Les Témoins du Passé – Saint – Jean – d’Alcas
LES TÉMOINS DU PASSÉ
TEMPLIERS & HOSPITALIERS
SAINT-JEAN-D’ALCAS
SAINT-JEAN-ET-SAINT-PAUL
LE LARZAC, TERRE DES TEMPLIERS…
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SITUATION
Saint-Jean-et-Saint-Paul, ancienne enceinte fortifiée du XVème siècle, est une commune française située à la limite ouest du Larzac dans le département de l’Aveyron, en région Occitanie. Elle est à 8 km de Roquefort-sur-Soulzon et à 14 km de Saint-Affrique.
PRÉSENTATION
Le village de Saint-Jean-d’Alcas ne dépend à l’origine ni des Templiers ni des Hospitaliers. Il appartenait aux cisterciennes de Nonenque, en Occitanie (anciennement Midi-Pyrénées).
C’est l’abbesse de l’Abbaye cistercienne de Nonenque qui autorisa ses habitants à ériger des remparts, afin de se protéger des bandes de routiers et mercenaires qui arpentaient les campagnes durant la Guerre de Cent Ans. L’enceinte était assez vaste pour que la population puisse s’y abriter avec son bétail.
HISTORIQUE
Dès 1153, le Mas d’Olcas est cité dans certains textes. Il comprend quelques maisons et une église isolée dédiée à Jean le Baptiste.
En 1170, le Mas d’Olcas devient la propriété de l’abbaye de Nonenque.
De 1301 à 1321, alors que le roi de France (Philippe le Bel) étend son influence dans la région, l’abbaye perd une partie de son pouvoir, et se voit contrainte d’accepter un contrat de paréage ou pariage (seigneurie partagée entre plusieurs personnes ayant des droits égaux) avec le roi.
Cet accord en paréage entre le roi de France et les abbesses de Nonenque permettra de protéger les biens de ces dernières, convoités par les seigneurs de Versols et les commandeurs de Saint-Félix de Sorgue et de Sainte-Eulalie de Cernon.
En 1356, le village est autorisé à se fortifier pour se défendre contre les routiers (mercenaires et pillards) qui sillonnent la région. Les aménagements concerneront tout d’abord l’église existante, qui sera surélevée et fortifiée. Le clocher mur originel sera donc rehaussé et transformé en tour.
En 1445, une abbesse du couvent de Nonenque (de la maison de Casilhac) autorise les habitants de Saint-Jean-d’Alcas à fortifier leur village. Le fort est construit, incluant dans son périmètre l’église déjà fortifiée.
En 1573, les Huguenots pillent Nonenque. L’abbesse et ses religieuses doivent se réfugient à Saint-Jean- d’Alcas, puis dans le château de St Izaire.
En 1789, la Révolution Française met un terme à l’administration de Saint-Jean-d’Alcas par les abbesses de Nonenque.
Au XIXème siècle, la sacristie est construite. Au cours de la même période, l’abbé Assié s’attellera, à partir de 1836, à la restauration de l’église, et la dotera notamment d’une grande cloche…
En 1976, les travaux de restauration du fort débutent.
En 2006 et 2007, les derniers travaux concernent le logis de l’abbesse (maison du XVème siècle constituée de deux étages d’habitation et d’un niveau supérieur pouvant servir de salle d’armes), la salle refuge de l’église (la réhabilitation du clocher avec la réparation de son escalier d’accès, de ses abats sons et de son installation campanaire est également prévue),
et les remparts.
Depuis 1997, Saint-Jean-d’Alcas est inclus dans le circuit des Templiers et des Hospitaliers (Les remparts du Larzac). Saint Jean d’Alcas n’a jamais été assujetti à la commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon.
ESCAPADE DANS LES TRACES DES CITES
TEMPLIÈRES & HOSPITALIÈRES DU LARZAC
LE CLIN D’ŒIL
L’Ordre est créé selon la règle du « chevalier du Christ » : simplicité,pauvreté, chasteté et prières. Cette règle s’appuie sur celle de Saint Benoit, avec quelques nuances empruntées à celle de Saint Augustin. Cette doctrine est suivie par les chanoines de l’Ordre du Saint Sépulcre, près desquels vivent les premiers Templiers. L’ordre a alors plusieurs appellations : la milice des Pauvres Chevaliers de Christ, les Chevaliers de la Sainte Cité, les Chevaliers du Temple de Salomon de Jérusalem, la Sainte Milice hiérosolymitaine du Temple de Salomon. Au fil du temps, le nom qui deviendra le plus usité sera celui de « Templiers ».
Lire : les Grands Maîtres de l’Ordre du Temple.
QUELQUES RAPPELS HISTORIQUES
L’ORDRE DU TEMPLE
L’Ordre du Temple était un « Ordre religieux et militaire » issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge. Il fut créé en 1129, lors du Concile de Troyes. A l’origine, ses membres constituaient une milice nommée les « Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ». L’ordre eut pour mission, au cours des 12ème et 13ème siècles, d’accompagner et de protéger les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, à Jérusalem, dans le contexte de la Guerre Sainte et des Croisades. Les soldats du Christ seront présents dans de nombreuses batailles lors des Croisades en Terre Sainte, ainsi que dans la péninsule ibérique lors de la « Reconquista ».
