Jean de Lancastre, 1er duc de Bedford
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
MAISON DE LANCASTRE
JEAN DE LANCASTRE, 1er DUC DE BEDFORD
NAISSANCE ET FAMILLE
Jean de Lancastre, duc de Bedford, naît le 20 juin 1389, et meurt à Rouen le 14 septembre 1435.
Le 1er duc de Bedford est un membre de la famille royale d’Angleterre. Il est le troisième fils d’Henri IV et de Marie de Bohun, et le frère puîné du roi d’Angleterre Henri V.
À la mort de ce dernier, Henri VI, l’héritier du trône d’Angleterre (qui est un nourrisson), est proclamé roi de France et d’Angleterre. Mais celui-ci étant mineur, et en application du traité de Troyes, c’est le duc de Bedford qui prend le titre de régent du royaume de France.
LE TRAITE DE TROYES
Les négociations entre Henri V, Isabeau de Bavière, et les Bourguignons, aboutissent au désastreux traité de Troyes. Cet accord prive le dauphin de ses droits au trône, et garantit, à la mort de Charles VI, la couronne de France à Henri V le Plantagenêt. Le 2 juin, conformément à ce traité, Henri V, roi d’Angleterre épouse Catherine de Valois (fille légitime de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, et sœur de Michelle de France, l’épouse du duc Philippe de Bourgogne). Le traité marque l’apogée de la supériorité anglaise au cours de la guerre de Cent Ans. Il fait suite à la conquête de la Normandie et à plusieurs victoires anglaises, notamment celle d’Azincourt (le 25 octobre 1415). La ratification de ce traité a été permise par l’alliance des Anglais et des Bourguignons. Cet accord ouvre une nouvelle phase de la guerre civile française entre les partisans de la double monarchie franco-anglaise (les Bourguignons), et ceux du dauphin Charles (les Armagnacs). Elle perdurera jusqu’en 1435, avec la signature du traité d’Arras.
SOMMAIRE
Le duc Jean de Bedford, intelligent et ambitieux, est nommé régent du royaume de France le 7 juillet 1422, pendant la minorité de son neveu le jeune Henry VI d’Angleterre.
Son alliance avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon va lui permettre d’administrer un royaume de France déchiré et dévasté à la fois par la Guerre de Cent Ans, et par la lutte fratricide que se livrent Armagnacs et Bourguignons.
Le 21 mai 1420, le traité de Troyes déshérite le dauphin Charles de Ponthieu du trône de France au profit d’Henry V d’Angleterre. (Voir encadré ci-dessus).
Ce dernier épouse Catherine de Valois, la fille du roi de France Charles VI le « Fol ». Conformément aux accords du traité de Troyes, il reçoit le royaume de France en régence jusqu’à la mort de son beau-père.
Le 31 août, deux ans plus tard, Henry V meurt. Il est suivi peu de temps après, le 21 octobre, par Charles VI. Excepté Charles de Ponthieu, qui a été exclu du trône, l’héritier est un enfant de huit mois, Henry VI, le fils de Catherine de Valois et de feu Henry V. L’enfant se retrouve propulsé à la tête de la double monarchie, mais qui va se charger d’administrer le royaume de France durant sa minorité ?
ENFANCE & JEUNESSE
En 1403, le duc de Bedford n’a que quatorze ans quand il est nommé connétable d’Angleterre par son père, le roi Henry IV d’Angleterre.
En 1414, son frère, le roi Henri V d’Angleterre, le nomme duc de Bedford et de Candale, comte de Richmond, puis lieutenant général du royaume pendant les campagnes de ce dernier en France.
De 1422 à 1435, il est capitaine général en Normandie et, de 1423 à 1429, capitaine de Paris.
Par un acte daté du 21 juin 1424, il obtient également le titre de duc d’Anjou et comte du Maine, titre qui sera confirmé à Rouen le 8 septembre 1430 par le jeune roi Henri VI d’Angleterre.
MARIAGE & DESCENDANCE
Jean de Lancastre duc de Bedford aura deux épouses :
ANNE DE BOURGOGNE
Le 14 juin 1423, à Troyes, Jean de Lancastre épouse Anne de Bourgogne (née le 30 septembre 1404 à Arras, et morte le 14 novembre 1432 à Paris), fille de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, et de Marguerite de Bavière.
