Les Vikings, ces « hommes venus du Nord »…
CHRONIQUES MÉDIÉVALES
LES VIKINGS, CES « HOMMES VENUS DU NORD » …
QUI SONT-ILS ?
Les Vikings étaient des explorateurs et des commerçants scandinaves qui, du VIIIème au XIème siècle (période habituellement nommée « âge des Vikings »), devinrent des pillards, des « guerriers de la mer », et des envahisseurs. Ils sont souvent appelés Normands (« hommes du Nord ») dans la bibliographie ancienne. En français, le terme est également employé pour désigner les peuples germaniques de Scandinavie.
Ils étaient très efficaces grâce à la qualité de leurs bateaux, appelés « Knörr », qui leur permettaient aussi de remonter les fleuves. Le terme de « Drakkar » servait à désigner la figure de proue, souvent un dragon ; il sera employé plus tard pour désigner l’embarcation.
Navigateurs intrépides, les Vikings provoquaient la terreur chez les populations côtières des mers et des fleuves du royaume franc. Pourtant, ils étaient issus d’une civilisation surprenante, qui étonnait les étrangers par sa richesse et son originalité.
Le rude climat des régions scandinaves les obligea à fuir vers des pays où survivre était plus facile. Ces « hommes venus du Nord » étaient avant tout des paysans en quête de bonne fortune, de richesses à piller et de terres arables pour s’installer.
Leur domaine naturel était l’eau, un élément essentiel à leur survie ; et leurs bateaux, les « drakkars », étaient à l’image de leur force.
Pour réaliser leur rêves expansionnistes faits de victoires et de butins, ces hommes venus du Nord (Normands) étaient très courageux et braves au combat. Mais ils étaient aussi d’excellents constructeurs de navires, les « Drakkars », dont ils maîtrisaient parfaitement la fabrication. Ces bateaux de bois à fonds plats, longs de 20 à 40 mètres, affichaient une ligne étroite et une forme effilée. Leurs flancs étaient percés pour laisser passer les avirons. Ils se manœuvraient aussi bien à la rame qu’avec leur typique voile carrée ; ce qui leur donnait une grande vitesse sur l’eau. Ils étaient si maniables et si rapides qu’il était impossible de les rattraper. Dépourvus de quille, ils n’avaient pas besoin de s’amarrer dans des ports en eaux profondes ; ils pouvaient donc remonter les fleuves et s’emparer des cités situées loin dans les terres. Ainsi équipés, ils surprenaient sans cesse leurs ennemis. Ces hommes venus du nord étaient considérés par les peuples francs comme d’invincibles « guerriers des mers ».
CONTEXTE
En 840, à la mort du fils de Charlemagne, Louis le Pieux (ou Louis le Débonnaire), la guerre commence immédiatement entre ses fils ; l’immense Empire carolingien est l’enjeu de querelles entre les héritiers : Charles II, le Chauve (823-877), Louis le Germanique (vers 806-876) et Lothaire Ier (795-855).
Charles s’unit à Louis le Germanique contre Lothaire Ier (leur frère aîné), qui veut les exclure du partage de l’Empire. Ensemble, Louis et Charles remportent en 841 la bataille de Fontenoy-en-Puisaye, en Bourgogne.
Le 14 février 842, ils renforcent leur alliance en prononçant réciproquement les serments de Strasbourg, prononcés en langue romane et en langue tudesque afin d’être compris par les troupes de l’ouest comme de l’est de la Francie.
En 843, les hostilités cessent avec le traité de Verdun ; l’empire de Charlemagne est partagé en trois royaumes de taille comparable.
Charles est couronné roi de la partie occidentale, qui formera plus tard la France, alors que son frère Louis hérite de ce qui deviendra l’Allemagne.
UN ROI MENACÉ
Alors que Charles II a de nombreux problèmes pour lutter contre ses propres frères, il se trouve bien démuni quand les Vikings, venus du Nord, pillent et ravagent les côtes de France.
