Pierre l’Ermite et la Croisade Populaire
LES CROISADES
(1095 – 1291)
PIERRE L’ERMITE
ET LA
CROISADE POPULAIRE
Un long chemin vers la terre du Christ
Lire :
Des origines à l’appel du pape Urbain II
INTRODUCTION
L’APPEL DU PAPE, URBAIN II, AU CONCILE DE CLERMONT
« Dieu le veut ! »
1095
– 27 novembre : Concile de Clermont. Il se tient près de Notre-Dame du Port, au pied des remparts.
En ce jour de novembre 1095, la capitale de l’Auvergne grelote sous la neige. Malgré les morsures du froid, une foule considérable s’est réunie à Clermont pour l’arrivée du pape . Urbain II Lorsque celui-ci s’adresse à la foule perché sur une simple estrade en bois, la foule se tait et observe un grand silence. Tous les fidèles connaissent les bruits qui ont traversé toute l’Europe Occidentale concernant les événements en Terre Sainte ; et ils sont désastreux pour la chrétienté.
Lors du Concile, Urbain II, assisté de l’évêque Adhémar de Monteil, lance un appel aux chevaliers d’Europe occidentale, et prêche la Première Croisade afin de libérer les routes de la Terre Sainte. Il leur demande d’aller aider les Chrétiens d’Orient et de rétablir le Saint Sépulcre de Jérusalem. Ceux qui font le vœu de répondre à la requête du pape doivent coudre une croix d’étoffe sur leur tunique (d’où le nom de Croisé). Urbain II promet le salut aux pèlerins, lesquels seront absous de leurs péchés. Cet appel est considéré comme le facteur déclenchant de la Première Croisade.
1096
– Printemps-été : une première vague de Croisés issue du peuple se met en route pour la Terre Sainte. Elle est conduite par Pierre l’Ermite et Gauthier Sans Avoir. Elle prendra le nom de « Croisade populaire » ou « Croisade des Gueux ».
« La Croisade des Gueux »
Urbain II avait projeté au mois d’Août le départ des fidèles vers la Terre-Sainte. Mais des dizaines de milliers de chrétiens de toutes conditions, femmes suivant leurs époux, enfants, vieillards, s’étaient mis immédiatement en route avant la date fixée par le pape. Au cri évocateur de « Dieu le veut ! Dieu le veut ! », ils étaient sûrs de leur foi inébranlable et de leur force. Leurs prières, d’après eux, suffiraient à faire tomber les remparts de Jérusalem. Partis de France en mars, sans protection militaire, ils étaient plus de 12 000 avec, à leur tête, un fanatique illuminé, Pierre l’Ermite, et un noble, Gauthier Sans Avoir.
Pierre d’Amiens, dit Pierre l’Ermite
(1050 ?-1115)
ORIGINES
Ses origines familiales sont confuses ; il est né probablement vers Amiens, comme le prétendent certains chroniqueurs, entre l’an 1050 et l’an 1053. D’où le surnom de Pierre d’Amiens. Les historiens n’ont pu se prononcer avec certitude ni sur son patronyme, ni sur sa naissance, ni sur sa jeunesse. D’aucuns attestent qu’il est issu d’une famille noble et que, destiné au métier des armes, il s’y consacre dès son adolescence. Nonobstant, sa destinée de chevalier sera brève. En 1076, il entre dans les ordres et se fait moine : la mort de sa femme l’a profondément affligé. Il part sur les routes de Picardie et de Belgique durant de nombreuses années, errant de monastère en monastère. Après un court séjour à Cluny, il décide de faire un pèlerinage à Jérusalem.
PIERRE L’ORATEUR
Quelquefois nommé Pierre le Petit, Pierre d’Achères ou Pierre d’Amiens, ce moine solitaire et prédicateur aura une influence colossale sur les foules de croyants gagnées par la ferveur religieuse.
Parti à dos de mulet, les pieds nus, habillé d’une simple chasuble, brandissant un crucifix, Pierre errera de ville en ville, de province en province, prêchant sur les routes et sur les places publiques. Cet apôtre charismatique, doté d’un talent de tribun hors du commun et quelque peu fanatique, prétend avoir reçu du Tout-Puissant la mission de délivrer le tombeau du Christ, aux mains des infidèles.
C’est en 1093, bien avant l’appel du pape, qu’il aurait été investi de ce message divin, alors qu’il effectuait un pèlerinage en Terre Sainte. Il sera, sans aucun doute, l’un des principaux inspirateurs de la 1ère Croisade, et en deviendra le chef spirituel.
Dans son élan il sera suivi par un chevalier, Gauthier-sans-Avoir (Langres ? – Civitot 1096). C’est un personnage sans fortune, magnanime, dévoué et doté d’une bonne expérience guerrière. Il sera aussi accompagné par Foucher de Chartres (Chartres vers 1055/1060 – États Latins d’Orient vers 1127), futur chroniqueur sur les Croisades.
