Les Témoins du passé – Le monastère de Saorge
LES TÉMOINS DU PASSÉ
LE MONASTÈRE DE SAORGE
Saorge
Alpes Maritimes
FONDATION : 1633.
CONSTRUCTION : 17ème siècle (de 1660 à 1680).
TYPE : monastère, ancien Couvent des Franciscains.
STYLE : baroque.
CULTE : catholique.
ORDRE : des Franciscains.
DESTINATION ACTUELLE : centre culturel.
PROPRIÉTAIRE : la commune de Saorge.
PROTECTION : classé Monument Historique en 1917.
SITUATION
Le monastère de Saorge est un ancien couvent des Franciscains situé sur la commune de Saorge, dans les Alpes Maritimes. Ce remarquable témoignage de l’architecture baroque surplombe les gorges de la Roya, aux portes du Mercantour.
Entre Piémont et Ligurie, Saorge était une place forte importante, qui contrôlait la route de Nice à Turin par le col de Tende. En 1633, à l’époque de la Réforme catholique, des frères franciscains récollets y fondèrent leur couvent.
PRÉSENTATION
Ce couvent du 17ème siècle, construit par les Franciscains entre 1660 et 1680, sur les hauteurs de Saorge en bout de village, offre aux visiteurs une superbe façade précédée d’un porche surmonté de balustres et d’un clocher à bulbe.
Cet édifice est l’un des derniers exemples, avec celui de Cimiez à Nice, de l’architecture monastique baroque de la région. Son plan est représentatif des constructions franciscaines construites à cette période-là au sud du Piémont et en Ligurie.
On note que l’église est bâtie sur le côté nord, et les bâtiments conventuels sont présentés sur les deux étages des trois ailes d’un cloître rectangulaire.
1 | Les deux chapelles côté nord. |
2 | Les deux chapelles côté sud. |
3 | Le retable du maître-autel. |
4 | Le chœur. |
5 | La salle de pénitence. |
6 | La sacristie. |
7 | Le réfectoire |
8 | Le jardin conventuel |
9 | Le cloître |
10 | Les cellules des frères |
11 | La façade |
HISTORIQUE
– 1633 : fondation du Couvent des Franciscains Observantins Réformés, ou « Récollets ».
– En 1639 : la commune de Saorge met à disposition des frères la chapelle Saint Bernard. Située à proximité du village, elle va permettre aux religieux de célébrer les offices en attendant que le couvent soit érigé.
– En 1648 : la commune leur concède un terrain mitoyen afin de permettre la construction de l’édifice.
– En 1661 : une aide financière est allouée pour terminer l’église dédiée à Notre-Dame-des-Miracles. Les bâtiments conventuels du couvent seront achevés vers 1662.
– Entre 1760 et 1762, les bâtiments sont restaurés par le maître maçon Calderari de Lugano. L’église et le cloître sont enrichis de peintures, moulures et décorations.
– En 1794 : les soldats français chassent les Franciscains et s’installent dans les lieux.
– Le Couvent est ensuite affecté à l’Hospice communal.
– En 1824, il est restitué aux Franciscains qui y resteront jusqu’en 1903, après la promulgation de la loi sur les congrégations.
– Par la suite, le monument déclinera et sera utilisé à des fins diverses comme par exemple des colonies de vacances. Durant la Deuxième Guerre Mondiale, il sera occupé par des soldats allemands et italiens.
– En 1917 : le Couvent est classé Monument Historique.
– En 1967 : l’État acquiert la bâtisse et entreprend des programmes de restauration.
– De 1969 à 1988, les Franciscains sont de retour, et occupent à nouveau le bâtiment.
Depuis leur départ définitif, et afin de faire revivre le couvent, le Ministère de la Culture a décidé d’y installer une retraite d’écriture. C’est le Centre des monuments nationaux qui a en charge la gestion du site. L’édifice est ouvert aux visites du public, mais demeure un lieu de retraite, réservé aux écrivains. De nombreuses manifestations culturelles y sont organisées chaque année.
L’ÉGLISE NOTRE-DAME-DES-MIRACLES
Construite au 17ème siècle, de style baroque, elle se compose d’une nef unique décorée par des peintures de faux marbre et des gypseries. Elle est voûtée d’arêtes et flanquée de quatre chapelles latérales remarquables. Sa décoration d’origine, sommaire, a été enrichie par Caldérari, maître-maçon de Lugano. Entre 1760 et 1780, il créa des décors peints (médaillons), des encadrés de moulures en stuc, etc… L’église a conservé ses tableaux et ses boiseries d’origine, en noyer sculpté : maître autel imposant, stalles des frères dans le chœur, retables. Le décor demeure sobre. La salle de pénitence et la sacristie sont contiguës.
