Le « Bon Saint Éloi », orfèvre et homme de foi
LES MÉROVINGIENS
LE « BON SAINT ÉLOI », ORFÈVRE
ET
HOMME DE FOI
SOMMAIRE
En Histoire, il est des noms et des personnages qui ne peuvent être dissociés. Dans les souvenirs des écoliers de France, l’on se souvient du « bon roi Dagobert », de son ministre, homme de foi et orfèvre de talent, le « bon Saint Éloi ».
« Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers ; le grand Saint Éloi lui dit : ô mon roi ! votre majesté est mal culottée. C’est vrai, lui dit le roi, je vais la remettre à l’endroit ». Qui ne l’a pas chantée ? Car d’après les récits de ses contemporains, Dagobert était tellement distrait qu’il avait l’habitude de mettre ses culottes (ses braies, pantalons) à l’envers. Bon vivant et populaire, il s’amusait bien souvent de lui-même et de ses négligences. Le respect dû au roi a fait passer sa distraction pour une simple légende. En fait, dans la culture populaire de France, celle-ci semble dater de la Révolution Française. Elle est écrite vers 1787, pour railler le monarque Louis XVI. Or, à l’époque, il était impossible de s’en prendre verbalement et directement à la personne du Bourbon. Alors les auteurs de la chanson détournèrent leurs quolibets sur un autre nom de roi très ancien : Dagobert Ier. Puis, pour éloigner les soupçons et la censure, ils associeront le personnage de Saint Éloi aux paroles de la comptine.
Lire :
– Dagobert Ier, le dernier des grands mérovingiens.
– Dagobert Ier, le protecteur de Saint-Denis.
– Dagobert Ier fait de Paris sa capitale.
– L’armée franque sous le règne de Dagobert.
ÉLOI DE NOYON EN BREF !
Patron des orfèvres, des forgerons et de tous les métiers qui travaillent le fer, Éloi de Noyon fut en même temps un artisan doué, un homme politique avisé et un fervent Chrétien. En 1212 s’effectue la translation de la relique d’un de ses bras. Celle-ci est célébrée à Paris le 25 juin de chaque année, en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pour les catholiques, Saint Éloi est fêté le 1er décembre.
NAISSANCE ET JEUNESSE
Éloi de Noyon naît vers 588 dans le petit village de Chaptelat, près de Limoges, en Limousin. Il meurt à Noyon le 1er décembre 660.
Ses parents, Eucher et Terrigie, des Gallo-romains, sont natifs de Chaptelat dans le Limousin. Ce sont des paysans aisés qui exploitent eux-mêmes leur domaine, à la différence de tant d’autres propriétaires terriens, qui eux, emploient des esclaves.
On ne sait que très peu de choses sur la famille du futur évêque de Noyon, si ce n’est qu’elle est d’origine modeste et chrétienne. Contrairement à d’autres citadins, ils choisissent de vivre à la campagne afin d’éviter les affres et les insécurités de la ville.Dès son plus jeune âge, Éloi s’oriente vers le métier de l’orfèvrerie. Après avoir laissé à l’un de ses frères la charge du domaine familial, il entre comme apprenti orfèvre dans un atelier où l’on frappe la monnaie royale. C’est un choix prudent. Les réalisations sur métaux et l’élaboration des objets précieux sont des activités prestigieuses, où la frappe de la monnaie y est renommée.
Le jeune homme est placé par son père en apprentissage chez Abbon, comte de Limoges et monétaire du roi (un aristocrate et orfèvre réputé, autorisé à battre de la monnaie pour le roi). Au cours de cette formation, il consacrera une partie des revenus de sa famille à aider les pauvres et les esclaves.
ÉLOI L’ORFÈVRE DES ROIS !
Assez rapidement, on remarque ses qualités. Autant adroit dans les émaux que dans les ciseluresd’or fin, il est, de ce fait, envoyé à Paris pour se perfectionner dans l’atelier de Bobon, monétaire de la cour et trésorier du roi Clotaire II. Sur place, près des Grands du royaume, Éloi affine à la fois son art (ce qui lui vaut d’être nommé maître de la monnaie) et ses connaissances politiques.
Alors qu’il est au service de Bobon, Éloi reçoit une commande du roi Clotaire II pour la fabrication d’un trône d’or orné de pierres précieuses. Pour ce faire, le roi octroie à Bobon la quantité d‘or juste nécessaire à la réalisation du siège royal, que ce dernier transmet à Éloi.
ÉLOI, L’ORFÈVRE
Depuis un certain temps, le jeune roi Clotaire II cherchait un orfèvre assez adroit pour lui fabriquer un trône de sa conception (un majestueux siège incrusté de pierres précieuses). Éloi se proposa pour cette tâche ardue ! Quelle ne fut pas la surprise de Clotaire II, le lendemain, lorsqu’il découvrit le trône qu’il avait lui-même imaginé !! Son étonnement fut encore plus grand lorsqu’il remarqua que l’habile ouvrier avait réalisé avec le seul or qu’on lui avait remis, un second trône, identique au premier ! Il n’en fallut pas plus à Clotaire II pour accorder sa confiance à cet orfèvre si talentueux.
Ce geste, surprenant pour l’époque, lui vaut la confiance de Clotaire II qui lui demande de résider à Paris comme orfèvre royal, fonctionnaire de la Trésorerie royale, et conseiller à la cour.
Affecté comme monétaire à Marseille, Éloi rachète de nombreux esclaves en vente sur le port.
En 629, à la mort du roi Clotaire II, son fils Dagobert Ier rappelle Éloi à Paris pour administrer les ateliers monétaires du royaume (les ateliers se trouvaient sur le quai des Orfèvres, près de l’actuelle rue de la Monnaie).
