La véritable histoire du vase de Soissons
LES MEROVINGIENS
Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Eglise, par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Art mérovingien, fin VIème-début VIIème siècle Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511). Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.
LA VÉRITABLE HISTOIRE DU
VASE DE SOISSONS
Le sujet de son récit repose sur un événement à caractère historique qui aurait eu lieu en 486, après la bataille de Soissons. Jamais une telle anecdote franque ne fut plus célèbre que celle du vase de Soissons. Et dans les manuels scolaires de la Troisième République, qu’ils soient catholiques ou bien laïcs, la scène sera largement commentée et abondamment illustrée.
CLOVIS ET LA LÉGENDE
Comment un soldat en brisant un vase (le plus célèbre de l’Histoire) va déchaîner les « foudres » du jeune roi Clovis…
LA BATAILLE DE SOISSONS
En 486, la bataille de Soissons oppose Clovis, le roi des Francs, à Syagrius (430-486/487), un général, dernier représentant du pouvoir romain en Occident (Gaule du Nord). Ce dernier est battu, et s’enfuit à Toulouse se réfugier chez les Wisigoths. Alaric II, le roi des Wisigoths, le capture et le livre enchaîné aux émissaires de Clovis venus le réclamer ; Syagrius sera exécuté sur l’ordre de ce dernier. Cette bataille marque la disparition du dernier bastion du pouvoir romain en Gaule.
Il sera roi des Francs saliens, puis roi de tous les Francs de 481 à 511. Issu de la dynastie des Mérovingiens, il est le fils de Childéric Ier, roi des Francs saliens de Tournai (en actuelle Belgique), et de la reine Basine de Thuringe.
CLOVIS A LA CONQUÊTE DE LA GAULE
Clovis, alors âgé de 20 ans et encore païen, avait déjà saccagé de nombreuses églises, notamment à Reims. Après la bataille Soissons, ses soldats se livrent au pillage de la ville.
Arrive alors le moment du partage du butin qui doit s’exécuter par tirage au sort, selon la tradition franque. Parmi les objets, il reconnaît le splendide vase appartenant à l’évêque de Soissons (probablement Rémi). Ce dernier avait imploré Clovis de le lui restituer. Le jeune roi des Francs, soucieux de plaire au prélat, le lui avait promis.
C’est ainsi qu’à Soissons, lors du partage, il demande à ses soldats la permission d’enfreindre l’usage de la distribution du butin par tirage au sort, et de récupérer le précieux vase.
Mais l’un des soldats, envieux et impulsif, furieux que le roi ne respecte pas la tradition d’usage, s’insurge et déclare : « Tu n’auras que ce que le sort te donnera ! ». Puis il prend le vase, le jette aux pieds de son roi, et le brise d’un coup de francisque. Clovis ravale sa rage et restitue malgré tout le vase cabossé à l’évêque.
UNE MÉMOIRE TENACE ET VENGERESSE
Une année plus tard, Clovis n’a pas oublié…
Le 1er mars 487, à l’occasion d’un passage en revue de ses troupes, il repère dans les rangs le guerrier qui l’a défié l’année précédente.
Il l’interpelle et lui reproche sa tenue négligée. Il lui dit : « Personne n’a d’armes aussi mal tenues que les tiennes ! ». D’un geste brutal, il lui arrache alors sa francisque et la jette à terre. Le soldat se penche aussitôt pour récupérer son arme. D’un coup violent, Clovis lui fracasse la tête avec sa hache en s’écriant : « Ainsi as-tu fait du vase de Soissons ! ».
UNE JUSTICE BARBARE ET EXPÉDITIVE
En 486, cela fait à peine cinq ans que le jeune Clovis est roi des Francs. C’est un chef païen, élevé dans la culture germanique, comme le sont tous les Francs.
C’est aussi un homme avisé politiquement. Il sait que s’il veut imposer son pouvoir, il doit avoir le soutien de l’église. Justement, en restituant le vase dérobé à l’évêque de Soissons, Clovis œuvre dans ce sens, mais s’oppose aux traditions barbares de son peuple.
Par contre, dans ses réactions, Clovis demeure avant tout un roi franc, puisqu’il use d’une justice expéditive qui obéit à la logique de la loi du talion.
Selon les lois germaniques, appelées « Wergeld », c’est-à-dire « l’argent du sang », chaque offense a un prix que doit payer la famille du coupable à la famille de la victime.
Quelques exemples : assassiner un homme de 20 à 50 ans coûte 300 sous d’or, un homme de plus de 65 ans seulement 100 sous d’or. Arracher une main si celle-ci reste pendante coûte 63 sous, arracher le deuxième doigt, celui qui est utilisé pour tirer à l’arc, coûte 35 sous et ainsi de suite suivant la gravité supposée du geste.
Donc Clovis, en tuant le soldat récalcitrant, ne s’affiche pas plus violent que la majorité de son peuple et que l’esprit qui anime les coutumes et lois franques. La vengeance fait partie de la vie de tous les jours et ne choque personne. Par son action, il fait aussi preuve d’une autorité que plus aucun soldat du royaume, des Pyrénées au Rhin, n’osera contester.
LA BIOGRAPHIE DE CLOVIS PAR GRÉGOIRE DE TOURS
Nous connaissons cet événement grâce au récit qu’en a fait, quatre-vingt ans plus tard, l’évêque Grégoire de Tours. Il est l’auteur d’une imposante « Histoire des Francs » en dix livres.
Tout au long de sa vie, Grégoire de Tours se montrera soucieux de défendre les droits de l’église contre les violences de cette époque. Fin observateur, esprit attentif, défenseur d’une France chrétienne, il s’attachera particulièrement à décrire la personnalité et le règne de Clovis, le premier roi chrétien.
C’est à lui encore que nous devons les descriptions du baptême de Clovis.
Lire : La société mérovingienne
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vase_de_Soissons
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