Les Témoins du Passé – La Cavalerie
LES TÉMOINS DU PASSE
TEMPLIERS & HOSPITALIERS
LA CAVALERIE
LA CAVALERIE, CITE TEMPLIÈRE ET HOSPITALIÈRE DU LARZAC
SITUATION
La Cavalerie est une commune française, située dans le département de l’Aveyron, en région Occitanie. Le village est placé au carrefour des routes antiques, des chemins de pèlerinage, et aujourd’hui de l’autoroute A75 et de la RN9. Implantée au cœur du Larzac près du Grand Viaduc de Millau, la région est marquée par l’histoire au point de rencontre des bassins de Millau, Saint-Affrique et Roquefort.
Cette position stratégique a permis aux Templiers de profiter de ces voies de communication en direction du sud et des ports d’embarquement pour la Terre Sainte.
PRÉSENTATION
La Cavalerie fait partie du Grand Site Midi Pyrénées, Viaduc de Millau au titre du circuit Templier et Hospitalier du Larzac. Le village possède un riche patrimoine cédé par les Templiers puis par les Hospitaliers. C’est en 1445 que ces derniers édifient les fortifications.
LE CLIN D’ŒIL
L’Ordre est créé selon la règle du « chevalier du Christ » : simplicité,pauvreté, chasteté et prières. Cette règle s’appuie sur celle de Saint Benoit, avec quelques nuances empruntées à celle de Saint Augustin. Cette doctrine est suivie par les chanoines de l’Ordre du Saint Sépulcre, près desquels vivent les premiers Templiers. L’ordre a alors plusieurs appellations : la milice des Pauvres Chevaliers de Christ, les Chevaliers de la Sainte Cité, les Chevaliers du Temple de Salomon de Jérusalem, la Sainte Milice hiérosolymitaine du Temple de Salomon. Au fil du temps, le nom qui deviendra le plus usité sera celui de « Templiers ».
Lire : les Grands Maîtres de l’Ordre du Temple.
QUELQUES RAPPELS
L’ORDRE DU TEMPLE
L’Ordre du Temple était un « Ordre religieux et militaire » issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge. Il fut créé en 1129, lors du Concile de Troyes. A l’origine, ses membres constituaient une milice nommée les « Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ». L’ordre eut pour mission, au cours des 12ème et 13ème siècles, d’accompagner et de protéger les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, à Jérusalem, dans le contexte de la Guerre Sainte et des Croisades. Les soldats du Christ seront présents dans de nombreuses batailles lors des Croisades en Terre Sainte, ainsi que dans la péninsule ibérique lors de la « Reconquista ».
Pour accomplir et financer ses missions, l’Ordre va pouvoir, grâce à des dons fonciers, essaimer et construire à travers l’Europe tout un réseau de monastères (commanderies), puis s’étendre dans tout l’Occident chrétien. Cette montée en puissance va lui donner un rôle privilégié parmi les souverains de l’époque. Les Pauvres chevaliers du Christ vont devenir des partenaires financiers de premier choix auprès des monarques occidentaux. Ils effectueront même, avec certains rois, des transactions à caractère non lucratif, voire devenir les gardiens des trésors royaux.
Le 28 mai 1291, après la chute de Saint-Jean-d’Acre et le retrait définitif des armées croisées de la Terre Sainte, l’Ordre va tomber en disgrâce. Devenus trop puissants aux yeux du roi de France Philippe le Bel, les chevaliers du Temple seront condamnés en procès pour hérésie.
Le 14 septembre 1307, le roi dépêche des messagers à tous ses sénéchaux et baillis, leur ordonnant de saisir tous les biens mobiliers et immobiliers des chevaliers du Temple.
Le 13 octobre 1307, sur ordre du roi, l’on procède en France à l’arrestation de la totalité des Templiers au cours d’une même journée.
Le 13 mars 1312, l’Ordre est dissout par le pape Clément V.
Le 18 mars 1314, le dernier Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay, est brûlé sur un bûcher dressé sur l’île aux Juifs, à Paris.
L’ORDRE DE SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
L’Ordre de l’Hôpital fut créé en Orient, quelques années avant l’Ordre du Temple. Il avait pour but d’accueillir, de soigner et d’offrir l’hospitalité. Ce n’est que plus tardivement que, tout comme les Templiers, ils protègeront les pèlerins sur les routes de la Terre Sainte, possèderont des châteaux, et deviendront un Ordre à la fois militaire et religieux.
