Le siège de Montargis

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Blason du royaume d’Angleterre

Blason du royaume de France

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

LE SIÈGE DE MONTARGIS

Du 15 juillet au 5 septembre 1427

Le siège de Montargis

LOCALISATION

Montargis est une commune française située dans le département du Loiret, en région Centre-Val de Loire.

Blason du département du Loiret.

Blason de la ville de Montargis

 

 

 

 

 

SOMMAIRE

Le régent Bedford, qui gouverne les territoires anglais en France pendant la minorité du roi d’Angleterre Henri VI, s’apprête à conquérir tout le littoral de la Loire. Pour assurer ses arrières dans la région, il se met en quête de trouver une position fortifiée sur laquelle il pourra s’appuyer pour y installer son quartier général. 

JEAN DE LANCASTRE, DUC DE BEDFORD

Jean de Lancastre (1389-1435), 1er duc de Bedford, est un membre de la famille royale d’Angleterre. Troisième fils d’Henri IV et de Marie de Bohun, il est le frère puîné du roi Henri V.

Armes de Jean de Lancastre, duc de Bedford

À la mort de ce dernier (le 31 août 1422), il prend le titre de régent du royaume de France du fait de la minorité de son neveu Henri VI (seulement âgé de neuf mois). Il est proclamé roi de France et d’Angleterre en application du traité de Troyes.

Le 17 août 1424, il sera victorieux au cours de la bataille de Verneuil-sur-Avre. Le 5 septembre 1427, il sera contraint de lever le siège de Montargis, battu par le Dunois, « le Bâtard d’Orléans »

Son choix va se porter sur Montargis, petite ville située aux confluents du Loing, du Puiseaux et du Vernisson.

Sa petite armée, forte d’environ 6 000 hommes, arrive en vue de Montargis en juillet 1427.

Face à elle, le gouverneur de Montargis, Bouzon de Faille, est déterminé à ne rien céder. Il fait le serment de mourir jusqu’au dernier plutôt que de se rendre.

La cité présente des défenses naturelles. Elle devrait donc pouvoir tenir un siège facilement. En effet, sur deux de ses côtés, elle est bordée par le Loing (rivière de France, affluent gauche de la Seine), et sur le troisième côté par la citadelle de la ville.

Les anglais ont divisé leurs forces en trois parties. Elles sont commandées par le comte William de la Pole, par Richard de Beauchamp, comte de Warwick, et par le capitaine Henri de Bisset. Tous trois prennent position dans des camps séparés les uns des autres. Une fois sur place, ils installent leurs machines de guerre. Ils veulent démoraliser les Montargois et les défenseurs de la cité.

WILLIAM DE LA PÔLE, 1ER DUC DE SUFFOLK

William de La Pôle naît le 16 octobre 1396 à Cotton, dans le Suffolk, et meurt au large de Calais le 2 mai 1450.

Armes de William de la Pole,1er Duc de Suffolk

Il sera successivement comte, puis marquis, puis duc de Suffolk. Il fut l’un des grands capitaines anglais de la guerre de Cent Ans. Il est quelquefois nommé « William de La Poole », ou « Guillaume de La Poule, comte de Suffolk ».

Il est le fils de Michael de la Pole (2ème comte de Suffolk) et de Katherine (fille d’Hugh, 2ème comte de Stafford). Il est le petit-fils de Michael de la Pole (1er comte de Suffolk, chancelier d’Angleterre) et l’arrière-petit-fils de William de la Pole, marchand de laine et financier.

En 1415, il est sérieusement blessé lors du siège d’Harfleur, au cours duquel son père est tué. Quelques semaines plus tard, son frère aîné est tué à la bataille d’Azincourt ; et c’est William qui lui succède.

En 1427, il tente de prendre Montargis, mais l’armée française, commandée par Dunois, le contraint à lever le siège.

En 1428, lors du siège d’Orléans, il commande les forces anglaises conjointement avec les comtes de Salisbury et de Shrewsbury.

