Les Témoins du Passé – L’église Saint Pierre de Pouilly-lès-Feurs
LES TÉMOINS DU PASSÉ
L’ÉGLISE SAINT PIERRE
DE
POUILLY-LES-FEURS
« Il est sur les chemins de France, des lieux voués dès leur origine à un destin exceptionnel. Ils sont : terre d’histoire, de légende, de foi. Pouilly-lès-Feurs s’honore d’être de ceux-là. »
Claudius COUBLE
Lire : le prieuré de Pouilly-lès-Feurs
STYLE : roman.
CULTE : catholique.
TYPE : église et prieuré.
ORDRE : clunisien.
FONDATION : 966.
PÉRIODES DE CONSTRUCTION :
L’église : de 1048 à 1250 (la première pierre a été posée en 1048).
Le prieuré initial : de 999 à 1050.
Le prieuré actuel : du 12ème au 15ème siècle (il sera remanié à plusieurs époques).
L’écurie et le grenier à blé : de 1200 à 1250.
La prison et la salle d’Audience : de 1300 à 1350.
La grande cuisine : de 1400 à 1450.
Surélévation de la tour d’escalier et de la grosse tour d’appui : de 1450 à 1500.
La boulangerie (aujourd’hui disparue) et la ruelle entre l’église et le prieuré : de 1800 à 1515.
PROTECTION :
L’église : inscription aux Monuments Historiques par arrêté du 30 août 1911.
Le prieuré, le rempart et la tour attenante : inscription aux Monuments Historiques par arrêté du 26 avril 2005.
PROPRIÉTAIRE : la commune de Pouilly-lès-Feurs.
Sources : fiches Mérimée PA42000024.
POUILLY-LES-FEURS
SITUATION
Pouilly-lès-Feurs est une commune française située dans le département de la Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes. La ville, située à 5 km de Feurs, 35 km de Saint-Étienne et 80km de Lyon, fait partie du Forez. Sa population est de 1257 âmes (les Pouillerots). C’est aujourd’hui un village actif grâce au dynamisme de ses nombreuses associations.
ORIGINES
Autrefois appelé Polliacus, le village remonte à l’Antiquité.
Le site fut peuplé dès le Néolithique par une tribu celte de Séguslaves. A partir de 20 ou 15 av J.-C, elle eut pour capitale Forum Ségusiavorum, c’est-à-dire Feurs.
Après une occupation par les Celtes, puis par les Romains, les moines de Cluny s’y installent à la fin du Xème siècle. Ils viennent cultiver la vigne sur les coteaux et y mener une existence pastorale.
HISTORIQUE
Le bourg est florissant durant la période gallo-romaine.
En 725, le village est ravagé par les Germains.
En 999, la cité renaît suite à l’installation des Bénédictins de Cluny, qui y construisent un prieuré grâce à d’importants dons.
Au cours des 11ème et 12ème siècles, ils bâtissent le doyenné et l’église.
Du 12ème au 15ème siècle, les moines érigent le prieuré.
En 1385, les remparts sont construits. Ils sont constitués de hauts murs percés de meurtrières et pourvus de dix tours de défense.
En 1635, les fortifications seront démantelées par Richelieu. Les pierres seront réutilisées pour bâtir les maisons du village.
PRÉSENTATION
Cet ensemble architectural (prieuré et église) est l’œuvre des moines de Cluny, venus à Polliacus en 966. Grâce aux legs de plusieurs riches propriétaires terriens, ils construisent l’église et le prieuré bénédictin. Ces bienfaiteurs espèrent, par ce geste pieux destiné à la prestigieuse abbaye, gagner une place dans un monde meilleur, celui des morts. Par la suite, au cours des siècles, Pouilly se développe autour de ces édifices et s’entoure de murailles protectrices (il en reste encore de nos jours de beaux vestiges).
L’église
Le prieuré
Autres richesses et curiosités du village : le pavillon, construit par les seigneurs de Pravieux au XVIème siècle, la chapelle Saint Benoit et la chapelle Notre-Dame-des-Odiberts.
Le château de Pravieux et son pavillon
Le château renaissance de Pravieux a remplacé la bâtisse féodale de l’Espaignol. A l’origine édifiée tout à côté, au nord-ouest, elle fut brûlée par les ligueurs en 1594. Du monument, il reste l’assise d’une tour sur laquelle on a construit un pigeonnier. Aujourd’hui, le site porte le nom de « En l’Espagnol ».
Cette résidence seigneuriale est placée sous le signe des licornes. On découvre ces animaux imaginaires comme marques décoratives sur la porte d’entrée soutenant la devise des Sacconin (seigneurs de Pravieux en Forez et Lyonnais) : « Alors sera ».
