1347, la capitulation de Calais
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
1347, LA CAPITULATION DE CALAIS
UNE GUERRE QUI ALLAIT DURER CENT SEIZE ANS…
Philippe de Valois est roi de France de 1328 à 1350 sous le nom de Philippe VI. Il est le fils de Charles de Valois et de Marguerite d’Anjou. Il naît en 1293, et meurt le 22 août 1350 à Nogent-le-Roi. Il est issu de la branche cadette de la maison capétienne (dite maison de Valois, fondée par son père Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV le Bel). En conflit avec Édouard III d’Angleterre, Philippe finira par obtenir de celui-ci l’hommage pour la Guyenne. Mais leurs mésententes pour le contrôle des Flandres, l’alliance franco-écossaise et la nécessité de justifier les impôts supplémentaires, conduiront à la Guerre de Cent Ans.
Lire : Philippe VI et la discorde franco-anglaise
Édouard naît le 13 novembre 1312 au château de Windsor (Berkshire), et meurt le 21 juin 1377 au palais de Sheen (Richmond, Angleterre). Il fut roi d’Angleterre et seigneur d’Irlande du 25 janvier 1327 à sa mort. Il fut également duc d’Aquitaine à compter du 10 septembre 1325, avant de céder ce titre à son fils aîné, Édouard de Woodstock (le prince Noir), en 1362. Son règne sera marqué par les ravages de la peste noire dans une Europe en crise économique et sociale. Ses prétentions au trône de France seront la cause de la Guerre de Cent Ans. Il remportera (entre autres) les célèbres batailles de Crécy (26 août 1346) et de Poitiers (19 septembre 1366).
CONTEXTE
De nombreuses querelles entre la France et l’Angleterre conduisirent, en 1337, au début de la Guerre de Cent Ans.
Un bon nombre de souverains anglais avaient été contraints de prêter allégeance au roi de France pour leurs domaines et possessions situés sur le sol français de cette époque, ce que l’orgueil d’Édouard III, roi d’Angleterre, ne pouvait supporter.
Mais d’autres revendications le poussèrent à la guerre. Depuis longtemps, la Manche était le théâtre de heurts entre navires anglais et français. Plus insupportable encore pour le roi Édouard, les Français ne cessaient d’inciter et d’aider l’Écosse, alors en guerre contre l’Angleterre.
A cela, il faut ajouter les affrontements permanents entre Plantagenêt et Capétiens pour la souveraineté et le contrôle des fiefs de Guyenne. Autant d’événements qui ne feront qu’augmenter les tensions entre les deux royaumes.
En 1328, le roi de France Charles IV le Bel mourut sans héritier. Philippe de Valois fut couronné roi de France, et réclama l’allégeance d’Édouard III, roi d’Angleterre. Mais celui-ci avait des exigences sur le trône de France, par sa mère Isabelle (fille de Philippe le Bel). Ce fut une bonne occasion pour lui d’engager une guerre qui allait durer 116 ans.
CALAIS, UNE VILLE STRATÉGIQUE…
Après l’éclatante victoire de Crécy, le 26 août 1346, son armée étant affaiblie, le roi Édouard prend le chemin de retour vers l’Angleterre, chargé d’un important butin de guerre. Sur son passage il a pris soin de ravager Montreuil, Étaples, et les environs de Boulogne. Enfin, le 4 septembre 1346, il parvient sans trop de difficultés devant Calais.
Lire : La bataille de Crécy.
Édouard III espère s’emparer facilement de la ville. Pour lui, cette cité est un point stratégique car elle lui offrirait une tête de pont sur le continent, un passage libre sur le royaume de France, son ennemi. Aussitôt arrivé devant Calais le 4 septembre, il entreprend de mettre le siège de la cité.
D’une manière peu ordinaire, il va mettre son camp aux pieds des remparts de la ville. Il y installe un véritable bourg, avec des halles, une place publique, et des boutiques de commerçants. Le ravitaillement est assuré au moyen d’un pont dressé face à celui de Calais.
Afin d’occuper son armée et d’améliorer l’ordinaire, il permet le pillage et le sac des campagnes picardes environnantes. La reine, Philippa de Hainaut, le rejoint en octobre. C’est l’occasion pour lui d’organiser des fêtes.