LA CROISADE POPULAIRE
Dès l’appel du pape et la proclamation de la Croisade, Pierre se met en route et commence à prêcher. Il démarre du centre de la France, du Berry, parcourt la Champagne et longe la vallée de la Meuse, pour enfin arriver, en avril 1096, à Cologne qu’il quittera le mois suivant.
Presque en même temps, deux autres colonnes de pèlerins quittent l’Allemagne. Totalement démunis en armes et en ravitaillement, ils longent le Danube pour rejoindre Constantinople, puis la Palestine. Méconnaissant les contrées traversées, et sans repères géographiques, ils ignorent presque tous où se trouve leur destination. Pillant et dévastant tout sur son passage pour se nourrir, la « Croisade des Gueux » se transformera vite en désastre.
La foule des pèlerins enthousiastes traverse l’Europe jusqu’à Nicomédie (Izmit, en Turquie). Impuissant à maintenir la discipline parmi la horde de croisés impatients, Pierre part mander de l’aide à Constantinople, au Basileus Alexis Ier. Nonobstant, ils seront nombreux à atteindre la capitale de l’Empire latin d’Orient, où l’Empereur Alexis 1er leur fait traverser le Bosphore. N’écoutant que leur foi, alors que l’Empereur leur avait recommandé d’attendre l’arrivée de la « Croisade des Barons », ils poursuivront leur route jusqu’à Nicée, place forte tenue par les Seldjoukides. Là, ils seront anéantis par les archers turcs le 21 octobre ; à peine 3000 survivront. Quelques navires de la flotte byzantine récupéreront les malheureux rescapés.
En mai 1097, les seigneurs de l’Europe occidentale arrivent enfin à Constantinople. La Croisade des Barons est au complet et peut s’avancer en Asie Mineure. Pierre l’Ermite est de l’expédition et les accompagne vers le sud-est à travers l’Anatolie.
LE MIRACLE D’ANTIOCHE
1098
– 3 juin : dans le Nord, les Croisés s’emparent d’Antioche. La ville sera prise grâce aux renforts du prince Bohémond de Tarente, chef des Croisés normands de Sicile.
– 28 juin : échec cuisant du sultan chef de guerre Kerboga pour reprendre Antioche. Son armée est mise en déroute, et doit battre en retraite. Rentré à Mossoul, il sera discrédité et accablé par ses pairs.
– 28 juin : sous le gouvernement de Bohémond de Tarente devenu Bohémond 1er, Antioche devient « Principauté franque » en dépit de la forte contestation de Raymond IV de Toulouse.
JÉRUSALEM EST ENFIN ATTEINTE
1099
– Janvier : Depuis le nord de la Syrie, les Francs avancent sur Jérusalem. Conduits par Raymond de Saint-Gilles, ils sont rejoints par Godefroy de Bouillon.
– Juin : début du siège de Jérusalem.
ISSUE
Fondation des États latins d’Orient.
Lorsque Pierre arrive devant les remparts de la ville sainte, les troupes chrétiennes sont épuisées et découragées par la mort d’un grand nombre de leurs compagnons. Tous découvrent une ville puissamment fortifiée. L’arrivée de renforts en hommes, vivres et en matériels transportés par mer par une flotte génoise, redonnera du moral aux soldats et le courage d’attaquer. La ville est libérée par les Croisés au terme d’un massacre à grande échelle où se mélange le sang des soldats turcs, des femmes et des enfants.
Au printemps 1099, peu de temps avant le sac de Jérusalem (15 juillet), Pierre sera nommé aumônier de l’armée croisée. Il prononcera un sermon sur le mont des Oliviers ; le mois suivant, il sera à la tête des processions.
En 1100, Pierre l’Ermite, considérant que sa mission est accomplie, quitte Jérusalem. Il part pour l’Europe où il devient prieur au monastère augustinien de Neufmoustier, à Huy (Belgique), abbaye qu’il avait fondée. Il y meurt en 1115.
Bonjour Jean-Marie,
Je viens de lire votre article sur Pierre l’Ermite et la croisade populaire et je tenais à vous féliciter pour la qualité de votre travail. Votre analyse historique est très intéressante et apporte un éclairage nouveau sur ce personnage et cette période de l’histoire.
Je suis particulièrement touché par votre approche narrative qui permet au lecteur de s’immerger dans l’époque et de mieux comprendre les enjeux de cette croisade.
Je suis curieux de savoir si vous avez d’autres articles sur l’histoire médiévale à proposer. Encore bravo pour votre travail et j’attends avec impatience votre réponse.
Bien cordialement.
Bonjour,
Merci monsieur pour vos éloges concernant l’article sur Pierre l’Ermite. J’ai effectivement écrit de nombreux articles sur le Moyen Âge (Croisades, Croisade des Albigeois, Guerre de Cent Ans etc…) je vous communique le lien qui vous permettra d’accéder directement sur mon site http://jeanmarieborghino.fr/. La rubrique « Catégories » se trouve à droite sur la page d’accueil.
Merci de m’avoir lu.
Vous pouvez aussi accéder directement à mon site en tapant dans la boîte de recherche Google: « au service de l’Histoire ».
Jean Marie BORGHINO