On y distingue la seule tour qui a perduré dans le temps. Son toit pentu est aigu et sa pointe se termine par une girouette, ornée de fleurs de lys en fer forgé.
La famille de Sacconin a fait construire ce très beau pavillon sur les terres de son château.
Fut-il cabinet de travail, pavillon de chasse, lieu de rencontres furtives et d’amour ? Le tout à la fois peut-être ? Nul ne le sait. Cependant, sa taille minuscule lui donne un charme fou.
Nul doute que celui qui l’a imaginé, avec son toit pointu et ses ouvertures au sud et au couchant, était incontestablement un homme de goût.
La chapelle Saint Benoît, XVIème siècle
On la trouve au détour de la route, lorsqu’on quitte Pouilly en direction de Civens. Cette modeste chapelle, à peine cachée sous le tapis d’une vigne vierge agrippé à sa façade, s’offre à notre regard. Érigée sous le vocable de Saint-Benoît, le patron des Bénédictins, elle prenait place jadis dans l’enceinte du manoir des De Rochefort. Le château a disparu, mais la petite chapelle, en partie restaurée au XVIIème siècle, est toujours là. L’appartenance de cette chapelle a longtemps été contestée, principalement en raison de la proximité de la demeure des De Rochefort. Mais il est fort probable qu’elle appartenait aux moines de Pouilly. En effet, en témoigne l’écusson en triangle surmonté de la crosse abbatiale qui en décore le portique, et qui représente les armoiries des Bénédictins.
Ce fut un lieu de pèlerinage très fréquenté ; on y allait prier Saint-Benoît pour se prémunir des fièvres paludéennes (maladie contractée par les personnes employées à rouir le chanvre dans les poches d’eau au liquide avarié).
Le curé de la paroisse y célébrait la messe le 25 avril, à la Saint-Marc, et le 11 juin, à la Saint Barnabé, pour les fruits de la terre. Deux fois par an, on y allait en procession le jour des rameaux, pour y bénir le buis, et le 15 août, en souvenirs du vœu de Louis XIII. Celui-ci avait consacré la France à la Vierge Marie pour implorer que cesse l’épidémie de peste.
L’autel très modeste, qui meuble l’intérieur avec quelques vieilles chaises, est du XIXème siècle. En lui-même il n’a pas de valeur artistique, mais il a l’intérêt d’accueillir des reliques non authentifiées, découvertes en 1824.
Sur la robe de la cloche, on peut distinguer une inscription : Jésus Maria, et une date : 1638.
La chapelle Notre-Dame-des-Odiberts
C’est un édifice qui, par sa conception (treillis de bois), est assez singulier. Il ne présente aucun intérêt architectural, mais il se doit d’être considéré comme un des éléments notables du patrimoine du village. Les anciens disent qu’il évoque une certaine époque où la religion populaire avait une grande place dans la vie des petites gens. Sa présence en perpétue le souvenir.
Cette construction est l’œuvre de Marie Baraille (Mère Sainte Zite, supérieure du couvent des sœurs Saint Charles de Lyon). Elle l’a fait ériger à l’aube du XXème siècle, afin d’honorer la Vierge de Lourdes à l’occasion du cinquantenaire des apparitions. Elle l’a fait bâtir sur la propriété de son père dont elle venait d’hériter. Ce dernier était marchand de vin à Feurs.
Il faut savoir pour mémoire que la chapelle Notre-Dame-des-Odiberts se trouvait en l’état de ruines. En 1992, elle a été restaurée par un groupe de bénévoles sous la direction des « Amis du Vieux Pouilly ».
La porte d’en Haut
Avec ses deux tours adjacentes, elle représente le seul vestige encore presque intact de l’enceinte médiévale qui ceinturait autrefois Pouilly.
Les murailles étaient protégées par 10 tours de défense, dont une carrée : « L’arsenal ». Aujourd’hui, les vestiges de ces tours apparaissent encore ; il faut les chercher : certaines sont enclavées dans des cours ou des demeures.
Cette monumentale porte d’en « Haut » est aussi appelée porte de « Damas », parce qu’elle fait face à l’Orient, au soleil levant, aux premières lueurs de l’aube qui font disparaitre les angoisses de la nuit obscure. On la nomme aussi porte du « Buis », parce qu’elle débouche sur la voie qui donne accès à cet endroit.
Visiteurs, éloignez-vous un court moment de ce monde moderne… Et franchissez la porte d’en « Haut », entrez dans l’intimité du temps jadis, de ce passé qui a fait Pouilly et qu’il est prêt à vous dévoiler. Errez dans les ruelles étroites et les murs ancestraux, pour vous imprégner de l’influence que le Moyen Âge a laissé sur ce village médiéval. Vous serez alors envahi par une étrange sensation qu’il vous sera bien difficile d’expliquer.
