Toulon et de Marseille.

Jean de Lattre de Tassigny

Deux groupements sont constitués afin d’attaquer les deux ports simultanément :

– Le premier groupement (placé sous les ordres du général Edgard de Larminat, commandant le 2ème corps d’armée) est chargé d’attaquer Toulon.

De Lattre de Tassigny au siège de Toulon. 19 au 27 aout 1944

Joseph de Goislard de Monsabert en 1944

Il comprend 52 000 hommes, principalement de la 1ère division de marche d’infanterie (1ère DMI) et de la 9ème division d’infanterie coloniale (9ème DIC).

 

– Le second groupement (placé sous les ordres du général de Goislard de Monsabert) est chargé d’attaquer Marseille.

Il se compose de 12 000 hommes, essentiellement de la 3ème division d’infanterie algérienne (3ème DIA), des groupements de Tabors marocains (GTM), et du CC1 de la 1ère division blindée (1ère DB).

1re division française

Tabor : Bataillon formé de soldats des goums marocains encadrés par des officiers et sous-officiers français des Affaires indigènes.

Un Goumier (régiment de Tabors marocains)

MARSEILLE MARTYRISÉE

La Place de la Joliette

le 1er juin 1940. La ville subit son premier bombardement. Des escadrilles de Heinkel 111 lâchent leurs bombes dévastatrices, causant la mort de 32 civils, et en blessant une soixantaine d’autres. Le port est notamment touché.

– Dans la nuit du 21 au 22 juin 1940. L’Italie ayant déclaré la guerre à la France (onze jours plus tôt), des bombardiers Savoia-Marchetti SM.79 frappent Marseille en deux vagues successives. Cette nuit-là, 4 200 kg de bombes tombent sur la ville, faisant de 122 à 144 victimes civiles.

– Le 27 mai 1944. A 10 h 50, sept vagues de bombardiers américains et canadiens apparaissent à 4 ou 5 000 mètres d’altitude, et larguent plus de 800 bombes de 250 à 500 kilos sur le centre-ville de la ville phocéenne. Ce bombardement, dit stratégique, mené par l’US Air force, fera dans la population civiles 4 512 tués ou blessés, et 20 000 sinistrés.

Les bombes toucheront le centre-ville, causant la mort de nombreuses victimes civiles, et laissera intactes toutes les installations portuaires et militaires.

MARSEILLE SOUS LES BOMBES AMÉRICAINES

Ça s’est passé le 27 mai 1944…

Bombardement de Marseille par les Américains 1944

Ce jour-là, vers 11 heures du matin, la ville de Marseille est bombardée par l’armée américaine afin de préparer le futur débarquement allié en Provence. Les 130 forteresses volantes de l’US Air force lâchent près de 800 bombes sur la cité phocéenne ! C’est un massacre, et peu d’objectifs stratégiques sont atteints ; on compte 1750 morts et 2760 blessés.

Lire : « Marseille sous les bombes de l’Oncle Sam »

LA BATAILLE DE MARSEILLE

Combat de rue dans Marseille mené par les FFI (Forces françaises de l’intérieur).

La bataille de Marseille est une série d’actions et de combats qui ont eu lieu du 21 au 28 août 1944, et qui ont mené à la libération de la ville.

Ce 21 août est un jour particulier pour moi, puisque c’est mon anniversaire. Bien sûr je n’étais pas né en « forty-four ». Donc, mis à part les témoignages de mes parents, les documents d’époque dans les livres d’histoire, les photos jaunies des vieux albums de famille, et les films sur la Seconde Guerre Mondiale, je ne peux aujourd’hui être que spectateur de cette période. Ah ! Une anecdote parmi tant d’autres : mon père m’avait raconté comment il avait découvert, à cette époque-là, le chewing-gum.

Et bien justement, c’est de mon père qu’il s’agit. Je vais vous raconter son histoire, celle qu’il a vécue avec la libération du peuple marseillais.

