Harriet Tubman

                                                                                      

 

LA GUERRE DE SÉCESSION

 (1861-1865)

LES GRANDES FIGURES DE L’ESCLAVAGE

HARRIET TUBMAN

Vers 1820 – 10 mars 1913

Harriet Tubman

SES ORIGINES

Harriet Tubman (de son nom de naissance Araminta Ross, « Minty ») naît dans les années 1820 dans le comté de Dorchester, Maryland. Elle meurt le 10 mars 1913 à Auburn, comté de Cayuga, Etat de New York.

Sa date de naissance exacte est inconnue. Comme pour beaucoup de ses congénères esclaves aux États-Unis, ni l’année exacte, ni le lieu de sa naissance d’Harriet n’ont été enregistrés. Les estimations des historiens divergent ; elles s’échelonnent de 1820 à 1825.

Elle change de prénom pour reprendre celui de sa mère, Harriet Green, et prend le nom de famille de son époux, John Tubman (1820-1867).

MARIAGES

– En 1844, à l’âge de 24 ans, Harriet épouse en première noce John Tubman (1820-1867) à Dorchester, Maryland.

– En 1869, Harriet épouse en seconde noce Nelson Davis (1840-1888) à Auburn, comté de Cayuga, Etat de New York. Ils adopteront une fille, Gertie Davis (née en 1873).

Harriet Tubman à l’extrème gauche sur la photo

SA FAMILLE

Modesty, sa grand-mère maternelle, arriva aux États-Unis sur un navire négrier en provenance d’Afrique. Il n’existe à ce jour aucune information disponible sur ses autres ancêtres. Lorsqu’elle était enfant, on lui racontait qu’elle descendait de la lignée Ashanti (ce qui situerait l’origine géographique de sa famille à l’actuel Ghana). Mais aucun élément n’existe pour confirmer ou infirmer ces sources.

Sa mère, Harriet Rit Green (1789-1880), qui pourrait avoir eu un père blanc, était cuisinière dans la famille Brodess. Son père, Benjamin (« Ben ») Ross était un bûcheron qualifié qui supervisait le travail du bois sur la plantation de Thomson. Ils se marièrent vers 1808 et selon les dossiers de la cour, ils eurent neuf enfants : Linah, née en 1808, Mariah Ritty en 1811, Soph en 1813, Robert en 1816, Minty (Harriet) vers 1820, Ben en 1823, Rachel en 1825, Henry en 1830, et Moïse en 1832.

Le système esclavagiste séparait très souvent les familles, en éloignant les parents de leurs enfants. Ceux-ci étaient vendus à d’autres propriétaires qui résidaient parfois à de grandes distances. La famille Tubman n’échappa pas à la règle. Edward Brodess vendit trois des sœurs d’Harriet (Linah, Mariah Ritty, et Soph), les séparant du reste de leur famille pour toujours. Un jour, un commerçant de Géorgie voulut acheter à Brodess son plus jeune fils Moïse. Rit (aidée par d’autres esclaves et des Noirs libres de la communauté) le cacha pendant un mois. Elle s’opposa même face à face à son propriétaire, quand celui-ci, accompagné de « l’homme de Géorgie », vint s’emparer de l’enfant. Elle menaça quiconque franchirait le seuil de sa maison. Du coup, face à tant de volonté, Brodess recula et abandonna la vente.

UNE MILITANTE ENTREPRENANTE ET COURAGEUSE…

Harriet était une militante américaine qui luttait en faveur de l’abolition de l’esclavage des Afro-Américains, et contre le racisme ; c’était aussi une féministe.

Elle effectua 13 missions et sauva environ 70 personnes réduites en esclavage, y compris sa famille et ses amis. Elle utilisa le réseau d’activistes anti-esclavagistes et les refuges connus à l’époque sous le nom de « Chemin de fer clandestin ».

Devenue une figure de proue du Chemin de fer clandestin (« Underground Railroad »), ses actions lui valurent les surnoms de Moïse noire, Grand-mère Moïse, ou encore Moïse du peuple noir.

Le chemin de fer clandestin

Pendant la Guerre de Sécession, elle servit comme éclaireuse et espionna pour l’armée de l’Union. Dans ses dernières années de sa vie, Harriet fut une militante du mouvement pour le vote des femmes.