Le 12 juin 1429, lors de l’assaut contre Jargeau, il est capturé par Guillaume Renault. Pour ne pas subir la honte d’être pris par un simple écuyer, il adoube le gentilhomme sur le champ de bataille. Il sera le prisonnier de Charles VII pendant plusieurs longs mois.

RICHARD DE BEAUCHAMP, 13ème COMTE DE WARWICK

Richard de Beauchamp (13ème comte de Warwick) naît le 28 janvier 1382. Il meurt le 30 avril 1439. C’était un militaire anglais issu de la noblesse.

Armes de Richard de Beauchamp

Il est le fils de Thomas de Beauchamp (12ème comte de Warwick), et de son épouse Margaret Ferrers (fille de William Ferrers, 3ème baron Ferrers de Groby).

En 1401, à la mort de son père, il devient comte de Warwick. Il se distinguera ensuite sur les champs de bataille. Il participera à l’écrasement des Gallois d’Owain Glyndŵr, et de la révolte de Henry « Hotspur » Percy.

Il sera fait chevalier de l’Ordre de la Jarretière le lendemain de la bataille de Shrewsbury.

Le 21 mai 1420, le comte de Warwick représente le roi Henri V d’Angleterre au Traité de Troyes, de concert avec le roi de France, Charles VI, et le duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon.

A la mort d’Henri V, en 1422, suivant la volonté du roi, Warwick devient le tuteur de son fils et successeur, le jeune Henri VI. Et dès 1428, il se charge de son éducation.

En 1427, il est nommé capitaine du château de Bouvreuil, à Rouen, et de la ville de Rouen, où Jeanne d’Arc, captive, sera amenée le 23 décembre 1430.

En 1437, il est nommé lieutenant de France et de Normandie.

Warwick meurt à Rouen le 30 avril 1439. Son corps est ramené à Warwick et inhumé dans la chapelle de la collégiale Sainte-Marie.

La garnison de Montargis est commandée par un écuyer gascon, Bouzon de Fages. On trouve aussi Raymond de Villaret, Denis de Saint Sauvin, et Guillaume le Bouteiller.

Durant les combats qui vont suivre, les défenseurs montargois exécuteront plusieurs sorties (des raids éclairs), retardant ainsi les visées belliqueuses des Anglais. Ceux-ci, malgré les terribles bombardements, ne récolteront que des résultats négligeables.

Mais pour continuer à se battre, les Anglais ont besoin d’argent (il leur faut payer la solde de leurs hommes), et les Montargois, eux, commencent à manquer de vivres.

C’est alors que le roi de France, Charles VII, dépêche un émissaire en la personne d’Étienne de Vignoles, dit « La Hire », pour prendre le commandement de la garnison et délivrer Montargis.

Tableau représentant Etienne de Vignolles dit La Hire, lieutenant de Jeanne d’Arc et fidèle du roi de France Charles VII

Celui-ci va tout de suite se mettre à l’œuvre et attaquer les Anglais. Alors qu’il donne l’assaut aux camps ennemis, et qu’il les combat les uns après les autres, les Montargois, bien avisés, ouvrent les vannes des étangs. Le piège se referme sur des Anglais complètement désorientés, incapables de reformer leurs troupes. Le combat va durer une bonne partie de la nuit, et le comte de Warwick y perdra la moitié de ses hommes.

Tout le monde connaît le valet de cœur. Mais peu de gens savent que ce valet a vraiment existé…

La Hire le valet de coeur

Il s’agit d’Étienne de Vignoles, dit « La Hire » ! Un compagnon d’arme de Jeanne d’Arc…

Voici, ci-dessous, quelques détails de sa vie tumultueuse de guerrier…

ÉTIENNE DE VIGNOLES, « DIT LAHIRE », LE « VALET DE CŒUR » !