JACQUETTE DE LUXEMBOURG
A la mort de sa première épouse, Jean de Lancastre se remarie le 22 avril 1433 à Thérouanne (Pas-de-Calais), avec Jacquette de Luxembourg (née en 1416 et morte le 30 mai 1472), fille de Pierre Ier de Luxembourg et de Marguerite des Baux.
Le duc de Bedford n’aura aucune descendance de ses deux mariages.
BEDFORD PREND LE POUVOIR !
Peu avant sa mort, son frère, Henry V, présage des difficultés qui se présenteront à la mort du roi de France Charles VI. Il conseille à Jean de Bedford de donner la régence du royaume de France au duc de Bourgogne Philippe le Bon, l’incontournable allié.
Mais, il est impensable pour Bedford, homme ambitieux et opportuniste, de laisser passer une telle occasion. Et c’est tout naturellement qu’il s’octroie la régence, le 7 juillet 1422. Fonction qu’il ne pourra exercer qu’à partir du 1er septembre, après la mort de son frère Henry V.
Il s’affichera après le décès de ce dernier, portant le deuil de Charles VI, avec son épée nue (symbole de son nouveau pouvoir), très peu affecté par les rumeurs qui se font entendre sur le passage du convoi funèbre.
BEDFORD, UN HOMME AGUERRI…
Jean de Lancastre, duc de Bedford, a déjà une solide expérience du pouvoir. En effet, son frère, Henry V, au cours de ses campagnes en France, lui a souvent confié la lieutenance du royaume d’Angleterre. A la mort de celui-ci, Bedford est nommé « protecteur et défenseur du royaume et de l’Eglise d’Angleterre », en attendant la majorité du jeune Henry VI dont il est aussi le tuteur.
Mais son avenir, qu’il entrevoit prestigieux, se trouve outre-Manche ; en France.
Pour arriver à ses fins, il cède le gouvernement de l’Angleterre à son frère Humphrey, duc de Gloucester.
En 1423, pour augmenter ses chances de succès, Jean de Lancastre prend pour épouse Anne, la sœur du duc de Bourgogne Philippe le Bon. En outre, il met sur pied un réseau d’alliances avec, bien sûr, son beau-frère, le duc de Bourgogne, mais aussi avec le duc de Bretagne Jean V, et le comte Jean 1er de Foix. Dès lors, son autorité s’étend sur la Normandie, une partie de la Guyenne, de la Champagne, et de la Picardie, ainsi que sur les fiefs bourguignons de l’Artois jusqu’à la Flandre.
En 1430, lorsque Henry VI s’installe à Paris, Jean de Lancastre abandonne la régence. Il continuera cependant à exercer la pouvoir jusqu’à sa mort, le 14 septembre 1435.
BEDFORD, UN HOMME ÉNERGIQUE ET INTELLIGENT !
Dynamique et efficace, Bedford va administrer le royaume de France avec sérieux pour son roi, le jeune Henry VI. Il est conscient de l’importance de ses obligations. Aussi, sans soutien au sein de l’administration du défunt roi Charles VI « le Fol », il va s’évertuer à respecter et à conserver dans leurs fonctions la plupart des hommes du roi, ainsi que les membres du Parlement. Surtout son président, le très important Philippe de Morvilliers.
De même, dans les provinces, il va refuser de pratiquer des « purges », et maintenir les « hommes de terrain » français.
De la même manière, il atteste les lois, les us et coutumes du royaume de France, les franchises des villes, et les privilèges des corporations.
En Normandie, qui est une terre conquise, et où les baillis sont anglais, Bedford va essayer de calmer le ressenti des populations qui subissent l’occupation de leur territoire. Bedford va réduire la rançon de Rouen, et arrêter les expropriations.
Lire : la reddition de Rouen
Toutes les juridictions et les administrations de Paris, à l’Hôtel de ville comme au Châtelet, sont sous la domination du duc de Bourgogne Philippe le Bon. Afin de ne pas engendrer un conflit avec ce dernier, son allié imprévisible, le régent Bedford va maintenir en place les Bourguignons. D’autant qu’il ne peut faire autrement ; il n’a que trois cents soldats en armes anglais pour assurer l’occupation de la capitale.
Quant à l’armée, qui est commandée dès à présent par des capitaines anglais, les troupes ne veulent, pour obéir, que d’être payées. Il en est de même pour toutes les places fortes de Normandie, qui sont des têtes de pont et des bases arrières des armées anglaises.
Bedford reste avant tout un chef autoritaire, détesté des Français. Même s’il voue une franche détermination à ménager un royaume de France, déchiré et dévasté par la Guerre de Cent Ans et par le conflit fratricide entre Armagnacs et Bourguignons.
Sa vie fastueuse et luxueuse et sa politique fiscale le font haïr par une grande partie de la population, qui renie le serment d’allégeance qu’il lui exige.
Tous ces rejets et cette profonde résistance vont finalement être profitables pour le « petit roi de Bourges », Charles VII.
BEDFORD, ET LA GUERRE DE CENT ANS
– Le 15 août 1415, Bedford remporte la bataille de Chef-de-Caux.
– Le 17 août 1424, Jean de Lancastre, duc Bedford remporte la bataille de Verneuil-sur-Avre. Dès lors, avec Philippe Le Bon, duc de Bourgogne, il est un moment maître de la partie nord du royaume.
– Le 6 mars 1426, Jean de Lancastre est victorieux à la bataille de Saint-James de Beuvron, en Normandie.
– Le 8 mai 1429, Bedford est défait par Jeanne d’Arc, qui délivre Orléans.
– Le 15 août 1429, il participe à bataille indécise de Montépilloy, dans l’Oise.
– Le 20 août 1432, il est défait au siège de Lagny-sur-Marne.
– A cela vient se rajouter, le 21 septembre 1435, le retournement d’alliance du duc de Bourgogne Philippe le Bon au profit de Charles VII (Traité d’Arras), marquant un terme à ses succès. Bedford se verra bientôt enlever la plus grande partie de ses conquêtes.
Son échec final s’explique du fait qu’il ne peut vaincre les résistances qui ne cessent de se manifester au nord de la Loire, et qu’il ne parvient pas à s’établir au sud. Bedford est continuellement sur la défensive. L’entretien de ses troupes lui cause de lourdes charges financières. Pour se renflouer, il fait appel au Trésor anglais, tout en augmentant les impôts en France. Il devient impopulaire de part et d’autre de la Manche. Au fil de ses échecs, il se replie peu à peu vers la Normandie.
SA MORT
Il meurt subitement le 14 septembre 1435 à Rouen, où il est enterré dans la cathédrale Notre-Dame. En 1562, au cours des Guerres de Religions, son tombeau de marbre noir sera détruit par les Calvinistes.
GLOUCESTER, UN FRÈRE REMUANT ET BROUILLON
Cet homme ambitieux et insouciant essaie, après avoir épousé Jacqueline de Bavière-Hainaut, de s’approprier le Hainaut, fief du duc de Bourgogne. Ce dernier, irrité par ce comportement inattendu, passera un temps chez l’ennemi français. A Londres, Gloucester entre en conflit avec son oncle Edmond Beaufort, duc de Somerset, pour le poste de régent. Le 14 septembre 1435, à la mort de Bedford, la précaire entente qu’il avait su préserver en Angleterre s’effondre, et de nombreuses révoltes vont déchirer le pays. Le très puissant duc de Gloucester et comte de Pembroke voit sa superbe décliner progressivement sous la régence d’Henry VI. En 1447, il est arrêté pour haute trahison (inculpé de tentative de rébellion au Pays de Galles). Trois jours plus tard, le 23 février, il est trouvé sans vie dans sa cellule (mort probablement d’une attaque cardiaque).
Sources :
Photos publiques Facebook
Mes photos
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Lancastre
https://fr.wikipedia.org/wiki/Humphrey_de_Lancastre
2 réponses
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[…] 4 octobre de la même année, après la bataille, il est fait capitaine de Vitry. Il est vaincu par Bedford, qui l’obligera à restituer plusieurs […]