Les Croisades – Jean de Brienne
LES CROISADES
(1095 -1291)
JEAN DE BRIENNE
(VERS 1170/1175 –1237)
Un long chemin vers la terre du Christ
« Dieu le veut ! »
INTRODUCTION
SOMMAIRE :
DYNASTIE
Maison de Brienne.
JEUNESSE
Jean 1er de Brienne naît vers 1170/1175, et meurt le 27 mars 1239 à Constantinople.
Son père le destine à une carrière religieuse. Mais le jeune homme, qui a une tout autre aptitude, s’oriente vers sa seule passion, celle des armes. Il part à Clairvaux où il est pris en charge par un de ses oncles. Il est adoubé chevalier et participe à plusieurs tournois où il se couvre de gloire. Ce qui amènera ses contemporains à le considérer comme un preux chevalier, peut-être le plus brave de son temps. Il prend part à la Quatrième Croisade avec son frère Gautier III de Brienne, et en 1204, on le retrouve sous les remparts de Constantinople, où il participe à la prise de la grande cité sur le Bosphore.
FAMILLE
Jean 1er de Brienne est le fils cadet d’Érard II, comte de Brienne (mort le 8 février 1190/1191), et d’Agnès de Montfaucon (vers 1150-après 1199).
TITRES
– Roi de Jérusalem (1210-1225) de par son mariage avec Marie de Montferrat.
– En 1228, à la mort de Robert de Courtenay (empereur latin de Constantinople), son fils Baudouin II de Courtenay n’a que onze ans. Jean de Brienne devient alors Régent, et sera associé au trône de 1231 jusqu’à sa mort en 1237.
SES ÉPOUSES
1 – MARIE DE MONTFERRAT (1192/1193-1212).
Proposé par Philippe Auguste pour être l’époux de Marie de Montferrat (reine de Jérusalem), Jean de Brienne repart pour la terre sainte et le mariage est célébré le 4 septembre 1210. Les deux conjoints seront sacrés roi et reine le 3 octobre suivant. De cette union naîtra une fille, Isabelle II de Jérusalem, appelée aussi Yolande de Brienne (1212-1228).
2 –RITA, OU ISABELLE D’ARMÉNIE (après 1195-1220).
Elle est la fille de Léon II le grand (Roupénides), roi d’Arménie-Cilicie (1150-1219), et d’Isabelle. Elle épouse Jean de Brienne en avril 1214.
De cette union naîtra un fils, Jean de Brienne (1216-1220).
3- BERANGERE DE CASTILLE (1204-1237)
Elle est la fille d’Alphonse IX de Castille, roi de Léon (1171-1230), et de Bérengère de Castille, reine de Castille (1180-1246).
De cette union naîtront :
– JEAN DE BRIENNE (1217-1296).
– LOUIS DE BRIENNE d’Acre (1225-1301).
– MARIE DE BRIENNE (1225-1275).
– ALPHONSE DE BRIENNE (1227-1270).
LA CROISADE (1217-1221)
CHRONOLOGIE
1216
– 27 janvier : Bohémond IV, prince d’Antioche (1172-1233), est destitué par Léon II (1150-1219), roi d’Arménie. Ce dernier installe son petit-neveu Raymond-Roupen (1199-1221) sur le trône de la principauté d’Antioche.
– 11 juin : Mort d’Henri de Hainaut, empereur latin de Constantinople. Pierre II de Courtenay lui succède.
1217
– 9 avril : à Rome, Pierre II de Courtenay et Yolande de Hainaut sont couronnés empereurs latins de Constantinople.
– Août : départ de la Cinquième Croisade d’Europe.
– Septembre : arrivée à Acre du roi de Hongrie André II (1176-1235) et du duc d’Autriche Léopold VI (1176-1230).
– Novembre : André II, roi de Hongrie (1176-1235), et les croisés hongrois attaquent Beïssan (Israël), sans résultat.
– 7 décembre : André II, roi de Hongrie (1176-1235), et les croisés hongrois assiègent sans succès la citadelle du Mont-Thabor.
1218
– 10 janvier : Mort d’Hugues 1er, roi de Chypre. Son fils Henri 1er lui succède.
– Janvier : retour en Europe d’André II roi de Hongrie (1176-1235).
– 29 mai : début du siège de la ville de Damiette.
– 31 août : mort d’Al-Malik al-`ÂdilSayf ad-Dîn (Saladin).Son neveu Malik al Kamil lui succède.
– 9 octobre : tentative sans succès de Malik al Kamil pour briser le siège de Damiette.
1219
– 2 mai : mort de Léon II, roi d’Arménie.
