Azincourt, le crépuscule de la chevalerie féodale
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
AZINCOURT, LE CRÉPUSCULE
DE LA
CHEVALERIE FÉODALE
Le 25 octobre 1415
SOMMAIRE
Bien que très supérieur en nombre, l’ost royal de France n’a pas su tirer profit des défaillances de son ennemi anglais. A plusieurs reprises, il a failli répliquer avec efficacité, mais en l’absence du roi et faute d’un véritable commandement avéré, les seigneurs du royaume ont été incapables de maîtriser leur indiscipline et leur arrogance. Plusieurs milliers d’entre eux sont morts par un excès de confiance démesuré. Le temps de la chevalerie féodale est devenu désormais obsolète. De son côté, Henry V d’Angleterre, en rouvrant la Guerre de Cent Ans, espère par cette victoire rien moins que s’attribuer le trône de France.
Lire : le désastre de trop.
Le 25 octobre 1415, au soir de la défaite d’Azincourt, l’issue de la bataille est catastrophique pour le camp français. Après seulement trois heures d’un pitoyable combat, enlisé dans la boue, le champ de bataille est jonché par les cadavres de quelques six mille preux chevaliers. Dans une terre rougie par le sang versé gisent hommes et chevaux pêle-mêle.
Ce soir-là, sous sa tente personnelle, à l’écart du massacre, Henry V aurait reçu à diner son illustre prisonnier, le duc Charles d’Orléans. Au loin, les cloches des villages d’Azincourt et de Maisoncelles sonnent le glas.
Dans le camp anglais, on se hâte de plier bagages, de peur de voir l’armée française se ressaisir et reprendre le combat.
Levant son verre, Henry V salue la bonne fortune qui lui a permis de remporter une victoire inespérée. Il en réfère à la colère divine contre une France corrompue et abandonnée au vice…
Charles d’Orléans n’entend pas le discours plein d’arrogance d’Henry V. Son esprit est encore égaré, sous le coup de cette morbide journée.
Ce premier prince de sang, neveu et filleul de Charles VI, va partir en captivité en Angleterre. Il ne sait pas encore qu’il ne remettra plus les pieds sur le sol de France pendant vingt-cinq ans.
UN BILAN CATASTROPHIQUE
Les pertes de cette sanglante journée se révèlent catastrophiques pour l’ost royal de Charles VI ; 6000 chevaliers ont péri.
Parmi la multitude de prisonniers, on recense les comtes de Vendôme et de Richemont, le maréchal Jean Boucicaut et le duc Charles d’Orléans, neveu du roi. Bien que très supérieur en nombre, l’ost royal de France n’a pas su tirer profit des défaillances de son ennemi anglais. Plusieurs milliers d’entre eux sont morts par un excès de confiance démesuré, incapables de répondre aux coups de butoir, pourtant parfois désespérés, de l’armée anglaise.
LA CONFIANCE ET LE MÉPRIS
La débâcle d’Azincourt s’explique surtout par une absence manifeste du commandement. Les conseillers de Charles VI avaient une peur bleue de voir un second Poitiers se reproduire et que le roi soit fait prisonnier, comme l’avait été Jean le Bon en 1356. Aussi vont-ils prendre leurs dispositions pour dissuader le roi et le dauphin Louis de Viennois de ne pas prendre part à la bataille.
Il n’y a donc personne pour assumer l’autorité suprême, et on ne sait pas qui doit commander. Qui doit diriger les opérations et imposer sa tactique sur la conduite à adopter ? Deux noms se détachent parmi tous les seigneurs présents ce jour-là : le maréchal Boucicaut, chef de guerre reconnu et expérimenté, et le connétable Charles d’Albret qui, hiérarchiquement, possède le plus haut grade.
Bien entendu, les princes de sang, tenant à préserver leurs prérogatives, n’hésitent pas à contester les décisions des deux hommes, et entendent bien d’ailleurs faire valoir leurs avis.
Tous ne rêvent que de gloire et de butin (tout en espérant se faire une renommée pour la postérité). Tous ces preux chevaliers finissent par n’en faire qu’à leur tête. Alors qu’en face, du côté anglais, le roi Henry V assume seul la destinée de sa petite armée.
