Les guerres de Vendée – Louis Marie Turreau de Lignières
LES GUERRES DE VENDÉE
LOUIS MARIE
TURREAU DE LIGNIERES
(1756-1816)
« Dit Turreau de Garambouville »
INTRODUCTION
Lire :
– L’Apogée.
– La chute.
– Le sursaut.
LOUIS MARIE
TURREAU DE LIGNIERES
(1756-1816)
« Le bourreau de la Vendée »
NAISSANCE
Louis Marie Turreau de Lignières est un général français de la Révolution et de l’Empire. Il naît le 4 juillet 1756 à Evreux (Eure), et meurt le 10 décembre 1816 à Conches (Eure).
Il est tristement connu pour ses atrocités perpétrées lors des Guerres de Vendée. Placé à la tête des « Colonnes infernales », il dévasta la région, et assassina des dizaines de milliers de personnes de tous âges. Les pires actes de barbarie seront commis à l’encontre des Vendéens, ce petit peuple dont les combattants étaient nommés « brigands » par les Républicains.
FAMILLE
Il est le fils de Claude Louis Marie de Lignières (1712-1787), procureur fiscal des eaux & forêts du comté d’Evreux, dont il deviendra maire de la ville d’Evreux, et de Marie-Anne Le Pêcheur. La situation de son père permet à la famille de jouir de certains privilèges.
JEUNESSE
Dès 1789, et malgré son titre de noblesse, Turreau a choisi son camp. Ayant pris fait et cause pour les nouvelles idées, il devient un révolutionnaire enthousiaste. Il profite des événements et se fait élire maire d’Aviron (Eure) et achète dans la foulée, pourquoi pas, quelques biens du clergé, dont la magnifique abbaye de Conches dans l’Eure. Pour Turreau, le seul intérêt de cet achat est relatif aux coupes de bois à effectuer dans la forêt de l’abbaye.
Pendant le conflit vendéen, de nombreux bâtiments seront démolis, dont l’abbatiale. Aujourd’hui, seuls quelques arcboutants et contreforts ont résisté aux destructions sous la Révolution, et aux années.
A cette époque, Turreau ne se fait pas appeler Turreau de Lignières, mais de Garambouville, du nom de l’ancienne résidence de l’évêque d’Evreux, située à Aviron.
MARIAGE
– Louis Marie Turreau épouse le 8 novembre 1785, à Paris, Louise Caillou (née en 1766 morte ?). De cette union naîtront quatre enfants : deux filles et deux garçons.
– Louis Marie Turreau aura une relation hors mariage avec Victorine Florentine Delhomme. De cette union naîtra une fille (l’enfant sera reconnu en 1787).
– Louis Marie Turreau épouse ensuite, le 1er février 1796, à Paris, Marie Angélique Lequesne (1767-1828). De cette union naîtront cinq enfants : une fille et quatre garçons.
LE MILITAIRE
PENDANT LA RÉVOLUTION
Durant cette période, on le retrouve dans la Garde Nationale de Conches dont il prend le commandement en juillet 1792.
Dès septembre, Turreau se fait nommer lieutenant-colonel du 3ème bataillon de volontaires de l’Eure, puis il part se battre sur les frontières du Nord. En novembre, il accède au grade de colonel et rejoint l’armée de la Moselle.
Dès juin 1793, il est dans l’armée des côtes de la Rochelle ; ce poste ne lui convenant pas, il la quitte le 8 octobre suivant.
Jusqu’au 27 novembre, Turreau est nommé chef de l’armée des Pyrénées orientales, pour enfin être à nouveau affecté dans l’Ouest comme commandant en chef de l’armée de l’Ouest. Le 30 décembre, c’est sans engouement qu’il vient prendre ses fonctions dans sa nouvelle affectation. Une semaine plus tôt, le 23 décembre, à Savenay, les débris de l’armée catholique et royale ont été anéantis par Kléber, Marceau-Desgraviers et Westermann. Dès lors plus rien ne va arrêter Turreau dans son œuvre destructrice…
PRINCIPAUX CHEFS HISTORIQUES VENDÉENS :
- Jacques Cathelineau (1759-1793).
- Maurice Gigost d’Elbée (né en 1752- fusillé le 9 janvier1794).
- Charles de Bonchamps (1760-1793).
- François Athanase Charette de La Contrie (né en 1763- fusillé le 29 mars 1796).
- Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein (1772-1794).
- Louis-Marie de Salgues, marquis de Lescure (1766-1793).