Pour accomplir et financer ses missions, l’Ordre va pouvoir, grâce à des dons fonciers, essaimer et construire à travers l’Europe tout un réseau de monastères (commanderies), puis s’étendre dans tout l’Occident chrétien. Cette montée en puissance va lui donner un rôle privilégié parmi les souverains de l’époque. Les Pauvres chevaliers du Christ vont devenir des partenaires financiers de premier choix auprès des monarques occidentaux. Ils effectueront même, avec certains rois, des transactions à caractère non lucratif, voire devenir les gardiens des trésors royaux.
Le 28 mai 1291, après la chute de Saint-Jean-d’Acre et le retrait définitif des armées croisées de la Terre Sainte, l’Ordre va tomber en disgrâce. Devenus trop puissants aux yeux du roi de France
Philippe le Bel, les chevaliers du Temple seront condamnés en procès pour hérésie.
Le 14 septembre 1307, le roi dépêche des messagers à tous ses sénéchaux et baillis, leur ordonnant de saisir tous les biens mobiliers et immobiliers des chevaliers du Temple.
Le 13 octobre 1307, sur ordre du roi, l’on procède en France à l’arrestation de la totalité des Templiers au cours d’une même journée.
Le 13 mars 1312, l’Ordre est dissout par le pape Clément V.
Le 18 mars 1314, le dernier Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay, est brûlé sur un bûcher dressé sur l’île aux Juifs, à Paris.
L’ORDRE DE SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
L’Ordre de l’Hôpital fut créé en Orient, quelques années avant l’Ordre du Temple. Il avait pour but d’accueillir, de soigner et d’offrir l’hospitalité. Ce n’est que plus tardivement que, tout comme les Templiers, ils protègeront les pèlerins sur les routes de la Terre Sainte, possèderont des châteaux, et deviendront un Ordre à la fois militaire et religieux.
En tant qu’Ordre militaire, les chevaliers prennent part à de nombreuses guerres qui émaillerontl’histoire des Etats Latins, en combattant les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte.
Mais à la chute d’Acre en 1291, ils seront chassés de leur dernière place forte en Terre Sainte. Après une brève escale à Chypre, ils conquièrent Rhodes, qu’ils occuperont pendant plus de deux siècles. C’est sur cette île qu’ils perfectionnent les bases de leur organisation, qui va faire d’eux des combattants sur mer parmi les plus efficaces de leur temps.
Après la dissolution de l’Ordre du Temple en 1312 par le pape Clément V, les biens des Templiers sont donnés aux Hospitaliers.
En 1522, ces derniers sont expulsés de Rhodes par Soliman le Magnifique, qui s’empare de l’île.
En 1530, après quelques années d’errance, les Hospitaliers reçoivent de Charles Quint (1500-1558) l’île de Malte. Ils prennent alors le nom de « Chevaliers de l’Ordre de Malte ».
SAINT-JEAN-D’ALCAS
LE FORT
Le bourg ainsi fortifié est étonnant par sa régularité géométrique. Son enceinte est longue de 62,5 mètres sur 37 de large, et encadrée par quatre tours d’angle qui protègent de longues courtines.
LES REMPARTS
Au dessus de la porte d’entrée on distingue une minuscule bretèche (ou peut-être des latrines).
LE PORTAL
Face à l’entrée du village fortifié se trouve le syndicat d’initiative.
MAISONS DU XVème SIÈCLE
A l’intérieur des murs, on distingue deux rues parallèles bordées de petites habitations quasi similaires, pourvues de fenêtres à meneaux. Ces maisons s’adossent sur les remparts ; quelques-unes au centre forment un îlot entouré par une rue.
LA SALLE DE JUSTICE
L’ÉGLISE & LE CLOCHER
L’église, au style dépouillé, est représentative de l’influence des abbayes cisterciennes. Elle a été surélevée lors de sa fortification ; le clocher a été transformé en tour de défense. A ne pas manquer le chemin de croix et les vitraux (photos ci-dessous).
LA NEF
LA VOÛTE
LES VITRAUX
LE CHEMIN DE CROIX
L’ACCÈS AU SOMMET DES REMPARTS
On peut aujourd’hui accéder aux remparts. Sur le chemin de ronde de la courtine, le point de vue est remarquable : il nous permet d’admirer le plateau du Larzac et les monts de Lévézou.
LA SALLE REFUGE
LA MAISON DE L’ABBESSE
On remarque que chaque ouverture (fenêtre) est dotée de coussièges.
LA PORTANELLE
Dans son milieu naturel, elle est utilisée comme baromètre (curieusement la plante voit son capitule se refermer à l’approche du mauvais temps), ou encore comme porte bonheur. La cardabelle étant une espèce en voie de disparition, elle est désormais protégée. Si vous la rencontrez aux détours d’un chemin sur les causses du Larzac ou de Lozère, ne la cueillez donc pas. Jadis on mangeait son cœur comestible, et ses feuilles épineuses étaient utilisées pour carder la laine des ovins. De plus sa racine était un remède contre de multiples affections et maladies.