APRÈS LES SEIGNEURS, LES GUEUX !
Parmi tous ces hommes déclassés par les grands du royaume, il y a les milices communales ; mais elles manquent de préparation. D’autant que l’exemple des seigneurs indisciplinés ne les incite guère à l’obéissance.
Puis il y a les archers et la piétaille (fantassins). Ils sont bien plus nombreux que leurs adversaires outre-Manche. Pourtant, personne n’envisage de les utiliser. Ils sont insignifiants ; lourde erreur…
Les seigneurs, arrogants, n’éprouvent que du mépris pour ces gueux qu’ils dédaignent. Ils s’estiment seuls méritants pour représenter et servir le roi. La piétaille sera cantonnée à l’arrière, sans qu’on pense un seul instant à la solliciter pour intervenir dans la bataille.
UNE ARMURE ENCOMBRANTE ET MORTELLE…
Les chevaliers chargent donc l’ennemi sans adopter une stratégie particulière. Ils sont convaincus que leur vaillance suffira pour l’emporter sur une bande de manants.
Mais le champ de bataille est étroit, et ne facilite pas un assaut frontal. De ce fait, les cavaliers manquent d’aisance et d’espace pour manœuvrer sur leurs montures. Le terrain, détrempé par les pluies d’automne des dernières heures, est gorgé d’eau et impraticable. Les chevaux ne peuvent s’élancer au galop (comme dans une véritable charge de cavalerie digne de ce nom), et s’embourbent lamentablement.
Les chevaliers sont protégés par une lourde armure, mais pas leurs chevaux. Leurs protections ont été restreintes au préalable pour les soulager d’un supplément de charge ; et c’est contre elles que les archers anglais vont concentrer leurs flèches. Leur but est de mettre à terre les cavaliers, pour qu’ils ne puissent se défendre. Ils se retrouvent alors en fâcheuse posture, entravés par un équipement de trente kilogrammes sur le dos. A cela il faut rajouter leur heaume, les nombreux compléments de leur armure, et leur lourde épée. Ils ne peuvent espérer se relever, pour continuer à combattre, qu’avec une aide extérieure. S’ils sont désarçonnés au milieu du champ de bataille, surtout du côté de l’ennemi, c’en est fini pour eux. Dans le meilleur des cas, ils sont capturés ; sinon, c’est la mort qui les attend.
Les Anglais en profitent pour pénétrer les rangs français et entrer dans la mêlée, délaissant leurs arcs pour utiliser d’autres armes : dagues, épées, haches, maillets, becs de faucons… Les archers se ruent sur les combattants mis à terre dans un chaotique corps à corps. L’avant-garde française est taillée en pièces en une demi-heure.
Azincourt sonne le crépuscule de la chevalerie féodale. Trop lourde, incapable de se mouvoir avec aisance, et de manœuvrer rapidement. Ses rangs sont formés de seigneurs maladivement jaloux de leurs privilèges, et qui refusent la soumission à un chef unique.
Face aux troupes parfaitement disciplinées et organisées d’Henry V, l’arrogante armée des seigneurs français révèle tous ses graves défauts.
Bien plus tard, lors de la réorganisation de l’armée royale, Charles VII et Louis XI sauront tirer les leçons de cette sanglante catastrophe.
LE CLIN D’ŒIL !
Une partie de cette troupe est équipée de piquets (longs pieux de bois de deux mètres de longueur, munis à leurs extrémités d’une pointe en fer). Ils sont destinés à être plantés dans le sol, inclinés vers l’assaillant, et à briser la charge de cavalerie ennemie en visant leurs montures. Ce système va être terriblement efficace à Azincourt. Les rangs des chevaliers français sont si serrés lors de la charge, qu’il est pratiquement impossible pour eux, une fois lancés, de s’arrêter. Gravement handicapés par leurs lourdes armures, et ne pouvant se mouvoir par manque d’espace sur un sol détrempé, nombreux sont ceux qui vont venir s’empaler sur le piège des piquets tendus par les Anglais…
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Azincourt
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
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[…] – Azincourt, le crépuscule de la chevalerie médiévale. […]