« Blitz » sur Bir Hakeim

SECONDE GUERRE MONDIALE

« BLITZ » SUR BIR HAKEIM

Légionnaires français donnant l’assaut à Bir Hakeim.

Cet article est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait qu’une pure coïncidence. Seuls les événements historiques sont authentiques.

Drapeau de la France Libre

 

SOMMAIRE

Du 27 mai au 10 juin 1942, 3723 combattants de la 1ère Brigade Française Libre du général Koenig défendent la position retranchée de Bir Hakeim, en Libye.

Le général Pierre-Marie Köning

Ce sont des volontaires français et des légionnaires issus de toutes les parties de l’empire colonial (de l’Afrique Équatoriale à la Polynésie). Ils sont la plupart du temps très jeunes, quelquefois sans expérience du combat.

Erwin Rommel

Cette poignée de valeureux soldats va résister aux assauts des troupes germano-italiennes, dans une lutte acharnée de dix contre un.  Ils vont se battre jusque dans la nuit du 10 au 11 mai, réussissant à rompre l’encerclement, pour rejoindre les forces britanniques.

Ce fait d’arme, accompli au prix de lourdes pertes (près de 200 morts, environ 600 prisonniers et 160 disparus), marque une volonté et une foi inébranlable à résister et à vaincre pour une juste cause.

 Ses répercussions sur l’issue de la bataille vont s’avérer décisives. La farouche résistance des forces françaises libres du général Koenig va retarder l’avancée de Rommel vers l’Égypte. Elle permettra aux Britanniques de se rétablir, et ouvrira la voie à la victoire d’El-Alamein en juillet 1942.

Bir Hakeim est la première participation militaire importante des troupes Françaises Libres contre les forces allemandes depuis la débâcle de juin 1940. Bir Hakeim aura aussi un impact très important sur l’image et le prestige de la France Libre auprès des Alliés, et des Français subissant le joug de l’occupation allemande.

Deux tiers des soldats de la brigade viennent des colonies et d’outre-mer. Parmi eux on trouve le bataillon du Pacifique, formé de volontaires tahitiens et calédoniens. Plusieurs membres de cette unité seront faits Compagnons de la Libération.

 Le bataillon du Pacifique

Bataillon du Pacifique

En mai 1941, 600 militaires du Pacifique arrivent de Tahiti, puis de Nouméa. Ils forment le Bataillon du Pacifique, et viennent de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie, et des Nouvelles-Hébrides.

Le 22ème bataillon de marche nord-africain

1ère division française libre

Il est composé majoritairement à 60 % de tirailleurs maghrébins. Il comprend, entre autres, des unités de l’armée du Levant, mais aussi de Français d’Afrique du Nord, de métropole, et de Corse (de toutes classes sociales et de toutes religions).

ARMEMENT DES FRANÇAIS

L’armement a diverses origines. Le matériel est assez hétéroclite.

Il comprend 63 chenillettes Bren Carrier et de nombreux camions. Deux obusiers sont fournis par les Britanniques.

Bren Gun Carrier

Mais la grande majorité de l’artillerie est d’origine française, récupérée au Levant. Elle est constituée de 54 canons de 75 (dont 30 utilisés en antichars), 14 de 47, et 18 de 25. De plus, les Britanniques ont aussi fourni 86 fusils antichars Boys de 13,9 mm, et 18 canons antiaériens Bofors de 40mm.

Bren Gun Carrier

L’équipement de l’infanterie est aussi pour la plupart français. Il se compose de 44 mortiers (de 81 ou de 60), 76 mitrailleuses Hotchkiss (dont 4 bitubes), 96 fusils mitrailleurs 24/29 de DCA, et 270 d’infanterie.

La garnison possède au départ dix jours de ravitaillement et vingt mille obus de 75.

CONTEXTE

Au début de 1942, après avoir été battue dans l’Ouest de la Cyrénaïque, la 8e armée britannique affronte les troupes germano-italiennes en Libye. Les combats se déroulent autour de la place forte de Tobrouk.

Du 26 mai au 11juin 1942 – Bir Hakeim, au sud de Tobrouk, dans le désert de Libye

En mai 1942, l’offensive allemande en Libye repart. Elle a pour objectif la prise du canal de Suez. Les Allemands progressent facilement jusqu’à se heurter à la position retranchée de Bir Hakeim (un point d’eau désaffecté en plein désert libyen) tenue par les Français du général Kœnig. Ce coup d’arrêt ruinera les ambitions de Rommel au Moyen-Orient.

Le 25 mai 1942, lorsque les Allemands lancent leur dernière grande offensive, le DAK compte 320 chars allemands et 240 chars italiens. Les Alliés de la 8e armée britannique, eux, comptent plus de 900 chars.

Le Deutsches Afrikakorps (en abrégé Afrikakorps, Afrika Korps, ou DAK).  

DAK Afrikakorps

Le 27 mai, les 35 000 Allemands contournent les Britanniques, et attaquent la première brigade des forces françaises libres. Celle-ci est composée de 3700 hommes, commandés par le général Koenig.