Issu d’une petite noblesse gasconne, Étienne de Vignoles (dit « La Hire », ou « Lahire ») naît vers 1390 à Préchacq-les-Bains, à quelques lieux de Dax. Il meurt le 11 janvier 1443 à Montauban. Ce fut un homme de guerre français, et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.

Blason d’Étienne de Vignolles

Son personnage colérique et violent explique peut-être son surnom de Lahire (venant de « ire » en vieux français, mais ceci n’est pas établi).

Il va rencontrer très tôt celui qui sera jusqu’à sa mort son compagnon d’armes : Pothon de Xaintrailles. Tous deux seront de tous les combats contre l’Anglais.

Étienne de Vignoles

LA HIRE, LE BATAILLEUR !

En 1418, ils se rallient tous deux au service du dauphin Charles.

En 1419, Étienne de Vignoles se distingue au siège de Coucy contre les Bourguignons.

Il se bat à Crépy, en Laonnois, qu’il défend contre le duc de Bourgogne Philippe le Bon (la place sera reprise par les Bourguignons en 1420).

Ensuite, La Hire se dirige vers Soissons. Il s’installe à Crécy, qui devient son « QG », et où il accumule tous les butins rapportés de ses expéditions. Plus tard, les Bourguignons s’empareront de Crécy; Etienne n’en profitera donc pas.

En 1421, Étienne de Vignoles est à Guise, à Notre Dame de Liesse (où il bat Hector de Saveuse). C’est cette même année qu’il est blessé accidentellement ; il en restera boiteux.

Il se retire et part vers la Lorraine afin d’aider René d’Anjou, héritier du duc Charles II de Lorraine, attaqué par le duc de Bourgogne. Mais à partir de 1422, le duc de Lorraine se rallie aux Bourguignons et aux Anglais. En punition pour cette trahison, La Hire et ses hommes brûlent 18 villages de la région.

En 1422, Étienne de Vignoles traverse la Champagne et la Picardie, et bat le comte Antoine de Vaudémont.

En 1423, il assiste à la rétrocession de Compiègne aux Bourguignons, et attaque Châlons-sur-Marne. Plus tard, il quitte Vitry-le-François et saccage le Luxembourg. La même année, La Hire attaque Châlons-sur-Marne.

En 1424, il se dirige en direction du Maine. Étienne de Vignoles offre ses services au « bâtard d’Orléans » puis, avec d’autres capitaines, attaque et tient Le Mans. Mais il en sera chassé par John Talbot en 1427.

En 1424, il est présent à la bataille de Verneuil-sur-Avre.

La bataille de Verneuil-sur-Avre -17 août 1424

Le 4 octobre de la même année, après la bataille, il est fait capitaine de Vitry. Il est vaincu par Bedford, qui l’obligera à restituer plusieurs forteresses.

En 1427, il est présent à la levée du siège de Montargis où il prononce ces mots, inspirés par la difficulté de l’action : « Dieu, je te prie que tu fasses aujourd’hui pour La Hire autant que voudrois que La Hire fist pour toi s’il estoit Dieu et tu fusses La Hire. »

Le siège de Montargis

En 1428, il assiège Le Mans.

En 1429, il est présent lors de « La Journée des Harengs ».

La Journée des Harengs

Le 22 avril 1429, il suit Jeanne d’Arc à partir de Blois. Étienne de Vignoles sera un de ses proches et participera à tous les hauts faits, jusqu’au sacre de Reims.

Il combat aux côtés de Jeanne au siège d’Orléans, et se distingue lors des batailles de Jargeau et de Patay.

Jeanne d’Arc dans la cathédrale Saint-Étienne de Meaux

Ensuite, La Hire est nommé bailli de Vermandois, avec une solde de 292 livres. La même année il s’empare de Château-Gaillard, puis de Louviers en 1430, où il est bloqué et capturé.

En 1431, après la capture de Jeanne d’Arc, il s’approche de Rouen pour tenter de la délivrer ; mais il est lui-même pris par les Anglais et se retrouve prisonnier.

En mars 1432, Étienne de Vignoles est libéré contre une forte rançon.

En 1433, à la tête d’une bande de routiers et d’écorcheurs, il occupe le Beauvaisis au nom de son roi Charles VII, en s’adonnant aux pires exactions. Le roi fermera les yeux…

En 1434, sans raison apparente, il s’empare du château du sire d’Offémont et le rançonne.

En mars 1434, au cours de la prise de Creil par John Talbot, son frère Amadoc de Vignoles est tué.

Étienne de Vignoles reprend la guerre en Artois, en Île-de-France et en Picardie.

En 1435, La Hire est victorieux à Gerberoy. La même année, il fait la campagne de Normandie avec Dunois.

Jean de Dunois

Pendant les négociations d’Arras, Étienne de Vignoles et Jean Poton de Xaintrailles saccagent les villes Bourguignonnes jusqu’à Amiens.

En 1436 et 1437, Étienne de Vignoles combat encore les Anglais. Il est battu par Lord Scales en février 1436.

En 1437, il épouse Marguerite David de Longueval, dame de Droisy. Cette union ne donnera pas d’enfant.

En janvier 1438, en récompense pour ses faits d’armes, Étienne de Vignoles est fait seigneur de Montmorillon, capitaine général de Normandie, et seigneur de Longueville.

En 1440, La Hire tente vainement de prendre Harfleur, puis part se battre en Picardie.

Enfin, en 1442, il prend part à la campagne de Gascogne (Guyenne) qui commence par la reprise de Tartas, à quelques kilomètres de son village natal.

Quelques mois plus tard, il meurt des suites de ses blessures à Montauban, où il passait l’hiver avec le roi Charles VII.

Son tombeau, installé à sa demande dans la chapelle Saint-Laurent de Montmorillon, et orné d’un gisant le représentant, sera détruit à la Révolution. Une dalle commémorative se trouve toujours dans la chapelle.

Blason d’Etienne de Vignolles

Son épitaphe: « Cy gist noble homme Estienne de Vignolles dit La Hire, en son vivant secuier de l’escuirie du roi et baillif de Vermandois, lequel de son temps servit moult le roy Charles VII en ses guerres, et puis trespassa le onziesme jour de janvier 1443 ».

JEAN POTON, SEIGNEUR DE XAINTRAILLES

Jean Poton, seigneur de Xaintrailles (fils cadet de Fort Sanche de Xaintrailles), naît entre 1390 et 1400 au château familial, près de Nérac. Il meurt le 7 octobre 1431 au Château Trompette, à Bordeaux.

Blason de Jean Potron, seigneur de Xaintrailles

Gentilhomme de Gascogne, maître de l’Écurie du roi, bailli de Berry, sénéchal du Limousin et compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, il prend part à la Guerre de Cent Ans, et en particulier en 1424, à la bataille de Verneuil-sur-Avre. Il se fait remarquer par son courage, son audace, et son ardeur au combat contre les Anglais. Il sera capturé à la bataille de Cravant, et sera échangé contre John Talbot.

La bataille de cravant

Vers 1437, il épouse Catherine Brachet, dame de Salignac. Cette union aura aucune descendance.

Dès 1418 (comme son compagnon d’armes et compère Étienne de Vignoles, dit « La Hire »), Xaintrailles rallie le dauphin Charles. Il participe à la reprise de la forteresse Coucy et en 1427, à la levée du siège de Montargis. 

Le siège de Montargis

Xaintrailles arrive à Orléans dès le début du siège, avec une compagnie de quarante-six gens d’armes.

Le 21 octobre 1428, il participe à la défense désespérée du boulevard des Tourelles. Xaintrailles combat aux côtés de Jeanne au siège d’Orléans, où il sera blessé.

Il se distingue le 18 juin 1429 au cours de la bataille de Patay, et oblige les Anglais à lever le siège de Compiègne.

La bataille de Patay (18 juin 1429).

Le 12 février 1429, à la suite de la « Journée des Harengs », Xaintrailles est dépêché par Dunois, le « Bâtard d’Orléans », comme ambassadeur auprès du duc de Bourgogne pour gagner sa neutralité.

La Journée des Harengs

Le 17 avril de la même année, le duc de Bourgogne retire ses troupes et celles du comte de Luxembourg de la région d’Orléans.

Le 17 juillet 1429, il est nommé écuyer d’écurie du roi, puis premier écuyer du corps, et enfin maître de l’écurie royale.

Poton de Xaintrailles fait partie des troupes qui accompagnent Jeanne d’Arc de Blois à Orléans. Il suit la Pucelle partout. Il est avec elle à Jargeau, Meung-sur-Loire, Beaugency, puis à Patay, où il capture Talbot.

Le 11 août 1431, il est capturé près de Beauvais, lors de la malencontreuse « bataille du berger ».

En 1435, il gagne, avec Étienne de Vignolles, dit La Hire la bataille de Gerberoy où il fait prisonnier le comte d’Arundel.

Jean Poton de Xaintrailles se distingue au cours de la la conquête de la Normandie et de la Guyenne.

De 1435 à 1437, avec La Hire, il fait plusieurs tentatives pour reprendre la ville de Rouen.

Depuis avril 1427, Poton de Xaintrailles est châtelain de la Motte sur le Rhône. En 1437, il est fait bailli du Berry.

Il participe à l’entrée triomphale de Charles VII à Paris, précédant son souverain, dont il porte le heaume couronné et fleurdelisé. Il est fait peu après gouverneur de Château-Thierry.

Le 6 juillet 1450, il s’empare de Falaise. Il deviendra gouverneur de cette cité jusqu’en 1458.

Il s’investit pour la reconquête de la Guyenne, et en récompense, il est nommé gouverneur du château de Trompette (ou Tropeyte). Forteresse que Charles VII a fait construire à Bordeaux, au bord de la Garonne.

Les honneurs et les titres continuent de le récompenser, et en 1451, Xaintrailles reçoit du comte d’Armagnac la vicomté de Bruillois (ou Bruillez).

En 1453, il devient sénéchal du Limousin.

En 1454, à la mort de Philippe de Culant, il est nommé maréchal de France. Et en 1458, gouverneur de Guyenne.  

Mais le roi Charles VII meurt le 22 juillet 1461. Dès lors, les inimitiés vont voir le jour, et les disgrâces vont accabler les dévoués serviteurs du roi défunt. 

Le 3 août, Louis XI destitue Xaintrailles de tous ses titres. Poton de Xaintrailles en meurt d’amertume deux mois plus tard, le 7 octobre 1461, au château Trompette.

Sa dépouille sera inhumée en l’église des Cordeliers de Nérac.

Sans postérité, il avait reconnu comme héritier Jean de la Motte, seigneur de Nolhan, à la condition qu’il épouse sa nièce Béatrix de Pardaillan.

 

EN BREF 

Le 5 septembre 1427, après un long siège de deux mois devant Montargis, l’armée anglaise du comte de Warwick est contrainte de battre en retraite devant les troupes de Jean de Dunois, le Bâtard d’Orléans.  

JEAN DE DUNOIS, DIT « LE BÂTARD D’ORLEANS »

NAISSANCE ET FAMILLE

Armes de Jean de Dunois

Jean de Dunois (ou Jean d’Orléans, comte de Dunois, dit « le bâtard d’Orléans ») naît le 18 avril 1403 et meurt le 24 novembre 1468 au château de Lay (L’Haÿ-les-Roses), près de Paris. Noble et officier français, il est un des célèbres grands chefs militaires de la guerre de Cent Ans. En 1429, comme compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, il se distingue particulièrement au cours de la levée du siège d’Orléans.

Dunois le Bâtard d’Orléans

Jean de Dunois est le fils naturel de Louis Ier d’Orléans et de Mariette d’Enghien (dame de Wiege et de Fagnoles, fille de Jacques d’Enghien, seigneur d’Havré, et de Marie de Roucy de Pierrepont).

Sa mère, Mariette d’Enghien, est l’épouse, depuis 1389, d’Aubert Le Flamenc (seigneur de Cany et de Varennes, conseiller et chambellan du duc Charles d’Orléans). Pendant une dizaine d’années, le Bâtard sera élevé en compagnie du dauphin, le futur Charles VII.

Son père, Louis Ier d’Orléans, est le chef de la maison d’Orléans, branche cadette de la maison de Valois, dont l’assassinat en 1407 déclenche la guerre fratricide entre

Assassinat du duc Louis d’Orléans

Armagnacs et Bourguignons.

Jean de Dunois rallie aussitôt les rangs des Armagnacs, adversaires des Anglo-Bourguignons. En 1422, à la mort du roi de France Charles VI « Le Fol », il se range aux côtés du dauphin, le futur Charles VII. (En 1420, par le traité de Troyes, celui-ci a été dépossédé de la succession au trône, au profit du roi d’Angleterre Henri VI).

Charles VII

MARIAGE

La même année, Jean de Dunois épouse Marie Louvet, fille de Jean Louvet (président du Parlement de Provence, et l’un des favoris du dauphin).  

En 1440, il se remarie avec Marie d’Harcourt (1420-1484). De cette union naîtront quatre enfants, dont le deuxième, François (1447-1491), sera le premier des comtes, puis des ducs de Longueville.

SA VIE

Jean de Dunois

En 1421, Chambellan du dauphin et régent, le Dunois est nommé seigneur de Valbonnais, en Dauphiné.

En 1424, il est fait comte de Mortain, en Normandie.

En 1428, il devient comte de Porcien, en Réthelois. Il est nommé lieutenant-général du duc Charles 1er d’Orléans pendant la captivité de celui-ci. (Il est le seul représentant mâle de la famille sur le territoire français).

Le 5 septembre 1427, le Bâtard d’Orléans participe à levée du siège de la ville de Montargis. A 25 ans, il est victorieux, avec 1 600 hommes, des 3 000 Anglais commandés par lord Warwick, lord Suffolk et Sir John de la Pole.

L’année suivante, le 25 octobre 1428, il reçoit pour mission la défense de la ville d’Orléans, assiégée.

Le 29 avril 1429, il accueille Jeanne d’Arc devant Orléans.

8 mai 1429, délivrance d’Orléans par Sainte Jeanne d’Arc.

Lors du siège d’Orléans (du 12 octobre 1428 au 8 mai 1429), en l’absence de ses demi-frères légitimes (le duc Charles d’Orléans et le comte Jean d’Angoulême), prisonniers des Anglais, Jean Dunois devient le chef des Orléans. C’est alors qu’il va se distinguer comme compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.

Il participera ensuite à tous les combats au côté de la Pucelle, qu’il accompagnera jusqu’à Paris.

Jeanne d’Arc

Pour Jeanne d’Arc, Jean d’Orléans est tout simplement le « Bâtard ». Il faut dire que celui-ci affiche à l’époque ce surnom fièrement, comme une bannière ; c’est son titre de gloire.

Grand chambellan du roi, sa brillante conduite à la tête des armées va le couvrir d’honneurs. Le roi lui donnera le titre de « Restaurateur de la Patrie ».

En 1431, il participe à la campagne de Normandie.

En avril 1436, Jean Dunois prend part à la libération de Paris.

En 1439, en récompense de sa conduite, Jean d’Orléans reçoit le comté de Dunois, dont le nom l’immortalisera, et en 1443, le riche comté de Longueville.

En 1448, à la rupture de la trêve de Tours, le comte de Dunois reprend sa glorieuse carrière militaire : il enlève Le Mans et, en juillet 1449, entreprend la reconquête de la Normandie.

Le 19 octobre 1449, il entre victorieux dans Rouen.

Le 15 avril 1450, Jean Dunois remporte avec Richemont et Clermont la victoire de Formigny. Puis il se retourne vers la Guyenne. Tout s’achève avec la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453.

Le comte de Dunois meurt le 23 novembre 1468 au château de l’Haÿ-les-Roses. Il est inhumé en la basilique Notre-Dame de Cléry, où le rejoindra la dépouille du roi de France Louis XI. Souverain qu’il servit avec autant de dévouement et de fidélité qu’il avait servi Charles VII.

SES TITRES

Comte de Mortain (1424), de Porcien (1428), de Périgord et de Gien (1430), de Dunois (1439) et de Longueville (1443), vicomte de Saint-Sauveur, baron de Parthenay, seigneur de Valbonnais (1421), Fallavier (1422), La Ferté-Vineuil, Romorantin (1430), Châteaurenault, Fréteval, Marchenoir, Beaugency, Cléry (1439), Bouteville, Vouvant et autres lieux, chevalier en 1421, chambellan du dauphin et régent, lieutenant général du duc d’Orléans en 1429, et enfin grand chambellan du roi en 1433.

LE SIÈGE DE MONTARGIS

Au début de l’été 1427, la marche en avant des forces anglaises au nord de la Loire est de plus en plus pressante ; la menace est sérieuse. Jean de Bedford, le régent de France au cours de la

Henri VI roi d’Angleterre

minorité du roi Henry VI (celui-ci n’est encore qu’un petit enfant de six ans), veut s’emparer du « royaume de Bourges ». Le dauphin Charles, qui s’est proclamé roi de

Charles VII, le Gentil dauphin

France, réside à Bourges, et sa présence est embarrassante pour le régent. Il veut en finir avec la souveraineté du jeune Charles VII.

Dans un premier temps, Thomas de Montaigu, comte de Salisbury, envisage de marcher sur Angers, où se trouve Yolande d’Aragon.

Finalement, Montaigu choisit de se diriger sur Orléans. Montargis est située à soixante kilomètres au nord-est, et représente un avant-poste stratégique contrôlant les routes de Paris et de Bourgogne.

Yolande d’Aragon duchesse d’Anjou et le jeune Charles VII

Dès le début juillet, trois corps d’armée comprenant environ 6000 hommes, avec à leurs tête Richard de Beauchamp, comte de Warwick, assiègent la ville.  

 

LES ANGLAIS PRENNENT LEUR TEMPS !

Contre toute attente, « le petit roi de Bourges », Charles VII, est bien décidé à délivrer les Montargois prisonniers de l’étau anglais. Pour cela, il confie cet impératif à Jean Dunois, « le Bâtard d’Orléans » ; un jeune et fringant chevalier désireux d’en découdre pour défendre Orléans. La ville est le fief de son demi-frère, le duc Charles d’Orléans, détenu captif par les Anglais depuis la défaite d’Azincourt, en octobre 1415.

Forte de 1500 lances, de la piétaille, et accompagnée de quelques chevaliers de renom (tels que La Hire, Poton de Xaintrailles, et Graville), cette armée descend la Loire et arrive le 2 septembre en vue de Montargis. La petite armée arrive à Gien, où l’attend un convoi de ravitaillement destiné aux assiégés.

La stratégie du comte de Warwick consiste à affamer les Montargois. La cité est cernée par un épais réseau de rivières et de canaux. Les Anglais y ont construit trois camps sur pilotis, lesquels sont reliés par des pontons supportés par des pieux. L’ensemble est sous la protection des hommes de Warwick, du comte William de Suffolk, de la Pôle et de son frère Jean

A l’intérieur de Montargis, on se démène pour organiser la résistance. Celle-ci sera sous la houlette du gouverneur, le sire de Villiers.

LA RUSE, ET UN PIÈGE POUR TROMPER L’ENNEMI !

Lors d’une attaque, un homme se laisse volontairement capturer par les Anglais. Ce faux prisonnier indique à l’ennemi un passage secret qui lui permettrait d’entrer dans l’enceinte. Le piège est tendu, et tout marche à la perfection. Le faux traître s’échappe, et part avertir les Montargois. Ceux-ci n’ont plus qu’à patienter pour cueillir les assaillants dans le passage. Parmi eux se trouve le prévôt de Paris, qui a fait allégeance au roi d’Angleterre. Il sera maintenu en otage, alors que tous les autres seront balancés dans les douves.

Les Anglais doivent se résoudre à espérer l’épuisement des assiégés. Mais les Montargois résistent toujours, et cela depuis deux mois…   

LA TACTIQUE DE DUNOIS, « LE BÂTARD D’ORLEANS »

Dunois entreprend de lancer une attaque de diversion contre un des trois camps anglais. Il espère que l’ennemi portera secours au flanc attaqué ; pendant ce temps le gros de ses forces entrera dans la ville. De son côté, le sire de Villiers, afin de déstabiliser un peu plus les Anglais, ouvre les écluses et inonde les camps ennemis.

Le Bâtard envoie La Hire avec une troupe de soixante hommes donner l’assaut au camp de Jean de la Pôle.

Ce 5 septembre, il est midi, en pleine chaleur. Le choc est brutal. Les Anglais accusent le coup et amorcent une débandade qui se transforme vite en déroute. Ils sont démoralisés, épuisés par toutes ces semaines d’attente, par le terrain humide (inondé par l’ouverture des vannes), et bousculés par l’assaut furieux de La Hire (qui a reçu les renforts envoyés par Jean De Dunois).

Le combat est d’une extrême sauvagerie ; les morts anglais se comptent par centaines. Les rares réchappés de la tuerie, dont Jean de La Pôle, reculent en toute hâte vers le camp du duc de Suffolk.     

Richard de Beauchamp comprend à ce moment-là que le siège est un échec, et qu’il ne peut plus le poursuivre. Le comte de Warwick rassemble ses troupes et s’apprête à combattre. Mais le « Bâtard d’Orléans » ne tombe pas dans son piège, et ne prend pas le risque d’affronter les Anglais dans une bataille rangée. Au lieu de cela, il préfère entrer dans Montargis, accompagné par le sire de Villiers en signe d’hommage, avec le convoi de ravitaillement. C’est sous les acclamations de la foule qu’il défile victorieux dans la cité. 

A la tombée de la nuit, Warwick comprend qu’il a perdu, et se résigne à battre en retraite avant de regagner Paris.

En apprenant la victoire, Charles VII s’exclame : « C’est mon premier bonheur venu ! ». La levée du siège de Montargis est en effet le premier succès réel des Français.

Dorénavant, la cité de Montargis prend le nom de Montargis-le-Franc. En récompense de sa résistance et de son loyalisme, la ville sera exemptée de tous impôts, tailles et autres taxes, à l’exception de la gabelle.

Jean d’Orléans (le Dunois) reçoit en récompense de son courage une somme d’argent. Sa bravoure protège et sécurise la route du Berry, mais redonne aussi l’espoir au « roi de bourges ».

Mais pour le moment, les Anglais ont d’autres objectifs ; et leurs visées se tournent vers Orléans.   

Lire :  Répertoire de la Guerre de Cent Ans

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Montargis

https://gw.geneanet.org/arnac?lang=fr&n=de+vignoles+lahire&oc=0&p=etienne

 

 

 

 

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3 réponses

  1. 29 août 2022

    […] 5 septembre 1427, le Bâtard d’Orléans participe à levée du siège de la ville de Montargis. A 25 ans, il est victorieux, avec 1 600 hommes, des 3 000 Anglais commandés par lord Warwick, lord […]

  2. 4 octobre 2022

    […] 1427, il est présent à la levée du siège de Montargis où il prononce ces mots, inspirés par la difficulté de l’action : « Dieu, je te prie que […]

  3. 6 novembre 2022

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