- Jean-Nicolas Stofflet (né en 1753- fusillé le 25 février 1796).
- Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont (né en 1765-guillotiné le 27 janvier1794).
- Gaspard Augustin René Bernard de Marigny (1754-1794).
PRINCIPAUX COMMANDANTS RÉPUBLICAINS :
- Jean Baptiste Camille de Canclaux (1740-1817).
- Jean-Michel Beysser (né en 1753- guillotiné le 13 avril 1794).
- Jean François Berruyer (1741-1804).
- Armand-Louis Gontaut, duc de Biron (né en 1747-guillotiné le 31 décembre 1793).
- Alexis François Chalbos (1736-1803).
- Jean-Baptiste Kléber (1753-1800).
- François Séverin Marceau-Desgraviers (1769-1796).
- François Nicolas Benoit Haxo (1749-1794).
- François-Joseph Westermann (né en 1751- guillotiné le5 avril 1794).
- Antoine-Joseph Santerre (1752-1809).
- Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville (1756-1816).
- Louis Lazare Hoche (1768-1797).
ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
1793
AOÛT
– Le 1er août 1793, la Convention ordonne par décret la destruction et l’incendie de la Vendée, en état d’insurrection. La triste besogne est confiée au général François Westermann.
– Le Comité de Salut Public crée l’armée de l’Ouest.
SEPTEMBRE
– Le 17 : la Terreur vote la « Loi des suspects ».
EN VENDÉE
OCTOBRE
– Le 18 : entre 60 000 à 100 000 Vendéens passent la Loire. Mort de Bonchamps.
– Le 20 : début de la « Virée de Galerne ». Henri de La Rochejaquelein est nommé général en chef en remplacement de Maurice Gigost d’Elbée, blessé le 17 lors de la bataille de Cholet.
NOVEMBRE
– Les 13 et 14 : siège de Granville.
Échec des forces royalistes, les « Blancs », commandées par Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet, face aux troupes républicaines placées sous les ordres d’André Pacifique Peyre (1743-1796) et François Vachot (1767-1796).
– Le 16 : premières noyades de Nantes.
UN CRIMINEL DE GUERRE EN VENDÉE
– Le 23 : Turreau arrive en Vendée.
– Le 28 : Louis Marie Turreau remplace Jean Léchelle (1760-1793).
Dès sa nomination comme nouveau commandant en chef des armées républicaines, Turreau, le bourreau, va entreprendre sa besogne exterminatrice. Cantonné à Nantes, il choisit de former des colonnes destructrices pour stopper définitivement les contre-révolutionnaires. Contre l’avis de ses subalternes, notamment le général Jean Baptiste Kléber, il décide l’anéantissement total de l’ennemi. Les directives de la Convention d’août et d’octobre sont formelles ; il va tout mettre en œuvre pour les appliquer.
DÉCEMBRE
– Les 12 et 13 : bataille du Mans.
Victoire décisive de l’armée républicaine commandée par Marceau-Desgravier, Jean-Baptiste Kléber, François-Joseph Westermann, François Muller (1764-1808), Jacques Louis François de Tilly (1749-1822), Henri-Pierre Delaage (1766-1840) et François Carpantier (1751-1813), face aux forces vendéennes et chouannes placées sous les ordres des chefs Henri de La Rochejaquelein, Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, Henri Forestier (1775-1806), Bernard de Marigny, François Jean Hervé Lyrot (1732-1793) et Charles de Beaumont, d’Autichamp (1770-1859).
– Le 23 : massacres de Savenay. C’est la fin de la « Virée de Galerne ».
Les rescapés de l’Armée royale catholique sont exterminés à Savenay par « fureur meurtrière » des « Bleus » républicains. Seuls 4 à 5000 survivants réussissent à traverser la Loire, avec à leur tête Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet. La « virée de Galerne » est terminée.
Pertes vendéennes à Savenay :
– Entre 3000 et 7000 morts au combat ou exécutés sommairement. On dénombrera avant la bataille entre 4000 et 6000 non-combattants (blessés, femmes, enfants…)
– 662 prisonniers seront fusillés, 1679 femmes et enfants prisonniers seront exécutés lors des fusillades et noyades de Nantes.
Pertes républicaines à Savenay:
– On dénombrera 30 morts et 200 blessés.
