Clara Brown
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LES GRANDES FIGURES DE L’ESCLAVAGE
CLARA BROWN
1er janvier 1800 – 23 octobre 1885
Clara Brown fut une ancienne esclave de Virginie et du Kentucky, ainsi qu’une philanthrope de Virginie.
Elle aida d’anciens esclaves à s’installer pendant la ruée vers l’or du Colorado. Elle devint un des meneurs de la ruée sur ce territoire, et la première femme afro-américaine à y participer.
Connue comme « l’ange des Rocheuses », elle s’imposa comme « le premier colon noir du Colorado, et une entrepreneure prospère ».
UNE FEMME GÉNÉREUSE ET DÉTERMINÉE
Clara Brown était une femme généreuse et gentille. Sa détermination l’a amenée, toute sa vie durant, dans une quête pour retrouver sa fille. Née en Virginie, son premier souvenir fut d’avoir été vendu sur le bloc de vente d’esclaves aux enchères.
La pratique de séparer les mères de leurs enfants et de les éloigner à distance était une caractéristique de la cruauté et de la barbarie du système esclavagiste.
NAISSANCE
Clara Brown naît de parents esclaves le 1er janvier 1800 près de Fredericksburg, dans le comté de Spotsylvania, État de Virginie.
Très jeune, Clara est séparée de son père. Sa mère et elle sont vendues à Ambrose Smith, un cultivateur de tabac de Virginie. Elles travailleront essentiellement dans les champs.
JEUNESSE & FAMILLE
Enfant, Clara et sa famille passent de la Virginie au Kentucky (Clara grandira dans le comté de Logan).
À 18 ans, elle rencontre Richard, un autre esclave, avec lequel elle se marie. De cette union naîtront quatre enfants : Richard, Margaret, Paulina Ann et Eliza Jane (Paulina Ann et Eliza sont jumelles). Paulina Ann mourra noyée à l’âge de 8 ans.
En 1835, Ambrose Smith, le propriétaire de Clara, meurt. Pour régler la succession, la famille de Clara est vendue séparément lors d’une vente aux enchères d’esclaves. Tous sont envoyés dans des endroits différents et éloignés.
Un propriétaire de plantation du Kentucky, George Brown, qui a remarqué son intelligence et sa vitalité, fait des offres élevées pour l’acquérir. Pendant vingt ans, Clara a travaillera pour lui en élevant les enfants de son nouveau maître, à défaut d’élever les siens.
Malgré son asservissement, Clara jure de rechercher Eliza Jane, sa fille de dix ans.
« Ma tendre épouse, aujourd’hui grâce à Dieu, je m’adresse à toi en homme libre. J’ai eu quelques difficultés à partir, mais comme le seigneur mena les enfants d’Israël jusqu’en terre de Canaan, il m’a guidé vers un pays où règnera la liberté, envers et contre tout. Mon aimée, je nourris l’espoir de nous voir à nouveau réunis, et si ce n’est pas ici-bas, nous nous reverrons au Paradis, royaume de Jésus. Ma chère épouse, je dois prendre congé, sois heureuse, je suis libre. Ton mari dévoué. Embrasse Daniel pour moi ». John Boston La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
LA LIBERTÉ
Son propriétaire George Brown meurt à l’âge de 56 ans. Ses filles donnent à Clara sa liberté ainsi que, si elle le désire, la possibilité de travailler dans une blanchisserie. Elle y restera peu de temps, et décidera bientôt de partir à la recherche de sa famille.
DES RECHERCHES SANS FIN
Clara voyage vers l’ouest à leur recherche, en espérant que certains d’entre eux ont été emportés dans l’euphorie de la ruée vers l’or. Clara pense qu’Eliza Jane a peut-être rejoint la multitude de gens, partis à Pikes Peak, prospecter le précieux minerai. Elle obtient son passage à l’ouest, et en échange de son transport gratuit, elle s’engage comme cuisinière dans un wagon pour un groupe de chercheurs d’or.
Ainsi, les recherches de Clara l’emmènent à 700 miles (435 km) à l’ouest, jusqu’aux champs aurifères du Territoire du Colorado. On pense qu’elle a été la première femme afro-américaine à faire le voyage de la ruée vers l’or du Colorado.
J’avais hâte de rencontrer ces merveilleux Yankees, car j’entendais mes parents dire qu’ils allaient rendre la liberté à tous les esclaves ». Suzy King Taylor La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
CLARA L’ENTREPRENEURE
Avec son wagon, Clara arrive à Cherry Creek, une cité composée des villes jumelles rivales de Denver et Auraria. Une fois sur place, elle se met en quête de s’installer et de retrouver sa famille. Allant de ville en ville, elle s’établit finalement à Central City, au Colorado, où elle ouvre une blanchisserie pour laver le linge des mineurs. Après avoir économisé suffisamment d’argent, elle investit dans les mines alentour.
Dans la région de Denver, Clara Brown s’installe à proximité d’Auraria, où elle travaille à la « City Bakery ». Grâce à son association avec deux ministres missionnaires méthodistes, elle devient l’un des membres fondateurs de l’Ecole du dimanche de l’Union non confessionnelle.
