Les guerres de Vendée – Jean-Baptiste Kléber
LES GUERRES DE VENDÉE
Jean-Baptiste KLEBER
(1753-1800)
INTRODUCTION
Lire : Des origines à l’étincelle.
Le 1er août 1793, la Convention ordonne par décret la destruction et l’incendie de la Vendée en état d’insurrection. La triste besogne est confiée au général François Westermann.
(Extrait du décret de la convention nationale du 1er août 1793, A.D.V., 52J4).
Jean-Baptiste KLEBER
(1753-1800)
NAISSANCE
Jean-Baptiste Kléber naît le 9 mars 1753 à Strasbourg. Il meurt assassiné le 14 juin 1800 au Caire, en Égypte, à l’âge de 47 ans.
FAMILLE
Il est le fils de Jean-Nicolas Kléber (1700-1756), et de Reine Bogart (1726-1791). Orphelin de père dès son plus jeune âge (3 ans), il est élevé par son père adoptif Jean-Martin Burger. Ce dernier, entrepreneur charpentier à Strasbourg, va lui apprendre les rudiments de l’art de la construction et lui fournir une excellente éducation.
JEUNESSE
– Jean-Martin Burger envoie le jeune Kléber faire des études au gymnase Jean-Sturm de Strasbourg ; il y apprend le dessin et les mathématiques.
– En 1769, il s’engage une première fois dans l’armée (1er régiment de hussards) ; il n’a que 16 ans.
– En 1770, sa mère le rappelle à Strasbourg pour qu’il reprenne ses études.
– Jusqu’en 1771, Jean-Baptiste étudie à l’école de dessin pour les arts et métiers. Puis il œuvre sur les chantiers du cardinal de Rohan (celui de l’affaire du collier).
– De 1772 à 1774, il fait son apprentissage dans l’atelier de l’architecte Jean-François Chalgrin à Paris.
– Deux ans plus tard, faute de moyens, on retrouve Kléber de retour à Strasbourg.
– En 1777, Kléber reprend du service, et s’engage dans l’armée bavaroise comme cadet à l’académie militaire de Munich.
– Le 1er octobre 1777, il intègre le célèbre régiment d’infanterie de Kaunitz dans l’armée autrichienne ; il a le grade de privat-cadet.
– Le 19 novembre suivant, il est nommé porte-enseigne.
L’ARCHITECTE
– Le 1er avril 1779, Jean-Baptiste est nommé sous-lieutenant ; ce sera sa dernière nomination dans l’armée autrichienne. Le jeune Kléber sait que ses origines modestes ne lui permettront pas de gravir encore des échelons dans la hiérarchie. A cette époque, seuls les fils issus de la noblesse peuvent prétendre accéder aux grades supérieurs dans le métier des armes. Alors, il renonce pour l’instant à sa carrière militaire, et s’en retourne à la vie civile dès 1783.
– Le 15 octobre 1784, à son retour à Strasbourg, son demi-frère François Martin Burger le fait nommer inspecteur des bâtiments publics à Belfort.
– De 1785 à 1787, il dessine les plans de construction d’un hôpital pour la ville de Thann, l’ancien bâtiment étant devenu obsolète. Pendant les travaux, l’édifice prendra une autre affectation et deviendra l’hôtel de ville de Thann. Kléber construit également le château de Grandvillars, et la maison des chanoinesses de Masevaux.
LE MILITAIRE
– En 1792, le virus militaire le prend à nouveau. Jean-Baptiste Kléber s’engage dans le 4ème bataillon des volontaires du Haut-Rhin, où il est promu lieutenant-colonel.
– En 1793, ses compétences en architecture, complétées par celles du métier des armes, lui permettent de s’illustrer lors de la défense de la forteresse de Mayence assiégée. Malgré son comportement héroïque, la place forte capitulera le 23 juillet.
– Le 6 septembre 1793, l’armée vaincue, conduite par Kléber, arrive à Nantes.
– Après la défaite, il est promu général de brigade, et à la tête des troupes de Mayence, il est envoyé en Vendée pour y réprimer l’insurrection royaliste.
PRINCIPAUX CHEFS HISTORIQUES VENDÉENS :
- Jacques Cathelineau (1759-1793).
