La mort du roi Louis IX – 1270

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LES CROISADES

(1095 – 1291)

 

LA MORT DE LOUIS IX

(25  août 1270)

Armes du royaume de France

Armes du royaume de France

 

HUITIÈME CROISADE

 (1270)

 

« Dieu le veut ! »

Croisé

Croisé

 

Un long chemin vers la terre du Christ

 

Lire :

1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II

2 – La Première Croisade

3- La Deuxième Croisade

4- La Troisième Croisade

5- La Quatrième Croisade

6- La Cinquième Croisade

7- La Sixième Croisade

8- La Septième Croisade

9- La Huitième Croisade

 

INTRODUCTION

Prêchées et bénies par les papes successifs, dirigées par les souverains des royaumes et des Empires de la vieille Europe, ces expéditions se devaient d’être les ambassadrices de tout ce que l’esprit de la chevalerie médiévale portait de bon en lui. Nonobstant, les Croisades furent, mise à part la 1ère, un échec militaire, mais sur le plan culturel et économique, l’Occident chrétien en ressortira enrichi. En effet, au sortir de cette aventure, l’Europe en sera bénéficiaire ; elle était en retard sur le mode de vie d’un Orient qui commence alors à décliner. On retiendra sur le plan géopolitique, la création des États latins d’Orient : les Comtés d’Edesse et de Tripoli, la Principauté d’Antioche, et le Royaume de Jérusalem. De pair, cette période engendrera le développement et la prospérité des républiques italiennes comme Amalfi, Gênes, Pise et Venise, qui tireront des profits considérables de cette aventure.

 

 

SOMMAIRE

L’échec de la Septième Croisade aura un retentissement profond dans tout l’Occident chrétien. Après la défaite de Mansourah, Louis IX, capturé, et maintenu prisonnier, ne sera libéré que contre rançon. Cet échec sera ressenti par le Capétien comme une punition de Dieu, et il en sera grandement affligé. Cependant, au 13ème siècle la ferveur religieuse n’est plus la même que pour la Première Croisade (1095-1099) ; elle s’est émoussée au fil du temps et des échecs. L’Europe ne se rassemble plus derrière sa foi et contre les infidèles comme au 12ème siècle. Alors que le tombeau du Christ est toujours aux mains des Mamelouks, en Occident les événements ont évolué. Refoulés hors de la Sicile, les Musulmans sont méthodiquement expulsés de la péninsule ibérique : Reconquista oblige (du milieu du 13ème siècle à 1492). Pourtant, en 1270, le sultan Baybar représente une menace réelle pour la survie des États latins d’Orient qui sont en danger. La situation devient urgente et c’est ce qui persuade les papes Alexandre IV, Urbain IV et Clément IV à appeler l’Occident chrétien à une Huitième Croisade. Saint Louis veut alors tenter une nouvelle fois l’impossible… Dès 1267, il commence à réunir l’argent, les vivres et l’armement, tout ce qui est nécessaire et vital à l’expédition. En juillet 1270, il s’embarque d’Aigues-Mortes pour Tunis. Fourbu, et harassé par la chaleur et le manque d’eau, le roi (56 ans) meurt ravagé par la (peste ou la dysenterie) sous les remparts de la ville. Avec cet échec, se termine deux siècles de Croisades (1095-1291). Quel meilleur symbole pouvait-on exiger, pour mettre un terme à cette longue période et pour en incarner l’ultime figure, que Saint Louis, ce roi très chrétien …

 

Aigues Mortes vue des remparts

Aigues-Mortes vue des remparts

QUELQUES REPÈRES:

MAMELOUKS : sont issus de la garde d’esclaves mercenaires à la solde du Sultan ayyoubide. Ils renverseront ce dernier en 1250 lors de la Septième Croisade. Le Sultanat Mamelouks gouvernera l’Égypte et la Syrie de 1250 à 1517.

 

ABBASSIDES : dynastie arabe qui règne sur le Califat abbassides (750-1258), centrée sur Bagdad de 762 à 1055 (prise de la ville par les Mongols). Son fondateur, Abû al-`Abbâs surnommé As-Saffâh, est un descendant de ‘Abbas ibn ‘Abd al-Muttalib, le plus jeune oncle du prophète Mahomet.