DU BLITZ SUR LE POINT D’EAU DE BIR HAKEIM

Soldat de la Légion Étrangère à Bir Hakeim

Ernest Mirabella naît le 29 mars 1905 à Nice. Il meurt des suites de ses blessures en 1946, à Marseille (Hôtel Dieu). Il était volontaire au 22ème bataillon de marche nord-africain.

Le désert n’a pas de patrie, et la chaleur de son soleil fait fondre toute les velléités de toutes les armées du monde ; à mon avis, bien mieux que les armes destructrices modernes.

Mon grang-père Ernest Mirabella dans son uniforme de Spahis

Je me trouve coincé sur ce lopin de sable en plein désert libyen, sous un soleil de plomb, face à la toute puissante armée allemande du général Erwin Rommel. Ne me demandez pas comment j’ai pu atterrir dans ce bled perdu. Je me souviens que dès que j’ai eu connaissance de l’appel du général de Gaule, j’ai voulu le suivre et continuer à me battre. Je me trouvais alors à Berkane, au Maroc avec quelques compagnons, une fois l’armistice signé, nous avons rejoint les forces libres françaises. 

Le mardi 26 mai

Depuis quelques jours on s’attend de pied ferme à une offensive ennemie. Ici, à Bir Hakeim, le moral de la troupe est excellent., Pourtant nous savons que l’équilibre des forces ne plaide pas en notre faveur. La disproportion est flagrante, et je dirais même inquiétante. Certains ont déjà écrit quelques petits mots à leur famille, dès fois que…Moi je n’ai pas écrit ; d’ailleurs, je n’ai plus personne à qui écrire : ma femme, Marie, est morte dans un bombardement à Marseille en 1940. Et puis, j’ai peur que ça me porte malheur…

Lire : Mistral brûlant sur la « Bonne Mère ».

Le 1er juin 1940, des formations de Heinkel 111 allemands bombardèrent la ville, causant la mort de 32 civils et en blessant une soixantaine d’autres.

Depuis que nous nous sommes établis, un calme insidieux règne sur le front de Libye. Durant trois mois, les diverses unités ont participé à tour de rôle à des opérations, et plusieurs d’entre elles ont eu l’occasion de se distinguer, comme à Halfaya. Mais les combats sont restés minimes, relégués à de simples affrontements mineurs. Nous, ce qu’on veut, c’est la grande bataille. Ici, à Bir Hakeim, tout laisse penser que ça va péter… 

Nous nous trouvons à l’extrême sud des lignes de défense alliées. Tout ce réseau de fortifications est relié par des champs de mines rejoignant notre position à Bir Hakeim.

Nous représentons le pivot autour duquel peut s’exécuter un mouvement tournant par le sud. Tant que Bir Hakim tiendra, l’ennemi aura d’énormes difficultés pour effectuer un tel mouvement. En outre, en cas de contre-offensive britannique, Bir Hakim se présente comme la plaque tournante de toutes la manœuvre des forces blindées.

Carte des opérations militaires autour de Bir Hakeim

Il paraît que Bir Hakeim est une oasis, un endroit planté de palmiers, et un lieu de sources. C’est faux. Le désert de Libye, sur des centaines de kilomètres à l’intérieur, est une plaine désertique recouverte de terre et de cailloux. Dès le mois d’avril, tout est déjà séché par le soleil. A Bir Hakeim le sol, légèrement sablonneux, ne peut faire pousser la moindre petite végétation.

Défense de Bir Hakeim

Ici, le site serait introuvable sur la carte s’il n’y avait la présence d’un puits. Cette source peut à peine donner une eau suffisante pour abreuver une tribu de bédouins pour quelques jours. Depuis que nous sommes arrivés, avec la présence de plusieurs milliers d’hommes, le puits est tari. Vous l’avez compris, le site de Bir Hakeim est particulièrement pénible et inhospitalier. Et c’est ce lopin de terre aride que nous allons défendre.

Dans l’après-midi, nos patrouilles qui scrutent le désert à l’ouest, rapportent des mouvements de la part de l’ennemi. Vers seize heures, on signale que deux colonnes ennemies viennent du nord-ouest et se dirigent vers Bir Hakeim.

Nos troupes avancées reculent en combattant sous la pression ennemie, et se replient aux abords de notre position. Est-ce l’attaque que nous attendions ? Si elle vient, on est impatient de se battre. Chacun sait qu’on nous fait confiance ; on fera tout pour s’en montrer digne.

Le mercredi 27 mai

Pendant la nuit, on a perçu des bruits de moteurs. L’ennemi semble être partout aux alentours. Prudemment, les portes (chicanes) d’accès à la position ont été minées. (Ces chicanes sont des passages serrés et sinueux disposés dans les champs de mines).

Un officier de liaison vient se réfugier dans la garnison, près de nous. Il s’est perdu et n’a pas pu rejoindre son bataillon qui a été malmené sérieusement par l’ennemi. Il nous apprend ce que nous pensions déjà, à savoir que l’ennemi a pris l’offensive sur l’ensemble du front. A Bir-Hakeim, on sent que l’attaque est imminente. Chacun est à son poste.