                                                            Le Goumier gisait étendu sans vie sur le chemin.

Les véhicules blindés forçaient leur avancée sauvage,

Et leurs chenilles aux mâchoires acérées agrippaient sans partage.

Le jeune homme alors, empoigna le malheureux soldat,

Et afin qu’il ne subisse un autre outrage, le hissa à l’écart de la route.

Survint la voiture flanquée de la croix de Lorraine bondée de FFI libérateurs,

Ils embarquèrent et armèrent le jeune homme à point nommé.

Ensemble ils partirent à Notre Dame de la Garde libérer Marseille.

Ce jeune homme, c’était mon père. Il avait dix-huit ans.

Jean Borghino

A la mémoire de mon père Jean BORGHINO. (02/10/1926 – 25/03/1977)

Extrait de mon livre « du Sang sur les Bleuets » paru aux éditions En Volume

LA LIBÉRATION DE MARSEILLE

Libération de Marseille

Je m’appelle Jean. Je porte le même prénom que mon père. Celui-ci, après avoir fait toute la Grande Guerre en 1914, vint avec sa famille vivre à Marseille. Il y tenait une petite boucherie à la rue Eugène Pottier, dans le quartier de Saint Lazare.

Mes parents, Jean et Dominique devant le « Cabanon »

Je suis issu d’une famille nombreuse : mes deux frères aînés, Dominique et Jérôme, sont prisonniers en Allemagne. Le premier a été capturé à Dunkerque, le second dans les Ardennes, en 1939 ; tous deux, dès le début de la Guerre. Puis après moi ont suivi Etienne, Joseph, Pierre, et enfin mes deux petites sœurs, Jeanne et Césarine. 

En 1944, j’ai 18 ans. Et par la force des choses, étant devenu l’aîné de cette fratrie, mes parents comptent beaucoup sur moi pour les seconder. Afin d’éviter tous les malheurs de la guerre qui est venue frapper sournoisement à notre porte, mon père, pour nous mettre à l’abri, a décidé de fuir le centre-ville pour la banlieue.

Mes parents possédaient du côté de Saint Antoine un petit lopin de terre que mon père cultivait méticuleusement. Il y avait bâti une minuscule maisonnette que nous avions

Mes frères, sœurs et apparentés devant le « Cabanon »

l’habitude de nommer « le cabanon ». Nous vivions dans une pièce unique, où il n’y avait ni chauffage ni eau courante. Pour nos besoins domestiques, nous disposions d’un lavoir alimenté régulièrement en eau potable et fraîche. Cette même eau qui lui servait pour irriguer son potager. Mon père y allait régulièrement, pour l’entretenir mais aussi pour nourrir Papillon, le chien de la famille.

Aux beaux jours, nous « montions tous de Marseille ». C’est que, pour quitter la grande ville et se rendre en banlieue, c’était toute une expédition. Les plus jeunes se serraient dans la vieille Juva 4 du père, et les aînés prenaient le tramway.   

Avec mon épouse Carméline à Notre Dame de la Garde en février 1952

Voilà. Je crois avoir dit l’essentiel et planté mon décor. Ah ! pour être plus exhaustif, je dois vous apporter quelques précisions et pas des moindres : cette petite propriété, que je viens de décrire d’une façon idyllique, se situe juste en face et en contrebas des quartiers de Tante Rose, Verduron Haut, et celui du Moulin du Diable.

Ces trois hauteurs qui se trouvent au-dessus de la Gavotte, et au sud-ouest de Septèmes-les-Vallons, vont être l’enjeu d’une lutte féroce entre les forces françaises et les Allemands. Et nous, nous étions au milieu !

Il n’était pas rare que l’ennemi retranché tire, juste histoire de s’amuser, quelques « pruneaux » sur des cibles mouvantes. C’est-à-dire nous et les passants frileux qui se trouvaient là par inadvertance, et qui hâtaient le pas pour esquiver un mauvais coup.