– Août : mort de Guillaume de Chartres, 14ème Grand Maître de l’Ordre du Temple. Pierre de Montaigu lui succède.
– 24 août : Mort de Yolande de Hainaut, Impératrice latine de Constantinople. Son fils Robert de Courtenay lui succède.
– 5 novembre : prise de Damiette par les Croisés.
LA PRISE DE DAMIETTE
(Du 29 mai 1218 au 5 novembre 1219)
SITUATION
1218
Le siège de Damiette (du 29 mai 1218 au 5 novembre 1219), opposa les forces croisées de Jean de Brienne à celles d’Al-Kamel, vice- roi d’Égypte.
Damiette est le principal port sur le grand bras oriental du Nil. Situé sur la route du Caire, il permet de s’y rendre sans traverser le fleuve ; c’est un atout important. C’est cet élément stratégique qui va déterminer le choix de Jean de Brienne de s’en emparer plutôt qu’Alexandrie, le grand port sur le delta occidental. Il a tout de suite compris qu’il était inutile d’attaquer et d’assiéger directement Jérusalem. Une fois maître de la forteresse, il pourra l’échanger contre la ville Sainte.
– Le 29 mai, la flotte chrétienne accoste devant Damiette.
– Le 24 août, les croisés réussissent à progresser sur le Nil en forçant le passage.
– Le 31 août, Malik al-Adil meurt. Ses fils Malik al-Kamel et Malik al-Mu’azzam lui succèdent.
En septembre, le légat Pelage Galvani (1165-1230), auquel le pape Honorius III a confié la direction religieuse de la Cinquième Croisade, arrive à Damiette, alors assiégée. Soutenu par les Italiens, il prétend s’imposer comme chef de l’expédition. Il entre en désaccord avec Jean de Brienne, roi de Jérusalem qui, lui, est soutenu par les Croisés français et les barons syriens.
Le siège dure de mai 1218 à novembre 1219 ; il épuisera les deux armées. Les propositions avancées par le sultan Malik al-Kamel vont semer des troubles au sein des forces chrétiennes. Ce dernier propose d’échanger Jérusalem contre la levée du siège de Damiette. Pelage Galvani (1165-1230), légat du pape, refusera toutes ententes et conciliations avec les Égyptiens, et s’opposera à l’avis de Jean de Brienne. Après la capitulation et le pillage de la ville, les dissensions vont s’accroître entre les droits du Saint Siège, en la personne du légat Pelage, et ceux du roi de Jérusalem. Ces querelles vont entraîner le départ anticipé de Jean de Brienne, l’affaiblissement et l’échec de la Cinquième Croisade, jusqu’à sa retraite en août 1221.
LA PRISE DE LA VILLE
Affaiblie par la disette et les maladies, la cité plie sous les coups de boutoirs des engins de guerre des forces Croisées. Les mangonneaux font des ravages dans les remparts de la ville. Si bien que Damiette tombe le 5 novembre 1219. Presque aussitôt s’amorce un combat fratricide pour la suprématie des lieux, au sein des clans victorieux entre Italiens et Français. Le 2 février une trêve est conclue, mais une profonde mésentente règne entre les factions rivales. Les Français veulent toujours échanger la ville contre Jérusalem et les possessions territoriales perdues en 1187. Les Italiens, quant à eux, désirent y installer une colonie afin d’y faire du commerce. Malgré tout, un accord prévoit l’attribution d’un quartier de la ville à Jean de Brienne. Fidèle à lui-même, Pelage menacera d’excommunication tous les chrétiens qui oseront s’y établir. Jean de Brienne comprend alors qu’il ne pourra jamais s’entendre avec le légat du pape. Désappointé, il quitte la Croisade en abandonnant le commandement intégral à Pelage Galvani.
1221
– 25 mars : Robert de Courtenay devient Empereur latin de Constantinople.
– 19 juillet : l’armée croisée, menée par le légat du pape Pelage Galvani (1165-1230), marche sur Mansourah.
– 24 juillet : siège de Mansourah.
Malik al-Kamel propose encore une fois l’échange de Damiette contre Jérusalem. Pelage Galvani qui espère la venue des renforts de l’empereur Frédéric II pour envahir l’Égypte, refuse l’offre.