Vers les neuf heures, on distingue clairement soixante-dix chars d’assaut qui progressent en formation de combat à l’Est du camp, le long du champ de mines. Soudain, ils tirent…

Afrikakorps

Un déluge de fer et de feu s’abat alors sur nous. L’engagement va durer plus d’une heure. Nos canons antichars se mette en action et ripostent au coup par coup. Dix-huit panzers sautent sur les champs de mines, ralentis par le choc des explosions ; ils sont achevés par nos 75.

« Ce sont des M13 Italiens ! » s’écrie un soldat. Les uns après les autres, les chars sont détruits ; les cuirasses sont perforées par les obus qui explosent à l’intérieur des habitacles, provocant un terrible carnage.

La zone où se déroule la bataille est enveloppée par une épaisse poussière. C’est alors que les légionnaires effectuent des sorties. Ils font prisonniers les soldats ennemis qui abandonnent leurs chars en flammes, Je suis horrifié par ce morbide spectacle.

Char M1340 italien conservé au musée des blindés de Bovington

Certains, pour échapper aux brûlures, se roulent à terre pour éteindre le feu qui prend à leurs vêtements.

Six chars réussissent à pénétrer dans notre retranchement. Immédiatement, les légionnaires leur lancent des grenades incendiaires. Ils grimpent sur les chars, et font feu au revolver sur les occupants, au travers des fentes de visée. Il ne leur faut que quelques minutes pour mettre les six chars sont hors de combat.

Les prisonniers sont questionnés. On apprend que l’attaque a été mené par la division italienne « Ariete ». Ils nous disent qu’ils devaient s’emparer de Bir Hakeim aujourd’hui. Les blessés sont envoyés à l’infirmerie.

Le jeudi 28 mai

Grosse stupeur parmi la troupe : on constate ce matin que Bir-Hakeim est cerné, et que les communications avec le gros des forces britanniques sont coupées. Je me demande ce qui va advenir de nous. Mais l’ennemi a retenu la leçon, et ne renouvellera pas sa désastreuse attaque de la veille ».

La 21ème Panzerdivision à Bir Hakeim, 1942

Le vendredi 29 mai

Un détachement effectuant une sortie a mis le feu à huit automitrailleuses. Une autre unité de la Légion Etrangère a attaqué un groupe de dix-sept chars et en a incendié cinq. Les douze autres se sont enfuis.

Forces françaises – Bir Hakeim 1942

Dans l’après-midi, le soleil répand son voile brûlant sur la plaine de sable qui s’étend devant nous. De notre ligne de défense, une voix s’écrie soudain : « regardez là-bas ! vite ! qu’est-ce que c’est ? ».

Je fixe l’horizon ; il me semble apercevoir une masse compacte brune qui se meut lentement. Il fait si chaud que l’image parait onduler sous les terribles rayons de soleil. Ma vision est floue, et m’empêche de distinguer exactement ce qui vient vers nous.

A mesure que les secondes s’écoulent, cette forme se disloque et se transforme. Maintenant, elle a pris l’aspect d’un tortillard serpentant sur une file étroite, au milieu des passages sécurisés des champs de mines.

Puis l’image se précise : ce sont des soldats. Ils sont bien mal en point ; dire qu’ils marchent, c’est un bien grand mot. Cette troupe se traîne en titubant, et en déplaçant avec elle un halo de poussière dense qui semble la suivre à la trace.

Le Bataillon du Pacifique -1942- Bir Hakeim

« Ce sont des Indiens ! » s’écrie la voix…  En effet, ce sont des soldats de l’Empire britannique, enturbannés pour la plupart. Certains arborent un cache-poussière sur la nuque pour se protéger des rayons du soleil libyen.   

Cette troupe nombreuse (six cents hommes environ) parvient finalement sans encombre à l’entrée de notre position. Prisonniers des Allemands il y a deux jours, ils ont été libérés et abandonnés en plein désert. L’ennemi, faute de vivres, n’a pu ni les nourrir ni leur donner de l’eau. Épuisés par une longue marche, nous les avons accueillis et soignés. ».

Le samedi 30 mai

L’attaque ennemie a échoué contre la défense de la première Brigade Française Libre. Sur le terrain qui nous fait face, le no man’ land s’est transformé en véritable cimetière. Les carcasses encore fumantes des engins blindés reposent, muettes, devant la porte d’entrée de la garnison.

Forces françaises – Bir Hakeim 1942

Quarante-trois chars, dont les squelettes calcinés gisent maintenant, silencieux, éparpillés, à quelques mètres du canon qui les a détruits et qui semble les narguer. En sus, la division italienne « Ariete » a perdu 8 automitrailleuses, un bon nombre de véhicules, et 180 hommes ont été faits prisonniers.

Pour le moment, l’ennemi vient de subir un revers cuisant. Son plan d’attaque est un échec. La Brigade a eu de légères pertes : six blessés seulement, incroyable ! Mais nous savons tous que ça ne peut pas durer… 

Le dimanche 31 mai

Profitant de la déroute de l’ennemi, le convoi de camions qui apportaient des munitions, des vivres et de l’eau, arrive sain et sauf. Les véhicules repartiront dans la nuit, en transportant les blessés et les prisonniers.

