La mort du Connétable Du Guesclin
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
BERTRAND DU GUESCLIN
(1320-1380)
LA MORT DU CONNÉTABLE DU GUESCLIN
Lire :
Bertrand Du Guesclin, l’enfant rebelle.
Bertrand Du Guesclin, le chef de guerre.
SOMMAIRE
Il est fort probable que c’est vers la fin juin, par une chaleur caniculaire, que Bertrand installe son camp sous les remparts du château. Le 13 juillet, alors qu’une nouvelle victoire se profile, Bertrand est terrassé par la maladie. Les Anglais finiront par se rendre. Ils capituleront devant la dépouille du Connétable de France.
LES CIRCONSTANCES DE SA MORT
Bertrand du Guesclin, connétable de France par la grâce du roi Charles V, avait obtenu le commandement militaire du Languedoc. Il décide de faire un pèlerinage à Notre-Dame du Puy.
Dès son arrivée sur les lieux, des habitants du Gévaudan viennent se plaindre des exactions d’une garnison anglaise établie à Châteauneuf-de-Randon. Aussitôt, le connétable de France entreprend d’assiéger la forteresse détenue par l’ennemi anglais. Mais la manœuvre s’avère plus ardue qu’il n’y paraît ; l’endroit est en effet puissamment fortifié.
En ce début de l’été 1380, le chef de guerre Bertrand Du Guesclin, avec son légendaire courage et de nombreuses victoires inscrites à son palmarès, bivouaque devant les remparts de Châteauneuf-de-Randon.
La colossale forteresse se trouve au nord-est de Mende, aux confins de la Lozère, du Gévaudan et du Velay. Le château surveille et menace, à quelques trois cents mètres d’altitude, le camp du connétable de France. Bertrand y tient conseil et échafaude un plan d’attaque avec le maréchal de Sancerre et le duc de Berry.
UNE MALADIE INATTENDUE ET FULGURANTE…
Le 1er juillet, les soldats français se lancent à l’assaut de la garnison anglo-gasconne. Après plusieurs terribles charges, le capitaine Gallard (qui commande la place), convaincu de sa
défaite, promet de se rendre s’il ne reçoit pas de renforts sous une quinzaine de jours.
Pour Du Guesclin, c’est une nouvelle victoire qui s’annonce. C’est alors qu’il tombe subitement malade ; et le 6 juillet, il est atteint d’une forte fièvre.
Quelle en est la cause ? Dysenterie, pneumonie, congestion pulmonaire ? a-t-il bu une eau glacée sous cette chaleur torride ?
Quoi qu’il en soit, le connétable de France est au plus mal, et son état de santé se détériore d’heure en heure. Conscient de ce qui lui arrive, Bertrand sent sa mort imminente. Et le lendemain, persuadé qu’il n’en a plus pour très longtemps, il fait venir à son chevet un notaire pour lui dicter ses dernières volontés.
Les jours passent, et la grande faucheuse se fait attendre. Il est désespéré de n’avoir pas pu réaliser sa tâche jusqu’au bout.
Il observe en silence sur son lit de souffrances cette forteresse qui lui est devenue inexpugnable, et qui est le témoin de sa mission inachevée, un dernier service qu’il n’a pu accomplir pour son roi.
Le 13 juillet, Bertrand Du Guesclin rend son dernier soupir. L’annonce de la mort du connétable de France jette un vent de désespoir aux alentours de la place forte, et semble pétrifier les hostilités. Des deux côtés des murailles, les adversaires sont atterrés et leur désarroi est immense.
C’est alors que le capitaine Gallard, commandant de la garnison, ordonne à ses hommes de baisser le pont-levis. Il sort seul, sans arme, la mine grave, d’un pas lent et mesuré, vers la tente de Bertrand Du Guesclin. Là, il dépose sur sa dépouille…des clés. Les clés de Châteauneuf-de-Randon.
La trêve, qui prévoyait que le château se rendrait si les renforts n’arrivaient pas à temps, arrive à expiration. L’attitude martiale et le geste solennel du capitaine de la garnison traduisent le comportement d’un homme de guerre désireux de rendre hommage à un vaillant, illustre et loyal adversaire. Nul doute que Bertrand Du Guesclin, décoré de toutes les vertus chevaleresques, a remporté ce jour-là sa plus grande victoire. Il l’a obtenue non pas en brandissant son épée, mais par le respect qu’il a toujours provoqué chez ses pairs.