Lettre adressée au Comité de Salut Public par François-Joseph Westermann, appelé « le boucher des Vendéens » :
1794
Lire : le sursaut
JANVIER
Le 16 janvier, Turreau demande des ordres clairs sur le sort des femmes et des enfants. Il expose son plan de bataille :
– Le 17 : avec l’accord de la Convention, Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville, lance ses « colonnes infernales » sur la Vendée.
LES COLONNES INFERNALES
Pour accomplir sa tâche diabolique, Turreau divise son armée en douze colonnes. Elles ont pour mission de sillonner la contrée en restant au contact du gros des forces républicaines. Il a commandé aux généraux d’exterminer les « brigands », de détruire les moulins et les points de cantonnements des « Blancs ». En outre, ils ont ordre de s’emparer des récoltes et du bétail ; il faut pratiquer une politique de « terres brûlées » et affamer l’ennemi… Les généraux devront juger dans l’urgence les prisonniers qui n’ont pas levé les armes contre la République, et massacrer les autres. De nombreux généraux, comme le général Haxo, répugneront à exécuter de tels ordres jugés inhumains et sans intérêts, voire risqués pour leurs troupes. D’autres n’auront aucune vergogne à laisser libre cours à la sauvagerie et à la bestialité de leurs soldats sur les populations.
Les exactions des « Colonnes infernales » ont des effets terribles et destructifs dans une grande partie de l’est et du centre de la Vendée. Les communes sont dévastées par le feu destructeur des incendies, et leurs habitants sont exterminés. On recense en une seule journée des meurtres par centaines : c’est à un anéantissement organisé et général que se livrent les « Bleus » de la République ; probablement un génocide… Nul n’est à l’abri, et la furia meurtrière n’épargne personne. Il arrive souvent que, par méprise, même des Républicains soient abattus. On dénombre de nombreux massacres comme à la Gaubretière, Les Lucs, Légé, Les Epesses etc…
MARS
– Début de la Chouannerie.
LES « BLANCS » REDRESSENT LA TÊTE
La sauvagerie des Républicains perpétrée à l’encontre des infortunés Vendéens ravive chez ces derniers la flamme de la survie qui semblait éteinte à tout jamais. Bientôt les rescapés des régions de l’Ouest, de la guerre et de ses atrocités, se redressent et font front en se ralliant derrière leurs deux derniers grands chefs, Jean Nicolas Stofflet et Charette de La Contrie : le plan d’extermination de la Vendée de Turreau a échoué…
En voulant éradiquer l’insurrection royaliste dans le sang et la terreur, Turreau va récolter un effet contraire à celui recherché. Il a maintenant face à lui un ennemi meurtri certes, mais déterminé à vendre chèrement sa peau.
– Le 13 mai : fin des « colonnes infernales ». Louis Marie Turreau de Lignières est destitué. Louis Antoine Vimeux (1737-1814) lui succède. La Convention, qui a besoin de toutes ses forces militaires aux frontières, évacue la Vendée.
SA FIN DE CARRIÈRE
– Le 20 mai : Turreau est nommé gouverneur de Belle-Île.
– Le 28 septembre : il est arrêté et reste en prison toute une année. C’est l’occasion pour lui d’écrire ses « Mémoires pour servir à l’Histoire de la Vendée ».
1795
– Le 26 (4 brumaire) : fin de la Convention et début du Directoire.
– Le 19 décembre : Louis Marie Turreau de Lignières est acquitté par un tribunal militaire. Ce dernier atteste qu’il n’a été qu’un exécutant aux ordres reçus, et qu’il n’avait pas un rôle de premier ordre.
– En 1797, Turreau est réintégré dans l’armée de Sambre-et-Meuse.
CONSULAT, EMPIRE, ET FIN DE VIE
– Sous le Consulat, il commande dans l’armée d’Italie sous les ordres d’André Masséna (1758-1717).
– Turreau est envoyé en Suisse à la tête de l’armée, puis prend temporairement le commandement de l’armée du Danube.
– De 1803 à 1811, il est envoyé aux Etats-Unis comme ambassadeur.
– Le 14 juin 1804, il est promu Grand officier de la Légion d’honneur.
– Le 13 mars 1812, Turreau est fait baron de l’Empire.
– En 1814, lors de la 1ère Restauration, il fait allégeance au roi Louis XVIII.
– En 1814, Turreau est promu sur la liste des bénéficiaires de la Croix de Saint-Louis. Cette distinction ne lui sera jamais remise, puisqu’il mourra avant de la recevoir, le 10 décembre 1816.
– Son nom apparaît sur la 15ème colonne de l’Arc de Triomphe de l’Etoile.
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