Dagobert, le dernier des grands mérovingiens.
LES MÉROVINGIENS
DAGOBERT, LE DERNIER DES
GRANDS MÉROVINGIENS…
(Vers 602/605 – 638 ou 639)
Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, et par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511). Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.
Lire :
– Dagobert le protecteur de Saint-Denis.
– Dagobert fait de Paris sa capitale.
– L’armée franque sous le règne de Dagobert.
SOMMAIRE
S’il existe bien un personnage historique qui a marqué la mémoire collective populaire française des enfants de la République, c’est sans aucun doute celui que l’on a appelé « le bon roi Dagobert ».
Si l’on se base sur le texte de la célèbre comptine, on pourrait croire que le roi Dagobert Ier était un bon vivant. On n’hésitait pas d’ailleurs à le mettre en scène avec Saint Éloi pour les besoins de la rime de cette chansonnette populaire. On le raillait ainsi portant « sa culotte mise à l’envers ».
Mais était-il vraiment un bon roi ?
Fréquemment représenté comme le dernier des grands rois mérovingiens, Dagobert n’a pas pu enrayer l’inexorable décadence de sa lignée. On lui accorde cependant de nombreuses qualités : il s’avèrera bon guerrier, bon justicier et …bon et joyeux compagnon.
« LE BON ROI DAGOBERT »
« Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers ; le grand Saint Éloi lui dit : ô mon roi ! votre majesté est mal culottée. C’est vrai, lui dit le roi, Je vais la remettre à l’endroit ». Qui ne l’a pas chantée ? Car d’après les récits de ses contemporains, Dagobert était tellement distrait qu’il avait l’habitude de mettre ses culottes (ses braies, pantalons) à l’envers. Bon vivant et populaire, il s’amusait bien souvent de lui-même et de ses négligences. Le respect dû au roi a fait passer sa distraction pour une simple légende. En fait, dans la culture populaire de France, celle-ci semble dater de la Révolution Française. Elle est écrite vers 1787, pour railler le monarque Louis XVI. Or, à l’époque, il était impossible de s’en prendre verbalement et directement à la personne du Bourbon. Alors les auteurs de la chanson détourneront leurs quolibets sur un autre nom de roi très ancien : Dagobert Ier. Puis, pour éloigner les soupçons et la censure, ils associeront le personnage de Saint Éloi aux paroles de la comptine.
SON RÈGNE
A la mort de son père Clotaire II (584-629), Dagobert lui succède et devient roi de tous les Francs.
Dagobert hérite d’un pays unifié qu’il va diriger pendant une dizaine d’années avec l’aide de son célèbre ministre, « le bon Saint Eloi ». Il laisse à la postérité le souvenir d’un remarquable souverain, juste, bon chrétien, ayant pratiqué une politique étrangère audacieuse. Il sera le dernier grand roi mérovingien. Par la suite, tous ses successeurs seront nommés « rois fainéants ».
LES ROIS FAINÉANTS
Cette appellation a été façonnée par Eginhard, biographe de Charlemagne, dans sa « Vita Karoli » (Vie de Charlemagne), écrite au IXème siècle. Eginhard disait de ces Mérovingiens qu’ils « n’avaient plus de rois que le nom », n’ayant accompli aucune réforme d’importance au cours de leurs règnes (littéralement « ayant fait néant »).
Fils aîné de Clotaire II, Dagobert est déjà roi d’Austrasie du vivant de son père. En 622, il accède au trône des Francs, cent ans après Clovis. C’est après de nombreux crimes dynastiques qu’il prend le pouvoir, mais il doit le partager avec son frère cadet Caribert, à qui il cède l’Aquitaine.
UNE SUCCESSION CONFUSE…
Il semblerait qu’avant sa mort, Clotaire II ait décidé de légué son royaume à Caribert, le demi-frère de Dagobert. Ces allégations sont produites par Brodulf (oncle maternel supposé de Caribert
qui se prononce en faveur de son neveu, dont il soutient les prétentions au trône au détriment de celles de Dagobert Ier), et par le maire du palais neustrien Landri. Après avoir entendu les atermoiements des témoins, le roi expulse Brodulf en lui conseillant de partir le plus loin possible.