Le lundi 1er juin

Aujourd’hui, nous avons eu la visite du Général de Larminat. Il nous a félicités pour la brillante résistance opposée à l’ennemi.

Général Edgard de Larminat

Edgard de Larminat naît le 29 novembre 1895 à Alès (Gard), et meurt le 1er juillet 1962 à Paris. Ce fut un général français, qui combattit lors des deux guerres mondiales.

Compagnon de la Libération, il fut l’un des premiers militaires français à rejoindre les Forces françaises libres en 1940.

En décembre 1941, il prit le commandement des 1ère et 2ème brigades FFL pendant la campagne de Libye, où il organisa la défense de Bir Hakeim.

Au cours de la journée, des bombardiers allemands « Stukas » sont venus larguer leurs bombes sur la position de Bir Hakeim. Ils voulaient venger la défaite subie par la division Ariete et la destruction des quarante-huit tanks dont les carcasses calcinées jonchent la plaine à l’Est du camp. Leurs bombes de 500 kilos ont provoqué d’énormes entonnoirs de cinq à six mètres de diamètre dans le sol.

Fort de Bir-Hakeim

Dans l’après-midi, vingt-quatre « Stukas » ont attaqué notre position. L’un d’eux a piqué droit sur une pièce de D.C.A assistée par sept fusiliers marins. Le Stuka n’était plus qu’à deux cents mètres quand il a lâché sa bombe ; les servants auraient dû se jeter à plat ventre pour l’éviter. Mais les marins sont habitués à combattre sur le pont de leur navire, où il n’y a pas d’abri possible. Ils sont donc debout et ont continué à tirer sur l’avion qui s’échappait en remontant vers l’azur.

L’obus a éclaté à deux mètres de la pièce d’artillerie. La déflagration a tué les servants et a tordu le tube sans endommager l’affût qui était au-dessous du niveau du sol.

Le désert est maintenant calme et a pris un drôle d’aspect. C’est étrange, il n’est pas comme d’habitude. Est-ce à cause des traces des chenilles des blindés laissées dans le sable, ou du cimetière de carcasses éparpillées sur le champ de bataille ?  

Dans la nuit, l’ordre est donné à la brigade de demeurer à Bir-Hakeim et de résister sur place. Nous savons à quoi nous en tenir…

Le mardi 2 juin

Erwin Rommel

Le Général Rommel donne l’assaut pour la seconde fois. Vers neuf heures trente, il arrive du Nord-Est avec plus de mille véhicules, des chars et des automitrailleuses. Les premières automobiles blindées allemandes surgissent sur la crête, à l’Est du camp.

Dans Bir-Hakeim, chaque soldat est à son poste de combat, prêt et confiant. Que va faire Rommel ? Va-t-il renvoyer ses chars ?

Mais pas de char en vue. Seulement une automobile arborant un drapeau blanc. Deux officiers italiens en descendent et demandent à être conduits au Quartier Général. Le général Koenig les reçoit, sans trop comprendre l’Italien. Mais le message des émissaires est assez explicite pour être compris par tous.

Les parlementaires somment la garnison de Bir-Hakeim, qui est encerclée, à capituler. En cas de refus, la garnison sera anéantie.

Bir Hakeim 1942

Le Général Koenig répond, d’un ton poli mais assuré, qu’il n’est pas question de se rendre sans combattre. « Vous êtes de grands soldats », lui répond en italien l’un des deux messagers, tout en regagnant sa voiture.

Une heure plus tard, les premiers obus de 105 tombent dans Bir-Hakeim, auxquels les français répondent avec des tirs de 75.

Vers une heure de l’après-midi, un vent du Sud commence à se lever et Bir-Hakeim est ensevelie sous des nuages de sable. Les tirs d’artillerie deviennent hasardeux à cause du manque de visibilité. Toute la journée, nous restons dans l’expectative. Vers sept heures du soir, une trentaine d’avions tournoient au-dessus de nos têtes sans pouvoir repérer leur cible.

Ils finissent par nous trouver ; c’est alors une déferlante de bombes. L’artillerie ennemie, qui attendait de nous localiser, se rajoute au concert et nous bombarde jusqu’à la nuit ».

Le mercredi 3 juin

Le jour commence à se lever quand notre colonne rentre sans coup férir dans le camp retranché de Bir Hakeim. (Il n’en a pas été de même hier. Son commandant avait reçu l’ordre par télégramme de

Une chenillette (universal carrier) appartenant aux français libres à bir hakeim

regagner la position. C’est par un temps catastrophique, et sous une tempête de sable qui cachait toute visibilité, que la colonne a pu, au bout de plusieurs heures, franchir les champs de mines et nous rejoindre. Elle n’était pas à 50 kilomètres de Bir Hakeim, lors que le terrible vent du désert baissa d’intensité. Cette accalmie permit à l’aviation ennemie de la repérer et de l’attaquer violemment).

Douze Messerschmitt 110 piquent et se ruent sur les véhicules de la malheureuse colonne. Au cours de cette attaque, une pièce de D.C.A. (un Bofors) servie par des fusiliers marins réussit à abattre un des appareils. Les autres avions allemands reviennent en rase motte, et centralisent leurs tirs sur les

Stukas sur le désert de Bir Hakeim

canons. Un second Messerschmitt est touché. En tombant, il heurte avec son aile un des siens qui se trouvait à proximité, et s’abat en même temps que lui. Les artilleurs viennent de faire « d’une pierre deux coups ». Enfin, un autre avion est abattu en plein vol.