Depuis une directive présidentielle du 10 mars 1991, son souvenir est officiellement honoré aux États-Unis par la création du « Harriet Tubman Day ».

A partir de 2020, son portrait aurait dû initialement être représenté sur le billet de 20 dollars américain. Ce qui aurait fait d’elle la première personnalité afro-américaine à être ainsi honorée. Le projet fut toutefois reporté par le président Donald Trump, puis relancé par son successeur Joe Biden, en janvier 2021.

Harriet Tubman

JEUNESSE

Harriet naît en esclavage dans le comté de Dorchester, Maryland. Dans son enfance, elle fut battue et fouettée par divers esclavagistes. Un jour, toute jeune, elle subit une forte commotion à la tête lorsqu’un surveillant en colère lui lança un poids lourd en métal de deux livres (environ un kilo), alors qu’il avait l’intention d’atteindre un autre esclave. Mais ce fut Harriet qui le reçut à sa place. La blessure provoqua des étourdissements et un fort traumatisme. Le choc engendra des douleurs et des épisodes d’hypersomnie qui se produiront tout au long de sa vie. Après cette blessure, Harriet Tubman commença à avoir des visions étranges et des rêves mouvementés, qu’elle attribua à des prémonitions de Dieu.

Ces expériences, combinées à son éducation méthodiste, l’amenèrent à devenir profondément religieuse. Elles eurent un effet profond sur la personnalité de Tubman qui acquit une foi passionnée en Dieu.

Harriet Tubman

La mère d’Harriet, « Rit », travaillait dans la maison des maîtres et avait peu de temps à consacrer à sa propre famille. Harriet prit donc très tôt sa place pour s’occuper de ses jeunes frères et sœurs.

Harriet Tubman

À l’âge de cinq ou six ans, elle fut louée à une femme nommée « Miss Susan », chez qui elle subira quotidiennement des mauvais traitements.

Sa mission consistait à veiller sur un nourrisson pendant son sommeil ; lorsqu’il s’éveillait par mégarde en pleurant, elle était aussitôt fouettée, ce qui se produisit un jour cinq fois avant le petit déjeuner. Un autre jour, menacée pour avoir volé un morceau de sucre, Tubman se cacha dans la porcherie d’un voisin pendant cinq jours (où elle dut affronter les animaux pour les restes de nourriture). Affamée, elle dut se résoudre à retourner chez Miss Susan, où elle fut sévèrement punie et frappée. Elle portera les cicatrices de ces sévices pour le reste de sa vie.

« J’avais lu tant de choses sur les Yankees, qu’il me tardait de les voir arriver. Les Blancs disaient à leurs esclaves de ne pas aller vers eux, que les Yankees les attelleraient à des charrues à la place des chevaux. Un jour, j’ai demandé à grand-mère si c’était vrai, elle m’a répondu : « bien sûr que non ! », que les Blancs ne voulaient pas que les Noirs rejoignent les Yankees, et qu’ils inventaient toutes ces histoires pour les effrayer.

J’avais hâte de rencontrer ces merveilleux Yankees, car j’entendais mes parents dire qu’ils allaient rendre la liberté à tous les esclaves ».

Suzy King Taylor

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Toujours dans son enfance, Tubman fut envoyée travailler pour un planteur nommé James Cook. Son travail consistait à vérifier ses pièges à rats musqués dans les marais voisins ; elle y contracta la rougeole. Elle fut si atteinte par la maladie que Cook la renvoya à Brodess, où sa mère la soigna.

Au fur et à mesure qu’elle grandissait et se renforçait, elle fut affectée aux travaux des champs et de la forêt, à la conduite de bœufs, au labour, et au transport de grumes (troncs d’arbre non encore équarris, recouverts encore de leur écorce).

Fers

FUIR POUR ÉCHAPPER A LA SERVITUDE…

En 1849, Harriet Tubman tomba de nouveau malade ; son état diminua sa valeur auprès des marchands d’esclaves.

Edward Brodess voulut s’en séparer, mais ne trouva pas d’acheteur. Harriet, en colère contre lui pour avoir essayé de la vendre et pour avoir continué à asservir ses proches, commença à prier pour que Dieu oblige Brodess à changer d’avis.