Dans la foulée et en présence de la cour, le roi Dagobert Ier se fait proclamer roi de Bourgogne et évince son demi-frère Caribert de la Neustrie. Dagobert lui fait jurer de se retirer définitivement de la Gaule. Nonobstant, celui-ci ne pourra prétendre au trône qu’en cas d’absence d’héritiers mâles dans la descendance du roi.
RAPPEL
La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne). La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).
Après la mort de Landri, Ega lui succède.
DAGOBERT LE ROI GUERRIER
– En 630, afin de rendre justice et secourir les pauvres, Dagobert voyage en Burgondie pour y
établir les réformes mises en place en Austrasie. Il se rend dans plusieurs villes dont Saint-Jean-de-Losne, où il profitera de l’occasion pour faire assassiner Brodulf.
– En 631, Caribert, son demi-frère, meurt, sans doute assassiné par ordre de son frère, « le bon roi Dagobert ». C’était un usage pour les Mérovingiens d’avoir recours au crime afin d’assouvir leurs prétentions au pouvoir.
Cette habitude sera souvent de mise, à tel point qu’elle s’avérera comme une nécessité politique pour attester l’unité du royaume. C’est du reste le souci primordial du roi : rétablir un royaume puissant et réconcilié. Pour assoir cette ambition, il s’empare immédiatement des fiefs de son défunt frère.
– En 632, Dagobert n’a pas que des succès militaires : il échoue contre la résistance des Slaves. Pour les contrôler et maîtriser leur ardeur au combat, il doit faire des concessions aux Saxons en leur abandonnant la défense de ses frontières orientales.
– En 634, la noblesse d’Austrasie se révolte. Pour la calmer, Dagobert se voit obligé d’abandonner le royaume d’Austrasie à son fils Sigebert III, qui n’a alors que deux ans.
– En 637, il mène des campagnes militaires contre les Bretons et impose sa souveraineté à
Judicaël, le prince de Domnonée (la Domnonée est au VIème siècle, un royaume brittonique situé sur le Sud-Ouest de l’Angleterre).
– En 638, une révolte de Vascons éclate. Pour écarter la menace basque, Dagobert envoie une armée de Bourgogne pour mater la rébellion.
– Enfin, il installe une ligne de défense à l’Est dans la basse vallée du Rhin, face aux Frisons (un peuple germanique).
« UN BON ROI » PUISSANT !
Tout au cours de son règne, Dagobert n’aura de cesse de résister à la puissance croissante de l’aristocratie. Il sera le dernier des Mérovingiens à exercer seul le pouvoir, et à bénéficier de cette
disposition. Il parviendra malgré tout à maintenir partiellement l’avidité de ses adversaires.
Au cours de ses déplacements dans son royaume, surtout en Bourgogne et en Austrasie, le monarque attestera son autorité en exerçant, avec le soutien de ses conseillers (le trésorier Didier, les futurs Saint Ouen et Saint Éloi), une véritable justice.
Dagobert s’évertuera aussi à transmettre à sa cour un apparat de renom, une notoriété sera reconnue au-delà des frontières.
Nonobstant, le roi est en lutte permanente avec l’aristocratie. En 634, il se verra contraint de reconnaître l’indépendance de l’Austrasie et d’y placer comme roi son fils aîné, Sigebert III.
Plus tard, ce sera la Neustrie et la Bourgogne qui obtiendront leur indépendance sous l’autorité de Clovis II, son second fils.
Le partage du royaume de Dagobert ainsi acté, préfigure la division des Francs occidentaux et des Francs orientaux.
Dagobert cède à ses héritiers une terre minée par « les germes de la dissolution ». Dans un avenir proche, les nouveaux maîtres ne seront non plus les rois, mais les « maires du Palais », à l’exemple de Charles Martel.
« UN BON ROI » COUREUR DE JUPONS !
Chez les Francs, tout est arrangé pour que les hommes puissent gérer à leur convenance leur vie sentimentale. Quant aux femmes, elles n’ont que peu de pouvoir ; les hommes seuls peuvent prétendre au divorce.
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagobert_Ier
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier