Le Raid de Cabanatuan

 

SECONDE GUERRE MONDIALE
GUERRE DU PACIFIQUE

Armoiries des Philippines

BATAILLE DES PHILIPPINES

Drapeau des Philippines

LE RAID DE CABANATHUAN

Prisonniers de guerre libérés après le raid

SOMMAIRE
Le « raid de Cabanatuan » (également connu sous le nom de « Grand Raid ») fut une opération de sauvetage de prisonniers de guerre (alliés et de civils) d’un camp japonais près de Cabanatuan, dans l’actuelle province de « Nueva Ecija », aux Philippines.L’assaut eut lieu le 30 janvier 1945 au soir. Il fut exécuté par des « Rangers » et des « Alamo Scouts » de l’armée américaine, aidés de guérilleros philippins.
Ce raid demeure à ce jour un véritable coup de maître ; il reste un modèle d’efficacité et d’organisation. 522 des 524 prisonniers (y compris des malades ne pouvant se déplacer et devant être transportés) furent libérés et ramenés dans les lignes américaines.
Les Alliés enregistreront des pertes légères alors que celles des Japonais seront lourdes.

LE CAMP PANGATIAN SHRINE

Cabanatuan American Memorial (Cabanatuan City)Ce site historique de la Seconde Guerre mondiale rend hommage aux soldats américains et philippins, en particulier ceux de la « Marche de la mort de Bataan ».

À l’origine, c’était un camp d’entraînement militaire pour l’armée philippine.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut transformé par les Japonais en camp de prisonniers de guerre. Des milliers de soldats philippins et américains, capturés lors de la marche de la mort de Bataan, y furent détenus.

Il devint célèbre pour le « Grand Raid » du 30 janvier 1945, lorsque des guérilleros philippins et des Rangers américains lancèrent une mission de sauvetage intrépide, libérant plus de 500 prisonniers américains. Ce fut l’une des opérations de sauvetage les plus réussies de l’histoire militaire.

Aujourd’hui, le site est un sanctuaire et un mémorial qui honore la bravoure et les sacrifices des soldats philippins et américains. Il se dresse comme un symbole d’amitié, d’héroïsme et de liberté.

CONTEXTE
Le 8 avril 1942, la bataille de Bataan se termina par la reddition de 79 000 soldats Américains et Philippins. Les Nippons ne s’attendaient pas à faire autant de prisonniers ; ils n’avaient prévu ni ravitaillement, ni moyen de transport, et la majeure partie d’entre eux ignorait (ou dédaignait) les obligations de la Convention de Genève relatives aux prisonniers de guerre.

LA BATAILLE DE BATAAN (du 7 janvier au 9 avril 1942)

Après le bombardement de la base navale américaine de Pearl Harbor, dès janvier 1942, les forces de l’armée et de la marine impériales japonaises envahirent Luçon ainsi que plusieurs îles de l’archipel des Philippines.

Le commandant en chef des forces américaines et philippines dans les îles, le général Douglas MacArthur, rassembla toutes ses forces basées à Luçon, sur la péninsule de Bataan, pour combattre les Japonais. À cette époque, ces derniers contrôlaient la presque-totalité de l’Asie du Sud-Est. Seules la péninsule de Bataan et l’île de Corregidor demeuraient des bastions alliés dans la région.

La première bataille de Bataan fut une phase décisive de l’invasion des Philippines par l’Empire du Japon.

Au terme de trois mois de combats particulièrement durs, la prise de la province de Bataan permit aux Japonais de s’assurer le contrôle de l’archipel.

Après la « marche de la mort de Bataan », un grand nombre de prisonniers fut envoyé au camp de Cabanatuan. Les Japonais disséminèrent la plupart des détenus vers d’autres zones, et ne laissèrent qu’un peu plus de 500 prisonniers de guerre, civils, américains, et alliés, dans la prison de Cabanatuan.

« LA MARCHE DE LA MORT DE BATAAN »

La « marche de la mort de Bataan » eut lieu aux Philippines du 9 avril au 1er mai 1942, et fut déclarée par la suite comme l’un des crimes de guerre japonais.

Cette marche forcée concerna de 70 000 à 85 000 prisonniers de guerre américains et philippins, capturés par l’Armée impériale japonaise après la bataille de Bataan, qui avait duré trois mois (du 7 janvier au 9 avril 1942).

Les prisonniers étaient soumis à des conditions de détention brutales et à la torture. De plus, la maladie et la malnutrition faisaient des ravages. A tous moments, les prisonniers craignaient d’être exécutés par leurs bourreaux japonais. Leurs corps décharnés et squelettiques témoignèrent des souffrances endurées.
Le trajet, long de 97 km, commençait à Cabcaben, dans la péninsule de Bataan, pour s’achever au camp O’Donell. Pour les prisonniers, ce fut une épreuve terrible : une marche permanente, jour et nuit, sans nourriture et avec très peu d’eau. Tout au long du trajet, les Japonais leur appliquaient des violences physiques, des meurtres, ainsi que d’autres actes de sauvagerie ou de sadisme. Tout prisonnier qui s’arrêtait de marcher était abattu d’une balle de fusil, ou mis à mort à coups de baïonnette, ou encore avait la gorge tranchée et la tête décapitée à coups de sabre.
On cite, parmi les actes de barbarie qui furent rapportés, les camions japonais qui, empruntant la route des prisonniers, roulaient systématiquement sur tous les corps tombés à terre. En outre, les soldats japonais, transportés dans ces mêmes camions, laissaient volontairement dépasser leur baïonnette à hauteur d’homme pour faire le plus de dégâts possible.

LA PRISE DE CORREGIDOR, (du 29 décembre 1941 au 5 mai 1942).

Corregidor est une île qui se trouve dans la baie de Manille, aux Philippines.

Située à 48 kilomètres à l’ouest de Manille, elle possède une forme particulière qui rappelle celle d’un têtard, avec une queue s’étalant en direction de l’est. D’une surface de 9 km², elle occupe une position stratégique, puisqu’elle divise l’entrée de la baie de Manille en deux parties, au nord et au sud. L’île de Caballo se trouve un peu plus au sud de l’extrémité de l’extension Est de l’île.

Le 11 mai 1942, 11 000 Américains furent capturés à la suite de la bataille et de la reddition de Corregidor.

4000 d’entre eux furent ensuite exhibés et paradés dans les rues de Manille, puis envoyés au camp de prisonniers de guerre de Cabanatuan, où ils arrivèrent peu après le milieu du mois de mai.

Entre juin et septembre, ils y furent continuellement rejoints par les Américains capturés à Bataan ; ceux qui avaient survécu à la « Marche de la mort », ainsi qu’aux mauvais traitements et conditions de vie au camp O’Donell (où ils avaient été internés jusqu’alors).

En septembre 1942, le camp de Cabanatuan comptait 8000 prisonniers américains. Parmi eux, nombreux seront progressivement envoyés dans l’empire japonais à bord des « Hell ships », pour être utilisés comme esclaves.

Le terme « hell ship » en anglais (en français, « bateau de l’Enfer ») se réfère à tous les bateaux utilisés par la Marine impériale japonaise au cours de la Seconde Guerre mondiale, pour transporter des prisonniers de guerre alliés venus des Philippines, de Hong Kong, ou de Singapour.

En janvier 1945, il ne restait ainsi qu’environ 500 prisonniers à Cabanatuan.

LES ANGES DE BATAAN

Les « Anges de Bataan » (aussi connus sous le nom d’« Anges de Bataan et de Corregidor », ou « Les Belles de Bataan ») représentaient les membres des Corps d’infirmières de l’armée américaine et de la marine américaine, stationnés aux Philippines. Ces femmes servirent dès le début de la guerre du Pacifique, et pendant la bataille des Philippines (1941-1942).

Lorsque Bataan et Corregidor tombèrent, 11 infirmières de la marine, 66 infirmières de l’armée et une infirmière anesthésiste furent capturées et emprisonnées à Manille et dans les alentours. Elles continuèrent à servir et à prodiguer des soins infirmiers tout au long de leur statut de prisonnières de guerre. Après des années d’épreuves, elles seront enfin libérées en février 1945.

Stationnées initialement dans les hôpitaux de Manille, elles se déplacèrent dans la jungle de Bataan, établissant des quartiers en plein air où elles soignèrent des milliers de soldats blessés. Elles exercèrent au milieu des bombardements japonais constants et des maladies tropicales (comme le paludisme et la dysenterie), travaillant souvent 20 heures d’affilée avec de cruelles pénuries de fournitures.

Évacuées vers le tunnel Malinta de Corregidor en avril 1942, elles continuèrent à s’occuper des blessés lors d’attaques incessantes, jusqu’à ce que l’île tombe le 6 mai 1942. Capturées par les forces japonaises, elles furent d’abord emprisonnées sur divers sites autour de Manille. Puis, transférées au camp d’internement de « Santo Tomas » en juillet 1942, elles furent déménagées à « Los Baños » en mai 1943.

Pendant près de trois ans, elles conservèrent une unité de soins disciplinée, soignant les prisonniers de guerre et les civils pour des maladies liées à la famine (le béribéri et la dysenterie). Malgré de faibles rations de 700 calories par jour, perdant en moyenne 30 % de leur poids corporel, elles ne failliront jamais à leur devoir.

Toutes les 77 survécurent. Les infirmières de l’armée de « Santo Tomas » (municipalité de la province de Batangas) furent libérées le 3 février 1945 par la 1ère division de cavalerie (au cours de la bataille de Manille). Les infirmières de la marine seront délivrées de « Los Baños » (municipalité de la province de Laguna) trois semaines plus tard, au cours d’un audacieux raid aérien.

LA BATAILLE DU GOLFE DE LEYTE (du 23 au 26 octobre 1944).

La bataille du golfe de Leyte fut une opération militaire primordiale de la guerre du Pacifique.

Elle eut lieu au début de la reconquête des Philippines, lors du débarquement des troupes américaines du général Douglas MacArthur sur l’île de Leyte, au centre de l’archipel philippin.

Les Américains débarquèrent à l’entrée du golfe de Leyte le 18 septembre 1944, puis à Luçon le 9 janvier 1945.

Cette opération fut considérée comme « la plus grande bataille navale de l’histoire ». Elle opposa dans le golfe de Leyte deux flottes américaines à quatre forces japonaises. Les 24 et 25 octobre 1944, des combats acharnés se déroulèrent sur une surface vaste comme le tiers de l’Europe. A l’issue de la bataille, la Flotte impériale japonaise fut sévèrement battue, cessant ainsi d’être une force offensive capable d’influer sur le cours de la guerre.

Le théâtre de ces combats se déroula au cours de quatre engagements principaux, situés en mer de Sibuyan, dans le détroit de Surigao, au cap Engaño, et au large de Samar.

LE RAID DE CABANATUAN,
Le 30 janvier 1945

Fin janvier 1945, les chefs de la Sixième Armée et les guérilleros philippins élaborèrent un plan pour envoyer un petit commando secourir les prisonniers. Un groupe de plus de 100 Rangers et Scouts et 200 guérilleros devaient parcourir 48 km derrière les lignes japonaises pour atteindre le camp.
Alors que ses troupes se rapprochaient des camps de prisonniers de la région, l’état-major américain redoutait que les Japonais (dans le meilleur des cas) ne déplacent les prisonniers par une nouvelle marche de la mort ou, au pire, qu’ils ne les massacrent. Des exécutions de masse avaient en effet déjà eu lieu depuis l’automne (150 prisonniers avaient été par exemple brûlés vifs le 14 décembre 1944, à Palawan).
Le 26 janvier 1945, il fut décidé que l’opération devait intervenir avant le 29 (une intervention plus tardive aurait fait courir de grands risques aux prisonniers), les unités américaines devant atteindre la ville de Cabanatuan le 1er février au plus tard.
La région de Cabanatuan est une plaine fluviale dont le terrain est essentiellement constitué de prairies et de rizières. La rivière Pampanga coule d’est en ouest au nord de la ville, et compte quelques affluents dans les alentours immédiats. Les villes les plus proches de Cabanatuan dans la zone d’opération sont « San Jose », à environ quarante kilomètres au nord, et « Bongabon », à environ trente kilomètres à l’est (cependant, il existe de nombreux petits villages, la plupart ne comptant guère plus de quelques huttes).
A l’origine, le camp de Cabanatuan était une station de recherche de l’« United States Department of Agriculture » qui datait des années 1920. Elle était par la suite devenue le camp d’entraînement de la 91ème division de l’armée philippine.
Le camp se situait à quelques kilomètres à l’est de Cabanatuan City (la capitale de la province de Nueva Ecija), en bordure de la route nationale 20 reliant cette ville à « Bongabon », et à côté du village de « Pangantian ». À environ deux kilomètres à l’est du camp, la route enjambait la rivière Cabu sur un pont achevé en novembre.
Le camp était situé du côté sud de la route. Il avait la forme d’un rectangle d’environ 550 m de large pour 730 m de long, délimité par une triple clôture barbelée de 2,40 m de haut. La zone centrale abritait les quartiers des officiers et quelques baraquements pour les gardes, le centre de communication, et les hangars à véhicules. Dans sa partie nord se trouvaient la porte principale et la chapelle. La partie sud, elle, servait à héberger des troupes en transit. Le secteur oriental était divisé en deux : la partie nord, d’environ 210 m de long, contenait les baraques des prisonniers et, à son extrémité sud, leur infirmerie ; la partie sud abritait le principal quartier des gardes et la porte arrière.
Ce côté-là était solidement fortifié, avec des tours de surveillance aux angles nord-est et sud-est, ainsi que deux positions de mitrailleuses le long de la clôture orientale et une troisième à proximité de la porte arrière. Une autre tour se dressait à la porte principale.
La chapelle était le seul bâtiment construit en dur du camp, les autres s’apparentant aux huttes traditionnelles philippines. La structure et les murs étaient en bambou et le toit en feuilles de nypa (espèce de palmier). Au total, le camp comptait environ 130 bâtiments, dont 60 dans la partie dédiée aux prisonniers. Les hangars à véhicules étaient en tôle ondulée, mais n’offraient pas plus de résistance aux balles que les huttes.

LES PRÉPARATIFS
Le 26 janvier 1945 débuta la mise en place de la mission. Elle était dirigée par la section de renseignement de la sixième armée, sous les ordres du lieutenant-colonel Rawolle.
En raison des délais courts, le plan retenu s’avérait simple. Les Alamo Scouts iraient de l’avant pour ouvrir la voie, surveiller le camp et prendre contact avec les résistants philippins. Puis les Rangers interviendraient pour libérer les prisonniers et les ramener vers les lignes alliées. L’USAAF (United States Army Air Forces) devait protéger l’opération par une couverture aérienne lors du retour vers les lignes alliées (le général Krueger préférait les avertir au dernier moment pour garder l’effet de surprise et préserver le secret de l’opération). Cette décision était risquée car le commando pouvait être attaqué à l’aller par l’aviation ou l’artillerie alliée (celle-ci n’aurait aucun moyen d’identifier s’il s’agissait d’Américains et non de Japonais, d’autant que la consigne était de maintenir le silence radio).
Selon le plan retenu, les Alamo Scouts devaient partir de Guimba le 27 janvier, suivis par les Rangers le lendemain. Ces derniers devaient suivre un trajet légèrement différent pour réduire les risques d’être repérés. L’arrivée à proximité du camp était prévue pour le 29 au matin, et l’attaque devait avoir lieu le soir même.

Colonel Henry Andrews Mucci

Il était toutefois prévu que le colonel Henry Mucci, qui commandait, puisse à tous moments modifier le plan en fonction des événements rencontrés sur le terrain (en effet, les Américains ne savaient pas exactement quelles seraient les forces japonaises qu’ils allaient rencontrer sur place).

LES PHILIPPINS

Raid à Cabanatuan

Les forces américaines étaient directement assistées par le « Luzon Guerrilla Armed Forces » (LGAF), un groupe de résistants philippins commandé par le major de l’armée philippine Robert Lapham.
La présence des autochtones n’apportait pas seulement des soldats supplémentaires, mais aussi des guides, des informateurs, et un soutien logistique indispensables au parcours de la zone sous contrôle des Japonais. Ils étaient environ 1200 combattants répartis en 9 escadrons, commandés par le capitaine Juan Pajota (auxquels s’ajoutaient environ 400 non-combattants, utilisés comme porteurs pour les prisonniers trop faibles pour se déplacer par leur propres moyens).

Leur équipement était divers, et principalement composé de fusils M1903 Springfield et M1917 Enfield, ainsi que de fusils Arisaka Type 38 et Type 99, pris aux Japonais. Le soutien était assuré par quatre mitrailleuses Browning M1917A1. Les Philippins disposaient également de mines antichars M1. Une partie n’avait toutefois pas d’armes à feu, et n’utilisait que des « bolos » (espèce de machette).

LES JAPONAIS

Le terrain que les Américains devaient investir et traverser était tenu par l’arrière garde de la 105ème division japonaise, placée sous le commandement du général Yoshitake Tsuda. L’ennemi le plus dangereux était le 359ème bataillon d’infanterie, commandé par le capitaine Oyanu Tomie. Il comptait environ 800 hommes, très bien armés. Il disposait notamment des mitrailleuses « Nambu » et des mortiers de 5 cm. Le 359ème était suivi par le 2ème bataillon Shusei.
Sur la rive orientale de la Cabu se trouvaient également les restes de plusieurs unités en retraite vers l’est, qu’Oyanu Tomie avait intégrées au 359ème bataillon à son arrivée. Le bataillon était ainsi augmenté d’environ 300 hommes (dont une compagnie de chars comptant quatre blindés et un camion armé de mitrailleuses). Enfin, trois autres bataillons, forts d’environ 7000 hommes, cantonnaient à Cabanatuan City, et avaient renforcé leurs positions à l’ouest et au nord de la ville.

75 soldats, arrivés le 9 janvier lors d’un changement de la garde, occupaient le camp. Ils n’étaient généralement pas originaires du Japon mais de Corée, de Formose ou d’Okinawa. Les Japonais les considéraient comme des soldats de seconde zone : ils ne disposent que de fusils Arisaka.
Dans le camp se trouvait également un détachement de commandement de la police militaire de la 14ème armée (un peu plus de 200 hommes). Cette unité, en marche vers l’Est, s’était arrêtée au camp le 27 janvier pour se reposer. C’était une chance pour les Américains, car sa présence empêchait, faute de place, Oyanu d’installer le 359ème bataillon dans le camp le soir du 30 janvier, comme il l’avait prévu au départ.

Drapeau du Japon

CABANATUAN EN LIGNE DE MIRE…

Des défenseurs de Bataan en formation. Janvier 1942

Au soir du 27 janvier, les Alamo Scouts partirent du village de Guimba et se dirigèrent d’abord vers l’est, en direction de Balangkare, puis de là vers le sud pour rejoindre Platero.
Les Rangers partirent le lendemain en début d’après-midi. Ils se déportèrent de Baloc par le sud, en passant par Lobong, où ils retrouvèrent une centaine de résistants, gonflant ainsi leurs effectifs.

Les Rangers du 6e Bn des Rangers se dirigent vers le camp de prison de Cabanatuan à Luzon,

La traversée des routes demeurait la principale difficulté de l’opération en cours (notamment l’autoroute N° 5 – qui atteignait Baloc depuis le sud – sur laquelle le trafic, et donc le risque d’être repéré, était important). L’obstacle fut finalement franchi en passant sous un pont, et les Rangers atteignirent Balangkare le 29 janvier, un peu avant 6h.
Après avoir écouté les Alamo Scouts lors du briefing, Mucci décida d’attaquer le soir-même, comme prévu initialement. Ce plan se heurta toutefois à l’opposition de Pajota, qui, contrairement à Mucci, était prévenu de l’arrivée du 359ème bataillon japonais. Il lui fallait plus de temps pour rassembler plus d’informations et plus de guérilleros.
La journée du 30 janvier fut essentiellement consacrée à collecter plus d’informations sur la sécurité du camp et à améliorer le plan d’attaque en conséquence. En fin de journée, Pajota suggéra de faire survoler le camp par des avions pour faire diversion. La demande fut aussitôt transmise au commandement par radio.

LE RAID DE CABANATUAN, (30 janvier 1945).

Cabanatuan, la piste du Raid

Le 30 janvier, au coucher du soleil, les troupes commencèrent à se mettre en position pour pouvoir donner l’assaut à 19h30, le signal devant être le premier tir de la compagnie F. La compagnie C devait attaquer l’entrée principale, tandis que le 2ème peloton de la compagnie F se plaçait le long de la clôture orientale et vers la porte arrière. Il avait pour mission de prendre sous son feu les tours, les positions de mitrailleuses, et le quartier des gardes situé près de la porte arrière.
Pendant ce temps, environ 80 guérilleros bloquaient la route vers l’ouest. Le gros des Philippins, s’établissant le long de la rive occidentale de la Cabu, mina la route et piégea le pont. Pajota se réserva néanmoins deux escadrons en secours, et deux autres contournèrent le 359ème bataillon pour pouvoir l’attaquer par derrière dans le cas où il franchirait la rivière.

À 18h35, un P-61A survola le camp à basse altitude, puis revint à plusieurs reprises dans la demi-heure qui suivit. Dans le camp japonais, ce fut la panique et l’inquiétude, facilitant ainsi l’approche du groupe d’assaut.

À 19h15, les assaillants coupèrent les lignes téléphoniques, isolant le camp et empêchant ainsi l’alerte d’être donnée à Cabanatuan. La compagnie F prit toutefois plus de temps que prévu pour être prête, et ne tira le premier coup de feu (signal de l’assaut) qu’à 19h45. Les Rangers déclenchèrent alors un puissant tir sur les gardes, tuant la majorité d’entre eux dans les premières secondes de l’attaque. Une minute après le début de l’assaut, la compagnie C entra dans le camp par la porte principale, détruisit les hangars à véhicules au bazooka, puis tira sur la police militaire. En parallèle, les Philippins enclenchèrent un feu nourri sur le campement du 359ème bataillon, qui était à ce moment-là en train de lever le camp. Le dynamitage du pont échoua (il ne fut pas entièrement détruit, bien qu’il fût rendu impraticable aux véhicules).

BILAN

POUR LES RANGERS ET LES GUÉRILLEROS

 

516 prisonniers seront libérés (nombre officiel) : 454 soldats de l’US Army, 38 de l’US Navy, deux du Corps des Marines et 28 civils de nationalité américaine, auxquels s’ajouteront 20 soldats de la British Army et deux de la Royal Navy, ainsi que trois de l’armée royale néerlandaise.

Plus tard, on réalisera que ce décompte établi avait oublié cinq civils d’autres nationalités : deux Norvégiens, un Canadien, un Britannique et un Philippin (ainsi qu’un prisonnier mort pendant l’attaque, d’une crise cardiaque d’après les témoignages).
Les pertes des Rangers seront minimes : outre le prisonnier, deux rangers seront tués et sept blessés, dont un gravement, tandis les guérilleros philippins ne compteront que 12 blessés légers.

POUR LES JAPONAIS

 

 

Les pertes japonaises seront particulièrement lourdes. Environ 270 Nippons seront tués dans le camp lui-même, tandis que le 359ème bataillon perdra les 4/5ème de ses effectifs, environ 950 hommes, et presque tous ses officiers. Le 2ème bataillon Shusei subira également de lourdes pertes, dont un char et douze camions.

IN MEMORY

DOROTHY STILL DANNER

L’Ange de Bataan qui refusa d’abandonner…

Dorothy Still Danner

En 1939, la jeune infirmière de la Navy Dorothy Still Danner fut affectée à l’hôpital naval de Cañacao, aux Philippines. Lorsqu’en décembre 1941, le Japon attaqua Pearl Harbor, le Pacifique bascula dans la guerre totale. Quelques semaines plus tard, Manille tombait aux mains des Japonais. Dorothy, avec dix autres infirmières, devint alors l’une des fameuses « Sacred Eleven », surnommées aussi les « Anges de Bataan et de Corregidor ».

Capturée en janvier 1942, elle subit la terrible épreuve des camps japonais, à Santo Tomas d’abord, puis à Los Baños. Elle survécut à la faim, aux épidémies et au manque cruel de médicaments. Avec ses compagnes, elle transforma des abris précaires en véritables infirmeries de fortune. Malgré le béribéri, la dysenterie et la malnutrition, Dorothy soigna sans relâche ses camarades prisonniers, apportant espoir et dignité là où tout semblait perdu.

Le 23 février 1945, alors que la guerre tournait enfin en faveur des Alliés, un raid spectaculaire et audacieux des parachutistes américains libèra le camp de Los Baños. Tandis que les balles sifflaient, Dorothy ne chercha pas à fuir : elle aida à l’évacuation des prisonniers malades, fidèle à son serment d’infirmière jusqu’au bout.

Pour son courage et son dévouement, elle recevra la « Bronze Star » avec étoile d’or, la « Prisoner of War Medal », et d’autres distinctions. Après la guerre, elle témoignera dans son livre « What a Way to Spend a War », offrant au monde un récit saisissant de la survie, de la compassion, et de la résistance morale.

Dorothy Still Danner demeure un symbole : celui de ces femmes qui, derrière les barbelés et sous la menace constante, ont choisi de soigner et de protéger plutôt que de céder à la peur. Une héroïne de l’ombre, dont le nom mérite de briller aux côtés des plus grands.

LESLIE STICKELMEYER

Private Leslie Stickelmeyer

Le soldat 2ème classe Leslie Stickelmeyer naît le 10 octobre 1921 à Fessenden (Dakota du Nord). Il meurt au camp de prisonniers de Cabanatuan, aux Philippines, le 3 septembre 1942, il avait 20 ans.

Il était le fils de Christ & Elizabeth Stickelmeyer, et le 7ème de huit enfants.

Le 19 mai 1941, il s’enrôla dans l’armée. Envoyé aux Philippines, il fut affecté au dépôt du génie philippin.

Stickelmeyer fut fait prisonnier après la reddition des forces américaines, et forcé de participer à la Marche de la mort de Bataan.

Mort de dysenterie au camp de prisonniers de guerre de Cabanatuan le 3 septembre 1942, il fut l’un des quatre prisonniers à décéder ce jour-là dans le camp.

Ses restes furent retrouvés après la guerre. Le soldat 2ème classe Leslie Stickelmeyer fut enterré au « Manille American Cemetery and Memorial » – Plot N Row 6 Grave 36.

Plusieurs de ses frères servirent également pendant la Deuxième Guerre mondiale ; tous survécurent.


ARVID EINO SEEBORG

Le soldat de première classe Arvid Seeborg

Le soldat 2ème classe Arvid Eino Seeborg naît le 12 janvier 1918 à Astoria (Oregon). Il meurt le 19 septembre 1942, au camp de prisonniers de Cabanatuan, aux Philippines ; il avait 24 ans…

Il était le fils de Victor & Fanny Seeborg, et le 7ème de 10 enfants.

Il s’enrôla dans l’armée de l’air, puis fut envoyé aux Philippines où il servit au « Quartier général Squadron, 24th Pursuit Group ».

Seeborg combattit comme fantassin à Bataan après l’invasion japonaise, et fut fait prisonnier. Il participa à la Marche de la mort de Bataan.

