Claus Von Stauffenberg, l’homme qui voulut tuer Hitler.
SECONDE GUERRE MONDIALE

CLAUS SCHENK GRAF VON STAUFFENBERG,
L’HOMME QUI VOULUT TUER HITLER

Claus von Stauffenberg
Claus Philipp Maria Schenk Graf von Stauffenberg était un officier de la Wehrmacht. Il fut l’un des personnages principaux de la résistance militaire contre le nazisme.

Insigne de la Wehrmacht
NAISSANCE ET FAMILLE
Claus von Stauffenberg naît le 15 novembre 1907 au château de Jettingen, à Jettingen-Scheppach (en Souabe, entre Augsbourg et Ulm). Il meurt fusillé le 21 juillet 1944, à Berlin ; il a 36 ans.

Jettingen-Scheppach
Souabe
Claus von Stauffenberg était issu de l’une des familles les plus anciennes et les plus distinguées de l’aristocratie catholique du sud de l’Allemagne, la famille Schenk von Stauffenberg, dont il était le troisième fils et le benjamin.
Son père, Alfred Schenk (comte von Stauffenberg -1860-1936) était le dernier « maréchal de la cour » (Oberhofmarschall) du royaume de Wurtemberg.
Sa mère, Caroline, née von Üxküll-Gyllenband (1875–1957), comptait parmi ses ancêtres plusieurs Prussiens célèbres, dont le réformateur de l’armée prussienne August Neidhardt von Gneisenau.
Son oncle, Nikolaus von Üxküll-Gyllenband, l’inspira dans sa future implication à la résistance au nazisme. Sa tante, Alexandrine von Üxküll-Gyllenband, était une infirmière en chef particulièrement reconnue à la Croix-Rouge allemande.
JEUNESSE
Stauffenberg passa son enfance principalement à Stuttgart et au château Lautlingen (la résidence d’été de la famille à Albstadt-Lautlingen, aujourd’hui devenue un musée), avec ses deux frères jumeaux aînés Berthold et Alexander (il eut lui aussi un jumeau, Konrad Maria, mort à la naissance).
Stauffenberg fit d’abord des études au Eberhard-Ludwigs-Gymnasium de Stuttgart, où il devint membre de la ligue de jeunesse « Bund Deutscher Neupfadfinder », et où il fut influencé par le mysticisme du Reich (Reichsmystizismus).
Par la suite, il entra avec ses frères dans le cercle d’amis de Stefan George (1868-1933), et de son Opposition conservatrice. Ayant reçu une éducation choisie, Stauffenberg s’intéressa à la littérature ; mais en 1926, malgré une santé fragile, il opta pour la carrière militaire. Il s’enrôla dans le régiment familial à Bamberg, en Bavière, le « Reiter und Kavallerieregiment 17 » (17ème régiment de cavalerie et de cavaliers).