Les appareils allemands volent très bas ; si bas que l’un d’entre eux frôle le casque d’un artilleur. Dans l’action, les servants de la batterie sont aspergés d’huile bouillante. L’ennemi ne se décourage pas et revient une troisième fois à la charge. Notre D.C.A. atteint un quatrième Messerschmitt, qui s’abat sur le no man’s land en flamme. 

La colonne a des tués et des blessés, et plusieurs véhicules sont en feu. Mais les deux canons de 75 apportés par les renforts sont rentrés intacts. Nous savons tous qu’ils seront une aide précieuse dans la bataille qui s’annonce.

Le Renard du désert » nous fait parvenir un second message par deux prisonniers britanniques libérés à cette attention :

« Aux troupes de Bir-Hakeim, Toute nouvelle résistance n’amènerait qu’à verser le sang inutilement. Vous auriez le même sort que les deux brigades anglaises qui se trouvaient à Got Ualeb et qui ont été exterminées avant-hier. Nous cesserons le combat dès que vous hisserez le drapeau blanc et viendrez vers nous sans armes. »

Fidèle à lui-même, Koenig, en guise de réponse, fait instantanément tirer un feu intense sur tous les véhicules ennemis.

Le jeudi 4 juin

Entre six heures et huit heures, quatre vagues successives de Stukas viennent nous bombarder.

Bir Hakeim

Lors de la quatrième attaque, l’un d’eux est touché par un obus. Tandis que les Stukas piquent, il explose en plein vol. On voit alors, dans le ciel d’un bleu limpide, un parachute déployé par la puissance de la déflagration. Il descend lentement, le pilote agrippé à son siège dans une étreinte mortelle. Celui-ci s’écrase à terre au milieu des débris fumants de son appareil.

Tous deux seront enterrés par un groupe de prisonniers allemands. L’un d’eux s’évanouira au cours de la cérémonie.

Vers neuf heures, on reçoit une nouvelle attaque de douze Stukas ; la D.C.A. en descend un. Dans l’après-midi, c’est le tour des avions italiens. L’un est

Erwin Rommel au cours de la bataille de Bir Hakeim

atteint par un tir de Bofors et prend feu. Le pilote fait un effort désespéré pour rééquilibrer son appareil qui, brûlant comme une torche, chute verticalement et explose au sol.

Enfin, la journée se passe comme celle d’hier, en duels d’artillerie. Malgré la crainte ressentie aux premiers jours, le moral est redevenu bon ; et les pertes sont minimes dans notre camp. Le sentiment général de la troupe est clairement encourageant.

Un canon anti aérien 40 mm Bofors

Cependant, nous savons que l’ennemi accélère ses préparatifs. Il s’apprête à fondre sur nous avec tous les moyens dont il dispose. Le Général Rommel, nous en sommes sûrs, est présent, puisque c’est lui qui a signé de sa main l’ultimatum. Il est presque certain qu’il commandera en personne l’attaque contre Bir-Hakeim.

Au nord, nos patrouilles ont de plus en plus de difficultés pour parcourir la région. Deux canons de 155, acheminés sur des tracteurs, ont été repérés allant vers l’est. De plus, l’infanterie ennemie, appuyée soit par des chars, soit par des canons portés, effectue des reconnaissances de plus en plus fréquentes. Ils veulent estimer nos défenses pour trouver notre point faible.

Le vendredi 5 juin

Cette nuit, une colonne britannique a réussi à traverser les lignes ennemies pour nous apporter des munitions, car nos réserves s’épuisent vite.

Bir Hakeim

A quatre heures du matin, le général Rommel tente une nouvelle fois de nous intimider. Il charge des « émissaires » d’apporter une missive signée de sa main. Il veut, avec l’intermédiaire d’un « plénipotentiaire », mener la reddition de la place. Cet émissaire est un officier allemand. Arrivé devant la porte Est du camp, il demande sur un ton courtois à rencontrer le commandant ; il est porteur d’une missive à son intention. « Is there somebody who speaks english here ? ».

 « Moi ! répond l’officier qui commande le poste, et les ordres du général sont de ne recevoir aucun envoyé ennemi. Veuillez-vous retirer ! ».

Le messager allemand sort malgré tout un papier de sa poche, et lit fiévreusement son texte, rédigé en anglais.

Puis, après avoir lu son message, l’officier remonte dans son automobile. En réalisant une manœuvre maladroite, il écrase au passage une mine qui explose. L’officier, fortement commotionné, sort indemne du véhicule devenu inutilisable, et s’en retourne vers ses lignes tel un canard boiteux qui aurait reçu un coup sur la tête. 

La sentinelle lui crie en allemand : « Tu as quatre kilomètres à marcher ; ça t’apprendra à venir réveiller les gens à pareille heure ! ».