- Maurice Gigost d’Elbée (né en 1752-fusillé le 9 janvier1794).
- Charles de Bonchamps (1760-1793).
- François Athanase Charette de La Contrie (né en 1763-fusillé le 29 mars 1796).
- Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein (1772-1794).
- Louis-Marie de Salgues, marquis de Lescure (1766-1793).
- Jean-Nicolas Stofflet (né en 1753-fusillé le 25 février 1796).
- Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont (né en 1765-guillotiné le 27 janvier1794).
- Gaspard Augustin René Bernard de Marigny (1754-1794).
PRINCIPAUX COMMANDANTS RÉPUBLICAINS :
- Jean Baptiste Camille de Canclaux (1740-1817).
- Jean-Michel Beysser (né en 1753- guillotiné le 13 avril 1794).
- Jean François Berruyer (1741-1804).
- Armand-Louis Gontaut, duc de Biron (né en 1747-guillotiné le 31 décembre 1793).
- Alexis François Chalbos (1736-1803).
- Jean-Baptiste Kléber (1753-1800).
- François Séverin Marceau-Desgraviers (1769-1796).
- François Nicolas Benoit Haxo (1749-1794).
- François-Joseph Westermann (né en 1751- guillotiné le 5 avril 1794).
- Antoine-Joseph Santerre (1752-1809).
- Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville (1756-1816).
- Louis Lazare Hoche (1768-1797).
FAITS D’ARMES ET PARTICIPATION
AUX BATAILLES
1793
SOUS LA RÉVOLUTION
Du 10 avril au 23 juillet : Siège de Mayence.
Victoire et prise de la ville par les armées coalisées autrichiennes et prussiennes, commandées par Friedrich Adolf von Kalckreuth (1737-1818), Frédéric-Guillaume II (1744-1797) et Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick (1735-1806), face à l’armée française placée sous les ordres des généraux Pierre-François-Ignace Ervoil d’Oyré (1739-1799), Alexandre François Marie, vicomte de Beauharnais (né en 1760 mort guillotiné le 23 juillet 1794), Jean-Baptiste Kléber, et Jean Baptiste Annibal Aubert du Bayet (1757-1797).
1793
EN VENDÉE
MARS
– Du 2 au 4 : premières émeutes à Cholet (Maine-et-Loire).
– Le 10 mars : Insurrection à Machecoul.
SEPTEMBRE
– Le 19 : bataille de Torfou-Tiffauges.
Victoire des forces de l’Armée catholique et royale commandée par les généraux d’Elbée, Lescure, Charrette de La Contrie, Charles Augustin de Royrand (1731-1793) et Charles de Bonchamps, face à l’armée républicaine placée sous les ordres des généraux Jean-Baptiste Kléber, Louis Antoine Vimeux (1737-1814), Boüin de Marigny (1766-1793), Jean Baptiste Camille de Canclaux, et Jean Baptiste Annibal Aubert du Bayet (1757-1797).
VIRÉE DE GALERNE
(Du 18 octobre au 23 décembre 1793)
OCTOBRE
– Le 17 : 2ème Bataille de Cholet.
Déroute des « Blancs » de l’Armée catholique et royale commandée par les généraux d’Elbée, La Rochejaquelein, Royrand (1731-1793), Bernard de Marigny, François Jean Hervé Lyrot (1732-1793) et Piron de La Varenne (1755-1794), face à l’Armée républicaine placée sous les ordres des généraux Jean Léchelle (1760-1793), Jean-Baptiste Kléber, Marceau-Desgraviers, Michel de Beaupuy (1755-1796), Nicolas Haxo, Louis Antoine Vimeux (1737-1814), Marc Scherb (1747-1838), Antoine Bard (1759-1837), Alexis Chalbos, François Muller (1764-1808), et François-Joseph Westermann.
Les chefs vendéens Maurice Gigost d’Elbée et Charles de Bonchamps seront grièvement blessés lors de la bataille.
– Les « Blancs » reculent sur Beaupréau.
– Le 18 : entre 60 000 à 100 000 Vendéens passent la Loire. Mort de Bonchamps.
– Le 20 : début de la « Virée de Galerne ». Henri de La Rochejaquelein est nommé général en chef en remplacement de Maurice Gigost d’Elbée, blessé le 17 lors de la bataille de Cholet.