Elle dit plus tard : « J’ai prié toute la nuit pour mon maître jusqu’au premier mars ; et tout le temps, il amenait des gens pour me regarder et essayait de me vendre. »

Lorsqu’une vente semblait se conclure, Tubman changeait sa prière : « Le premier mars, j’ai commencé à prier : « Oh Seigneur ! si tu ne vas jamais changer le cœur de cet homme, tue-le, Seigneur ! et emmène-le hors du chemin ! »

Une semaine plus tard, Brodess mourait…

La mort de Brodess augmenta la probabilité de la vente d’Harriet Tubman. A tout moment, la vie de la petite esclave pouvait se retrouver brisée.

La pratique de séparer les mères de leurs enfants et de les éloigner à distance était une caractéristique de la cruauté et de la barbarie du système esclavagiste.

Eliza, la veuve Brodess, commença à œuvrer pour vendre les esclaves de la famille. Mais Harriet ne voulait pas attendre que sa maîtresse décide de son sort.

« Voici l’une des deux choses auxquelles j’avais droit », a-t-elle expliqué plus tard, « la liberté ou la mort; si je ne pouvais pas en avoir une, j’aurais l’autre ».

UNE FEMME RÉSOLUE…

Harriet Tubman

Accompagnée de ses frères Ben et Henry Ross, elle s’échappa une première fois le 17 septembre 1849, en laissant derrière elle son mari, un homme libre qui ne voulut pas la suivre.

Une fois enfuis, les frères Ross furent cependant pris de remords (Ben avait dû laisser son tout jeune fils derrière lui). Terrorisés par les dangers d’une vie de fugitifs, les deux hommes rebroussèrent chemin, obligeant Harriet à rentrer avec eux.

Peu de temps après, elle s’échappa à nouveau, cette fois sans ses deux frères. Elle fut aidée dans sa fuite par des sympathisants quakers et d’autres membres du mouvement abolitionniste (Noirs comme Blancs, qui avaient organisé un vaste réseau d’évasion connu sous le nom de Chemin de fer clandestin, « Underground Railroad »).

On sait peu de choses sur les événements exacts de son départ ; il était en effet vital qu’elle conservât secrète une route qui serait utilisée plus tard par d’autres fugitifs après elle.

Ce dangereux voyage l’obligeait à se déplacer de nuit, en évitant la surveillance des « chasseurs d’esclaves », avides des récompenses procurées par la capture des fugitifs.

Elle parvient finalement en Pennsylvanie avec un sentiment mêlé d’émerveillement et de terreur, décrivant plus tard ses sensations dans les termes d’une expérience religieuse : « Quand je découvris que j’avais franchi cette ligne, je regardai mes mains pour voir si j’étais la même personne. Il y avait une telle gloire sur tout : le soleil est apparu comme l’or à travers les arbres et sur les champs, et je me sentais comme si j’étais au Paradis ».

Voyageant de nuit clandestinement et dans le plus grand secret, Tubman (ou « Moïse », comme on l’appelait) « n’a jamais égaré un de ses protégés ».

Après l’adoption du « Fugitive Slave Act » de 1850, elle participa activement et conduisit les évadés plus au nord vers l’Amérique du Nord britannique (Canada). De plus, elle aida les personnes nouvellement libérées à trouver du travail.

Le « Fugitive Slave Act » (loi sur les esclaves fugitifs) se rapporte à deux textes de loi du Congrès des États-Unis (votés respectivement le 12 février 1793 et le 18 septembre 1850).

Cette loi, qui entre dans le cadre du compromis de 1850 entre les États Sudistes agraires et esclavagistes et les États Nordistes industriels et abolitionnistes, décide des moyens d’extradition des esclaves évadés et de leur restitution à leur propriétaire.

Bien que le problème de l’extradition des auteurs de crimes et de délits soit évoqué dans la Constitution de 1787 (précisément dans la section 2 de l’article IV), la question de la collaboration entre les différents États quant à l’extradition des esclaves fugitifs n’est pas explicitement mentionnée. En effet, un esclave qui s’enfuit pour acquérir sa liberté dans un autre État commet-il un crime ? Devant le flou juridique, les différentes convictions entre esclavagistes et abolitionnistes rendent cette coopération très sensible, voire conflictuelle, ce qui pousse le Congrès à légiférer sur ce point précis.