Claus von Stauffenberg sur son chevalau au 17e régiment de cavalerie de Bamberg en 1926.
LES DÉBUTS DE SON PARCOURS MILITAIRE
Après le baccalauréat (Abitur), Stauffenberg s’engagea le 5 mars 1926 dans la « Reichswehr » (défense du Reich). Il débuta son service au 17ème régiment de cavalerie de Bamberg, où il fut incorporé comme « Fahnenjunker ».
En Allemagne, un « Abitur » est un examen qui conclut les études secondaires des Gymnasium, et s’obtient après treize ans d’études (douze années dans certains Länder).
« Fahnenjunker » est un terme qui désigne un grade de l’armée allemande. Il correspond à celui d’élève-officier, de cadet ou d’aspirant dans les armées occidentales.
Après un an de service, il fut envoyé à l’école d’infanterie de Dresde, où tous les aspirants officiers devaient suivre une instruction d’une année.
En 1928, Stauffenberg fut transféré à l’école de cavalerie de Hanovre. Puis il retourna à son régiment de Bamberg où, après être reçu à l’examen (en sortant major de promotion) le 1er janvier 1930, il fut nommé lieutenant.
Vers la fin de la République de Weimar (régime politique en place en Allemagne de 1918 à 1933), Stauffenberg, tout comme son frère Berthold, était proche des cercles de la révolution conservatrice (Stefan George – 1868-1933).
Même s’il affichait du mépris pour le parti nazi qui prenait de l’ampleur, de nombreux points de cette pensée politique l’intéressaient : « L’idée d’un Führer… associée à celle d’une communauté nationale, le principe selon lequel le bien commun passe avant le bien privé et le combat contre la corruption, le combat contre l’esprit des grandes villes, l’idée de races et la volonté d’un nouvel ordre juridique allemand nous apparaît comme sain et porteur d’avenir ».
Lors de l’élection présidentielle de 1932, Stauffenberg vota contre le président en exercice (le conservateur et monarchiste Paul von Hindenburg), et le 30 janvier 1933, se prononça pour Adolf Hitler, dont il loua formellement la nomination au poste de chancelier du Reich. Stauffenberg participa à la formation militaire des membres des « Sturmabteilung » (SA, sections d’assaut), et organisa la remise de dépôts d’armes à la « Reichswehr ».
MARIAGE ET DESCENDANCE
Le 26 septembre 1933, à l’âge de 25 ans, Stauffenberg épousa à Bamberg Elisabeth Von Lerchenfeld, dite « Nina », âgée de 20 ans, avec qui il aura cinq enfants :
– Berthold Maria (Bamberg, 3 juillet 1934, mort à l’âge de 91 ans).
– Heimeran (Bamberg, 9 juillet 1936-20 octobre 2020).
– Franz-Ludwig Schenk (Bamberg, 4 mai 1938, mort à l’âge de 87 ans).
– Valerie (Bamberg, 15 novembre 1940 – décédée à Munich le 4 juin 1966 d’une leucémie).
– Konstanze (centre de maternité nazi à Francfort-sur-l’Oder, le 27 janvier 1945).
Nina mourra à Kirchlauter, près de Bamberg, le 2 avril 2006, à l’âge de 92 ans.

SON PARCOURS MILITAIRE SOUS LE RÉGIME NAZI

En 1934, Stauffenberg fut muté à l’école de cavalerie de Hanovre en tant que « Bereiter-Offizier » (officier qui s’occupe des chevaux). À Hanovre, grâce à ses études sur les armes modernes (chars blindés et troupes aéroportées), il obtint sa qualification. Par la suite, il s’appliqua à l’utilisation militaire du cheval.
Le 1er octobre 1936, il fut envoyé en formation à l’académie militaire de Berlin-Moabit, au sein de l’état-major général.
Le 1er janvier 1937, Stauffenberg fut promu « Rittmeister » (maître de chevauchée, soit maître de cavalerie). En juin de l’année suivante, il servit à Wuppertal comme deuxième officier d’état-major général de la Ière division légère. Il était sous les ordres du lieutenant-général Erich Hoepner, avec lequel il prendra part à l’occupation des Sudètes la même année.
Stauffenberg perçut le début de la Seconde Guerre mondiale comme une « rédemption ». En 1939, il fut incorporé à la Ière division légère (qui deviendra plus tard la VIème division de blindés de la Wehrmacht) dans la campagne de Pologne.
En parallèle, il fut sollicité par Peter Yorck von Wartenburg (un parent éloigné) et Ulrich Wilhelm Schwerin von Schwanenfeld (un officier et résistant allemand). Ces derniers lui demandèrent de les faire nommer adjoints du commandant en chef de l’armée de terre Walther von Brauchitsch, pour pouvoir prendre part à une tentative de coup d’Etat. Stauffenberg refusa.
En 1940, il participa, en tant qu’officier d’état-major général, à la bataille de France. Ce qui lui valut, le 31 mai 1940, de recevoir la croix de fer de première classe.

La croix de fer
Stauffenberg fut ensuite transféré à la section d’organisation du commandement suprême de l’Armée de terre.
En décembre 1941 (après le limogeage de Brauchitsch, à la suite de l’échec de la bataille de Moscou), il souscrivit au fait que Hitler obtienne le commandement suprême de l’Armée de terre et celui de l’ensemble des forces armées.
Stauffenberg fut chef du groupe II de la division d’organisation, au sein du commandement suprême de l’Armée de terre. Il faisait alors partie des officiers importants qui avaient travaillé consciemment à un changement de politique dans les territoires occupés.
Il se consacra à la question des volontaires dans la Légion de l’Est (tout particulièrement lors des opérations militaires du Groupe A, dans le Caucase). Il devait rallier des prisonniers libérés et des déserteurs à la cause allemande.
Le 2 juin 1942, sa division donna des directives concernant le traitement des soldats du Turkestan et du Caucase, et en août 1942, ordonna l’organisation et le déploiement des légions de l’Est.
À la mi-novembre 1942, Stauffenberg occupa, avec la Xème division de blindés, la zone française jusque-là restée libre. Immédiatement après, la division fut envoyée à Tunis.
Entre-temps, Stauffenberg avait été incorporé à l’état-major de l’armée, et le 1er janvier 1943, fut promu « Oberstleutnant » à l’état-major général.
En mars 1943, il fut muté en tant que premier officier d’état-major général à la Xème division de blindés. Celle-ci devait alors couvrir la retraite de l’armée du maréchal Rommel contre les Alliés, qui venaient de débarquer en Afrique du Nord.
Lire :
– Koufra, victoire française dans les sables lybiens
– Ouragans sur El Alamein
Au cours d’une mission de reconnaissance, son véhicule fut mitraillé par un chasseur-bombardier allié ; Stauffenberg sera grièvement blessé. Il fut hospitalisé trois mois, où il fut opéré par le célèbre chirurgien Ferdinand Sauerbruch. Il perdit son œil gauche, sa main droite, ainsi que l’annulaire et l’auriculaire de sa main gauche (il en plaisantera par la suite, prétendant qu’il ne se souvenait pas de ce qu’il faisait de ses dix doigts quand il les avait encore). Il passa sa convalescence à Albstadt-Lautlingen (dans le Bade-Wurtemberg, situé sur le Jura souabe, à mi-chemin entre Stuttgart et le lac de Constance). Ses blessures et ses mutilations ne l’empêchèrent pas de lutter pour reprendre du service.

CHANGEMENT D’IDÉOLOGIE ENVERS LE NAZISME…
Stauffenberg commença alors à s’éloigner des Nazis et de leurs chefs.
« Il est maintenant temps que quelque chose soit fait. Mais l’homme qui a le courage de faire quelque chose doit le faire en sachant qu’il passera dans l’histoire allemande comme un traître. S’il ne le fait pas, il sera un traître à sa propre conscience… ». Claus Schenk Graf von Stauffenberg
Stauffenberg, comme beaucoup d’autres militaires, se sentait lié à Hitler par son serment de fidélité.
Il était conscient que seule la Wehrmacht possédait les ressources nécessaires pour faire un Coup d’Etat et renverser le régime ; elle était peu infiltrée par la « Gestapo » (Police Secrète d’État, et politique du Troisième Reich.) et par le « Sicherheitsdienst » (en Allemagne, à partir de 1931, le service de renseignement et de maintien de l’ordre de la SS).
Avec son frère Berthold et les membres du Cercle de Kreisau (un des groupes de la résistance allemande au nazisme, actif de 1938 à 1944), il prit part à la rédaction des déclarations gouvernementales censées être prononcées après le renversement.

Cercle de Kreisau
Les conspirateurs visaient la fin de la guerre, celle de la persécution des Juifs, ainsi que le rétablissement d’un État de droit comme avant 1933.
Ils ne parvinrent pas à tomber d’accord sur la forme future du nouveau régime. Une grande partie des conjurés, dont Stauffenberg (venant des cercles conservateurs, de la bourgeoisie, de la noblesse, et de l’armée), refusèrent toute démocratie parlementaire.
D’un autre côté, Stauffenberg réclama la présence de sociaux-démocrates dans le futur gouvernement, tel Julius Leber (homme politique allemand d’origine alsacienne, et un résistant contre le nazisme).

L’OPÉRATION WALKYRIE

Le « Wofschanze »
Stauffenberg eut la conviction qu’il devait faire quelque chose pour préserver l’Allemagne de la catastrophe définitive. Bien qu’il ne puisse plus servir dans l’armée, il chercha à en être un acteur essentiel.
À l’automne 1943, il intervint une nouvelle fois à Berlin. Il entra en contact avec les opposants d’Hitler, réunis autour du général Friedrich Olbricht et du général de brigade Henning von Tresckow ; et ils travaillèrent à la mise sur pied de l’Opération Walkyrie.
Une fois l’opération déclenchée, les commandants des différentes divisions militaires allemandes devaient recevoir les ordres correspondants, et l’armée prendre en main les rênes du pouvoir. Stauffenberg devait recevoir le poste de secrétaire d’État au sein du ministère de la Défense du Reich.
Stauffenberg fut nommé chef d’état-major au Bendlerblock, à Berlin (ayant ainsi accès à ce qui se disait au quartier général du Führer sur la situation). Il fut sous les ordres d’Olbricht, qui l’encouragea à construire un réseau militaire d’opposition. Stauffenberg assembla les plans d’attentat avec Carl Friedrich Goerdeler et le général de corps d’armée Ludwig Beck.
Le 1er juillet 1944, Stauffenberg devint chef de l’état-major auprès du commandant de l’ « Ersatzheer » (l’armée de réserve). Le général Friedrich Fromm, lui, fut promu au grade de colonel. Avec Olbricht et Mertz von Quirnheim, Stauffenberg se trouvait dans le centre de commandement de l’opération Walkyrie. Un des points délicats du plan fut le fait qu’il dut exécuter l’attentat, et mener le coup d’État de Berlin.
Le 11 juillet à Obersalzberg, et le 15 juillet au quartier général de la « Wolfsschanze », Stauffenberg tenta déjà de tuer Adolf Hitler. Par deux fois, il stoppa les deux tentatives à cause de l’absence, soit d’Heinrich Himmler, soit d’Hermann Göring. L’attentat ne pouvait pas être repoussé une troisième fois.
Le 18 juillet, la dernière tentative débuta par hasard. Stauffenberg fut appelé à se rendre au quartier général du Führer pour y parler de nouveaux déploiements de troupes. Le groupe de résistance avait alors déjà détaillé les membres du nouveau gouvernement, et il ne restait plus qu’à exécuter Hitler. Stauffenberg prit un avion à l’aérodrome de Rangsdorf, près de Berlin, le 20 juillet, à 7 heures. Accompagné de son fidèle assistant Werner von Haeften, il se rendit à la « Wolfsschanze » (la « forteresse », ou « la Tanière du Loup ») près de Rastenburg, en Prusse-Orientale.

Rastenburg
Le « Wofschanze » Le « Wofschanze », également « Wolfschanze », (en français : « Retranchement du Loup » ou, « Tanière du Loup ») se situait en Prusse orientale, près de Rastenburg. C’était le nom de code désignant le principal quartier général d’Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était aussi le nom de camouflage d’une base militaire de l’état-major des forces armées allemandes, située dans les bois, près du hameau de Forst Görlitz (aujourd’hui Gierłoż, près de Rastenburg), alors en Prusse-Orientale (aujourd’hui Kętrzyn, en Pologne). Il se composait d’un ensemble de blockhaus et de maisons en rondins aux toits recouverts d’herbe, bâtis dans une épaisse forêt ; le tout protégé par plusieurs lignes de fils de fer barbelés, de champs de mines, et de positions défensives. Il était desservi par un aérodrome situé dans le voisinage. On trouvera souvent le terme « Wolfsschanze » traduit comme « tanière du loup » ; mais « Schanze » indique en allemand une position militaire fortifiée, comme un fortin ou une casemate, et non comme le terrier d’un animal. Le complexe fut détruit et abandonné par les Allemands le 25 janvier 1945, lors de la retraite de la Wehrmacht face à l’avancée soviétique. L’Armée rouge s’en emparera deux jours plus tard.
Lire : l’Opération Walkyrie

