L’église Saint-Marcellin de Rognes

LES TÉMOINS DU PASSÉ

Blason de la ville de Rognes

LA CHAPELLE SAINT-MARCELLIN DE ROGNES

La chapelle Saint-Marcellin

TYPE : chapelle.

STYLE : roman.

NOM LOCAL :chapelle Saint-Marcellin.

CULTE : catholique.

VOCABLE :Marcellin.

ÉPOQUE : Moyen Âge.

DÉBUT DE CONSTRUCTION : XIème, XIIème, et XVIIème siècles.

L’ERMITAGE : date du XVIIème siècle.

ÉTAT DE CONSERVATION : entièrement restaurée. La chapelle et l’ermitage furent totalement détruits lors du séisme de Provence du 11 juin 1909 (il ne subsistait plus qu’un seul mur).

A l’initiative de l’Association « les Amis du Vieux Rognes », la chapelle fut reconstruite à l’identique entre1989 et 1996, avec l’aide de l’Etat, de la municipalité, de généreux donateurs et de jeunes bénévoles de L.A.P.A.R.E.

MATÉRIAU : construite en bel appareil.

En architecture, le mot appareil (opus en latin) désigne la façon dont les moellons, les pierres de taille ou les briques sont assemblés dans la maçonnerie. On trouve aussi : petit, moyen et grand appareils.

PROPRIÉTAIRE : la commune.

COMMUNE :Rognes.

DÉPARTEMENT : Bouches du Rhône.

RÉGION : Provence-Alpes-Côte d’Azur.

LOCALISATION

La chapelle Saint-Marcellin

La chapelle Saint-Marcellin est située sur la commune de Rognes, dans le département des Bouches-du-Rhône, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elle fut construite aux XIème et XIIème siècles. Érigée en plein cœur d’une chênaie, en bordure d’un vignoble, elle est entourée d’un enclos.

ROGNES

Rognes est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône.

En 2022, sa population s’élevait à 4640 habitants, les Rognennes et les Rognens, ou Rognenques.

Rognes est réputée pour sa pierre, la « pierre de Rognes » (exploitée depuis l’Empire romain), et ses produits agricoles : vins (coteaux d’Aix-en-Provence), truffes …

ESCAPADES BUCCO-RHODANIENNES

La chapelle Saint-Marcelin et la chapelleSaint-Denis de Rognes, l’abbaye de Silvacane, l’église Saint-Michel de Lambesc, le temple romain de Dianede Vernègues, la cathédrale Saint Sauveur d’Aix en Provence, la chapelle Saint-Jeand’Alleins, la chapelle du Sonnaillerd’Auron, la villa romaine Grassid’Aix en Provence, la chapelle du Saint Sépulcre dePeyrolles-en-Provence, lachapelle Saint-Cyrde Lançon-Provence, Cornillon-Confoux, la chapelle Saint Julien de Miramas-le-Vieux, la chapelle Saint-Pierre, et l’église Saint-Juliende Peynier, l’Abbaye Saint-Victor de Marseille,l’église de l’Assomption de Puyricard, l’église Notre-Dame de Caderot de Berre l’Étang, l’Église Saint-Césaire de Berre l’Étang, la nécropole romaine des Alyscamps d’Arles,l’Église Saint-Honorat des Alyscamps d’Arles, le site antique  de Glanum, l’amphithéâtre d’Arles, l’Abbaye de Montmajour  (Sources Google Maps).

HISTORIQUE

QUELQUES DATES

La mairie de Rognes

RONGNIS, RUINIS, ROGNOS, ROUGNES, PUIS ROGNES…

Rognes

L’ÂGE DU FER

Au 1er millénaire avant J.-C., les invasions celtes contraignirent les populations autochtones à s’abriter sur les hauteurs, fondant ainsi des oppida (villages fortifiés). Ceux-ci contrôlaient les routes menant à la côte, depuis Marseille et les étangs de Fos jusqu’au Vaucluse et aux Alpes du Sud. Les voies qui traversaient le territoire servaient au transport du sel et du vin, vers le nord, et des métaux, du nord vers la Grèce et l’Etrurie.

1er siècle avant J.-C.

La domination militaire et commerciale romaine appliqua la « pax romana », ce qui permit aux celto-ligures de descendre des hauteurs et de fonder de grands domaines dans la plaine.

Une vingtaine d’établissements gallo-romains furent recensés sur le territoire de Rognes. La culture de la vigne est attestée dès cette époque par deux statues de Bacchus et Priape, Dieux du vin, trouvées à Tournefort. Un logement du 1er siècle après J.-C. subsiste au pied du village actuel, au nord de la rue Fontvieille, avec une huilerie et une nécropole.

LE MOYEN ÂGE

Du IXème au Xème siècle, l’insécurité du Haut Moyen-Age fit remonter les Rognens sur les hauteurs, au « Foussa » (citadelle édifiée à partir du XIIème siècle, et détruite entre 1597 et 1601 à la suite des révoltes dues aux Guerres de religion), plateau perché de huit cents mètres carrés situé au beau milieu du territoire.

La première mention du village apparut dans une sentence de 1150, signée par Imbertus et Théobertus de Rongnis.

En 1193, Alphonse II (roi d’Aragon et comte de Provence) céda au comte de Forcalquier trois villages, dont Rognes.

En 1240, Bertrand d’Alamanon (guerrier et troubadour sous Raymond Bérenger V) hérita d’une coseigneurie.

En 1307, fut créée la première « universitas » des Rognens. C’était une assemblée de deux cent vingt chefs de famille, réunis pour désigner trois « syndics » qui furent habilités à « transiger » avec le seigneur. Ce furent les prémices d’une administration communale, qui géra la perception d’impôts, le maintien de l’ordre et la représentation en justice.

Vers 1338, la chapelle primitive Saint-Martin fut agrandie pour devenir la nouvelle église paroissiale, encore dite « Sainte-Marie » dans les textes, ou « sous le fort ».

A la fin du XIVème siècle, la population chuta à quatre cents foyers ; mais au XVème, elle se reconstitua rapidement.

XVIème siècle

Au XVIème siècle, les invasions consécutives aux Guerres d’Italie et aux Guerres de religion forcèrent la population à construire, en 1526, des portes à l’est et à l’ouest de la cité. Mais en 1537, c’est un puissant rempart de huit cents mètres de long, doté de sept tours et de trois portes (dont deux à herses), qui sera finalement réalisé.

A la fin du même siècle, les Rognens, partagés entre Ligueurs et Protestants, afficheront une totale loyauté au Roi.

Une première chapelle dédiée à Saint Denis, patron de Rognes, fut érigée entre 1567 et 1590.

Vers 1610, la chapelle fut cédée à la confrérie des Pénitents Blancs, qui en seront les détenteurs jusqu’à la Révolution.

LES PÉNITENTS

Une confrérie de pénitents (ou archiconfrérie de pénitents) est une association sans but lucratif, relevant cumulativement du droit associatif (en France, loi de 1901) et du droit canon. Elle réunit des hommes et des femmes, de religion chrétienne, et catholique. Elle a pour but de pratiquer publiquement le culte catholique en portant une tenue spécifique, et de pratiquer également, mais cette fois dans la discrétion, des actes de charité. Les confréries sont placées sous la vigilance de l’évêque du diocèse dans lequel elles ont leur siège, et qui autorise leur création.

Aujourd’hui, dans le Sud de la France, chaque confrérie de pénitents se différencie par la couleur de son habit :

– gris à Aix-en-Provence ou à Avignon

– blanc et gris à Aigues-Mortes

– rouge en Corse

– blanc et bleu à Montpellier

– noir à Perpignan

– blanc, noir, rouge et bleu à Nice

https://www.penitentsblancs.fr/les-penitents-sur-wikipedia

LA CHAPELLE SAINT MARCELLIN

La chapelle Saint-Marcellin

La chapelle étant fermée à la visite le jour de notre venue, je n’ai pas pu prendre de photos de l’intérieur. Elle est ouverte tous les ans en septembre. Pour cette occasion, la fête des vendanges est organisée dans l’enclos.

Saint Marcellin

Jusqu’à la fin du XVIIème siècle, chaque 20 avril, jour de la fête de la Saint Marcellin, on élisait, après la procession à la chapelle, les nouveaux consuls pour l’année.

Le mythe du pèlerinage perdurera avec le déjeuner sur l’herbe après la messe. Aujourd’hui, les Rognens continuent à célébrer cette fête chaque année en septembre. La messe a lieu en plein air, suivie de la bénédiction des vendanges et du repas champêtre dans l’enclos de l’ermitage.

Saint Marcellin est le protecteur des vignerons ; il est le deuxième Saint-Patron de Rognes après Saint Denis (Dionysos).

Source: Les Amis du Patrimoine de Rognes.

VUE GÉNÉRALE

Nichée au milieu de la campagne et des vignes, cette chapelle aux allures champêtres attire promeneurs et croyants qui viennent y chercher le calme, la sérénité et la quiétude, dans un cadre naturel exceptionnel.

LA FAÇADE OCCIDENTALE

En grande partie détruite par le tremblement de terre de 1909, la chapelle fut restaurée entre 1989 et 1996. Une nouvelle cloche fut installée, ainsi que des gargouilles réalisées pour l’occasion. Construite sur un emplacement déjà consacré au culte dès le VIIIème siècle, la chapelle date du XIIème siècle. De style roman, son plan est simple et comporte une nef unique.

LE PORTAIL D’ENTRÉE

LA FAÇADE MÉRIDIONALE

Sur le mur latéral de la nef on distingue la trace d’un ancien portail ; l’ouverture haute, en forme de meurtrière, est décorée par un linteau monolithe.

On trouve aussi des marques de tâcheron sur certaines pierres.

Marques des tâcherons : Sur de nombreuses pierres taillées, l’on peut découvrir des signes et des initiales gravées. Ces marques incrustées nous rappellent que les moines étaient secondés dans la construction de l’édifice par des ouvriers, des tailleurs de pierre, qui marquaient les blocs pour pouvoir se faire payer à la pièce.

LA FAÇADE ORIENTALE

Au cours des fouilles qui précédèrent la reconstruction, des tombes anonymes furent découvertes sur le site ainsi qu’une pierre taillée, vestige d’un autel gallo-romain.

LA FAÇADE SEPTENTRIONALE

L’ERMITAGE

Au XVIIème, un ermitage fut construit perpendiculairement à la façade sud. Des ermites y habitèrent jusqu’au milieu du XIXème. Ils étaient chargés de la garde et de l’entretien de la bâtisse. Dans le linteau surmontant la porte d’entrée de l’ermitage, on distingue une sculpture récente de l’évêque Saint Marcellin. Au-dessus, on découvre une pierre sculptée d’une double croix, réinstallée au XVIIème siècle.

SAINT-MARCELLIN

Portrait imaginaire du Saint dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs (mosaïque du milieu du XIXe siècle).

PRÉSENTATION

D’après le Chronographe de 354 (volumineux calendrier latin du IVème siècle, copié à l’origine dans un manuscrit enluminé), Marcellin (en latin « Marcellinus ») fut, selon l’Église catholique, le 29ème pape et évêque de Rome, du 30 juin 296 à sa mort en martyr, le 25 octobre 304. Il succéda à Caïus (pape du 17 décembre 283 à sa mort, le 22 avril 296).

SON PONTIFICAT SOUS DIOCLÉTIEN

Saint Marcelin

Son pontificat commença au cours d’une période de paix, pour s’achever avec le début de la dernière grande persécution des Chrétiens, celle de l’empereur romain Dioclétien.

Celui-ci fit détruire les églises et brûler les Livres Saints. Selon les régions, sa persécution fut plus ou moins violente. La bibliothèque de l’Église romaine fut détruite, et les supplices des Chrétiens commencèrent envers ceux qui refusaient de sacrifier aux dieux. Une tradition voulut même que Saint Marcellin ait renié sa foi à un moment donné ; mais l’évêque de Rome se reprit et mourut en martyre en 304, par fidélité en Jésus-Christ.

Certains documents attestent du reniement de Marcellin à sa foi. Au début du Vème siècle, l’évêque donatiste Pétilien de Cirta affirma que Marcellin et ses prêtres auraient abandonné les livres saints aux païens durant la persécution, et offert de l’encens à de faux Dieux. Saint Augustin nia ces propos, spécifiant par là qu’ils ne reposaient que sur des accusations calomnieuses.

La Légende dorée combine les deux idées d’apostasie et de martyre : saisi de peur, Marcellin aurait sacrifié aux idoles pour sauver sa vie puis, pénétré de remords, il serait revenu lui-même se livrer au bourreau.

C’est à Lyon, en 1476, que sera imprimé le premier livre en langue française, « La Légende dorée », de Jacques de Voragine (dominicain et archevêque de Gênes), initialement intitulée « Legenda sanctorum alias Lombardica hystoria » (ce qui signifie littéralement « Ce qui doit être lu des Saints ou histoire de la Lombardie »).

Cet ouvrage, rédigé en latin entre 1261 et 1266, raconte la vie d’environ 150 Saints ou groupes de Saints, Saintes et martyrs chrétiens, et, suivant les dates de l’année liturgique, certains événements de la vie du Christ et de la Vierge Marie.

