La Croisade des Pastoureaux – 1251
LES CROISADES
(1095 – 1291)
LA CROISADE DES PASTOUREAUX
(1251)
SEPTIÈME CROISADE
(1248-1254)
« Dieu le veut ! »
Un long chemin vers la terre du Christ
INTRODUCTION
Lire :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
SOMMAIRE
ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
CHRONOLOGIE
1248
– 12 juin : Louis IX et la Septième Croisade partent de Saint Denis.
– 25 août : embarquement de Saint-Louis et de la Septième Croisade à Aigues-Mortes.
– 7 septembre : arrivée de Saint-Louis et de la Septième Croisade à Chypre.
Péninsule Ibérique, Reconquista
Le 23 novembre, Ferdinand III de Castille s’empare de Séville.
1249
Languedoc : croisade contre les albigeois
Le 27 septembre Raymond VII meurt à Millau. Le roi et l’Église ayant réussi à l’empêcher de se remarier, il décède sans descendance. Son gendre Alphonse de Poitiers et de France lui succède.
Orient
– 30 mai : Saint-Louis et la Septième Croisade quittent Chypre et s’embarquent pour Damiette.
– 5 juin : Saint-Louis et la Septième Croisade accostent à Damiette.
– 6 juin : Prise de Damiette par les Croisés.
– 20 novembre : Saint-Louis et la Septième Croisade quittent Damiette et prennent la direction du Caire.
– 23 novembre : mort d’Al-Malik as-Sâlih Najm ad-Dîn Ayyûb (1207-1249), sultan d’Égypte. Son fils Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh lui succède.
1250
Orient
– 8 février : bataille de Mansourah.
– 11 février : mort de Guillaume de Sonnac (mort au combat, à la bataille de Mansourah), 17ème Grand Maître de l’Ordre du Temple. Renaud de Vichiers lui succède.
– 28 février : arrivée de Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh à Mansourah.
– 6 avril : Saint-Louis est fait prisonnier ; son armée se rend aux Ayyoubides.
– 2 mai Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh est assassiné par les Mamelouks.
– 6 mai : Louis IX est libéré en échange de la ville de Damiette.
– 8 mai : Saint-Louis quitte l’Égypte et part en Syrie.
– 13 mai : arrivée de Louis IX à Saint-Jean-d’Acre.
– 9 juillet : Al-Malik an-Naser Salah ad-Dîn Yusuf (1228-1260), sultan ayyoubide d’Alep, entre dans Damas.
1251
– le jour de Pâques, départ de la Croisade des Pastoureaux.
LA CROISADE DES PASTOUREAUX, LES ORIGINES…
Lors de la prise de Mansourah par Louis IX durant la Septième Croisade, l’armée franque est victime d’une épidémie de peste ou probablement de dysenterie, de typhus et de scorbut. Malgré la victoire, le roi de France, deux de ses frères et son armée sont pris au piège et faits prisonniers. La nouvelle parvient en Occident où elle déclenche l’incrédulité : comment un roi chrétien très croyant a-t-il pu être écarté de la protection divine et abandonné par Dieu ?
Certains prédicateurs populaires, comme un dénommé Job ou Jacob ou encore Jacques, moine hongrois de l’abbaye de Cîteaux, affirment que Jérusalem ne pourra jamais être prise par les nobles, les riches et les orgueilleux. Ce moine fascine les foules car il prétend posséder une lettre de la Vierge Marie qui lui dit que seuls les déshérités, les humbles, les pauvres et les bergers pourront y parvenir, et qu’il a été désigné pour être leur guide.
Conduits par Jacob, le « maître de Hongrie », le jour de Pâques 1251, des milliers de bergers, de paysans et de petites gens se croisent et se dirigent sur Paris. Ils sont armés de haches, de couteaux et de pieux. On en dénombre 30 000 à Amiens et peut-être 50 000 dans la capitale, où ils sont accueillis par Blanche de Castille, la régente.
LE DÉROULEMENT
Voilà bientôt trois ans que Louis IX est parti pour la Terre Sainte. Quant à Blanche de Castille, cet hiver de l’an de grâce 1250 ne lui a réservé que des malheurs : la défaite de Mansourah en février puis, le 6 avril, la capture de son fils chéri. Si les monarques d’Europe se détournent du sort réservé à ce dernier, le petit peuple, lui, est prêt à guerroyer. En l’absence du roi, prisonnier du sultan d’Égypte, la vieille reine assure la régence et s’efforce de réunir la colossale rançon demandée pour sa libération.
Pour l’heure, Blanche, âgée de soixante ans, ne possède plus d’armée pour se défendre et s’opposer à la convoitise de ses voisins. Les villes d’Avignon, Arles ou Marseille déclinent systématiquement toute contribution au paiement de la rançon du roi.