L’ÉCHEC DU COUP D’ÉTAT, ET LA RÉPRESSION…
Vers 22 h 30, un groupe d’officiers restés fidèles au régime arrêtent Stauffenberg et les conjurés. Fromm, qui les a couverts jusqu’alors, mais qui ne veut plus rien entendre d’une tentative de putsch, applique les décisions d’une prétendue cour martiale, décidée et dirigée à la hâte. Le but est probablement d’éradiquer toutes traces de sa connivence dans le complot. Il donne le soir-même du 20 juillet l’ordre de fusiller Claus von Stauffenberg, Werner von Haeften, Albrecht Ritter Mertz von Quirnheim et Friedrich Olbricht. L’exécution a lieu le 21 juillet, dans la cour du Bendlerblock, peu avant 1 h du matin. Les derniers mots de Stauffenberg auraient été « Vive l’Allemagne sacrée ! ».
Le lendemain, les corps des fusillés sont inhumés, avec leurs uniformes et médailles, à l’ancien cimetière Saint-Matthieu. Plus tard, Hitler les fera exhumer et donnera l’ordre de les brûler. Leurs cendres seront dispersées au-dessus d’un champ d’épandage de Berlin.
Conformément à l’ordre de Hitler, le 4 août, un jury d’honneur présidé par Rundstedt (avec comme assesseurs le « Generaloberst » Heinz Guderian et le « Generalfeldmarschall » Wilhelm Keitel) chasse de l’armée un premier groupe de 22 officiers, sans auditions ni examen de preuves. Au total, plus de cinquante officiers seront expulsés de l’armée au cours des mois d’août et de septembre.
Redevenus civils, les militaires faisant partie du complot sont donc traduits devant le « Volksgerichtshof » (Tribunal du peuple), présidé par Roland Freisler (Juge, avocat, homme politique, et juriste). Le premier procès (qui sera filmé) s’ouvre le 7 août 1944 dans la grande salle de la cour d’appel de Berlin et devant un public trié sur le volet. Les accusés sont Erwin von Witzleben, Erich Hoepner, Hellmuth Stieff, Paul von Hase, Robert Bernardis, Friedrich Karl Klausing, Peter Yorck von Wartenburgk et Albrecht von Hagen. Tout est fait pour les humilier et les déstabiliser : on les force à se présenter sans col de chemise (Hoepner n’est vêtu que d’un gilet de tricot). Ils sont également privés de leurs ceintures et de leurs bretelles, ce qui les oblige à retenir leur pantalon pendant que Freisler se moque d’eux et les invective grossièrement.
Le 8 août, tous les accusés sont condamnés à mort et exécutés le jour-même par pendaison (châtiment déshonorant exigé par Hitler) dans une dépendance de la prison de Plötzensee. Vêtus d’un uniforme de prisonnier et dénudés jusqu’aux hanches, ils sont pendus tour à tour à de simples crochets, avec des cordes particulièrement fines pour qu’ils meurent de lente strangulation, humiliés pendant leur agonie, les bourreaux leur baissant le pantalon. Leur supplice est filmé et photographié à la demande expresse de Hitler.
LES TERRIBLES CONSEQUENCES
L’échec de la conjuration sera suivi par une répression particulièrement féroce. Plusieurs dizaines de participants au complot seront jugés par le Tribunal du peuple, présidé par Roland Freisler, et condamnés à mort. Cet échec va accroître les fonctions de Heinrich Himmler, Martin Bormann et Joseph Goebbels au sein du régime, et renforcera la méfiance de Hitler à l’égard du corps des officiers de la Wehrmacht, au profit de ceux de la Waffen-SS.

LES FAMILLES CONDAMNÉES…
Hitler va décider de faire assassiner les familles des conjurés, et d’effacer leur nom de famille : « La famille Stauffenberg sera détruite jusqu’au dernier membre ». L’épouse de Stauffenberg, Nina von Stauffenberg, alors enceinte, sera d’abord déportée au camp de Ravensbrück. Puis, peu avant son accouchement, dans un centre de maternité nazi, à Francfort-sur-l’Oder, où en 1945, elle accouchera de Konstanze, le cinquième enfant de la famille. Les enfants seront envoyés dans un orphelinat, une « institution spéciale », à Bad Sachsa.
On les fera adopter par des familles nazies. Ils perdront le nom de Stauffenberg et obtiendront le nouveau nom de Meister. Ils y resteront jusqu’à la fin de la guerre, et seront libérés par les troupes américaines le 12 avril 1945.
L’épouse de Claus von Stauffenberg mourra en 2006, à l’âge de 92 ans.
Les familles de Carl Friedrich Goerdeler, Hans Oster, Henning von Tresckow, Ewald-Heinrich von Kleist-Schmenzin, Johannes Popitz et beaucoup d’autres seront également internées…