Sur place, il va démontrer tout son art et tout son talent du travail des métaux. On lui demandera, entre autres, de décorer les tombes de Sainte Geneviève et de Saint-Denis. Il effectuera des reliquaires pour Saint Germain, Saint Séverin, Saint Martin et Sainte Colombe, ainsi que de nombreux objets liturgiques pour la nouvelle abbaye de Saint-Denis.
ÉLOI, CONSEILLER DES ROIS
Éloi va parfaire son éducation en compagnie du jeune Clotaire II, et les deux hommes noueront des liens solides et privilégiés. Il acquiert ainsi une certaine notoriété, qui va lui permettre d’occuper une position dominante à la Cour du roi de France et au sein du gouvernement.
Éloi va devenir si important que c’est lui qui sera consulté en premier, aussi bien par les ambassadeurs de passage, que par les évêques en mission à Paris. Il va user et abuser de cette influence grandissante. C’est ainsi qu’il parviendra à faire libérer des prisonniers, à qui il donnera la possibilité de s’établir dans ses propres refuges religieux, ceux qu’il a fondés.
En 622, lorsque Dagobert Ier succède à son père, Eloi demeure l’un de ses principaux conseillers. Il sera à la fois le trésorier du nouveau souverain et son chargé de missions diplomatiques.
ÉLOI, L’HOMME DE FOI
AU SERVICE DES PAUVRES
En 632, il fonde le monastère de Solignac au sud de Limoges, dans son Limousin natal.
Un an plus tard, Éloi fonde le premier monastère féminin de Paris dans sa propre maison de l’île de la Cité, dont il lèguera la gestion à Sainte Aure.
Son ami et élève Dadon, le futur Saint Ouen, nous décrit Éloi comme un homme distingué, ayant un physique agréable qui évoque l’honnêteté. Ce personnage, capable d’en imposer aux grands de ce monde, peut se montrer d’une humilité inébranlable face à Dieu.
Un an après la mort de Dagobert Ier (638/639), Éloi quitte la cour en même temps que Saint Ouen, qui y exerçait le rôle de conseiller référendaire et de chancelier. Tout comme ce dernier, il entre dans les ordres et est ordonné prêtre.
Le 13 mai 641, les deux hommes reçoivent le même jour leur évêché, Saint Ouen comme évêque de Rouen et, Éloi, comme évêque de Noyon et Tournai (un diocèse qui s’étend jusqu’à Courtrai, Gand et la Frise néerlandaise).
Éloi se consacre alors à porter la bonne parole à des peuples lointains comme les Frisons, et échoue dans sa tentative d’évangélisation de la région d’Anvers. Il voyage aussi beaucoup ; il est présent au concile de Châlons-sur-Saône, en Aquitaine, à Uzès et à Marseille.
Éloi était d’une fidélité à toute épreuve envers son roi. On cite cependant que lorsque Clotaire II le convoque pour lui faire prêter allégeance, il s’évanouit, terrorisé à l’idée de servir tout autre que Dieu.
Vingt-cinq-ans après sa mort, Saint Ouen nous témoigne de la dévotion sans borne que l’évêque de Noyon vouait aux nombreuses reliques qui se trouvaient dans sa chambre.
Éloi, qui a quitté la Cour depuis la mort du roi Dagobert Ier, en 639, n’y retournera que durant la régence de la reine Bathilde, peu de temps avant sa propre mort, le 1er décembre 660.
Dès lors, Éloi se voue entièrement à son évêché. Il fonde les monastères de Noyon, de Tournai, de Saint-Quentin, les sanctuaires de Saint Bon (sur la rive droite de la Seine), et de Sainte Colombe, près de Sens.
Mais il se consacre essentiellement aux pauvres. Pour ces déshérités, il fait ériger un hôpital dans son évêché, et s’évertue à racheter le plus grand nombre d’esclaves possible.
MORT ET POSTÉRITÉ
Il meurt le 1er décembre 660, à la veille de partir pour Cahors. La reine Sainte Bathilde, accourue pour le voir, arrivera trop tard.
– A Paris, l’église Saint Éloi (située dans le quartier parisien des ferronniers d’art et des ébénistes, reconstruite en 1967) lui est dédiée.
– Une église, détruite en 1793, lui était consacrée dans la rue des Orfèvres, près de l’hôtel de la Monnaie.
– A la cathédrale Notre-Dame, dans la chapelle Sainte-Anne, qui était autrefois le siège de leur confrérie, les orfèvres et joailliers de Paris ont placé sa statue et restauré son autel.
[su_note note_color= »#FCC7FC »]Saint Éloi est généralement considéré comme le saint patron des ouvriers qui se servent d’un marteau, et plus précisément des orfèvres, joailliers, graveurs, forgerons, mécaniciens, chaudronniers, cheminots (en Belgique), horlogers, mineurs, taillandiers, batteurs d’or, doreurs, tisseurs d’or, monnayeurs, serruriers, cloutiers, fourbisseurs, armuriers, balanciers, épingliers, aiguilliers, tireurs de fils de fer, ferblantiers, fondeurs, lampistes, loueurs de voiture, voituriers, cochers, vétérinaires, selliers, bourreliers, maréchaux-ferrants, charrons, carrossiers, charretiers, éperonniers, maquignons, fermiers, laboureurs, valets de ferme, pannetiers, vanniers, bouteillers, mais également du matériel et des militaires logisticiens.[/su_note]
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89loi_de_Noyon
https://nominis.cef.fr/contenus/saint/205/Saint-Eloi.html
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