 

FATIMIDES : dynastie du califat shiite positionnée sur l’Égypte (909-1171). Ses membres reconnaissent leurs origines comme descendants de Mahomet par sa fille Fatima.

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue (756-1030). Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers en 732, face à Charles Martel.

SELDJOUKIDES : membres de la plus importante des tribus turques qui ont émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran. Islamisé et organisé militairement, ce peuple conquiert un immense empire autant sur l’Empire Byzantin (prise de Constantinople en 1453) que sur les différents califats arabo-musulmans.

AYYOUBIDES : la dynastie musulmane des Ayyoubides est une famille arabe d’origine Kurde. Elle descend d’un officier kurde, Najm ad-Din Ayyub, lui-même père de Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193).

 

 

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Combats entre Chrétiens et Musulmans

 

CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS

 

 

Écrits du poète Rutebeuf : « On peut bien gagner Dieu sans bouger de son pays, en vivant de son héritage. Je ne fais de tort à personne. Si je pars, que deviendront ma femme et mes enfants ? Il sera temps de se battre quand le sultan viendra par ici. »

 

 

Siège de Tunis

Siège de Tunis

1261

25 mai : à Viterbe (États pontificaux), mort du pape Alexandre IV. Urbain IV lui succède.

Alexandre IV

Alexandre IV

– 25 juillet : Michel VIII Paléologue (1224-1282) reprend Constantinople aux Latins.

– 15 août : Michel VIII Paléologue (1224-1282) est couronné Empereur byzantin.

1263

Le sultan mamelouk d’Égypte, Baybars 1er, détruit Nazareth.

1264

– Février : mort de Jean d’Ibelin, seigneur de Beyrouth. Sa fille Isabelle d’Ibelin (1252-1282) lui succède.

– 2 octobre : à Pérouse, mort du pape Urbain IV. Clément IV lui succède.

 

Pape Urbain IV

Pape Urbain IV

1265

– 27 février : le sultan mamelouk d’Égypte Baybars s’empare de Césarée.

– 5 mars : prise de Caïffa par le sultan d’Égypte Baybars.

– 26 avril : le sultan d’Égypte Baybars s’empare d’Arsouf.

1266

– 25 juillet : le sultan mamelouk d’Égypte Baybars s’empare de Çafed.

– 24 août : le sultan d’Égypte Baybars bat les Arméniens près d’Alexandrie et pille Sis (capitale du royaume arménien de Cilicie).

Sis capitale du royaume arménien de Cilicie

Sis capitale du royaume arménien de Cilicie

7 décembre : mort de Jean d’Ibelin, comte de Jaffa.

1267

– 24 mars : Le roi Louis IX prend la croix. Il est rejoint par seulement 10 000 hommes.

– 7 mai : signature du traité de Viterbe. Baudouin II de Courtenay, dernier Empereur de Constantinople, abandonne au frère du roi Charles d’Anjou (1227-1285) la principauté d’Achaïe ou de Morée.

Charles d'Anjou

Charles d’Anjou

– 5 décembre : mort d’Hugues II de Lusignan, roi de Chypre. Son cousin Hugues III de Poitiers lui succède.

– 25 décembre : Hugues III de Poitiers devient roi de Chypre.

1268

– 7 mars : le sultan mamelouk d’Égypte Baybars s’empare de Jaffa.

– 15 avril : le sultan Baybars s’empare de Beaufort.

Forteresse de Beaufort

Forteresse de Beaufort

– 14 mai : prise d’Antioche par le sultan Baybars.

– 24 juin : Édouard 1er, roi d’Angleterre, prend la croix.

Edouard 1er

Édouard 1er

29 novembre : à Viterbe (États pontificaux), mort du pape Clément IV. Grégoire X lui succède.

 

Clément IV

Clément IV

1269

24 octobre : Hugues III est couronné roi de Jérusalem.

1270

– 13 janvier : mort d’Héthoum 1er, ancien roi d’Arménie.