Werner von Haeften Le 20 juillet 1944, dans les profondeurs du QG de la « Wolfsschanze », en Prusse orientale, un jeune et fidèle officier allemand accompagnait son supérieur, l’oberst Claus von Stauffenberg, qui devait poser une bombe destinée à tuer Adolf Hitler. Cet homme, souvent relégué au second plan des livres d’histoire, s’appelait Werner von Haeften. Il était le bras droit, l’alter ego, le témoin silencieux et loyal du colonel Claus von Stauffenberg ; l’âme du complot visant à mettre fin au régime nazi. Mais Haeften n’était pas un simple exécutant : il fut un homme de conviction, de courage et de sacrifice, qui choisit de mourir aux côtés de son chef dans un geste de fidélité absolue. Né en 1908 à Berlin, il était issu d’une famille prussienne de juristes et de hauts fonctionnaires. Werner von Haeften incarnait la vieille élite allemande, cultivée, conservatrice mais empreinte d’une profonde rigueur morale. Après des études de droit, il s’engagea dans la Wehrmacht et rejoignit l’état-major, où il rencontra Stauffenberg. Leur complicité allait au-delà de la hiérarchie : Haeften partageait la rébellion intérieure de son supérieur face à l’horreur du régime nazi. Ce choix ne fut pas sans conséquences. Il le savait : agir contre Hitler, c’était signer son propre arrêt de mort. Pourtant, il ne recula pas. « Ce n’est pas la loyauté qui nous lie à Hitler, c’est la vérité qui nous en détache ». Ces mots semblent résumer l’état d’esprit de ceux qui, comme lui, se soulevèrent contre leur propre commandement. Le 20 juillet 1944 : l’attentat et l’échec… Haeften accompagna Stauffenberg à la Wolfsschanze, portant la mallette qui contenait la bombe. C’est lui qui surveilla l’entrée, qui manipula les détonateurs, qui partagea le silence et le suspense avant l’explosion. Quand Hitler sortit blessé mais indemne, l’opération Valkyrie s’effondra. Tous deux rentrèrent précipitamment à Berlin pour tenter un coup d’État qui était déjà condamné. Arrêtés au Bendlerblock, leur QG, Stauffenberg, Haeften, Olbricht et von Witzleben furent jugés sommairement et exécutés dans la nuit du 20 juillet. Sur le terrain de la cour, éclairé par des phares de camion, un peloton s’apprêtait à fusiller Stauffenberg. Haeften, alors, dans un ultime geste bouleversant, se jeta devant son supérieur pour prendre les balles à sa place. Geste inutile militairement, mais immense moralement. Il mourut sans hésitation ; il avait 36 ans. Un frère d’esprit et de sang Le destin de Werner von Haeften s’accompagna d’un drame familial. Son frère aîné, Hans Bernd von Haeften, juriste et diplomate, fut lui aussi impliqué dans la résistance. Quelques semaines plus tard, il fut pendu à Plötzensee avec une corde de piano, après avoir déclaré : « J’ai perdu toute loyauté envers Hitler. Je le considère comme le mal personnifié dans notre histoire. » Deux frères, deux intellectuels, deux martyrs d’un sursaut moral dans une Allemagne déchirée. Aujourd’hui, Werner von Haeften figure parmi les noms gravés au Mémorial de la Résistance allemande, situé au Bendlerblock ; endroit même où il tomba. Des écoles, des places et des institutions honorent sa mémoire. Dans le film « Walkyrie » (2008), son personnage, interprété par Jamie Parker, illustre la fidélité sans faille de ce soldat discret mais suprême. Dans des œuvres de fiction comme « Fox on the Rhine », il y est décrit comme un héros tragique, prêt à mourir les armes à la main pour défendre son commandant. Le courage pur, dénué de gloire… Werner von Haeften n’a pas mené de troupes au combat, ni signé de traités, ou même prononcé de discours célèbres. Mais il a fait ce que peu de militaires ont osé faire dans l’Allemagne nazie : dire non. Et il l’a fait non par haine, mais par fidélité à une autre idée de l’Allemagne, de l’honneur, et de la vérité. En offrant sa poitrine aux balles pour protéger son modèle, il a fait de sa mort un acte d’élévation, une protestation silencieuse et éternelle contre la barbarie.