– Le 27 : bataille d’Entrammes.
Victoire de l’Armée vendéenne et chouanne, les « Blancs », commandée par les chefs Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, Bernard de Marigny, Charles de Royrand (1731-1793), et Jean Chouan (1757-1794), face à l’armée républicaine des « Bleus », placée sous les ordres des généraux républicains Jean Léchelle (1760-1793), Jean-Baptiste Kléber, Michel de Beaupuy (1755-1796), François-Joseph Westermann, Alexis Chalbos, François Muller (1764-1808), Louis Thévenet dit Danican (1764-1848), et Louis Blosse (né en 1753-1793, mort au cours de la bataille).
NOVEMBRE
– Du 20 au 22 : bataille de Dol.
Victoire de l’Armée vendéenne, sous les ordres des généraux Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, et Henri Forestier (1775-1806), face à l’armée républicaine commandée par les généraux Jean-Antoine Rossignol (1759-1802), Marceau-Desgravier, François-Joseph Westermann, Jean-Baptiste Kléber, François Muller (1764-1808) et Boüin de Marigny (1766-1793).
– Le 28 : Louis Marie Turreau remplace Jean Léchelle (1760-1793).
DÉCEMBRE
Du 12 au 13 : bataille du Mans.
Victoire décisive de l’armée républicaine commandée par Marceau-Desgravier, Jean-Baptiste Kléber, François-Joseph Westermann, François Muller (1764-1808), Jacques Louis François de Tilly (1749-1822), Henri-Pierre Delaage (1766-1840), et François Carpantier (1751-1813), face aux forces vendéennes et chouannes placées sous les ordres des chefs Henri de La Rochejaquelein, Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, Henri Forestier (1775-1806), Bernard de Marigny, François Jean Hervé Lyrot (1732-1793), et Charles de Beaumont d’Autichamp (1770-1859).
– Le 23 : massacres de Savenay. C’est la fin de la « Virée de Galerne ».
Les rescapés de l’Armée royale catholique sont exterminés à Savenay par la « fureur meurtrière » des « Bleus » républicains. Seuls 4 à 5000 survivants réussissent à traverser la Loire, avec à leur tête Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet. La « virée de Galerne » est terminée.
Pertes vendéennes à Savenay :
– Entre 3000 et 7000 morts au combat ou exécutés sommairement. On dénombrera avant la bataille entre 4000 et 6000 non-combattants (blessés, femmes, enfants…)
– 662 prisonniers seront fusillés, 1679 femmes et enfants prisonniers seront exécutés lors des fusillades et noyades de Nantes.
Pertes républicaines à Savenay:
– On dénombrera 30 morts et 200 blesses.
Lettre adressée au Comité de Salut Public par François-Joseph Westermann, appelé « le boucher des Vendéens » :
Lors de la bataille du Mans et à Savenay, Marceau-Desgraviers et Jean-Baptiste Kléber tenteront de juguler la fureur assassine des soldats républicains ; mais en vain. Ils en seront scandalisés !
Après le massacre de Savenay et le départ de Marceau-Desgraviers, Jean-Baptiste Kléber prend le commandement par intérim de l’armée de l’Ouest. Il ne sera remplacé qu’en janvier par Louis Marie Turreau. Il tente alors de s’opposer aux « colonnes infernales » de ce dernier, en proposant d’instaurer à la place un plan d’occupation militaire de la Vendée ; mais celui-ci sera refusé. Kléber combattra les Chouans en Bretagne jusqu’en mai 1794, puis il abandonnera définitivement l’armée de l’Ouest pour intégrer l’armée du Nord.
1794
PREMIÈRE COALITION
Le 26 juin : Bataille de Fleurus.
Victoire de l’armée française commandée par les généraux Jean-Baptiste Kléber, Jean-Baptiste Jourdan (1762-1833), et Jean Etienne Championnet (1762-1800), face aux armées coalisées du Saint Empire, des Provinces-Unies, du Royaume-Uni et de l’Electorat de Hanovre, placées sous les ordres de Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld, (1737-1815) et de Jean-Pierre de Beaulieu (1725-1819).
1795
– Le 29 octobre : blocus de la forteresse de Mayence.