Je me souviens, une fois, alors que j’essayais de fermer les volets de l’unique fenêtre du cabanon, avoir entendu un sifflement au-dessus de ma tête. C’était une balle de fusil Mauser. Le projectile est venu mourir avec fracas dans le mur recouvert de chaux blanche de la chambre.

 

LE FRACAS DES ARMES,

MARSEILLE NORD

Combat de rue dans Marseille mené par les FFI

Vendredi 18 août 1944

On vient d’apprendre que l’armée du général Monsabert se dirige sur Marseille, et que ses premières unités sont toutes proches ; dans la périphérie, pas très loin d’Aix en Provence (Aix sera libérée le 21 août 1944). 

Depuis quelques jours les Allemands se font plus pressants. On observe beaucoup de mouvements ; de nombreux véhicules blindés circulent sur le chemin du Pradel. Cette petite route étroite, qui relie le port de Marseille à Saint Antoine, passe juste devant notre cabanon. Le croisement des chars et automitrailleuses se fait dans la plus grande cacophonie. Des fusillades éclatent sporadiquement aux alentours, sans que l’on puisse toutefois les situer avec certitude. Mais mon père est formel, c’est tout proche. Il nous a interdit de sortir, et nous a fait promette de ne surtout pas prendre de risques inutiles.

Ce matin, nous avons reçu un courrier de Jérôme. Mon frère nous dit qu’il essaie en vain de s’échapper. La dernière fois, il s’est fait cueillir dans un train en partance pour la France. Il nous raconte que c’est une vielle dame allemande qui l’avait caché sous sa robe ample pour l’aider à s’enfuir. Il nous dit qu’il sature des « kartoffein » (pommes de terre) ; il en mange tous les jours. C’est ainsi que nous apprenons que le peuple allemand souffre de la faim ; comme en 14-18. Il est surprenant d’ailleurs que la censure n’ait pas détruit cette lettre. Ils doivent avoir certainement d’autres préoccupations plus importantes. N’en doutons pas, ça doit barder pour eux depuis le débarquement en Normandie, le 6 juin du mois dernier.  

Samedi 19 Août

Ce matin, le charivari est intense. Dans le nombre, il me semble percevoir des uniformes inconnus. Dans ce tumulte, bien malin qui peut dire ce qui se passe sous nos yeux. Ça pétarade fort, et le sifflement des balles est maintenant continu. Leurs ricochets sur l’asphalte donnent à cette scène un accent mélodieux, celui d’une voix soprano qui s’égosille à en perdre le souffle. A ce bruit vient se rajouter la fumée ; il y en a de partout. Mais bon Dieu, d’où vient-elle ? Alors, contrairement aux injonctions du paternel, je me risque à aller jeter un œil dehors, en direction du portail. Le tumulte semble parvenir du bas du chemin du Pradel. Nombreux sont les véhicules blindés et autres automitrailleuses qui sont immobilisés ; et je ne sais pas pourquoi. Toujours est-il que les défenseurs allemands du Moulin du Diable s’en donnent à cœur joie, et arrosent de balles traçantes tout ce petit monde en pleine débâcle.

C’est alors que je les vois pour la première fois : des Goumiers. Quel drôle d’accoutrement ! ils combattent différemment des autres ; la plupart ont un poignard serré entre les dents pour monter à l’assaut.

Des Goumiers

Une scène étrange et insolite se déroule alors sous mes yeux. Cette troupe, que l’on nomme « indigène », se rue sur les positions ennemies au mépris du danger, sans protection. Je devrais dire : grimpe à l’assaut, avec leur couteau serré dans la bouche. 

Indigènes : « personne née dans le pays dont il est question ».

Certains sont déjà parvenus sur le sommet, et sont au contact avec l’ennemi. De nombreux corps pêle-mêle dévalent la colline. Allemands et Goumiers roulent dans une étreinte mortelle le long du talus, et viennent choir sur le bord du chemin.