LORSQUE L’HONNEUR S’OPPOSE A LA TYRANNIE… Henning von Tresckow Parmi les figures les plus nobles de la résistance allemande au nazisme, on distingue celle du général-major Henning Hermann Robert Karl von Tresckow. Il incarnait le courage désespéré d’un homme d’honneur, prisonnier d’un régime qu’il haïssait. Officier de carrière, aristocrate prussien et brillant stratège, Tresckow ne fut pas seulement un militaire : il fut l’un des architectes les plus déterminés de l’attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler. Né le 10 janvier 1901, à Magdebourg, Henning von Tresckow servit sur le front de l’Est, au sein du groupe d’armées Centre. C’est là, confronté aux atrocités du régime nazi, qu’il passa de la loyauté militaire à la résistance intérieure. Il déclara un jour : « Celui qui assiste à ces crimes et ne fait rien, devient complice ». En mars 1943, il organisa une tentative d’assassinat courageuse. Il dissimula une bombe dans une boîte de cognac qu’il plaça dans l’avion d’Hitler, après une visite sur le front. Mais l’explosion ne se produisit jamais, probablement en raison du froid mordant qui régnait dans la soute non chauffée. Henning von Tresckow Mais Tresckow ne se découragea pas. Il multiplia les efforts avec d’autres résistants, comme le colonel Claus von Stauffenberg. Au sein de la Wehrmacht, il organisa un réseau de conjurés, tous convaincus que la seule manière de sauver l’Allemagne de la ruine morale, et militaire, était de supprimer le Führer. Le 20 juillet 1944, alors que l’attentat de Stauffenberg échouait, Tresckow comprit que tout était perdu. Le lendemain, il se rendit dans les bois près d’Ostrow, prétextant une attaque de partisans. Là, refusant de tomber aux mains de la Gestapo et d’exposer ses camarades à une terrible répression, il se donna la mort, une grenade dans la main. Son sacrifice ne fut pas le dernier. Les nazis se vengèrent : sa famille fut arrêtée, son corps exhumé, incinéré à « Sachsenhausen », et son nom rayé de l’histoire officielle du Reich. Mais la mémoire de Tresckow survécut à la barbarie, symbole d’une Allemagne qui refusa de se soumettre entièrement au mal. Aujourd’hui encore, Henning von Tresckow est reconnu comme un héros de la conscience, un homme qui fit prévaloir la morale sur la discipline, et qui prouva que même au sein du nazisme, il existait des voix pour s’élever et dire non. Un arbre en son honneur se dresse à « Yad Vashem ». Ses descendants vivent désormais à New York, libres ; leur nom symbolisant la résistance intérieure.


UN OFFICIER DE LA WEHRMACHT CONTRE LE FÜHRER Le capitaine Karl-Ernst Rahtgens Né le 27 août 1908 à Lübeck (Allemagne du Nord, dans le Land de Schleswig-Holstein), Karl-Ernst Rahtgens fut l’un des visages méconnus mais profondément symboliques de la résistance allemande au nazisme, au sein même de la Wehrmacht. Cet officier d’état-major occupait une position importante au cœur de la machine militaire allemande lorsqu’il s’impliqua dans l’assemblée des conjurés de l’opération Walkyrie (ce vaste complot mené par des officiers patriotes et profondément chrétiens, horrifiés par les crimes du régime d’Hitler, et convaincus qu’il menait l’Allemagne à sa perte). Rahtgens n’était pas un homme impulsif ni un idéologue : c’était un militaire méthodique, issu d’un milieu prussien conservateur, dont la conscience s’était progressivement révoltée face aux crimes du régime, à la brutalité du front de l’Est et à l’anéantissement de l’État de droit. Comme beaucoup d’autres conspirateurs du 20 juillet 1944, il voyait dans l’assassinat d’Hitler non pas un crime, mais un acte de salut national. Lorsque l’Opération Walkyrie de Claus von Stauffenberg échoua à tuer le dictateur, le rêve d’un sursaut moral allemand s’effondra dans un déferlement de répression. Karl-Ernst Rahtgens fut arrêté peu après et traduit devant le sinistre « Volksgerichtshof », le tribunal populaire de Roland Freisler, où la parodie de justice laissait place à l’humiliation publique et à une condamnation assurée. Il fut pendu avec une corde de piano, comme des centaines d’autres résistants, dans une mise en scène immorale créée pour faire de la mort un spectacle d’avertissement. Mais la vengeance des Nazis fut terrible : son épouse fut déportée en camp de concentration, où elle survécut et rédigea des mémoires bouleversantes sur leur combat perdu, leur amour, et la brutalité de la dictature. Sa famille fut frappée par la « Sippenhaft », ce principe barbare de responsabilité collective qui condamnait les proches des traîtres à l’enfermement, à l’humiliation, ou à la mort sociale. Aujourd’hui, le sacrifice de Karl-Ernst Rahtgens incarne celui d’un homme qui, dans l’uniforme de l’armée allemande, choisit l’honneur plutôt que l’obéissance aveugle, et la loyauté à la conscience plutôt que la fidélité au tyran. À l’instar de Stauffenberg, de Beck, ou de Bonhoeffer, il fit partie de cette minorité lucide et courageuse qui, au sein même du système nazi, osa dire non, et en paya le prix de sa vie.

Drapeau du Rastenburg
Sources :
Mes photos
Photos publique Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Claus_von_Stauffenberg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolfsschanze
https://fr.wikipedia.org/wiki/Complot_du_20_juillet_1944