– 2 juillet : Louis IX appareille pour la seconde fois d’Aigues-Mortes. Il doit rejoindre Cagliari, en Sardaigne, puis Tunis.

Départ de la Huitième Croisade

Départ de la Huitième Croisade

– 18 juillet : Saint-Louis débarque à Tunis. Alors qu’il assiège la ville, une épidémie de typhus se propage sur l’armée croisée.

– 21 juillet : la plaine de Carthage et ses puits sont aux mains des Croisés.

– 24 juillet : Carthage est prise d’assaut.

– 2 août : Jean Tristan, quatrième fils du roi de France, meurt victime de l’épidémie de dysenterie.

– 17 août : assassinat de Philippe de Montfort, seigneur de Toron et de Tyr.

– 20 août : Édouard 1er quitte Douvres pour la France. Il est suivi par 225 chevaliers et par plus d’un millier d’hommes.

– 25 août : Louis IX, atteint par le typhus, meurt devant les remparts de Tunis. Son frère Charles d’Anjou prend le commandement de la Croisade.

Mort de Louis IX le 25 août 1270

Mort de Louis IX le 25 août 1270

– 30 octobre : la Huitième Croisade lève le siège de Tunis.

– 11 novembre : l’armée croisée quitte la Tunisie pour rejoindre la Sicile. 

 

QUELQUES REPÈRES

CALIFE : chef temporel et spirituel dans les États musulmans. Titre porté par les successeurs du prophète Mahomet.

CALIFAT : comprend le territoire et la population musulmane qui y vit sous l’autorité d’un Calife. Trois Califats revendiqueront le rôle suprême du point de vue temporel et spirituel : Abbassides (Bagdad), Omeyyades (Damas puis Cordoue en Espagne) et Fatimides (Le Caire).

VIZIR : haut fonctionnaire, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dignitaires musulmans.

ATABEG : titre de noblesse turc. Sous l’hégémonie de la dynastie seldjoukide, il s’agissait d’un dignitaire qui avait le rôle de protecteur d’un jeune prince. A la mort de ce dernier, un Atabeg était désigné pour défendre les biens des héritiers.

ÉMIR : titre de noblesse d’un dignitaire musulman ; en arabe c’est celui qui commande, qui donne des ordres.

 

SULTAN : titre porté par des souverains de différents états musulmans, à partir du 11ème siècle (Seldjoukides). Il est donné par le calife à ceux à qui il confère ce pouvoir. Le territoire géré par un sultan est un « sultanat ».

 

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LA MORT DE LOUIS IX

25 août 1270

 Armes du royaume de France

 

Lire : le siège de Tunis.

 

Depuis qu’ils ont débarqué en Tunisie le 18 juillet 1270, les Croisés sont victimes d’une terrible épidémie de dysenterie qui décime les rangs de la Huitième Croisade. Lui-même atteint par le fléau, le roi Louis IX essaie malgré tout de dominer les souffrances endurées en se dévouant au service de ses sujets agonisants. En vain : la grande faiblesse qu’il éprouve, due à l’épuisement et à la fièvre, le contraint à s’aliter. Le lundi 25 août, le « saint » roi rend son âme à Dieu. Avant de s’éteindre pour toujours, il a recommandé une dernière fois son peuple au Tout-Puissant…

DÉROULEMENT

Le 2 juillet 1270, la flotte de la Huitième Croisade quitte le port d’Aigues-Mortes. Ce n’est que le 18 juillet que Louis IX et son armée accostent en baie de Tunis. Dès lors, après s’être emparés de la Tour de la Goulette qui protège les accès vers la plaine de Carthage, ils peuvent dresser leur campement sous les murs de l’ancienne cité. S’ensuit alors une série d’escarmouches avec les Musulmans, qui seront toutes maîtrisées par les forces franques. Mais leurs plus sévères ennemis sont le soleil, la chaleur accablante, et surtout une terrible épidémie de dysenterie qui fauche cruellement leurs rangs.

Tour de siège

Tour de siège

Le 21 juillet, les puits de la plaine de Carthage sont occupés par les Croisés.