Abrités derrière leurs remparts, les Calaisiens se préparent à se défendre contre l’assaut anglais qui ne devrait plus tarder. Pour mieux résister à l’ennemi, les notables de la ville ordonnent à plusieurs centaines d’habitants (mendiants, nécessiteux, pauvres hères, réfugiés, toutes les bouches inutiles) de quitter la ville.
Édouard III, certain de sa victoire, joue les miséricordieux et accueille charitablement tous ces déshérités. Il les nourrit et les laisse partir où bon leur semble. Sa grande clémence n’a d’égale que sa patience envers les événements présents. Les habitants de Calais comprennent alors que leur salut ne pourra venir que d’une aide extérieure, celle du roi de France Philippe VI.
Mais depuis Crécy, le Valois subit des revers et se trouve dans une position délicate qui ne lui autorise pas de passer à la contre-offensive. Les Anglais dévastent de Poitou et ravagent la Normandie. Depuis la défaite de Crécy, les États Généraux de Paris rechignent à lui allouer de nouvelles subventions. Ils vont même jusqu’à critiquer ses défaites successives.
ROYAUME DE FRANCE
COMMANDANTS :
– Philippe VI de Valois
– Jean de Vienne
FORCES EN PRÉSENCE
La population de Calais, environ 7000 à 8000 hommes en armes.
ROYAUME D’ANGLETERRE ET COMTE DE FLANDRE
COMMANDANTS :
Édouard III Plantagenêt.
FORCES EN PRÉSENCE
– 5300 chevaliers
– 6600 fantassins
– 20 000 archers
– 2000 Flamands
Total : 34 000 hommes.
LE SIÈGE S’ÉTERNISE, CALAIS RÉSISTE…
Mais pour le monarque anglais, le siège commence à devenir long. Le roi s’impatiente…
Au cours de l’hiver et du printemps 1346-1347, les Français parviennent à fournir des vivres et des renforts par la mer. Et c’est ce que redoutait Édouard III ; il a compris que si Calais résiste aussi longtemps, c’est que la ville est ravitaillée par les voies maritimes. A partir du mois d’avril, il décide de renforcer le blocus en fortifiant l’entrée du port et en coupant les communications de la ville. Il place 25 bateaux au large, créant ainsi un solide blocus de la ville.
« Il fit faire un haut château de grand et gros merriens sur la rive de la mer et fit pourvoir de bombardes, d’espingales, d’artilleries et d’autres engins. Et fit mettre sus un fort engin et bien quarante hommes d’armes et deux cent archers, qui gardaient si près le havre et le port de Calais que rien n’y pouvait entrer que tout ne fut brisé » Le merrien sert à former les douves.
Des navires génois au service de la France, ainsi que des navires normands et des marins d’Abbeville, parviennent malgré tout à forcer le blocus pour ravitailler Calais et ses habitants affamés. Ils peuvent ainsi faire passer des barques à fond plat par des chenaux dérivés.
Le 15 février 1347, Édouard III lance 120 navires, dont 80 constamment en patrouille. Puis il fait bloquer l’entrée du chenal par différents obstacles (notamment en coulant des bateaux et des charrues). Il fait aussi construire une tour en bois fortement armée sur l’emplacement du futur Fort Risban.
Petit à petit, le blocus imaginé par Édouard III commence à porter ses fruits : plus rien ne rentre, plus rien ne sort ; les Calaisiens, démunis, manquent de tout. A partir de juin 1347, il
devient impossible pour les Français de ravitailler Calais.
Le 25 juin 1347, Jean de Vienne (gouverneur, défenseur et chef de la place forte de Calais) écrit au roi que leurs vivres sont épuisés.
Près d’un an après le début du siège, vers la fin de juillet 1347, Philippe VI, à la tête de son armée, marche enfin sur la ville assiégée. Dans la ville, l’espoir renaît, les habitants se croient sauvés…
Le Valois dispose d’une armée estimée entre 15 et 20 000 hommes. Mais il fait face à des troupes anglaises et flamandes nombreuses et bien retranchées, fortes de plus de 50 000 hommes. Il devra renoncer et se résoudre à battre en retraite.