A sept heures, le bombardement d’artillerie recommence. Maintenant, c’est au tour des batteries de 155 de se faire entendre… A celles-ci se mêlent des bombes à retardement de 220. Nous n’avons

Général Koenig

que des 75 pour leur répondre, mais nous ne restons pas inactifs, bien au contraire. Nous rendons coup pour coup sur tous les véhicules ennemis qui tentent de s’approcher au loin. Du camp, on peut observer leur va et vient intense, et la concentration de leur matériel de guerre dont le nombre va sans cesse croissant. L’ennemi a un avantage net sur nous : il a d’excellents points d’observation, et rien ne lui échappe sur la position de nos batteries. Les allemands ajustent leurs tirs et avec une précision diabolique, détruisent méthodiquement nos canons.

La défense de Bir Hakeim sous le feu ennemi

Le duel est inégal. Malgré tout, les artilleurs français luttent avec courage et un total mépris du danger.

Les officiers, chefs des batteries, sont debout derrière leurs canons, et donnent sereinement leurs ordres à l’aide d’un porte-voix. Les allemands emploient des fusants dont le projectile explose dans un nuage de fumée noirâtre au-dessus des batteries de 75 français. Celles-ci, aspergées de shrapnells, tirent, tirent toujours…

Vers l’Est et le Sud, l’infanterie ennemie s’est installée à environ 1500 mètres au-delà du champ de mines.

Le samedi 6 juin

Aujourd’hui, l’ennemi déclenche sa première attaque à onze heures trente par une puissante préparation d’artillerie. La position subit un « Blitz » intense, composé de projectiles de tous calibres. Leurs batteries se fixent sur le secteur Sud. On entend le crépitement des armes automatiques et le sifflement des obus qui s’abattent de toutes parts.

Soldats français à Bir Hakeim 1942

Les fantassins tentent vainement de progresser sous le barrage des 75 et des mortiers qui doivent leur causer des pertes sensibles. Ils s’avancent en terrain plat et découvert, levant à bout de bras des drapeaux blancs. Une trêve de dix minutes, juste le temps pour leurs brancardiers de venir chercher les blessés gisant sur le terrain sec et aride. Vers huit heures du soir, ils renouvellent leur assaut, mais en vain ; ils sont partout repoussés.

Dans la fin de l’après-midi, on signale la présence de l’ennemi sur les crêtes du Sud-Ouest. L’étau se resserre.

La nuit venue, le calme et le silence s’installent. L’artillerie est devenue muette et l’on n’entend plus, au loin dans le noir absolu, que quelques rafales

Un abri français à bir hakeim

d’armes automatiques. Aux alentours de la position de Bir-Hakeim, un ballet ininterrompu de fusées blanches, vertes et rouges s’élève dans le ciel couleur encre, où seules les étoiles qui fourmillent règnent en maîtres.

Mais même dans le noir une forme de combat continue, plus sournois, plus dissimulé ; celui qu’on ne distingue pas. Les patrouilles ennemies surveillent les extérieurs des champs de mines. Elles tentent de déminer pour préparer un passage afin de faciliter l’assaut de leur infanterie.

C’est au cours de la nuit que se font généralement les distributions d’eau, de vivres et de munitions aux diverses unités, et leur partage parmi la troupe. Aussi, après une journée de combats, la nuit ne donne pas le repos espéré et nécessaire. L’ennemi peut à chaque moment ravitailler le front en troupes fraîches et attaquer. Les soldats français de Bir-Hakeim ne peuvent donc jamais se reposer de leurs efforts.

Le dimanche 7 juin

Rien à signaler pour la journée, mis à part quelques tirs d’artillerie sporadiques. On constate des mouvements de l’ennemi sur les crêtes au sud-ouest. Quelques manœuvres d’intimidation destinées à nous faire réagir, et dévoiler ainsi la position de nos canons. Mais nous n’avons pas bougé et leurs plans ont été déjoués ; ils ont fait « choux blanc ».

Les patrouilles nous informent que Bir Hakeim est totalement encerclée par les forces germano-italiennes ; et la pression augmente chaque jour. Nous ne devrions plus beaucoup attendre ; ils vont se ruer sur nous sous peu…

Le lundi 8 juin

Ce matin, très tôt, il devait être 4 heures, nous avons été ravitaillés en munitions et en eau (deux litres par homme et par jour). C’est peu, lorsqu’on sait que l’on doit se battre sous le soleil brûlant de ce désert, où rien ne survit, ni plantes, ni animaux…

Panzer IV peint aux couleurs du désert avec le logo de l’Afrikakorps au musée allemand des Blindés de Munster

On commence à manquer sérieusement d’eau, et les rations ne suffisent pas à compenser les besoins journaliers.      

7 h 30 : c’est le début de l’attaque qui commence par l’arrivée et le bombardement de 60 Junker 88. Toute la journée nous subissons un pilonnage intensif de l’artillerie ennemie.

Puis, à 10 h du matin, c’est au tour de l’infanterie d’attaquer. Elle est appuyée par des chars d’assaut. Nous résistons laborieusement, et deux de leurs blindés sont détruits. Nous subissons une avalanche de fer et de feu. Mais la R.A.F est passée à l’offensive, et assaille les positions allemandes sur la crête. Cette riposte alliée réconforte un peu les hommes, qui en ont bien besoin. Inutile de préciser que notre valeureuse résistance s’apparente à la lutte du « pot de terre contre le pot de fer ».