En décembre 1850, Harriet eut connaissance de la vente prochaine de sa nièce Kessiah et de ses deux enfants (James Alfred, âgé de six ans, et Araminta, encore bébé). Horrifiée à l’idée de voir sa famille encore plus éparpillée qu’elle ne l’était déjà, Tubman fit quelque chose que très peu d’esclaves avaient fait avant elle : elle retourna volontairement dans le Maryland pour retrouver sa nièce et la sauver de la vente.

Harriet Tubman

Elle prit le chemin de Baltimore où son beau-frère, Tom Tubman, la cacha jusqu’au moment de la vente. John Bowley, le mari de Kessiah, un homme noir libre, se rendit à la vente de sa femme où il simula de remporter l’enchère. Tandis qu’il feignait de conclure le paiement, Kessiah et ses enfants s’enfuirent dans une cache située à proximité. Au cours de la nuit, Bowley accompagna sa famille sur un canot jusqu’à Baltimore. Puis Harriet les pris en charge et les emmena à Philadelphie.

À l’automne 1851, Harriet Tubman retourna dans le comté de Dorchester, cette fois pour retrouver son mari John.

Un esclave écrit :

« Ma tendre épouse, aujourd’hui grâce à Dieu, je m’adresse à toi en homme libre. J’ai eu quelques difficultés à partir, mais comme le seigneur mena les enfants d’Israël jusqu’en terre de Canaan, il m’a guidé vers un pays où règnera la liberté, envers et contre tout.

Mon aimée, je nourris l’espoir de nous voir à nouveau réunis, et si ce n’est pas ici-bas, nous nous reverrons au Paradis, royaume de Jésus. Ma chère épouse, je dois prendre congé, sois heureuse, je suis libre. Ton mari dévoué. Embrasse Daniel pour moi ».

John Boston 

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Mais celui-ci refusa de partir avec elle, se déclarant heureux de son sort ; il avait épousé une autre femme du nom de Caroline. Harriet, en colère, profita de son voyage pour convaincre quelques esclaves à s’enfuir. Elle les emmena jusqu’à Philadelphie. Elle réussit par la suite à faire évader ses quatre frères, Ben, Robert, Henry, et Moïse, mais ne put sauver sa sœur adorée, Rachel, ainsi que les deux enfants de celle-ci, Ben et Angerine. Rachel mourut en 1859 avant qu’Harriet ne puisse la secourir.

Petit à petit, un groupe à la fois, elle guida sa famille hors de l’État. Au bout du compte, elle mènera des dizaines d’autres personnes réduites en esclavage vers la liberté.

Tubman conduisit également des esclaves vers le Canada, dorénavant le seul endroit sûr d’Amérique du Nord pour les esclaves fugitifs.

En décembre 1851, elle conduisit onze fugitifs vers le nord. Il semblerait, d’après les indices, que Tubman et son groupe aient été hébergés au domicile de l’abolitionniste et ancien esclave Frederick Douglass.

Dans la troisième version de son autobiographie, Douglass écrit : « Une fois, j’eus onze fugitifs à la fois sous mon toit, et il était nécessaire pour eux de rester avec moi jusqu’à ce que j’aie pu recueillir suffisamment d’argent pour les conduire au Canada. Ce fut le plus grand nombre que je n’aie jamais abrité et j’eus quelques difficultés à fournir la nourriture et un toit à tant de monde ».

Frederick Douglass


Harriet aurait, en treize expéditions, conduit personnellement environ soixante-dix esclaves vers la liberté. Elle ne fut jamais capturée et, selon ses propres mots, « jamais ne perdit un passager ». Elle fournit aussi des instructions détaillées à beaucoup d’autres, qui voulaient s’échapper par leurs propres moyens.

JOHN BROWN ET HARPERS FERRY

John Brown

En 1858, Harriet Tubman rencontrera John Brown et l’aidera à planifier et à recruter des partisans pour son raid de 1859 sur Harpers Ferry.

LA GUERRE CIVILE

Harriet Tubman , Auburn, New York,en 1911

Lorsque la Guerre civile débuta en 1861, Tubman mit tous ses espoirs dans une victoire du Nord qui, espérait-elle, serait un pas décisif vers l’abolition de l’esclavage.