Le 24 juillet, enfin, la ville de Carthage est prise d’assaut.

PIERRIÈRE

Cet engin diabolique, qui s’inspire du principe du balancier, est dans sa version primitive d’une redoutable efficacité. Il est doté d’un bras mobile fixé sur une poutre verticale. Une des extrémités est chargée d’un bloc de pierre ou d’un boulet, et sur l’autre, plus courte, l’on a fixé un système de câbles. Les servants actionnent l’engin en tirant un coup sec sur les cordes pour propulser le projectile.

Pierrière

Pierrière

MANGONNEAU

Avec le temps, la machine va subir des transformations et se perfectionner grâce à l’intervention de véritables ingénieurs. Elle change de nom et devient mangonneau. Un détail qui fait toute la différence, car la force motrice fournie par l’homme est remplacée par un contrepoids qui se substitue à la traction humaine.

Mangonneau

Mangonneau

TRÉBUCHET

Enfin, elle prend le nom de trébuchet lorsque la présence de l’homme n’est plus demandée. Des projectiles de cent kilos peuvent alors être envoyés à plus de deux cents mètres avec une précision millimétrée. L’engin se révèle alors très efficace contre les murailles et devient la hantise des villes assiégées. Il ne sera supplanté qu’avec l’avènement de l’artillerie.

Trébuchet

Trébuchet

DES CADAVRES PAR CENTAINES…

Le 3 août, Jean-Tristan de Nevers, un des fils de Louis IX, meurt des suites de l’épidémie. Lui-même atteint par ce terrible fléau, et bien que fort affecté par cette tragique disparition, le pieux roi se consacre au service des malades et des mourants. Ravagé par la douleur et la tristesse, il essaie désespérément de cacher sa grande faiblesse pour ne point démoraliser ses soldats.

Le 7 août, Raoul Grosparmi, le cardinal-évêque d’Albano, meurt à son tour. Pour le remplacer, Louis IX désigne un légat provisoire.

Faisant bonne figure, et malgré la maladie qui le mine, le roi reçoit les ambassadeurs de l’empereur de Constantinople Michel Paléologue. Dans un ultime sursaut, il prend des mesures quant au financement de la poursuite de la Croisade. Mais, dévasté, épuisé, il se voit obligé de se retirer et de s’aliter sous sa tente. Dévoré par la fièvre, le brave monarque sait que son temps est désormais compté.

Refusant de se laisser abattre par de noires pensées, il est inquiet pour l’avenir de son héritier, le futur Philippe III le Hardi. Mai ce dernier, bien que lui aussi affecté par l’épidémie, semble résister et se diriger sur la voie de la guérison. Alors que les morts s’entassent au fil des jours, n’est-ce pas là un miracle et une bonne raison de remercier Dieu ?

A son fils Philippe III qui est à ses côtés à le veiller tendrement, il remet une « instruction » qu’il a écrite. C’est en fait un testament spirituel qui réunit l’essentiel de ses « Enseignements ». Des préceptes qu’il a personnellement consignés à son usage, pour être respectés à la lettre, avant son départ pour la Croisade.

Il lui rappelle d’être « loyal et rigide en rendant la justice », de se garder « de partir en guerre, sans grande délibération, contre les peuples chrétiens », de protéger « la Sainte Église », d’être « économe et raisonnable ».

Louis IX dit : « Cher fils, s’il advient que tu deviennes roi, prends soin d’avoir des qualités qui appartiennent aux rois, c’est-à-dire que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes pas de la justice. Et s’il advient qu’il y ait une querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et, quand tu la connaîtras, fais justice. Et, s’il advient que tu aies querelle contre quelqu’un d’autre, soutiens la querelle de l’adversaire devant ton conseil… ».

Maintenant il en est sûr : sa fin est proche. Il refuse toute nourriture, ainsi que les soins de ses médecins. Il interdit toutes visites hormis celles de son confesseur, Geoffroy de Beaulieu.