La reine a sollicité en vain tous les monarques d’Europe afin d’intervenir pour hâter la délivrance du Capétien. Le pape Grégoire IX, en lutte avec l’Empereur Frédéric II, lui a prodigué quelques bonnes paroles, mais c’est tout. Elle a même cherché un soutien auprès de sa famille et s’est tournée vers le fils de sa sœur Bérengère, le roi Ferdinand de Castille. Ce dernier, anxieux dans son combat avec les Maures, a refusé de lui prêter assistance : son royaume d’abord ! Même le roi Haakon de Norvège s’est désisté. Blanche de Castille ne sait plus à quel saint se vouer et supplie Dieu de lui envoyer un signe, de lui monter le chemin, la voie qui lui permettra de reprendre espoir. C’est alors qu’elle apprend que des paysans ont pris la croix pour se rendre en Terre Sainte, lutter contre les infidèles et aller porter secours au roi de France .
Dans un premier temps elle soutient cette ferveur populaire. Mais les puissants du royaume de France estiment que ce mouvement est trop dangereux sur le plan social et religieux. N’accuse-t-il pas les clercs de cupidité et d’orgueil ? Et n’impute-t-il pas aussi à la chevalerie de mépriser les miséreux et de s’enrichir sur le compte de la Croisade ?
« LE MAÎTRE DE HONGRIE »
Esseulée, implorant en vain des secours qui n’arrivent pas, Blanche finit par tendre l’oreille aux rumeurs qui circulent. A-t-elle le choix ? Vers pâques 1251, un nommé Jacob se présente comme l’envoyé de la Vierge Marie pour prêcher la Croisade aux bergers. Rapidement, dans le Brabant, en Flandre, en Picardie, les paysans sont des centaines puis des milliers à rejoindre ce moine blasphémateur de l’abbaye de Cîteaux. Ils suivent aveuglément ce nouveau prophète qui guérit par imposition des mains, prêche devant des foules immenses de déshérités ; il se fait appeler le « maître de Hongrie ». Partis 30 000, ils sont bientôt plus de 100 000 ! Aucune ville n’est en sécurité, et n’ose résister alors que leur comportement devient agressif. Au début, ce « Maître de Hongrie » est perçu comme un homme de Dieu. Mais très vite, la multitude de pauvres hères qui le suit, ces « pastoureaux », se transforme en horde et se livre au pillage. Le « Maître de Hongrie » et son « armée sainte » font rapidement figure de fléau…
Ignorant les conseils qui lui sont prodigués et qui l’incitent à la prudence contre les faux prophètes et prédicateurs de tous bords, Blanche, désespérée, croit voir là un signe de Dieu qui répond enfin à ses suppliques. Elle recevra donc ce « Maître de Hongrie » et son « armée sainte » à l’abbaye de Maubuisson.
Il n’en faut pas plus pour persuader la régente à bout d’espérance ; ce sont exactement les mots qu’elle souhaite entendre. Convaincue et soulagée, elle autorise le « Maître de Hongrie » à prêcher en chaire à Notre-Dame de Paris.
Vers la fin mai, à la grande stupeur des religieux, ce dernier commence un discours ahurissant. Il revendique l’égalité pour les démunis et les déshérités, immédiatement et non après la mort. Il stimule ainsi les foules à s’insurger contre le pouvoir établi et, dès le prêche terminé, ses fidèles se dispersent dans Paris. A Amiens, ils molestent les clercs, qui sont trop riches, les bourgeois, considérés comme des affameurs, les nobles qui refusent d’aller délivrer le roi, et aussi les Juifs. Malgré l’intervention des vigiles, de nombreux religieux seront assassinés à la Sorbonne et dans le quartier de l’Université.
Bien trop tard, Blanche comprend alors son erreur. Ses conseillers, preuves et rapports à l’appui, lui font admettre que cette « croisade» a dégénéré en jacquerie et que les Pastoureaux n’ont ni le désir ni la possibilité de délivrer le roi, son fils chéri. Elle donne aussitôt des ordres pour qu’on éradique ce désastre le plus rapidement possible du royaume de France. Dès lors, le « Maître de Hongrie » est qualifié d’hérétique et de sorcier ; il faut l’éliminer. Le 11 juin, à Villeneuve-sur-Cher, Jacob, l’envoyé de Dieu, est capturé et exécuté. Leur « icône » disparue, les foules de mendiants se dispersent, l’insurrection s’apaise et se meurt…
Est il exact sue la révolte des pastoureaux de 1320 était surtout composée de jeunes entre 15 et 20 ans , qu’on a dit entraînés par des soutiens des Templiers déchus ?