1 – Les deux chapelles du côté nord.
On y trouve deux retables : l’un dédié à Saint Antoine de Padoue et l’autre à Saint Joseph.
2 – Les deux chapelles du côté sud.
Elles abritent des peintures sur toile de la fin du 17ème siècle. Sur ces tableaux sont représentés Saint Pierre d’Alcantara, Saint François d’assise et Sainte Claire d’Assise.
On y trouve aussi :
– un chemin de croix, datant de 1726, et qui est l’œuvre du piémontais Pietro Botta. Cette représentation serait, selon toute vraisemblance, l’un des plus anciens chemins de croix peints sur toile de la région de Nice.
– Un Christ aux liens en bois du 18ème siècle, sculpté époque Renaissance.
3 – Le retable du maître autel.
Il est, suivant la tradition franciscaine, en noyer brut ciré naturellement. Les couleurs sont réservées uniquement aux niches et la dorure aux statues. Au centre du retable se trouve Notre-Dame-des-Miracles, à qui est vouée l’église. Elle est entourée par Saint Antoine de Padoue et Saint Pascal Baylon. Sur la partie supérieure de l’ouvrage trône Dieu le père, entre l’ange Gabriel et une Vierge de l’Annonciation. L’ensemble est surmonté par un blason où sont reproduites les armoiries de l’ordre des Franciscains. Cet autel, de style génois, comporte trois étages décorés de marqueterie.
4- Le chœur.
Il est séparé de la nef par le retable. Il permet aux frères de s’isoler de l’assistance pendant les offices. Il est de conception plus étroite que la nef. On distingue dans son mobilier des stalles au décor simple, en noyer ciré.
5 – La salle de pénitence.
C’est le confessionnal des frères. Les boiseries sont remarquables. On y découvre aussi un très beau lavabo du 17ème siècle.
6- La sacristie.
Elle est bordée sur trois côtés de menuiseries en noyer cérusé, datées de 1772. Les deux bustes reliquaires situés dans des alcôves sont du 17ème siècle.
LES PARTIES COMMUNES
7 – Le réfectoire.
Il conserve une décoration peinte du 17ème siècle. Les murs latéraux sont décorés de fresques, des allégories évoquant les quatre vertus prônées par les Franciscains : la pauvreté, la chasteté, l’obéissance et l’humilité. Sur le fond du mur est représentée une Vierge en gloire, surmontée d’un autre symbole de la Charité. Elle est bordée à gauche par Saint François (qui se discerne par ses stigmates), et à droite par Saint Antoine de Padoue. Tout comme le mobilier, les tables en noyer et les boiseries de 1667, les décors sont d’origine et n’ont pas été restaurés.
8 – Le jardin conventuel.
Il a conservé son aménagement en terrasses, et complète d’une manière harmonieuse cet ensemble. C’est un écrin de verdure, où bassins, lavoirs, vergers, potager, carré aromatique et pergolas recouvertes de vignes, soulignent l’esprit d’indépendance et l’organisation de la vie en autarcie des frères franciscains.
LE CLOÎTRE, LE « BAROQUE FRANCISCAIN »
9 – Le Cloître.
Le Cloître est décoré de 23 fresques datant des 17ème et 18ème siècles, réalisées sous les galeries, aux lunettes des voûtes. Elles illustrent dans un style naïf les épisodes de la vie de Saint François d’Assise : allégories des vertus, cadrans solaires et trompe-l’œil. Les arcades des galeries retombent sur de gros piliers rectangulaires. Le cloître doit son style baroque aux décorations et aux fresques peintes autour des fenêtres vers 1760. Sur la paroi sud on distingue le blason des Franciscains. Enfin, les cadrans solaires sont décorés de signes zodiacaux, suivant les mois de l’année.
10 – Les cellules des frères.
Au rez-de-chaussée comme à l’étage, elles s’ouvrent sur ce lieu de méditation. Avec la cuisine, ce sont les seules parties de l’édifice qui ne peuvent être visitées. Depuis 2001, le monastère reçoit des écrivains, traducteurs, scénaristes et compositeurs de musique. La partie résidentielle du monument, devenue privée, est désormais ouverte à des retraites d’écriture, ainsi qu’à des séminaires, colloques, ateliers d’écriture ou de traduction.
11 – La façade.
L’entrée présente un porche surmonté d’une terrasse à balustrade. A l’étage supérieur on distingue une ouverture en forme de lyre, ornée de décors en stucs peints, réalisés lors des travaux de 1760. Un clocher à bulbes couvert de tuiles polychromes se dresse sur l’ensemble.
Du parvis, on peut admirer le village de Saorge, perché au-dessus de la vallée de la Roya.