Le 19 septembre 1942, il mourra emporté par la dysenterie au camp de prisonniers de guerre de Cabanatuan.

Il est enterré au « Manille American Cemetery and Memorial » – Plot L Row 3 Grave 20.

Il a également une stèle commémorative au cimetière Greenwood, à Astoria (Oregon), à côté de ses parents.


ROSEMARY HOGAN LUCIANO

Héros de la Seconde Guerre mondiale

Colonel Rosemary Hogan Luciano

Le colonel Rosemary Hogan Luciano naît le 13 mars 1912 à Oklahoma. Elle meurt le 12 juin 1964, à San Antonio (Texas).

En 1930, elle sortit diplômée du lycée de Chattanooga, où elle fut major de sa promotion.

En 1936, Hogan s’enrôla dans l’armée, à Fort Sill, et fut nommée sous-lieutenant dans le corps des infirmières jusqu’en avril 1940, quand elle fut transférée à Fort Stotsenburg, à Manille, aux Philippines.

Après l’attaque japonaise du 7 décembre 1941, à Pearl Harbor et aux Philippines, Hogan et 98 autres infirmières soignèrent les soldats blessés des batailles de Bataan et de Corregidor. Le 30 mars 1942, elle y fut gravement blessée lors d’un bombardement japonais, mais refusa de quitter ses patients.

Le 29 avril, le général Jonathan Mayhew Wainwright l’envoya en Australie avec 19 autres infirmières. Lors d’un arrêt à Mindanao, son avion fut endommagé, et elle fut capturée par les Japonais et emprisonnée au camp d’internement de Santo Tomas, à Manille.

En tant que prisonnière de guerre, avec ses collègues infirmières, elle y soigna jusqu’à la fin de la guerre de nombreux malades et blessés ; notamment 4 000 civils, principalement américains et britanniques.

Connue comme l’un des « Anges de Bataan » et de « Corregidor », Rosemay Hogan, toujours blessée et à moitié affamée, y restera prisonnière de guerre pendant 999 jours.

Elle reçut la citation présidentielle avec feuilles de chêne, « Bronze Star », et « Purple Heart », entre autres. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Hogan fut transférée au Corps des infirmières de l’US Air Force, devenant l’une des quatre premières femmes de l’armée de l’air à atteindre le grade de colonel.

En 1962, elle épousa le Major Arnold Luciano, et prit sa retraite avec le grade de colonel. Elle mourut prématurément le 12 juin 1964, à 52 ans.

Rosemary Hogan Luciano fut enterrée dans la section des infirmières au cimetière national d’Arlington (Virginie).

ROLLAND ELLIOTT

Rolland Elliot

Roland Charles Elliott naît le 3 avril 1921 dans le comté d’Accomack (en Virginie). Il meurt emporté par la dysenterie le 29 septembre 1942, au camp de prisonniers de guerre de Cabanatuan, il avait 21 ans.

Il était le fils de David & Sue Elliott ; il avait un frère et deux sœurs.

Le quartier maître de 3ème classe Roland Elliott s’enrôla dans la marine. Il servait à bord du dragueur de mines « USS Finch AM-9 » dans la baie de Manille, quand les Japonais attaquèrent les Philippines. L’équipage, y compris Elliott, fut envoyé à Corregidor où il combattit et aida à la défense de Corregidor contre les Japonais. Le dragueur de mines continua d’opérer dans la baie de Manille jusqu’à ce qu’il tombe en panne de carburant.

Ses restes ne furent pas identifiés, mais Roland Elliott fut commémoré avec les disparus de Cabanatuan, au « Manille American Cemetery and Memorial ».

Il a également une stèle commémorative à côté de la pierre tombale de ses parents, au cimetière Occohannock, à Belle Haven, en Virginie.

Le frère aîné David Winder Elliott Jr servit dans l’armée de l’air pendant la 2ème guerre mondiale et en Corée. Il décéda en 1968, à l’âge de 49 ans.


Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Raid_de_Cabanatuan

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Raid_at_Cabanatuan?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Corregidor

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bataan_(1942)

 

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