Plus tard, la rumeur racontera que les Goumiers, fous de rage envers les Allemands, leur ont coupé la tête et s’en sont servie pour jouer au football.  Est-ce possible ?

Dimanche 20 août vers midi

Maintenant, les uniformes « feldgrau » ont entièrement disparu. On ne distingue que ceux des Tabors marocains, et ceux des officiers français qui les encadrent. En contrebas du chemin du Pradel, le génie s’affaire à nettoyer les voies d’accès. Il enlève à grands cris et vacarme toutes les carcasses fumantes qui obstruent encore la route. Il faut faire place nette pour l’attaque finale. Je sens que ça va barder…

Lundi 21 août

On apprend à la radio qu’Aix en Provence est libérée.

Les allemands résistent avec la force du désespoir, causant de nombreuses victimes parmi les soldats alliés. Les positions de Tante Rose, Verduron Haut, et celle du Moulin du Diable se défendent bec et ongle contre les assauts des Tabors.

Mais c’est sur le plateau, autour du château du marquis de Foresta, à quelques kilomètres du « cabanon », que les combats sont les plus disputés et intenses.

Pendant la deuxième guerre mondiale, ce château surplombant la colline servait de logements aux officiers allemands de la batterie de DCA, qui avaient pris position sur le plateau de Foresta. Au cours de la bataille pour la libération de Marseille, le 24 août 1944, le Château de Foresta tomba aux mains des tirailleurs algériens du 7ème RTA. Il fut alors immédiatement bombardé par les canons allemands situés sur les îles du Frioul. Deux jours plus tard, la bâtisse n’était plus qu’une ruine.

Nous sommes morts de peur ; les obus tombent si près… Mais les artilleurs ennemis sont des professionnels, me semble-t-il. Ils visent correctement. Pas comme ces pilotes américains qui ont bombardé Marseille au mois de mai, où il y a eu des centaines de morts parmi la population civile.

Mardi 22 août, 8 h du matin

Le chemin du Pradel est maintenant entièrement dégagé. Les conducteurs accélèrent et le traversent en trombe pour éviter qu’on leur tire dessus. De nombreux corps viennent choir au pied de la colline, au bas de Verduron, et terminent leur course macabre bien souvent dans le canal.

Mais pour l’heure, le plus urgent est d’en finir avec les défenseurs des positions surélevées, qui luttent toujours avec la même ardeur. Ceux-ci canardent toujours autant tout ce qui a le malheur de bouger dans leur ligne de mire.

Mercredi 23 août

Malgré l’interdiction de mon père, j’ose m’aventurer jusqu’au portail avec mon jeune frère de quinze ans, Etienne. Là, je constate toute l’horreur de la guerre : les corps sans vie sont délaissés sur le chemin ; on ne peut plus rien pour eux. Un moment, je suis surpris de voir notre voisin M Palbard venir à notre rencontre, le dos légèrement courbé ; il nous suggère d’être plus prudents et de nous abriter dans un lieu plus sûr.

Le défilé des véhicules blindés a ralenti. Malgré les efforts pour dégager la route, il reste toujours des obstacles qui l’encombrent au fur et à mesure que les combats s’intensifient. Et les victimes des deux camps s’entassent en désordre devant nos yeux, bien souvent écrasés pars les blindés qui, dans leur folle avancée, ne font pas de détail ; il faut sauver sa peau avant tout, c’est malheureusement humain…

Devant moi, un malheureux Goumier git sans vie sur le sol, en plein milieu de la route. Je me dis qu’il me faut le sortir de là avant qu’un véhicule ne l’écrase. N’écoutant que ma propre volonté d’agir, je me précipite vers le cadavre et l’empoigne. Ses mains inertes sont glissantes ; il est lourd, et son poids me fait tituber. Mais tant bien que mal je réussis à le placer à l’écart du chemin. Là, me dis-je, il ne risque plus rien…

Soudain un véhicule, une Traction avant, freine brusquement à ma hauteur. Ce sont des FFI. L’un d’eux (celui qui avait pris position en équilibre sur l’aile avant) me dit : « allez, viens avec nous !… ». Et c’est de cette manière, contre mon gré, que vais prendre part à « la guerre ».