Presque aussitôt, elle rejoignit un groupe d’abolitionnistes de Boston et de Philadelphie qui étaient installés sur l’Île de Hilton-Head, en Caroline du Sud. Harriet voulait mettre son savoir-faire et son expérience au service de l’Union.

Elle s’employa comme cuisinière et infirmière, préparant des remèdes à base de plantes locales et soignant les soldats qui souffraient de dysenterie. Elle secourut même des hommes atteints de la variole sans contracter elle-même la maladie (ce qui contribua à alimenter la rumeur qu’elle était bénie de Dieu).

Les indemnités qu’elle recevait du gouvernement pour son travail créèrent la jalousie de certains esclaves fugitifs, qui prétendaient qu’elle bénéficiait d’un traitement de faveur. Pour calmer tout le monde, elle renonça à son droit et gagna sa vie en vendant des tartes et de la bière à base de racines.

Le 1er janvier 1863, Lincoln lança sa Proclamation d’émancipation qui déclarait libre tout esclave résidant sur le territoire de la Confédération. Harriet Tubman considéra cette déclaration comme une avancée importante vers la liberté de tous les Noirs. Elle s’impliqua avec encore plus de résolution dans le conflit, en prenant la tête d’un groupe d’espions qui opérait dans les terres environnant Port Royal.

Par le secours qu’elle apporta aux esclaves fugitifs, elle devint tout de suite une figure essentielle des camps centralisés à Port-Royal.

Les marais et les rivières de Caroline du Sud ressemblaient à ceux de la rive orientale du Maryland, et son expérience des trajets clandestins ne put que conforter son engagement.

2 juin 1863  Harriet Tubman libère près de 800 personnes

Les éclaireurs qui œuvraient sous les ordres du Secrétaire à la Guerre des États-Unis, Edwin M. Stanton, exécutaient des reconnaissances et cartographiaient les zones de terrains inconnus.

Elle travailla ensuite aux côtés du colonel James Montgomery (un abolitionniste convaincu), en lui procurant des renseignements cruciaux pour la prise de Jacksonville, en Floride.

En juin 1863, Harriet Tubman fut le principal conseiller à l’organisation du raid des troupes de Montgomery contre une série de plantations le long de la rivière Combahee (dans le comté de Colleton, en Caroline du Sud).

Elle s’impliqua activement dans la bataille. Elle fut embarquée à bord de l’USS John Adams, et guida entre les mines confédérées les « steamers » qui convoyaient les trois cents soldats de l’opération. Une fois les troupes de l’Union débarquées, celles-ci incendièrent les plantations, détruisirent les bâtiments et s’emparèrent de milliers de dollars de denrées alimentaires et de fournitures. Alertés par la bataille, les esclaves des alentours surgirent vers la rive. Les propriétaires tentèrent d’arrêter leur fuite, mais furent rapidement submergés par le nombre des fuyards qui embarquèrent par centaines.

Harriet Tubman rapporte n’avoir « jamais vu un tel spectacle ». Elle décrit une scène de chaos « où se mêlaient des femmes portant des pots de riz encore fumant, des cochons couinant dans des sacs portés en bandoulière et des bébés accrochés au cou de leurs parents ».

Alors que les troupes confédérées convergeaient vers les lieux, les bateaux à vapeur surchargés d’esclaves prirent la direction de la ville de Beaufort.

Sa réussite dans ses entreprises était due à sa grande intelligence, à son astuce, et à son audace, qu’elle utilisa au service de plans très bien établis pour ses expéditions. Elle s’appuya sur la communauté noire, très solidaire, qui l’aida à ramener sa famille et ses amis durant la plupart de ses missions au Maryland. Elle se souciait de ne pas rencontrer ses contacts près des plantations d’où ils devaient s’échapper. Elle leur envoyait des messages pour les retrouver dans un endroit secret.

APRÈS LA GUERRE

Après la guerre civile, Harriet Tubman deviendra une brillante militante pour les droits des Afro-Américains et des femmes.

Elle travaillera surtout à promouvoir le droit de vote pour les femmes. Pour cela, elle prendra part aux réunions des organisations suffragistes. Puis Harriet militera aux côtés de femmes telles que Susan B. Anthony et Emily Howland. Elle se rendra à New York, Boston et Washington pour participer à des conférences en faveur du droit de vote des femmes.