A 13 h, c’est la reprise de l’attaque. Elle débute encore avec l’apparition d’une soixantaine de Junkers 88.

Des cliquetis métalliques de chenilles et le vrombissement des moteurs tournant à plein régime se font dangereusement entendre. Des chars parviennent jusqu’à la lisière du champ de mines.  Notre artillerie en touche deux (qui brûlent presque aussitôt), et met en fuite les autres.

A 18 h, nous subissons une troisième attaque des Junkers 88. L’assaut est violent mais infructueux, et n’a aucune portée.

Ju 88 stuka

On apprend que l’ennemi s’est emparé d’un de nos observatoires d’artillerie. Ses défenseurs ont résisté jusqu’au bout, et se sont fait tuer sur place plutôt que de céder. Au cours du combat, ils ont réussi à détruire un char.

L’étendue devant nous est désolante à voir… Le terrain est jonché de tôles et de ferrailles calcinées, tordues par les explosions et par le feu. La terre est noirâtre par endroit ; elle est meurtrie par des trous et des entonnoirs de différentes formes et dimensions. Des fumeroles s’échappent au gré de la légère brise qui lèche ce triste tableau de la guerre. Nombreux sont les véhicules éventrés, dont les carrosseries ont été transpercées par les éclats d’obus. Certains n’ont pas encore fini de se consumer et fument toujours.

Le mardi 9 juin

Dès le matin, à 8 h 30, la canonnade reprend de plus belle. Elle est annoncée une nouvelle fois par le bombardement d’une escadrille de bombardiers Junker 88.

Bombardier Junkers Ju 88

Vers 12 h 30, ce sont nos canons de 75 qui sont principalement ciblés par les batteries de gros calibre de l’ennemi.

A 13 h, soixante Junker 88 donnent le signal d’une attaque générale de grande envergure.

L’infanterie soutenue par de nombreux chars parvient, non sans mal, jusqu’à la lisière du champ de mines. La lutte est violente ; les farouches défenseurs de Bir Hakeim se battent au corps à corps. La Légion se lance dans la bataille et intervient avec des Brenn Carriers.

Dans l’assaut, une automitrailleuse et un camion portant un canon de 77 sont détruits et incendiés. Mais Bir Hakeim tient toujours.

A la fin du jour, les soixante Junkers 88 repartent non sans avoir lâché leurs bombes sur l’ambulance chirurgicale et le groupe sanitaire. Pourtant, l’antenne médicale avait été nettement rendue visible et renseignée par des drapeaux à croix rouge.

Vingt grands blessés s’y trouvaient. Tous seront tués, déchiquetés, à tel point qu’il sera impossible d’identifier les corps.

Les communications sont régulièrement coupées. Les obus et les bombes sectionnent les fils des téléphones qui circulent à même le sol. Continuellement, les câbles sont réparés, la plupart du temps sous le bombardement furieux de l’ennemi.

En fin de journée, la troupe est épuisée. Il faut dire que le ravitaillement n’arrive presque plus, et les soldats ne s’alimentent plus régulièrement. Les traits tirés, harassés, les visages affichent des marques de fatigue sévères.  Il n’y a presque plus d’eau ; l’antenne médicale a été détruite, et on ne peut plus opérer les blessés.  Nous devions tenir en principe dix jours au maximum, et Bir-Hakeim résiste maintenant depuis deux semaines.

A 17 heures, les Alliés demandent au Général Koenig les conditions nécessaires pour évacuer la garnison de Bir-Hakeim.

On aurait souhaité être évacué le soir même. Mais on nous dit que ce sera pour le lendemain. Encore vingt-quatre heures à tenir…

Le mercredi 10 juin

Nous recevons l’ordre du Commandement britannique d’évacuer Bir Hakeim la nuit prochaine.

Mais les combats vont durer jusqu’à la dernière minute. Notre résistance doit exaspérer l’ennemi. Si bien que vers midi, il lance de violentes attaques. L’une d’elles est stoppée nette par la R.A.F venue à notre secours.

A 13 h, une centaine de Stukas lâchent en une seule passe 50 tonnes de bombes. Et leur infanterie attaque avec persistance, essuyant, au passage, un feu nourri. Les morts et les blessés gisent par dizaines sur le sol brûlant du désert …De toutes parts, les coups de l’artillerie ennemie sont toujours aussi violents.

A 17 heures, nous recevons l’ordre d’évacuation. Depuis une semaine, nos nerfs ont été mis à rude épreuve. L’impression étouffante de l’encerclement était devenue insupportable à admettre ; la nouvelle est donc accueillie avec enthousiasme.

Nuit du 10 au 11 juin

Nous sommes cernés de toutes parts, l’ennemi par endroit se trouve à 300 mètres à peine de distance. Il faut faire une sortie, traverser ses propres champs de mines, et se frayer un chemin à travers les positions ennemies.