Lorsque le véhicule démarre, j’entends mon jeune frère Étienne me crier : « Jean ! » … Et la suite des événements va se dérouler au pied de Notre Dame de la Garde.

Ce n’est que le 27 août que les positions de Tante Rose, Verduron Haut, Moulin du Diable (au-dessus de la Gavotte-sud-ouest de Septèmes-les-Vallons) seront conquises.

COMBATS AU PIED DE « LA BONNE MÈRE »

Bombardement de la colline de Notre-Dame de la Garde

Du 21 au 23, les FFL (Forces Françaises Libres) et les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) fusionnent. On dresse des barricades. Les Allemands se replient sur les points stratégiques. Les FFL se joignent à la résistance marseillaise, et s’engagent avec le 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens dans la ville par le Nord et le Nord-Est, tandis que les Tabors mènent de durs combats par le Sud et l’Est.

Mardi 24 août, en début d’après-midi

Le général de Monsabert donne l’ordre au général Sudre de s’emparer de la colline de Notre-Dame-de-la-Garde, dont les rochers sont remplis de casemates allemandes. Il a donné des ordres formels : « pas de bombardement aérien, pas d’emploi massif d’artillerie. Ce caillou légendaire devra être emporté d’assaut par des fantassins appuyés par des blindés ».

Il nous a fallu plusieurs heures pour traverser Marseille. Les rues sont agitées par la foule qui se sent une âme de libérateur. Nombreux sont-ceux qui, armés, arborent un drapeau tricolore et portent un caque Adrian. Je me dis alors qu’un vent de liberté et de folie souffle sur Marseille.

La libération de Marseille

Mercredi 25 août, début de la bataille de Notre-Dame de la Garde.

Deux colonnes montent à l’assaut. L’une parvient à atteindre la résidence épiscopale. La 1ère compagnie du 2ème bataillon du 7ème RTA (Régiment de Tirailleurs Algériens) attaque les blockhaus tout autour de la Basilique de Notre-Dame de la Garde.

Les chars d’assaut Jourdan et Jeanne d’Arc progressent lentement dans la montée de l’Oratoire et arrivent sur l’esplanade située aux pieds de la colline. Le char Jeanne d’Arc est touché et détruit, alors que le char Jourdan saute sur une mine.

La deuxième colonne du 2ème bataillon et du 3ème RTA du chef de bataillon Valentin passe par un autre chemin moins utilisé. 

Commémoration des 70 ans de la libération d’Aix en Provence

J’essaie de ne pas trop m’exposer, et à chaque fois que je le peux, je m’abrite derrière un abri sûr ; enfin, qui me semble sûr… Car la mitraille frappe sans distinction de toute part, et je dois l’avouer, je me demande encore : « mais qu’est-ce que je fous ici ? Je suis trop jeune pour mourir ! ». Près de moi, un char d’assaut saute sur un engin explosif. Ses occupants s’extirpent de l’engin de mort en criant, brûlés par les flammes. Les malheureux sont immédiatement mis hors du champ de tir. Il faut étouffer le feu qui les consume avec une couverture ! me dis-je. Sans hésiter, je me précipite vers celui qui est le plus proche de

Commémoration des 70 ans de la libération d’Aix en Provence

moi. Avec une bâche que je récupère dans une Jeep abandonnée à moitié détruite, je tente d’éteindre le feu sur ses vêtements.  Il a le visage noirci, ses yeux sont apeurés ; il souffre énormément. Je suis secondé presque instantanément par des secouristes de l’antenne médicale, qui emmènent mon blessé vers l’ambulance.  