En prenant son propre exemple, elle voudra démontrer que les femmes méritent par leurs actions d’avoir les mêmes droits politiques que les hommes. Elle illustrera son propos en décrivant sa propre action pendant et après la guerre de Sécession, tout en mettant en avant le sacrifice des nombreuses femmes qui ont œuvré en patriotes de la nation américaine.

En 1869, Sarah Bradford publiera l’histoire de sa vie, éditée sous le titre de Scènes de la vie d’Harriet Tubman, « Scenes in the Life of Harriet Tubman ». Cet ouvrage lui apportera une aide financière conséquente, et améliorera sa condition de vie qui était devenue misérable (elle devra attendre trente ans pour obtenir une pension pour son passé militaire).

La même année, elle épousera Nelson Davis, un autre vétéran de la Guerre de Sécession de vingt-deux ans son cadet. Ils vivront ensemble à Auburn, État de New York (dans une maison qu’elle a rachetée à son célèbre ami William H. Seward, secrétaire d’État sous la présidence d’Abraham Lincoln).

Harriet Tubman épousa son deuxième mari Nelson Davis le 18 mars 1869 avec qui ils adoptent la fille, Gertie.

Elle y vivra entourée de membres de sa famille et d’amis qui choisiront de s’établir près d’elle après la Guerre Civile.

SA FIN DE VIE

En raison de son arthrite et de sa santé précaire, Harriet s’installe dans l’hospice pour Afro-Américains âgés et malades qu’elle a elle-même aidé à fonder. Il se trouve sur un terrain qu’elle a acheté, mitoyen de sa propriété d’Auburn.

En 1913, elle meurt d’une pneumonie. Elle aura dicté ses mémoires jusqu’à son dernier souffle.

Tubman grave

Au cours de son enterrement, elle recevra les honneurs militaires, et une plaque à sa mémoire sera placée sur le tribunal du comté de Cayuga, à Auburn.

Plaque commémorative

De nos jours, la mémoire d’Harriet Tubman est honorée chaque 10 mars, jour de sa mort.

LE JUNETEENTH

Le Juneteenth est une combinaison de June (le mois de juin) et de nineteenth (l’adjectif dix-neuvième en anglais).

Le Juneteenth

Officiellement, le « Juneteenth National Independence Day » (également connu sous le nom de « Freedom Day » – jour de la Liberté -, « Emancipation Day » – jour de l’Émancipation -, ou encore « Jubilee Day » – jour du Jubilé) est une fête nationale (et un jour férié) aux États-Unis, célébrée le 19 juin.

La fête est officielle dans l’État américain du Texas depuis 1980, et un jour férié national depuis juin 2021.

Le Juneteenth symbolise l’émancipation des esclaves afro-américains au Texas, et plus généralement à travers tout le Sud des États confédérés.

Cette fête commémore la proclamation du 19 juin 1865 faite à Galveston, au Texas, par le général nordiste Gordon Granger, libérant tous les esclaves du Texas.

Quelque deux ans et demi auparavant (le 1er janvier 1863), la proclamation d’émancipation du président Abraham Lincoln avait rendu illégal l’esclavage au Texas, de même que dans les autres États américains en rébellion contre l’Union.

L’application de la proclamation reposait généralement sur les avancées militaires des troupes nordistes. Le Texas était l’un des États esclavagistes les plus éloignés du Nord ; on n’y trouvait qu’une faible présence de troupes nordistes à la fin de la Guerre Civile. La mise en application y avait donc été plus lente et irrégulière qu’ailleurs.

Bien qu’on répète souvent que Juneteenth célèbre la fin de l’esclavage aux États-Unis, la pratique s’est maintenue dans deux États de l’Union (le Delaware et le Kentucky) jusqu’au 6 décembre 1865 (lorsque le treizième amendement de la Constitution des États-Unis fut ratifié, abolissant l’esclavage non pénal à l’échelle de la nation tout entière).

Jour de l’Émancipation à Richmond (Virginie) vers 1905.


Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Photos publiques Facebook

Black History Mini Docs

https://www.facebook.com/BlackHistoryMiniDocs

https://fr.wikipedia.org/wiki/Harriet_Tubman

https://gw.geneanet.org/tinagaquer?lang=fr&n=ross&oc=0&p=araminta+minty

https://www.geni.com/search?search_type=people&names=harriet+tubman

 

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