La porte d’en Bas
Moins imposante mais tout aussi prestigieuse, la porte dite d’en « Bas » de la rivière débouchait en direction de Feurs par un pont enjambant un ruisseau, la Vesne. A cette époque-là, le ru arpentait le long des remparts. C’était aussi la porte du « Vent », cet air chaud qui arrive du midi, synonyme de mauvais temps, et qui apporte la pluie…
Ce porche d’une autre époque, non protégé par les Monuments Historiques, menaçait de s’écrouler. Il a été démoli dans les années 1927-1930. Étroit et de faible hauteur, il ne présentait que des difficultés pour le traverser, notamment avec des charrettes de foin et autres véhicules…
En ces temps reculés, il y avait déjà des problèmes de circulation…
Après la sonnerie du couvre-feu, chaque soir une fois la nuit tombée, les deux portes d’en « Haut » et d’en « Bas » étaient fermées par deux solides madriers. Dans le petit bourg, des ruelles aux noms évocateurs (la Grande rue, la rue guerrière, la rue de Gourgouillon, les rues Morlot, Pajar ou Tapajar, du Vingtain, de la Porte ou des Remparts) se trouvaient confinées derrière les murailles.
C’est dans la rue du Vingtain que se trouvait la grange où chacun venait déposer sa « vingtième » gerbe pour s’acquitter de la dîme.
A cette époque-là, toutes les rues, entre lesquels parfois s’écoulait l’urine des animaux, étaient pavées avec des galets prélevés dans la Loire.
Une traboule
A Pouilly, ces « traboules », au nombre de trois, ne débouchent pas de part et d’autre des habitations. Ce sont de très étroites ruelles, exiguës, qui finissent leur chemin dans des petites cours. Les toits des bâtiments s’avancent de part et d’autre sur la traboule, à la manière d’un encorbellement. Sous les toitures, un contrefort vient consolider et réunir les murs des deux logis. La plus remarquable de ces traboules entre dans la rue Morlot, la deuxième dans la rue du Vingtain, et enfin la troisième dans la rue de la Porte.
L’ÉGLISE SAINT PIERRE
L’EXTÉRIEUR
La première pierre
L’Église de Pouilly, dédiée à Saint Pierre, est un magnifique monument d’architecture romane. La première pierre de l’édifice a été posée en 1048 en présence de Odilon de Mercoeur, abbé de Cluny, et d’Hallinard de Sombéron, évêque de Lyon. Cette pierre de couleur rouge se voit encore à gauche de la petite porte latérale. Sa fin de construction se situe dans la première moitié du XIIe siècle.
Les façades
Le clocher & le chevet
Le clocher, qui surmonte le très beau chevet, pèse de sa masse imposante. Les contreforts plats viennent doubler les baies en les consolidant.
Au cours des époques, le clocher s’est affiché sous diverses formes :
– Au XVème siècle, il a servi de tour de guet et était équipé d’un hourd en bois.
Ce moyen de défense du château fort se présente comme un balcon en bois couvert. Il se caractérise par une très faible ouverture horizontale et une assez faible saillie, avant de devenir une maçonnerie grossière à partir du XVIème siècle, nommée communément « hourdage » et dont dérive le terme « hourdis ».
– Au XVIIIème siècle, chapeauté par une flèche basse, il était pourvu de quatre demi-clochetons.
– Enfin, en 1824 il est rehaussé, et on peut l’admirer tel qu’il s’affiche aujourd’hui.
Un fait notable et qui intrigue les visiteurs : l’escalier qui monte au clocher est d’une manière étrange suspendu dans le vide. En 1930, des travaux de réaménagement effectués par les Beaux-Arts ont permis de dégager l’absidiole nord. Il fallut, pour les besoins, démolir le petit bâtiment qui permettait l’accès aux cloches et à l’horloge. Mais par manque d’argent, on installa, à la place, une simple échelle en fer ; celle-ci sera ôtée en 1970 au cours du dégagement final du chevet.
La façade & le portail d’entrée
La façade principale est sobre. Elle présente trois arcs de décharge, et laisse apparaître le volume et la dimension de la nef et de ses deux collatéraux. Au premier coup d’œil, on distingue que la partie supérieure et le fronton ont été remaniés bien après leur construction, probablement à cause d’un incendie. La différence est apparente sur l’ouvrage, en raison du choix et de la variété des matériaux utilisés.
On accède au portail d’entrée par un escalier semi-circulaire de huit marches. Les deux colonnes, à huit et vingt pans, qui le décorent sur ses côtés, sont des réemplois d’un ancien édifice. Chacune est surmontée par un chapiteau décoré en calcaire jaune de Charlieu.