Au bout de six mois, elle quitte Denver et s’installe à Mountain City (plus tard Central City). Elle investit dans l’immobilier et acquiert une petite fortune.
Clara est maintenant très connue dans la communauté ; on la surnomme affectueusement « tante Clara ». C’est elle qui fournit de la nourriture, un abri et des soins infirmiers aux habitants de la ville.
Conjointement, elle passe son temps à aider les gens autour d’elle du mieux qu’elle le peut, y compris les Euro-Américains et les Amérindiens nouvellement installés. Elle héberge des services religieux (Clara Brown est très pieuse, de rite méthodiste) dans sa maison et aide les gens dans le besoin. Elle aidera seize anciens esclaves à trouver du travail à Central City.
Suite à la vague de mineurs se dirigeant vers les montagnes, Clara Brown crée la première laverie à Gregory Gulch (maintenant appelé Central City), dans le comté de Gilpin, Colorado.
Elle travaillera également comme sage-femme, cuisinière et nourrice. Ses revenus vont considérablement augmenter après qu’elle aura développé son entreprise de blanchisserie et pris un associé. Elle investira ses revenus dans des concessions minières et l’acquisition de terres. En quelques années, elle accumulera 10 000 $ d’économies. Clara aurait possédé 16 lots à Denver, 7 maisons à Central City, ainsi que des propriétés et des mines à Boulder, Georgetown et Idaho Springs.
« Dans notre petite communauté, tout le monde se connaissait, quelles que fussent les différences positives de position sociale. A cet égard, je pourrais parler de tante Clara Brown. Elle a été élevée dans l’ancien Kentucky, et avec sa propre liberté assurée après des années de labeur patient et persistant, alors qu’elle était bien avancée dans la vie, elle a rejoint le cortège des chercheurs d’or à Gregory Gulch. Grâce aux retours inhabituels d’un camp minier pour le travail comme le sien, elle a pu faire sortir de l’ancienne plantation ses enfants et plus tard les enfants de ses enfants [parents]; et avec eux, qu’ils soient aidés par ses efforts ou stimulés par son exemple, sont venus, année après année, de nombreux autres de sa race, dignement représentés par les Poynter, les Lee, les Nelson et d’autres familles qui sont aussi tenaces à la reconnaissance que les sujets du « petit royaume » que vous ou moi puissions être ».
SA FIN DE VIE
À la fin de la guerre civile, Clara vend ses possessions afin de retrouver les membres de sa famille, et retourne à Gallatin, dans le Kentucky.
Avec l’aide d’amis lettrés, des courriers sont envoyées pour les localiser. C’est ainsi que Clara apprend que son mari Richard et sa fille Margaret sont tous les deux morts, et que son fils Richard a disparu ; mais elle jure de retrouver sa fille Eliza Jane.
En 1879, alors âgée de 79 ans, elle part au Kansas, afin d’aider une colonie d’esclaves émancipés à s’installer et à cultiver la terre.
Alors octogénaire, elle se retrouve appauvrie (ses économies sont épuisées par de nombreuses contributions caritatives, ses efforts pour retrouver sa famille, et le fait d’avoir été trompée par des agents immobiliers peu scrupuleux).
Malgré tout, elle apprend que sa fille Eliza Jane est toujours vivante et habite dans l’Iowa. Et après cinquante ans de séparation, des retrouvailles seront organisées.
Clara Brown meurt en 1885, mais peu avant sa mort, elle sera admise au sein de la « Society of Colorado Pioneers » (Société des pionniers du Colorado) pour sa participation dans la ruée vers l’or.
LE JUNETEENTH
Officiellement, le « Juneteenth National Independence Day » (également connu sous le nom de « Freedom Day » – jour de la Liberté -, « Emancipation Day » – jour de l’Émancipation -, ou encore « Jubilee Day » – jour du Jubilé) est une fête nationale (et un jour férié) aux États-Unis, célébrée le 19 juin. La fête est officielle dans l’État américain du Texas depuis 1980, et un jour férié national depuis juin 2021. Le Juneteenth symbolise l’émancipation des esclaves afro-américains au Texas, et plus généralement à travers tout le Sud des Etats confédérés. Cette fête commémore la proclamation du 19 juin 1865 faite à Galveston, au Texas, par le général nordiste Gordon Granger, libérant tous les esclaves du Texas. Quelque deux ans et demi auparavant (le 1er janvier 1863), la proclamation d’émancipation du président Abraham Lincoln avait rendu illégal l’esclavage au Texas, de même que dans les autres États américains en rébellion contre l’Union. L’application de la proclamation reposait généralement sur les avancées militaires des troupes nordistes. Le Texas était l’un des États esclavagistes les plus éloignés du Nord ; on n’y trouvait qu’une faible présence de troupes nordistes à la fin de la Guerre Civile. La mise en application y avait donc été plus lente et irrégulière qu’ailleurs. Bien qu’on répète souvent que Juneteenth célèbre la fin de l’esclavage aux États-Unis, la pratique s’est maintenue dans deux États de l’Union (le Delaware et le Kentucky) jusqu’au 6 décembre 1865 (lorsque le treizième amendement de la Constitution des États-Unis fut ratifié, abolissant l’esclavage non pénal à l’échelle de la nation tout entière).
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
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