La bataille navale de Trafalgar
La bataille navale de Trafalgar
(21 octobre 1805)
« Le grand art, c’est de changer pendant la bataille. Malheur au général qui arrive au combat avec un système.»
Napoléon Bonaparte
Situation
La bataille de Trafalgar se déroule le 21 octobre 1805. La flotte franco-espagnole du vice-amiral Pierre Charles Silvestre de Villeneuve est défaite face à celle du vice-amiral Horatio Nelson. L’affrontement a lieu au large du cap Trafalgar, situé près de Cadix en Andalousie (Espagne), au nord-ouest du détroit de Gibraltar.
Forces en présence
- Flotte britannique, forte de 27 navires.
- Flotte Franco-espagnole composée de 33 navires dont 15 de la marine espagnole.
Contexte
Depuis la rupture de la Paix d’Amiens en 1803 (décision prise par l’Angleterre), Bonaparte se voit contraint d’établir un blocus pour empêcher la Grande-Bretagne de commercer avec l’Europe. L’idée d’un débarquement sur le sol anglais commence à germer dans son esprit. Ses chances de l’emporter sont réelles, d’autant qu’il bénéficie de la neutralité ou du soutien d’autres puissances continentales. Dès 1803, de fortes troupes sont placées le long du littoral, de la Hollande jusqu’à Brest, concentrant un maximum de forces dans le port de Boulogne-sur-Mer. De gros moyens pour faire la traversée sont alors entrepris. Une flotte de plus de 2000 embarcations, armée de canons, est construite et rassemblée dans tous les ports voisins. Le rêve de Napoléon est en passe de se concrétiser : 150 000 hommes, 11 000 chevaux et 450 canons sont prêts à s’élancer à l’assaut de l’Angleterre. Il ne lui manque plus que trois jours de brouillard, et son projet de s’emparer de Londres deviendra une réalité. Mais la formation inopportune d’une troisième coalition, réunissant l’Angleterre, la Russie, l’Autriche et la Suède, oblige Napoléon à renoncer momentanément à ses rêves d’invasion de la Grande Bretagne. Il apprend aussi que l’amiral Villeneuve, estimant ses forces trop faibles par rapport à la flotte de Nelson, s’est enfermé à Cadix…
La logique des batailles navales
Le génie de la manœuvre de l’Amiral Nelson tient dans le renversement de la tactique conventionnelle des combats en mer. Au XVIIIème siècle, les affrontements se déroulent presque toujours de la même manière, ne laissant que très peu de place à l’improvisation. Les vaisseaux, après s’être disposés en lignes face au vent, remontent les uns vers les autres lentement. Les deux armadas se croisent alors, et tout en se bombardant, essayent de causer le plus de dégâts possible à l’ennemi. Généralement les deux flottes, après s’être copieusement mitraillées, tentent un second tour pour donner le coup de grâce à l’adversaire. Le succès va bien souvent du côté de celui qui a la plus grande puissance de feu, les meilleurs canons, les commandants les plus aguerris et les plus prompts à manœuvrer leurs équipages.
Message de Nelson à sa flotte
Afin d’encourager ses hommes, Nelson leur transmet un message hissé par pavillons qui deviendra célèbre : « England expects that every man will do his duty » (« L’Angleterre attend de chacun qu’il fasse son devoir »).
La bataille
Il semble qu’en ce 21 octobre 1805, la bonne fortune ne soit pas du côté des Franco-espagnols ; le maître des mers s’appelle Horatio Nelson. Il a de l’audace, du génie, c’est aussi un excellent tacticien. Face à lui, il sait qu’il a deux flottes de nationalités différentes, et que la coordination de leurs mouvements sera très compliquée. Il sait aussi qu’il est en infériorité numérique, et qu’il se doit de manœuvrer avec justesse et précision. Que ses ennemis du jour n’ont jamais navigué ou même combattu ensemble. Sa stratégie est alors des plus simples : plutôt que de se placer perpendiculairement au vent, il oriente sa flotte de manière à avoir vent arrière. Il prend ainsi beaucoup de vitesse, risquant d’affaiblir sa riposte aux coups de l’ennemi ; la précision du tir de ses canonniers pourrait s’en trouver amoindrie. Il dispose ses vaisseaux sur deux lignes parallèles, et fonce à angle droit, telle une épée, pour transpercer l’armada adverse en son centre. Celle-ci se retrouve scindée en deux, dans l’impossibilité de se défendre. Nelson amorce alors un deuxième passage dans les travers de la flotte franco-espagnole désemparée.
Pertes
Les Britanniques déploreront la mort de leur commandant l’Amiral Nelson. C’est vers les 13 heures que celui-ci sera touché à la colonne vertébrale par un tireur d’élite du Redoutable. Il mourra peu après 16 heures 30.
La flotte franco-espagnole est complètement vaincue. Elle perd 22 navires sur 33 (détruits ou capturés), 4400 marins périront ou se noieront ; on comptera 2500 blessés et 7000 prisonniers.
La plupart des vaisseaux, saisis par les Anglais pendant le combat, couleront avec la tempête ou seront volontairement sabordés par les Britanniques.
Les conséquences
Ce désastre naval amènera Napoléon à reconsidérer ses projets d’invasion de La Grande Bretagne en réorientant ses objectifs contre l’Europe coalisée qui menace la France.
Les unités qui trouveront refuge à Cadix, « le Héros, le Neptune, le Pluton, l’Algésiras, et l’Argonaute », seront saisies comme prises de guerre par les Espagnols en 1808, au cours de la Guerre d’Indépendance espagnole. Plus un seul de ces navires ayant participé à la bataille de Trafalgar ne naviguera en arborant le drapeau français.