Défaite des forces françaises commandées par les généraux François Ignace Schaal (1747-1833), Antoine Merlin de Thionville (1762-1833), Jean-Baptiste Kléber et François Séverin Marceau-Desgravier, face aux forces coalisées placées sous les ordres du feld-maréchal du Saint-Empire, François Sébastien de Croix de Clerfayt (1733-1798).
CAMPAGNE D’ÉGYPTE
Lire : la Campagne d’Égypte.
Lire : la bataille des Pyramides.
Lire : la bataille navale d’Aboukir.
Lire : la bataille d’Aboukir.
1798
Le 2 juillet : Prise d’Alexandrie.
Victoire de l’armée française commandée par Napoléon Bonaparte, face aux forces ottomanes placées sous les ordres de Koraim Pacha. Kléber occupe le centre du dispositif d’attaque ; il sera blessé à la tête durant la bataille.
1799
EXPÉDITION DE SYRIE
Le 9 septembre 1798, la Turquie déclare la guerre à la France. Dès le début de 1799, afin d’anticiper les intentions belliqueuses du sultan qui a réuni une armée, Bonaparte entre en Syrie à la tête de ses troupes.
– Du 8 au 19 février : siège de d’El Arish.
Victoire de l’armée française commandée par Napoléon Bonaparte, face aux forces ottomanes placées sous les ordres d’Abadallah Pacha. Le 20 février, le fort d’El Arich est pris. Le 12, la division Kléber arrive à El Arich et commence le blocus du fort.
– Le 16 avril : bataille du Mont-Thabor.
Victoire de l’armée française commandée par Napoléon Bonaparte et Jean-Baptiste Kléber, face aux forces ottomanes placées sous les ordres d’Abadallah Pacha.
– Du 20 mars au 21 mai : siège de Saint-Jean-d’Acre.
Défaite de l’armée française commandée par Napoléon Bonaparte, face aux forces ottomanes et britanniques commandées par Djezzar Pacha (1708-1804), William Sidney Smith (1764-1840) et Antoine Le Picard de Phélippeaux (1767-1799). Jean-Baptiste Kléber est au centre des combats.
– Le 17 mai, à Saint-Jean d’Acre, la résistance des assiégés est telle que la situation des assiégeants devient intenable ; Bonaparte doit se décider à lever le siège et retourner en Égypte. Les Français, dont les troupes sont décimées par la peste (600 soldats périssent durant la campagne), font retraite.
– Le 22 août 1799, Napoléon Bonaparte s’embarque pour la France, après avoir transmis le commandement de l’armée au général Jean-Baptiste Kléber.
1800
– Le 24 janvier, Jean-Baptiste Kléber conclut, avec l’amiral britannique William Sidney Smith (1764-1840), la Convention d’El Arish. Elle prévoit un départ honorable des troupes françaises restantes sur le sol égyptien. Mais l’amiral George Keith Elphinstone (1746-1823) ne respecte pas les accords et demande aux français de déposer les armes.
– Le 20 mars : bataille d’Héliopolis.
Victoire de l’armée française commandée par Jean-Baptiste Kléber, Jean-Louis-Ébénézer Reynier (1771-1814), et Louis Friant (1758-1829).
LE GÉNÉRAL ASSASSINE
– Kléber reconquiert alors la Haute-Égypte et réprime une révolte au Caire. Pendant un court instant, il est devenu l’homme fort, et semble déterminé à diriger le pays d’une main ferme. Mais le 14 juin, il est tué d’un coup de poignard dans le cœur par un étudiant syrien, Soleyman ben Mouhammad Amine el-Halaby (1777-1800).
Le commandement est alors repris par le rival de Kléber, le général Jacques-François de Menou, baron de Boussay (1750-1810).
La dépouille de Jean-Baptiste Kléber fut rapportée à Marseille et oubliée dans le château d’If. Ce n’est qu’en 1818 que Louis XVIII ordonnera de la faire transférer à Strasbourg dans sa ville natale.
Ses restes reposent dans un caveau dressé au milieu de la place d’armes. Le 14 juin 1840, 40 ans jour pour jour après sa mort, la ville de Strasbourg et la France entière inaugureront, à sa mémoire, une statue en bronze à son effigie.
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