UNE CRUE DU NIL INOPPORTUNE …
Frédéric II n’a aucune intention de prendre la croix, pour répondre à l’appel du légat Pelage encore moins de mener à son terme la Croisade. Ce ne seront que quelques renforts disparates, conduits par Louis 1er de Bavière et le grand-maître teutonique Herman von Salza qui parviendront en Terre Sainte. Pelage s’empresse alors de reprendre le combat et décide de marcher sur le Caire tout en menaçant d’excommunier les réfractaires qui pourraient s’opposer à ses ordres. Jean de Brienne, en total désaccord avec ce projet, refuse de participer à l’expédition qu’il juge irréalisable.
Malik al-Kamel propose encore une fois l’échange de Damiette contre Jérusalem ; nouveau refus de Pelage.
Alors que l’armée croisée s’approche de Mansourah, les musulmans, profitant de la crue du Nil, détruisent les digues et inondent la plaine. Les Chrétiens sont bloqués et ne peuvent plus avancer. En échange de leur liberté, les Croisés devront restituer Damiette.
– 30 août : échec de la Cinquième Croisade à Baramoun, en Égypte.
– 8 septembre : départ des forces croisées d’Égypte.
Après l’échec de cette Cinquième Croisade, Jean de Brienne et Malik al-Kamel négocient une trêve de huit ans.
1222
Jean de Brienne quitte la Terre Sainte pour se rendre en Italie. Il a pour intention de trouver un accord avec les principaux monarques occidentaux sur l’avenir des États latins d’Orient. En octobre, il rencontre le souverain pontife Honorius III. Lors de l’entretien, il lui explique le comportement intransigeant de Pelage Galvani qui, de toute évidence, est la cause de l’échec de la Cinquième Croisade. En présence du pape se trouvent alors réunis Frédéric II, empereur germanique, et Herman de Salza, grand maître de l’Ordre Teutonique. En accord avec Honorius III, ils proposent une union par le mariage, entre Isabelle II de Jérusalem (fille de Jean de Brienne) et Frédéric II Hohenstaufen du Saint Empire.
– Jean de Brienne voit dans ce mariage de nombreux avantages (il pense que cette union entraînera de nombreux chevaliers germaniques à prendre la croix).
– De son côté Honorius III espère que ce mariage décidera Frédéric II de partir en croisade.
– Pour Frédéric II Hohenstaufen du Saint Empire, c’est l’occasion de se positionner en Orient, d’agrandir son Empire, et de lui donner une place de choix en Méditerranée.
Le seul à ne pas être satisfait de cette opération sera Philippe Auguste, qui accusera Jean de Brienne de s’être fait manipuler.
1225
– Août : départ d’Isabelle II de Jérusalem.
– Le 9 novembre, à Brindisi, Frédéric II Hohenstaufen épouse Isabelle II de Jérusalem.
Dès le lendemain, Jean de Brienne va se trouver confronté à l’hostilité de son gendre, qui le dessaisit de la tutelle du Royaume au profit de son fils Conrad II Hohenstaufen. Outré par cette odieuse manœuvre qui ne figurait pas dans les accords du mariage, Jean de Brienne quitte définitivement le Royaume de Jérusalem.
Fort du soutien du pape Grégoire IX, Jean de Brienne part guerroyer en Sicile contre son beau-fils Frédéric II, afin de le forcer à abandonner ses ambitions ; mais il est battu et doit accepter de signer la paix en août 1230.
1229
Le 19 avril, Marie de Brienne, fille de Jean et de Bérengère de Castille, est fiancée au jeune Empereur latin de Constantinople, Baudouin II ; elle a tout au plus quatre ans et lui onze.
1231
JEAN DE BRIENNE, EMPEREUR LATIN DE CONSTANTINOPLE
Baudouin II de Courtenay n’est donc pas en âge de régner lorsqu’il monte sur le trône de Constantinople. Plutôt que Ivan Asen II, le puissant tzar des Bulgares, les barons choisissent Jean de Brienne pour régent. Celui-ci accepte, émettant une condition, celle d’être associé au trône, charge qu’il assurera de 1231 à sa mort en 1237.
L’Empire latin se borne alors à Constantinople et à ses alentours. Il est menacé à la fois par l’Empire de Nicée, par le despotat d’Épire, et par les Bulgares d’Ivan Asen II.
En 1235, Nicée et les Bulgares assiègent Constantinople. Jean de Brienne guerroie avec seulement 160 chevaliers. La ville soutiendra le siège grâce au secours des Vénitiens, leur marine étant alors la maîtresse des mers.
Jean de Brienne meurt le 23 mars 1237. Il laisse à la postérité le souvenir d’un preux chevalier, courageux et sincère, et celui d’un prince bon et érudit.
Bonjour,
Merci pour cet article intéressant. Je descends en ligne directe de Jean de Brienne, roi de Jérusalem et de Bérengère de Castille-Léon.