Les registres du « Concile de Sinuessa » (IVème siècle), concile considéré comme apocryphe, furent réalisés au début du VIème siècle. Ils indiquaient que Marcellin, après sa capture, se présenta devant un conseil qui refusa de le juger, selon le principe que le Premier Siège ne pouvait être jugé.

LE GRAND CARNAGE

Saint Marcellin

Nous sommes en l’an 304, et à Rome avait lieu la grande persécution antichrétienne ordonnée par Dioclétien. C’était le dernier grand massacre voulu par le puissant pouvoir de Rome, avant que n’intervienne la clémence de l’Empereur Constantin. Le second des quatre édits par lesquels Dioclétien organisa l’anéantissement des Chrétiens concernait, en particulier l’arrestation des évêques, des prêtres, et des diacres. Nombreux furent traduits en justice, car les tribunaux avaient la capacité de prononcer la peine capitale. C’est ainsi que le prêtre Marcellin finit en prison. Comme tant d’autres, il refusa de renier sa foi, et beaucoup de prisons devinrent de petits rassemblements de fidèles.

Emprisonné, Marcellin fit la connaissance de Pierre, un exorciste. Ensemble ils annoncèrent la venue du Christ. De nombreuses personnes se convertirent et demandèrent le baptême. Pour le juge, bien sûr, c’en était trop : tous les deux devaient disparaître. Marcellin et Pierre furent torturés, et emmenés dans un bois connu comme Forêt Noire. Sur place, ils furent soumis à l’ultime humiliation cruelle, celle de creuser eux-mêmes leur propre fosse ; puis ils furent décapités.

Pour la loi, la justice venait d’être rendue. Mais le choix (et le lieu) de la forêt pour cacher éternellement leur tombe fut une erreur…

Le pape Damase (305-384) écrivit un poème qu’il fit apposer sur la tombe. Lorsque les Goths la détruisirent, le pape Vigile (537-555) la restaura, et inséra les noms des deux martyrs dans le Canon de la Messe.

Il y eut ensuite des translations (transferts) plus ou moins légitimes de reliques. Mais les églises romaines et les catacombes ouvertes et actives encore aujourd’hui, pérennisèrent la mémoire des deux Saints, trop illustres pour disparaître définitivement ; pour ce faire, deux tumulus discrets et anonymes furent dissimulés dans l’épaisseur d’un bosquet.

UNE MATRONE DE MISÉRICORDE

Lucille, une « matrone » romaine (dans la société romaine traditionnelle, épouse et mère respectée par la communauté) trouva le lieu du martyre. Elle fit déplacer les corps de Marcellin et Pierre de la « Forêt Noire » (qui sera ensuite rebaptisée « Forêt Blanche ») dans le cimetière appelé « aux deux lauriers » ; peut-être en raison de la présence de deux lauriers. Celui-ci se trouve aujourd’hui sur la « Via Casilina ».

La « Via Casilina » est une voie médiévale du Latium et de la Campanie. Elle menait de Rome à « Casilinum » (aujourd’hui Capoue ), puis à l’actuelle « Santa Maria Capua Vetere ».

SA MORT

Selon le « Liber Pontificalis », Marcellin fut enterré le 26 avril 304 dans le cimetière de Priscille, sur la « Via Salaria », 25 jours après son martyre ; le « Catalogus Liberianus » donne comme date le 25 octobre 304. Son martyre semble être lui aussi apocryphe.

C’est au cours du pontificat de Marcellin, en 301, que l’Arménie devint la première nation officiellement chrétienne.

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

https://www.bulledemanou.com/2021/10/la-chapelle-saint-marcellin/balade-pres-de-rognes.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rognes

https://www.vaticannews.va/fr/saint-du-jour/06/02/saints-marcellin-et-pierre–martyrs-a-rome.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rognes#Culture_et_patrimoine

https://tuyo.fr/event/eglise-catholique-261/a-trier-eglise-catholique-421/chapelle-saint-marcellin-658185

https://www.visite.fr/rognes-chapelle-saint-marcellin-201578.html

https://www.provence7.com/portails/religion/architecture-religieuse-en-provence/chapelles-des-bouches-du-rhone-13/

https://amis-patrimoine-rognes.org/histoire/petit-historique-de-rognes/

 

Donnez votre avis sur l'article

commentaire(s)

Ecrit par le .

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge