Le Sacre de Charles V « le Sage »

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Royaume de France

Royaume d’Angleterre

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

LE SACRE DE CHARLES V « LE SAGE »

Entrée triomphale de Charles V dans Paris le 28 mai 1364.

SOMMAIRE

Charles V, dit « le Sage », naît le 21 janvier 1338 à Vincennes, et meurt le 16 septembre 1380 au château de Beauté-sur-Marne. Il sera roi de France de 1364 à 1380 (un règne qui correspond à une période marquant la fin de la première partie de la Guerre de Cent Ans).

Le 8 avril 1350 il épouse Jeanne de Bourbon, avec laquelle il partage des liens de consanguinité. De cette union naîtront huit enfants, dont deux seulement atteindront l’âge adulte :

Charles (1368-1422), qui sera roi de France sous le nom de Charles VI.

Louis (1372-1407). En 1386 il est d’abord duc de Touraine, puis en 1392, il recevra en apanage, le duché d’Orléans sous le nom de Louis Ier d’Orléans.

Charles V reconquiert presque toutes les terres perdues par ses prédécesseurs, restaure l’autorité du pouvoir royal, et sort le Royaume d’une période mouvementée (les défaites militaires de Crécy et de Poitiers – 1346 et 1356 – et la grande peste noire des années 1347-1351).

Durant son règne, il sera confronté aux ambitions de Charles de Navarre et aux manœuvres d’Étienne Marcel, et réussira à préserver la couronne des Valois, alors que le pays sombre dans la guerre civile.

Le 19 septembre 1356, Jean le Bon est battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Charles (le dauphin, le futur Charles V) se fait nommer régent. Il le restera du 17 octobre 1356 au 24 octobre 1360.

En 1364, il succède à son défunt père, Jean le Bon, et monte sur le trône de France. Il rétablit l’autorité royale en la fondant sur l’État de droit, et en s’appuyant sur la politique monétaire forte instaurée par les conseillers de son père.

Il débarrasse le pays des Grandes compagnies (mercenaires et routiers désœuvrés en périodes de paix et vivant au détriment des populations).

En outre, son règne sera marqué par le grand schisme d’Occident, divisant pendant quarante ans l’Europe chrétienne en deux courants rivaux.

Lire :

Charles V et les reconquêtes françaises.

– Charles V, un roi souffreteux.

– La mort du roi Charles V le Sage.

Mercenaires, routiers et écorcheurs au Moyen Âge.

UNE MONARCHIE DE DROIT DIVIN

Le 19 mai 1364, Charles V reçoit solennellement de Jean de Craon, évêque de Reims, l’onction du sacre de la sainte ampoule. Il est désormais légitimement, et de par la volonté de Dieu, roi de France.

L’année suivante, il sollicitera auprès de Jean de Golein la rédaction d’un « Traité du sacre ». Il souhaite ainsi démontrer la légitimité, ainsi que la réalité de la monarchie de droit divin.

Le roi et ses conseillers soutiennent l’idée que le roi est de droit divin, ce qui chasse définitivement toute contestation de la légitimité des Valois par les Anglais ou les Navarrais. Il s’agit de réaliser l’image d’un roi sage, à la fois saint et érudit, et aussi de représenter la monarchie différemment.

La Sainte Ampoule est une fiole contenant une huile sacrée qui, selon la légende, aurait servi lors du baptême de Clovis.

Une partie de ce baume était mélangée à du saint chrême pour servir à l’onction des rois de France lors de la cérémonie du sacre. Elle faisait partie du trésor de l’abbaye Saint-Rémi de Reims depuis la seconde moitié du IXème siècle.

Le Saint chrême est une huile parfumée consacrée, employée pour les onctions des sacrements dans certaines cérémonies des Églises catholiques et orthodoxes (la confirmation, l’ordre, le baptême…).

LE SACRE

Il a lieu le 19 mai 1364. C’est un dimanche, celui de la Sainte-Trinité. Charles V est dans sa vingt-sixième année.

Charles entre dans Reims trois jours après avoir été vainqueur de l’armée du roi de Navarre Charles II le Mauvais, à la bataille de Cocherel.

La victoire de l’ost royal, la première depuis fort longtemps, est perçue sous de bons auspices.

Charles II de Navarre (dit « Charles le Mauvais ») naît à Évreux le 10 octobre 1332, et meurt à Pampelune 1er janvier 1387. Il est roi de Navarre de 1349 à 1387, et comte d’Évreux de 1343 à 1378.

Armes de Navarre

Il est le fils de Philippe III, comte d’Évreux, et de Jeanne II, reine de Navarre (fille du roi de France et de Navarre Louis X le Hutin).

Louis X, le Hutin

En 1328, Jeanne de Navarre ne peut toujours pas revendiquer la couronne, qui sera attribuée à Philippe VI de Valois (le descendant le plus direct par les mâles, mais qui n’est que cousin de Louis X).

La reine Jeanne II de Navarre

Mais les premiers Valois sont confrontés à la crise économique, sociale et politique, qui conduit à la Guerre de Cent Ans. Dès le début des hostilités, ils vont accumuler les défaites face à la supériorité tactique des Anglais, et se discréditer.

Charles II de Navarre, dit « Charles le Mauvais

Charles de Navarre n’aura de cesse de satisfaire son ambition, et d’essayer de profiter de la déstabilisation du royaume pour faire valoir sa légitimité sur le trône de France.

DES ABSENTS DE MARQUE

En ce jour de fête, si le roi Charles apprécie l’éclat et l’apparat, il a assez de sagesse pour rester économe des deniers du trésor royal. Ce n’est pas le moment de dépenser sans compter, surtout en ces temps mouvementés de la Guerre de Cent Ans.

Les cérémonies de son sacre seront donc moins onéreuses et fastueuses que celles de son grand-père, Philippe VI de Valois, et celle de son père, Jean II le Bon.

Le roi est couronné en même temps que la reine Jeanne de Bourbon par l’archevêque Jean de Craon, assisté de plusieurs dignitaires religieux.

Charles V et Jeanne de Bourbon, Paris, musée du Louvre

Comme ses ascendants avant lui, il est oint de l’huile protégée dans la Sainte Ampoule. Puis il revêt les ornements royaux et reçoit les emblèmes de la couronne : le sceptre et la main de justice, qui représentent respectivement le pouvoir de commandement et la justice royale ; puis l’épée, les éperons, et l’anneau qui symbolise l’union entre Dieu et le peuple.

Après cette cérémonie, les souverains assistent à la grand-messe, avec une musique composée probablement par le poète Guillaume de Machaut.

Au premier rang se trouvent les hôtes de marque, tels le sire d’Aubigny (ancien sénéchal de Toulouse), les frères du roi (les ducs Louis d’Anjou et Philippe de Bourgogne), Pierre de Lusignan (roi de Chypre), les ducs de Lorraine, de Brabant et de Bar, ainsi que la comtesse douairière de Flandre.

Parmi l’assemblée, on remarque les absences d’un autre frère du roi, le duc Jean de Berry, et de son oncle, le duc Philippe d’Orléans qui sont toujours prisonniers et retenus comme otages en Angleterre.

C’est peut-être pour cette raison que l’événement n’a pas été relaté avec ferveur, mais avec une certaine discrétion par les chroniqueurs de cette époque.

Néanmoins, le traité du Sacre, rédigé en 1365 par Jean Golein, et les trente-huit miniatures polychromes sur fond doré qui l’ornent, nous signalent que les célébrations se sont effectuées dans la pure tradition.

UN TRAITE ET UNE MÉTHODE

C’est une démonstration politique appelée à certifier et conforter le symbole de la royauté de droit divin tel qu’il est présenté par les conseillers de Charles V.

Gisant de Charles V basilique de Saint Denis.

Raoul de Presle (théologien, juriste, écrivain, traducteur, grand humaniste français, et conseiller du roi Charles V de France) et Jean Golein (théologien et moine carme français du XIVème siècle) réalisent une véritable doctrine afin de justifier la monarchie de droit divin. Celle-ci est confirmée par les cérémonies traditionnelles du Sacre, selon lesquelles le roi détient son pouvoir directement de Dieu.

Raoul de Presles présente sa traduction de la Bible à Charles V de France.

Ils développent l’origine divine de tous ces emblèmes royaux, comme ceux de l’oriflamme, des fleurs de lys, du pouvoir de guérison des écrouelles, et du miracle de la Sainte Ampoule.

Jean Golein, dès le début du Traité, compare le Sacre de Charles V à celui des empereurs de Rome et de Constantinople.

Il écrit que le Valois « fut couronné et sacré à Reims, non mie de huile ou baume confit de main d’évêque ou d’apothicaire, mais de la sainte liqueur célestielle qui est en la Sainte Ampoule ». Cette ampoule est venue directement du ciel, « portée par la main des anges pour oindre les nobles et dignes rois de France plus noblement et plus saintement que onques roi de la vielle loi ni de la nouvelle ».

La pensée première de l’auteur est d’éloigner toute attribution d’origine humaine au sacre royal. Il précise d’autre part qu’en vertu de cette onction, le monarque est « appelé le plus noble, le très chrétien, défendeur de la foi et de l’Église, et ne reconnaît nul souverain temporel être sur lui ». Il confirme ainsi la thèse selon laquelle le roi doit son pouvoir à Dieu seul, et n’est tributaire d’aucune autre autorité terrestre.

L’ENTRÉE TRIOMPHALE DE CHARLES V DANS PARIS

Le lendemain du sacre, le roi Charles V quitte Reims et se dirige sur Paris. Son parcours durera une semaine. En chemin, il fait halte à la nécropole royale de Saint Denis ; il veut prier sur les tombeaux de ses ancêtres.

Pour l’occasion, il rencontre Bertrand Du Guesclin, à qui il donne le comté de Longueville en récompense de sa victoire de Cocherel.

Le 28 mai 1364, le roi fait son entrée dans la capitale par la rue Saint Denis et se dirige vers la cathédrale Notre-Dame. Le cortège passe par le Châtelet, le Grand-Pont et la rue de Calende. C’est un véritable triomphe ; les rues sont pavoisées, et la liesse est générale.

Entrée triomphale de Charles V dans Paris le 28 mai 1364.

Vers la fin de la journée, un grand banquet est donné, qui sera suivi par un tournoi organisé dans la cour du palais de l’évêché.

Rassasié de pain et de vin, le petit peuple est ravi, d’autant plus que pour fêter dignement l’événement, le roi Charles aménage le droit de gabelle en faveur des plus déshérités.

MES PHOTOS DE L’ABBAYE DE SAINT DENIS

MES PHOTOS DU CHÂTEAU DE VINCENNES

Lire :

Charles V et les reconquêtes françaises.

Charles V, un roi souffreteux.

La mort du roi Charles V le Sage.

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_le_Sage

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

 

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1 réponse

  1. 11 novembre 2022

    […] ce dimanche 24 février 1382, les Français jouissent d’un régime fiscal exceptionnel. Charles V, « Le Sage », agonisant sur son lit de mort, a décidé, dans une dernière volonté pour le […]

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