Le général Koenig a donné l’ordre de déminer un passage de 200 mètres de large. L’infanterie devra créer une ouverture dans les lignes ennemies, par laquelle s’infiltreront les véhicules circulant de front, sur cinq files. Tout devra s’effectuer à 11 h du soir, et en silence ; il ne faut pas que l’ennemi soupçonne notre départ.

La bataille de Bir Haken

Par moments, on entend encore les bruits secs de nos canons. Une batterie, qui a eu trois canons détruits sur quatre, tire encore avec le dernier canon en état de fonctionner. Ce canon de 75 a gagné au cours de cette bataille le surnom de « rageur ». Lorsqu’il se taira, il ne lui restera plus que 22 obus dans les caissons. Il faut savoir qu’à Bir Hakeim, on tire en moyenne 3000 obus par jour.

Dans la nuit, chacun a reçu des ordres formels : rien ne doit tomber aux mains de l’ennemi. On détruit tout ce qui ne peut être emporté. Les véhicules endommagés sont systématiquement rendus inutilisables à coup de masses.

Les jerrycans sont transpercés à coups de pioches ; on ne peut pas les brûler, on risquerait de donner l’éveil à l’ennemi. Les tentes sont lacérées à coup de couteaux, ainsi que les fourniments. La vaisselle est brisée en petits morceaux ; tout est détruit.

Après avoir enterré nos morts, il est déjà dix heures. Nous sommes prêts pour effectuer notre sortie.

La troupe est silencieuse. Il est formellement interdit de fumer : la cigarette au bout incandescent pourrait être perçue par les guetteurs ennemis dans l’obscurité de cette nuit d’encre.

Les combattants français à Bir Hakeim

Vers minuit, les véhicules empruntent le passage ouvert dans le champ de mines. La progression est lente ; le génie, faute de temps, n’a pu réaliser la largeur demandée ; alors on défile un par un.

Les sentinelles ennemies nous ont maintenant entendus. Tout à coup, un véritable feu d’artifice se déclenche sous nos yeux, dans la nuit noire criblée d’étoiles de Bir Hakeim. Une fusée verte, puis une blanche éclairante, puis une rouge dans un concert ininterrompu. Soudain, à cette chorégraphie naissante vient se rajouter un chapelet de points lumineux. Ces dames mitrailleuses, avec leurs rafales meurtrières aux balles traceuses, viennent nous faire écouter le son de leur macabre voix.  

Bientôt, il n’est plus question de silence. Tout est rompu par le bruit du crépitement des mitrailleuses Breda italiennes, de l’explosion des obus, et par le fracas des mines qui éclatent sous les roues des camions trop lourds qui se sont écartés du passage sécurisé.

Le Breda M1930, prédécesseur du Breda M1937, était la mitrailleuse légère standard de l’armée italienne en 1940, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Le Breda M1930

Cette arme servit notamment sur le front de l’Est ou encore en Afrique.

Les forces françaises libres du général Koenig sont accueillies en héros dans les lignes britannique

L’infanterie se rue à l’assaut des lignes ennemis, dans une mêlée indescriptible. Par moments, les soldats des deux camps évoluent proches les uns des autres.

Les camions roulent en file indienne. A intervalles irréguliers, ils doivent s’arrêter et se garer. Pendant ce temps, les mitrailleuses ennemies leur tirent toujours dessus, les arrosant de leurs chapelets de balles traçantes. Les conducteurs eux, ne pouvant abandonner leur véhicule, restent courageusement immobiles sur leur siège.

Progressivement, la colonne avance vers la sortie du champ de mines. Là, enfin, la route est dégagée.

Vers 3 h du matin, la position est totalement évacuée, et à 5 h, l’opération est terminée.

Jeudi 11 juin

Nous nous regroupons à quelques dizaines de kilomètres au sud-est de Bir-Hakeim. Tout est fini. Ici c’est le silence, et le calme. Avons-nous vécu un cauchemar ? toute cette quiétude retrouvée nous interpelle et nous prévient que nous sommes sortis vivants de l’enfer de Bir Hakeim…   

En ce qui me concerne, les poumons atteints par des gaz toxiques, j’ai été dirigé vers l’ambulance de campagne, à Bir Hakeim. Je dois être évacué aujourd’hui vers Tobrouk.

Après avoir reçu les premiers soins à Tobrouk, Ernest rejoindra l’Hôtel Dieu à Marseille, où il mourra des suites de ses blessures en 1946.

Le Général Kœnig réussira à sauver de l’encerclement des forces germano-italiennes 75% de ses effectifs.

« Peu à peu, invinciblement, la France combattante émerge de l’océan qui s’acharna à la recouvrir, et le monde y reconnaît la France. Quand, à Bir Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venu caresser le front sanglant de ses soldats, le monde a reconnu la France. Général Koenig, sachez et dites à vos troupes que toute la France vous regarde et que vous êtes son orgueil. » Général de Gaulle

Sources :

Mes photos

Photos publique Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bir_Hakeim

https://www.museearmee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Communiques_Presse/MA_CP_Combattants_de_Bir_Hakeim.pdf

https://www.birhakeim-association.org/un-ancien-se-souvient.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/22e_bataillon_de_marche_nord-africain

https://www.20minutes.fr/france/941675-20120527-70-ans-bataille-bir-hakeim-valmy-france-libre

 

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