Moins de cinquante ans après la mort de Charlemagne, d’horribles témoignages se multiplient dans le royaume de Charles II le Chauve (le petit-fils de l’Empereur Charlemagne). « Il n’y a presque pas de localité, pas de monastère qui soit respecté ». Au printemps, les envahisseurs s’installent dans les régions côtières et y restent tout l’été. Ils ravagent les contrées les unes après les autres par le fer et le feu. Les responsables de ces crimes : des barbares venus des régions glaciales du Nord ; les farouches Vikings. Ils procèdent par des raids meurtriers en répandant la terreur. Ils volent, pillent, brûlent et violent tout sur leur passage, jusqu’à l’intérieur des terres.
Ces sauvages que rien ne semble arrêter arrivent de la Scandinavie, au Nord de l’Europe, de ces pays durs et froids (les actuels Suède, Norvège, Danemark, et une partie de la Finlande). Vers la fin du VIIIème siècle, les Norvégiens puis les Danois lancent des incursions de plus en plus loin de leurs pays d’origine.
Les raids dévastateurs sont un aspect de l’expansion scandinave des VIIIème et IXème siècles. Cette progression est due notamment à la formation des royaumes norvégiens et danois, et aux frontières mitoyennes de ces pays avec l’Empire carolingien. Pour exécuter des expéditions en Europe occidentale, les vikings empruntèrent des routes commerciales qu’ils connaissaient. Les Danois préféraient aller en Angleterre, et dans les pays bordant la mer du Nord et la Manche ; tandis que les Norvégiens installaient des comptoirs dans les iles du nord de l’Écosse, en Islande et au Groenland. Les Suédois, eux, passaient par la mer Baltique en exploitant les grands fleuves des pays slaves, pour remonter jusqu’à Byzance. Danois et Norvégiens, incités par le peu de résistance militaire des monarques carolingiens, envahirent les régions côtières de l’océan Atlantique, et remontèrent les fleuves pour ravager et saccager le royaume des Francs.
LE ROYAUME FRANC EN PÉRIL…
En 819, les Vikings attaquent pour la première fois le royaume de Charles le Chauve, et entrent par l’embouchure de la Loire.
A partir de 835, les Normands intensifient leurs expéditions. Ils remontent le cours de la Loire et de la Seine, et donnent l’assaut par surprise aux villes de Paris, Tours, et Chartres (le monastère de Saint-Quentin dans l’Aisne est pillé et incendié).
Le choc est terrible sur les populations, qui sont terrorisées. Le roi Charles n’a pas le temps de rassembler ses troupes pour les affronter et les refouler ; ils sont trop rapides. Le Carolingien est désemparé face à ces ennemis d’un nouveau genre.
Il y a une solution : construire des ponts fortifiés pour empêcher les envahisseurs de remonter les fleuves et les rivières avec leurs drakkars. Mais le manque de troupes ne lui permet pas d’affronter les redoutables « guerriers venus du Nord », la plupart des populations optant pour le paiement d’une rançon pour les voir partir.
On a identifié trois étapes distinctes dans l’expansion scandinave : – de 800 à 850, les Vikings cherchaient de l’or et de l’argent, qui se trouvaient surtout dans les abbayes, les églises et les palais. – de 850 à 880, les Vikings optèrent pour une autre manière de s’enrichir. Elle consistait à assiéger une ville ou un monastère, et à exiger une rançon contre la promesse de partir après le paiement. – la troisième phase, après 880, amena les Vikings à chercher des terres fertiles pour s’y établir. Certains groupes parvinrent à établir une colonie définitive, notamment aux iles Féroé, en Islande et au Groenland.
UN COMBAT PERDU D’AVANCE, ET UN BRAVE NOMME LE FORT !
Les Normands (ou Vikings) poursuivent donc impunément leurs raids sans que nul ne s’y oppose. Pourtant, un homme a bien essayé de résister et de les refouler. Ce brave laissera dans l’Histoire le souvenir de ses luttes héroïques contre les « hommes venus du Nord ». Il se nomme Robert le Fort ; c’était le fils d’un boucher de Dreux appelé Capet…
Il sera victorieux des Normands dans la région de la Loire à plusieurs reprises.
En 804, le roi Charles le Chauve lui octroie l’Anjou pour le remercier,
En 806, alors qu’il s’apprête à refouler une fois de plus l’ennemi, Robert le Fort est tué au combat à Brissarthe (Maine-et-Loire). Avant de mourir, il réussit à repousser le chef normand Hasting. Celui-ci obtiendra malgré tout de Charles le Chauve, contre sa reddition, le comté de Chartres.
Par la suite, les descendants de Charles le Chauve continueront la lutte pour sauvegarder le royaume. Notamment un certain Hugues Capet, qui deviendra le premier roi de la dynastie capétienne.
LA SCANDINAVIE, UNE TERRE INHOSPITALIÈRE…
C’est pour nourrir un peuple devenu trop nombreux que les Vikings sont contraints de migrer vers le sud, à la recherche de terres plus hospitalières.
Ces étrangers, à la réputation redoutable, sont issus d’une très ancienne civilisation ; mais c’est avant tout un peuple de paysans ! Malgré la terreur qu’ils répandent sur leur passage, ils se montrent d’excellent administrateurs. Ils démontrent une aptitude remarquable pour organiser les contrées qu’ils ont annexées et où ils se sont installés.
UNE SOCIÉTÉ AUX MŒURS DIFFÉRENTS !
Dans les terres qui vont devenir la Normandie, les Vikings vivent, comme chez eux (en Scandinavie), exclusivement de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, et de la chasse. Mais ils font aussi du commerce. Une fois venue la fin de l’hiver, Francs, Saxons, et Celtes font du troc, et échangent des tissus, des armes et de l’or contre des fourrures, de l’ambre, et différents objets en cuir réalisés par les artisans vikings.
UNE HYGIÈNE CORPORELLE INACCOUTUMÉE !
Les commerçants étrangers remarquent la beauté et la propreté de ces « guerriers venus du froid ». Ils constatent que les hommes prennent des bains le samedi, et se coiffent soigneusement. Ils se taillent minutieusement la barbe, sont élégants, et ont une belle prestance avec leur haute taille et leurs non moins remarquables moustaches.
ET LA FEMME DANS TOUT CA ?
Au sein de ce peuple actif, il faut noter que la femme occupe une position avec un statut privilégié. Sa place est bien plus importante que dans la plupart des civilisations contemporaines du haut Moyen Âge, connues jusqu’alors.
La femme viking, c’est la maîtresse du cercle de la société viking. Elle travaille à la ferme et dans les champs. Un objet ostentatoire et insolite pend accroché à sa ceinture : c’est le trousseau des clés de la maison, des remises, des granges, des réserves et, si la famille a les moyens, de la salle d’eau et du sauna. C’est la marque de sa situation privilégiée : plus la famille est aisée, plus le trousseau est important.
En outre, elle a des pouvoirs étendus : elle peut être propriétaire de sa terre, posséder de l’argent, et de ce fait, parvenir à un rang social élevé.
Côté conjugal, la femme viking est très indépendante.
L’HONNEUR, LA LOYAUTÉ ET L’HOSPITALITÉ, DES VALEURS SCANDINAVES
Chez le peuple viking, n’importe quel chef de groupe peut prétendre à être roi. Il lui faut pour cela posséder à la fois honneur, richesse, et des compagnons loyaux et fidèles. Pour afficher son abondance de biens, il offre à sa famille et à ses partisans des festins de viande, de poisson, de pain, de légumes, et d’énormes quantités de bière et d’hydromel.
Les rangs sociaux s’étalent depuis les esclaves jusqu’aux notables (composés de grands propriétaires terriens, les « jarls », sans oublier les paysans libres, les « karls », les artisans et les mercenaires.
Les « jarls » se rassemblent dans des réunions locales de « things ». Mais c’est avant tout le code moral du « dregeskapur » (s’appuyant sur l’honneur, la loyauté et l’hospitalité) qui prévaut et fait force de loi.
Malgré les tableaux décrits par les contemporains concernant ces hommes (les dépeignant comme un peuple débauché, bruyant et belliqueux), les hommes du Nord ne sont pas des sauvages sans foi ni loi. Et cela, même si le « Havamal » (glorifiant l’esprit guerrier) et si leur religion, centrée autour de leurs trois grands Dieux (Odin, Thor et Freyr), sont surtout accentués par la puissance et la brutalité.
Les fêtes se font dans des sanctuaires décorés par de gigantesques statues, et donnent lieu à d’immenses rassemblements. Les paysans y apportent en offrandes d’énormes quantités de nourriture, de boissons et de bétail que l’on sacrifie en projetant le sang sur l’assemblée. On trouve cette profusion d’abondance jusque dans la mort, avec comme témoins les monumentaux tumulus funéraires où sont ensevelis leurs morts.
La descendance de Charles le Chauve ne pourra pas maîtriser les Normands. C’est pourquoi en 911, au traité de Saint-Clair-sur-Epte, Charles le Simple (son petit-fils) décide de donner au chef des Vikings (Rolon) la région de la Basse-Seine, ainsi que la main de sa fille après que ce dernier se sera converti au Christianisme. C’est ainsi que naît la Normandie ! L’effroi et la terreur qu’ont répandus les Vikings dans les contrées où ils se sont installés, ne doivent pas donner d’eux seulement l’image d’un peuple de pillards sanguinaire, vivant de rapines. Leur culture est bien entendu primitive, et s’appuie sur la violence et la guerre. Mais en contrepartie, ces Normands ont développé un mode de vie et un art originaux. Par exemple, ils ne représentent que rarement des dessins avec des figures humaines ; ils optent pour des motifs géométriques et animaliers. En général, ils le font surtout sur du bois ou de la pierre, et réalisent des sculptures aux apparences complexes (pierres runiques). On trouve des entrelacs de végétaux et de signes géométriques formant de judicieuses rosaces. Ils sont amateurs de reproductions de figures animales ou de monstres, qu’ils arborent parfois à la proue de leurs drakkars ; pour se donner du courage, mais surtout pour faire peur à leurs ennemis.
Les pratiques funéraires des Vikings sont bien expliquées sur cette stèle funéraire d’environ deux mètres de haut. En haut, elle montre un combat, où les guerriers se battent avec des épées. En dessous, les compagnons d’armes du guerrier mort au combat suivent sa dépouille reposant sur Sleipner, le cheval à huit pattes d’Odin. En bas figure le bateau funéraire, en route vers le Walhalla… LES PIERRES RUNIQUES FUNÉRAIRES Une pierre runique est une pierre dressée gravée d’inscriptions runiques, érigées principalement entre les IVème et XIIème siècles et principalement à la fin de l’âge des Vikings. La plupart sont situées en Scandinavie, bien qu’il en existe également dans d’autres régions. Il s’agit souvent de monuments funéraires dédiés à la mémoire de personnes décédées. L’alphabet runique : alphabet qui fut utilisé pour l’écriture de langues proto-germaniques par des peuples parlant ces langues, tels les Scandinaves, les Frisons, les Anglo-Saxons, etc.
DUBLINIA
Dublinia est un musée consacré au monde des Vikings et à la vie quotidienne de la population à l’époque médiévale.
(Mes photos, Dublin 2013)
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raids_vikings_en_France
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vikings
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_II_le_Chauve