QUATRE TOMBEAUX POUR UN SEIGNEUR !
Selon ses vœux, on s’apprête à transporter le corps à Dinan. A cette époque, on n’a évidemment ni « chambre froide » ni camion réfrigéré pour transporter la dépouille.
On se prépare donc à embaumer le corps avant de le charroyer sur les routes.
On éviscère donc le connétable… Les organes sont conservés au Puy en Velay, dans une sépulture provisoire au sein de la petite chapelle Sainte Anne en l’église Saint-Laurent.
Le défunt prend alors la route de la Bretagne. Mais le premier embaumement étant insuffisant, une halte est décidée à Montferrand (aujourd’hui Clermont-Ferrand). On y procède à la séparation des chair et os en faisant bouillir le cadavre (suivant la méthode du Mos Teutonicus).
Charles V fait savoir qu’il souhaite que son fidèle connétable, qui l’a si bien servi, soit enterré à Saint-Denis. Le squelette prend alors le chemin de Paris, tandis que les chairs bouillies sont inhumées à Montferrand et que le cœur, enserré dans un coffret, est transporté à Dinan.
A la Révolution, son sarcophage sera profané et démoli, tout comme son tombeau de Montferrand.
En revanche, si les entrailles demeurées au Puy-en-Velay ne connaîtront pas le même sort, elles seront transférées de nombreuses fois…
Oubliées au fil des siècles derrière une boiserie du chœur de l’église Saint-Laurent, les cendres furent retrouvées à la fin du XIXème siècle et placées dans une urne de plomb avant d’être transportées à la Préfecture. Deux mois plus tard, on les déplaça à nouveau sur la place de la République, dans la colonne d’un bâtiment qui ne fut jamais achevé. Six ans plus tard, en 1806, l’urne fut une nouvelle fois transférée en l’église Saint-Laurent pour retrouver son emplacement originel.
Mais le tombeau ne fut pas restauré. Il fut finalement recouvert d’une boiserie, dotée d’une petite porte qui permettait de l’apercevoir. En 1831, on voulut honorer le connétable et on construisit un mausolée dans la petite chapelle Sainte-Anne de l’église Saint-Laurent du Puy
En 1955, la restauration de l’édifice religieux permit de remettre en état les deux enfeus de Du Guesclin et de l’évêque Bernard de Montaigu, qui se faisaient face. Et en 1966, la réhabilitation achevée, on y transféra les reliques du connétable de France. Le tombeau est surmonté d’un gisant fidèle à la physionomie du grand homme de guerre (insistant sur la laideur et la pugnacité que révélait son visage). Bertrand Du Guesclin demeure, à ce jour, l’un des rares au monde à disposer de quatre tombeaux !
LE TESTAMENT DE DU GUESCLIN
Après avoir dévotement remis « son âme à Dieu, à la Vierge et à toute la compagnie des Cieux », Bertrand Du Guesclin a émis le vœu d’être inhumé dans l’église des Jacobins de Dinan, à côté de sa première épouse Thiphaine Raguenel.
Par testament, il a alloué au couvent une rente de cinquante livres afin que soit célébrée la mémoire de ses ancêtres.
Il a demandé qu’un pèlerin prie pour lui sur letombeau de son premier maître, Charles de Blois, à Guingamp, et sur celui de Saint Yves, à Tréguier.
Excepté quelques dons pieux aux églises de ses domaines et à ses dix-neuf serviteurs, il s’acquitte aussi de quelques dettes et octroie une rente de deux cents livres à son petit cousin. Enfin, le connétable lègue le reste de ses biens à sa seconde épouse, Jeanne de Laval.
Le 10 juillet 1380, un codicille est rajouté au testament : il stipule que Du Guesclin n’ayant pas d’héritier, c’est son petit cousin, prénommé Bertrand comme lui, qui portera son nom et héritera des titres nobiliaires de la famille.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_le_Sage
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_du_Guesclin
Voilà qui explique fort bien la présence du musée de Du Guesclin en Margeride.