Ordre de Saint Jean de Jérusalem
En tant qu’Ordre militaire, les chevaliers prennent part à de nombreuses guerres qui émailleront
l’histoire des États Latins, en combattant les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte.
Mais à la chute d’Acre en 1291, ils seront chassés de leur dernière place forte en Terre
Sainte. Après une brève escale à Chypre, ils conquièrent Rhodes, qu’ils occuperont pendant plus de deux siècles. C’est sur cette île qu’ils perfectionnent les bases de leur organisation, qui va faire d’eux des combattants sur mer parmi les plus efficaces de leur temps.
Après la dissolution de l’Ordre du Temple en 1312 par le pape Clément V, les biens des Templiers sont donnés aux Hospitaliers.
En 1522, ces derniers sont expulsés de Rhodes par Soliman le Magnifique, qui s’empare de l’île.
En 1530, après quelques années d’errance, les Hospitaliers reçoivent de Charles Quint (1500-1558) l’île de Malte. Ils prennent alors le nom de « Chevaliers de l’Ordre de Malte ».
ESCAPADE DANS LES TRACES DES CITES
TEMPLIÈRES & HOSPITALIÈRES DU LARZAC
Lire:
LA CAVALERIE
HISTORIQUE
Au milieu du XIIème siècle, les Templiers de la commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon (installés sur le plateau du Larzac dès 1152) créent ex-nihilo La Cavalerie (Cavalaria en occitan, signifiant « les chevaliers du Temple »).
En 1151, l’abbé Raimond de Saint-Guilhem-le-Désert fait don de l’église de Sainte-Eulalie-de-Cernon aux chevaliers de l’ordre du Temple. Grâce aux donations reçues, les Templiers s’installent durablement dans le Larzac.
La commanderie de La Cavalerie est fondée en 1154. Les Templiers fondent deux villages : La Cavalerie Vieille, au lieu-dit Lestrade, et La Cavalerie Neuve, sur le lieu de l’actuelle commune.
A la suite d’un conflit avec la ville de Millau (au sujet de la juridiction du lieu-dit Lestrade), les Templiers construisent un nouveau village (La Cavalerie Neuve) sur le site actuel. Ils abandonnent progressivement la Cavalerie Vieille, et obligent les populations à les suivre et à s’installer dans le nouveau village. (La Cavalerie Vieille disparaitra dans le courant XIVe siècle).
En 1180, on mentionne l’existence de l’église Sainte Marie de La Cavalerie. A cette époque l’église et le cimetière étaient incorporés dans la maison des Templiers. Celle-ci se composait d’une cour intérieure entourée de bâtiments agricoles, d’une tour carrée, et des logements pour les chevaliers. Par la suite, les Templiers construiront un château (autour de l’actuelle place de l’église). De nos jours, il ne reste presque plus aucune trace de l’édifice médiéval.
En 1187, ils perçoivent des droits de péages.
Le village va s’agrandir autour de ce bâtiment. En cas de danger, les habitants trouveront un abri dans l’enclos des Templiers.
Vers 1312, après la chute de l’Ordre du Temple, tous les biens des chevaliers sont transmis « Ad providam » à ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
DURANT LA GUERRE DE CENT ANS
Au début du XIVème siècle, l’insécurité causée par la Guerre de Cent Ans amène les habitants de La Cavalerie à demander le droit de fortifier leur village en construisant un rempart.
[su_note note_color= »#F6BF90″]A la fin du XIVème et au début du XVème siècle, les troubles causés par la Guerre de Cent Ans écrivent une page mouvementée de l’Histoire du Larzac. Durant les cycles de paix de cette guerre, des bandes armées, désœuvrées, en maraudes, vont arpenter les campagnes (lire : Mercenaires, routiers et écorcheurs au Moyen Âge). La région n’échappera pas au pillage : ces bandits de grands chemins la mettront à sac pour survivre. [/su_note]
Cette protection, ainsi que celle de la commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon, s’avèrera insuffisante. Le plateau du Larzac, région ouverte et mal défendue mais abondante en bétail, attire les gens en armes.