Les portes en chêne ont été refaites en 1854 par le menuisier du village. A l’intérieur, on observe la traverse se dissimulant entièrement dans le mur. Celle-ci servait à condamner les portes quand la menace des routiers anglais ou des Huguenots (qui arpentaient la région en maraudes) se faisait sentir.
Lire : Mercenaires, routiers et écorcheurs au Moyen Âge.
Les sculptures sont assez difficiles à lire à cause de l’érosion. Celle de droite paraît représenter deux animaux imaginaires dévorant un personnage. Celle de gauche affiche l’image de Saint Pierre montrant une clé énorme reçue des mains de Dieu, tandis que Simon le magicien s’adonne à des cabrioles.
Au-dessus de l’archivolte, constituée de claveaux alternés, apparaissent deux lions sculptés qui se font face. Tous deux, symboles de la justice divine, sont les gardiens de l’entrée.
L’INTÉRIEUR
La nef
Elle est constituée de trois nefs avec transept, d’une abside semi-circulaire et d’absidioles. La grande nef est voûtée en arcs brisés. On remarque que les deux arcs les plus proches de l’autel sont moins élevés. Les petites nefs latérales sont voutées en plein cintre, et le chœur, pour une raison qui échappe, est dévié de quelques degrés à droite ; ce qui laisse interrogateurs bon nombre de gens.
En architecture, le mot appareil, (opus en latin), désigne la façon dont les moellons, les pierres de taille ou les briques sont assemblés dans la maçonnerie. Voir aussi : petit, moyen et grand appareils.
A l’intérieur, on trouve deux bustes reliquaires en bois polychrome du XVIIIème siècle :
– Saint Blaise, second patron de la paroisse, est le protecteur des tisserands. Martyr, il eut la tête tranchée le 3 février 316. Cet anniversaire est fêté chaque année à Pouilly.
– De l’autre côté, Saint Vincent, protecteur des vignerons.
Dans le haut du premier pilier du côté droit qui aboutit à la chapelle de la Vierge, on peut distinguer trois têtes de moines sculptées. Elles nous rappellent que ce sont les Bénédictins qui ont bâti l’église.
Le grand bénitier
Il se trouve à droite en entrant ; il date de l’époque monastique. La cuve, ornée d’un écusson, est du XVIème siècle ; elle prend appui sur un socle gallo-romain.
Entre les deux lions, dont les têtes ont été endommagées pendant la Révolution, on découvre le visage d’un homme barbu, probablement celui de Daniel dans la fosse aux lions.
Le bénitier volé !
A gauche, en entrant contre le pilier, on aperçoit un petit bénitier qui remplace l’ancien, volé en 1994.
L’autel
La chaire
Les quatre évangélistes
Lorsqu’on contemple la coupole, sous les trompes qui soutiennent le clocher, on peut apercevoir dans chaque angle les emblèmes des quatre évangélistes : l’aigle pour Saint Jean, le taureau pour Saint Luc, le lion pour Saint Marc et l’ange pour Saint Mathieu.
Les écussons peints au-dessus du tambour représentent les armoiries des évêques de Lyon au moment de l’exécution des peintures.
A gauche de la porte (qui donnait autrefois à l’intérieur du doyenné) sont sculptées et peintes les armoiries de Bertrand de Thorigny, prieur de Pouilly en 1470.
Dans le milieu de la nef principale, deux colonnes engagées avec leur chapiteau indiquent le Bien et le Mal, la Vertu et le Vice, et par là le Ciel et l’Enfer. A droite, l’arbre est recouvert de fruits ; à gauche, il est stérile, il ne produit rien.
Les fresques et peintures
Les fresques et peintures de l’abside
Des traces de fresques du XIIème siècle apparaissent dans les parties claires du cul-de-four. Des restes de peintures sur fond jaune, datant du XIIIème siècle, sont encore visibles.
On distingue dans l’abside en cul-de-four le Dieu en majesté. Il est placé dans une mandorle, et nous montre les tables de la loi qui sont soutenues par deux anges. La mandorle symbolise la gloire immortelle de Dieu.
En 1878, le peintre roannais Étienne Zacchéo décore tout le sanctuaire de thème médiévaux. Il emploie pour ce faire une peinture constituée d’une émulsion de chaux, de colle, d’huile et de pigments.
On remarque une représentation des apôtres, peints sur les murs latéraux de l’abside.
Les vitraux
Les vitraux peints sur verre datent de 1876. Ils sont l’œuvre d’artisans de Saint Galmier : les Mauvernay. Ils évoquent depuis l’entrée et de gauche à droite : Saint Benoît, Saint Pierre, le Sacré-Cœur, Saint Anne et Notre-Dame de Lourdes.
Sources :
http://www.pouillylesfeurs.fr/fr/patrimoine
http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2012/09/05/25039492.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pouilly-l%C3%A8s-Feurs