Les affrontements sont violents et meurtriers. Participent à la bataille : les Ier, 2ème ,3ème et 7ème RTA, le 7ème RCA, et le 2ème RC et FFI.

Dès le 25 août 1944, à 6 h du matin, l’ordre est donné d’avancer. Je m’abrite derrière un blindé, car les tirs qui sont déclenchés de la colline sont dévastateurs, et entravent considérablement la progression de nos troupes.

Un des nôtres, un FFI dénommé Pierre Chaix-Bryan, connaît le quartier sur le bout des doigts. Il sait qu’il existe un couloir (au 26 rue Cherchel, actuellement rue Jules-Moulet). Ce passage permet de traverser l’immeuble et d’atteindre un escalier inconnu des allemands. Les tirailleurs algériens s’y engouffrent, et arrivent au plateau Cherchel.

Au début de l’après-midi, les chars du 2ème régiment de cuirassiers de la 1ère D.B. donnent également l’assaut.

Le char « Jeanne d’Arc », atteint par un obus, est stoppé net place du Colonel Édon, et ses trois servants sont tués sur le coup. Un deuxième char, le « Jourdan », saute sur une mine. Mais, blessé, il peut continuer à tirer.

Le tank Sherman

Vers 15 h 30, une section de la 1ère compagnie du 7ème RTA prend d’assaut la colline.

C’est alors que je vois le drapeau français hissé au sommet du clocher de notre « Bonne Mère ». Une grande clameur s’élève de la foule qui suit scrupuleusement les événements en contrebas.

Il est à noter que Marseille, ville multiethnique, doit la libération de sa Basilique catholique à une troupe composée de soldats musulmans de l’Armée d’Afrique.

Voilà. C’est terminé. J’ai eu de la chance, je m’en sors sans une égratignure. Je me sens l’âme d’un patriote ; j’ai participé à la libération de Marseille. Et je suis fier d’arborer mon brassard de FFI.

Le 29 Août 1944, Marseille est libérée.

J’espère que mon père sera aussi fier que moi. J’ignore à ce moment-là que j’ai déclenché sa colère, et que je vais me faire sérieusement réprimander. Il faut dire qu’à la maison, on n’a aucune nouvelle de moi, et ma mère, qui se fait un sang d’encre à mon sujet, est morte de peur.

BILAN & PERTES

Selon certaines sources, les pertes au cours des combats s’élèvent à :

– entre 1400 et 1800 tués et blessés pour les soldats de l’armée française et les FFI, dont près de la moitié parmi les Goumiers marocains (140 tués et 540 blessés).

– Environ 2000 tués et 11 000 prisonniers pour les Allemands.

Le Général de Montsabert écrira dans son rapport sur la bataille de Marseille : « Onze mille prisonniers, un grand nombre de pièces d’artillerie intactes, des stocks de munitions et de vivres, les installations portuaires sauvées de la destruction totale sont le bilan de cette libération victorieuse pour laquelle se sont mêlés le sang des cavaliers, des goumiers, des tirailleurs, des vieux artisans de la Victoire d’Italie et des F.F.I. locaux »

MARSEILLE VUE DE NOTRE DAME DE LA GARDE

Sources :

Mes photos

Photos publique Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_Marseille_(1940)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Notre-Dame-de-la-Garde

https://www.marseille.fr/marseille/actualites/liberation-de-marseille-marseillais-marseillaises-souvenons-nous

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9barquement_de_Provence

 

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3 réponses

  1. 18 décembre 2022

    […] Lire : Mistral brûlant sur la « Bonne Mère ». […]

  2. 22 décembre 2022

    […] Lire : Mistral brûlant sur la « Bonne Mère ». […]

  3. 10 janvier 2023

    […] – Mistral brûlant sur la Bonne Mère. […]

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