Face à la menace grandissante, le commandeur de Sainte-Eulalie, Bertrand d’Arpajon, prend la décision de fortifier les lieux importants de sa commanderie : Le Viala du Pas de Jaux en 1430, puis La Cavalerie, La Couvertoirade en 1439, et enfin Sainte-Eulalie en 1442.
Au fil du temps, les Hospitaliers vont transformer La Cavalerie en une commanderie de première importance.
L’enceinte se présente sous la forme d’un quadrilatère, avec trois tours rondes à chaque angle ; au quatrième angle se trouve le château. Le long des remparts on distingue seulement deux portes : le « pourtalou », et la porte d’entrée principale. Les demeures les plus anciennes remontent à l’édification des fortifications, c’est-à-dire au milieu du XVème siècle. A cette époque, La Cavalerie est un bourg prospère qui compte des marchands, des professions libérales (notables, notaires et médecins…).
Au-delà des murailles, les logis et les maisons sont disséminés parmi les « jasses » (sorte d’enclos dans lequel les moutons de transhumance passaient la nuit), et les « fenières » (bâtiment rural ou partie d’un bâtiment où l’on conserve le foin).
DURANT LES GUERRES DE RELIGION
Lors des Guerres de religion, La Cavalerie et ses habitants seront durement éprouvés. Le bourg est assailli, pris et pillé par deux fois par les Protestants, en 1568 et en 1578.
En 1580, le château des Hospitaliers est presque totalement détruit par les Huguenots.
Plus tard, les tours rondes aux angles de l’enceinte seront abaissées et désarmées. Seuls subsistaient alors l’église et une tour carrée à un angle.
XVIIème ET XVIIIème SIÈCLES
Au XVIIème siècle, le village redevient prospère. La Cavalerie voit la construction d’hôtels particuliers et de la tour carrée existante aujourd’hui.
Au XVIIIème siècle, les intendants du roi décident la création d’une grande voie de communication qui relie la Haute-Guyenne et le Languedoc. L’objectif est d’améliorer le réseau routier entre Bordeaux, pour la Guyenne, et Montpellier, pour le Languedoc : il s’agit du « Grand chemin », la RN9. De nouvelles perspectives voient alors le jour. La Cavalerie prend son essor de part et d’autre du « Grand chemin » ; des tavernes, des auberges, un relai de poste et plus tard des hôtels viennent s’y installer. L’activité économique principale, qui prend son essor chez de nombreux Cavalériens, est alors le transport de marchandises.
A LA RÉVOLUTION
À la Révolution française, les terres et les biens (deux greniers) du commandeur sont vendus à des particuliers, et les bâtiments communs sont divisés.
XIXème ET XXème SIÈCLES
En 1818, La Cavalerie fusionne avec la commune l’Hospitalet-du-Larzac (fondée en 1793), tout en conservant les deux paroisses.
En 1836, l’Hospitalet-du-Larzac redevient commune indépendante.
En juin 1902, la construction du camp militaire du Larzac est terminée. Une foule d’appelés du contingent viennent y faire leurs classes. Une activité économique générée par le camp voit le jour, avec la création de nombreux commerces, bars et hôtels.
Vers la fin des années 1950, le camp militaire devient un lieu d’assignation à résidence surveillée pour les militants du FLN (Front de Libération Nationale).
En 1962, le site est transformé en centre d’accueil pour les rapatriés d’Algérie. (On dénombrera plus de 12 000 Harkis et leurs familles qui seront accueillis sous des tentes).
L’ENCEINTE FORTIFIÉE
PORTE PRINCIPALE
LES REMPARTS
LES BRETÈCHES
LES TOURS
LE VILLAGE
VIEILLES PORTES
CURIOSITÉS DE LA RÉGION
LA CARDABELLE
Dans son milieu naturel, elle est utilisée comme baromètre (curieusement la plante voit son capitule se refermer à l’approche du mauvais temps), ou encore comme porte bonheur. La cardabelle étant une espèce en voie de disparition, elle est désormais protégée. Si vous la rencontrez aux détours d’un chemin sur les causses du Larzac ou de Lozère, ne la cueillez donc pas. Jadis on mangeait son cœur comestible, et ses feuilles épineuses étaient utilisées pour carder la laine des ovins. De plus sa racine était un remède contre de multiples affections et maladies.
UNE LAVOGNE
Ci-dessous la lavogne de la Couvertoirade aujourd’hui.