Les Français, ne réussissant pas à défaire l’étau mis en place par Édouard III, mettent le camp à Sangatte. Pendant ce temps, le Plantagenêt dispose son artillerie sur les dunes, et place une bonne garde sur le pont de Milais. Des deux côtés de ce pont, les marécages contraignent les assaillants à forcer le passage ou à abandonner.
Philippe VI, un adepte des tournois chevaleresques, propose de régler l’affaire en organisant une bataille rangée. Bien sûr refusée par le monarque anglais, qui sait qu’il est en position de force.
Les deux armées vont se faire face pendant trois jours, jusqu’à ce que les Français décident de se replier et de se diriger sur Arras.
Le roi d’Angleterre dira plus tard, dans une lettre adressée à l’archevêque d’York, que le Valois a refusé le combat en se dérobant la veille de la bataille.
Les Calaisiens eux, sont affamés ; ils n’ont plus rien à manger depuis six semaines. Ils prennent la décision de négocier leur reddition.
Récit du chroniqueur médiéval Jean Froissart dans l’ouvrage : « Les Chroniques de France ».
LA REINE PHILIPPA
Édouard est furieux ; il est tenu en échec depuis onze mois, et refuse de traiter avec les habitants de Calais. Nonobstant, ses barons vont le ramener à la raison en lui faisant admettre que les défenseurs de la ville n’ont fait que leur devoir de sujets du roi de France.
Le 4 août, il cède ; il décide que les bourgeois de la ville seront épargnés sauf six d’entre eux.
Au cours de l’assemblée réunie par Jean de Vienne (le capitaine de Calais), Eustache de Saint-Pierre (un des plus riches habitants de la ville) se porte volontaire. Il est suivi par cinq autres citoyens : Jean d’Aire, Jacques et Pierre de Wissant, Jean de Fiennes, et Andrieus d’Andres.
Cette soudaine soumission, acceptée par les Calaisiens vaincus, va partager les Anglais. Et certains vont demander que leurs vies soient épargnées. Mais intransigeant, le monarque anglais ordonne qu’ils soient décapités.
C’est alors qu’intervient Philippa de Hainaut : agenouillée face à son terrifiant époux, elle lui demande de sauver ces malheureux pénitents de la mort, au nom de l’enfant qu’elle porte, et qui va bientôt naître.
Quant à la ville de Calais, l’essentiel de sa population est expulsé, les bourgeois chassés, les hommes d’armes de la garnison faits prisonniers ; ils ne seront libérés que contre rançon. La population sera remplacée par des Anglais. L’armée d’Édouard III entre dans la cité en bon ordre ; il a fait interdire tout pillage, et a fait savoir que ceux qui désobéiront seront sévèrement punis.
« GENTIL ROI NOUS VOUS APPORTONS LES CLÉS DE LA VILLE »
« Les six Bourgeois se mirent tantôt à genoux par-devant le roi et dirent ainsi : « Gentil roi, voyez ici nous six qui avons été de l’ancienne bourgeoisie de Calais nous vous apportons les clés de la ville (…) ; ainsi nous sommes mis en tel point que vous voyez à votre volonté pour sauver le peuple qui a souffert maintes peines, veuillez avoir de nous pitié et merci par votre très haute noblesse ». Certes il n’y eu alors en la place seigneur ni chevalier qui ne pût pleurer de pitié ; et le roi avait alors le cœur si dur de courroux qu’il commanda qu’on leur coupât les têtes tantôt (…) Alors la noble reine d’Angleterre se jeta à genoux par devant le roi son seigneur et dit : » Ah gentil sire, depuis que j’ai passé la mer en grand péril ainsi que vous le savez, je ne vous ai rien demandé : aussi vous prie et requiers à mains jointes, que pour l’amour de Notre-Dame, vous veuillez avoir merci d’eux ».
Après onze mois de siège, Calais est désormais anglaise pour deux siècles ; elle ne redeviendra française qu’en 1558.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Calais_(1346-1347)
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[…] se trouve à 54,7 km d’Arras, 58,2 km de Boulogne-sur-Mer, à 72,2 km de Calais et à 35,4 km de Crécy-en-Ponthieu. (Sources Google […]