Le lundi 25 août, vers six heures du matin, le pieux roi Louis lève les yeux au ciel et dit :

« J’entrerai dans Ta maison, j’adorerai dans Ton saint temple et je confesserai Ton saint nom ». Témoignage de son chapelain Guillaume de Chartres .

Enfin il plonge dans l’inconscience. Vers midi, le saint monarque se dresse assis dans son lit, et commence à prier. Il est particulièrement soucieux pour tous ses sujets rescapés de la Croisade et sur l’avenir qui les attend. C’est essentiellement à eux qu’il pense et c’est avec ferveur qu’il implore Dieu de les protéger.

Il dit : « Beau sire Dieu, aie pitié de mon peuple qui est ici et ramène-le dans notre pays, qu’il ne tombe pas dans les mains de ses ennemis et qu’il ne soit pas contraint de renier Ton saint nom. »

Pour lui-même, il ne demande plus rien : « Seigneur, c’est assez : j’ai combattu jusqu’ici, j’ai travaillé jusqu’à présent à Votre service et de toutes mes forces ; j’ai servi tant que j’ai pu Votre peuple et Votre royaume que vous m’aviez confiés ; maintenant, en Votre clémence, rappelé à Vous corporellement, je Vous prie, je Vous supplie : soyez, seigneur, sanctificateur de leurs âmes et gardien de leurs corps. Je les remets à Votre pitié. »

Il demande ensuite à être étendu sur un lit de cendres en forme de croix.

A trois heures de l’après-midi, exactement à l’heure où Jésus a rendu son dernier souffle sur la croix, il murmure un ultime « oh ! Jérusalem, Jérusalem ! », puis s’éteint à tout jamais. Il a cinquante six ans.

DES RENFORTS TANT ESPÉRÉS

Le 25 août 1270 (jour de la mort de Louis IX), Charles d’Anjou, frère du roi, arrive enfin avec les renforts tant attendus. Les Croisés peuvent voir au large poindre ses navires.  Aucun cri de joie ne se fait entendre pour accueillir les forces franques qui débarquent sur le sol de cette Terre Sainte endeuillée.

 

La mort de Saint Louis- 25 août 1270

La mort de Saint Louis- 25 août 1270

Le roi de Sicile, frère cadet du roi de France, apporte son soutien avec ses troupes mais il est déjà bien trop tard. Dès le pied posé sur le sol tunisien, il s’empresse d’aller se recueillir  auprès de la dépouille de Louis IX. Puis il prête allégeance à son neveu, Philippe III le Hardi, désormais roi de France. Enfin, le 27 août, ce dernier reçoit l’hommage des barons. L’épidémie de dysenterie a eu raison de son père et de son jeune frère Tristan de Nevers, mais lui a survécu miraculeusement. Encore affaibli par la maladie, il ne peut combattre et donne le pouvoir militaire à son oncle Charles d’Anjou.

Philippe III le Courronement

Philippe III le Courronement

Pourtant, bien que malade, le jeune roi entend résolument ne rien abandonner sur ses prérogatives de souverain. Le 12 septembre, fort de ses nouveaux privilèges, il dépêche deux messagers en France. Ces derniers ont pour tâche de confirmer les pouvoirs de régence octroyés par le défunt roi Louis à l’abbé de Saint Denis, Mathieu de Vendôme, ainsi qu’au seigneur Simon de Nesle.

CONSÉQUENCE

Longtemps la flotte de Charles d’Anjou, roi de Sicile et frère cadet du roi de France, a été attendue, espérée comme une ultime bonté de Dieu. Désormais il est trop tard : le roi est passé de vie à trépas.  La Huitième Croisade n’est plus qu’un vœu pieux.

Louis IX et son fils Jean Tristan étant morts loin de chez eux, ils seront inhumés suivant la technique funéraire du « mos Teutonicus ». Plus tard, tous deux reposeront dans l’église de l’abbaye royale de Saint-Denis.

LE MOS TEUTONICUS (locution latine, littéralement « usage teuton ») désigne une technique funéraire d’excarnation pratiquée dans l’Europe médiévale. (Le corps du roi défunt est dépecé, bouilli dans du vin et les chairs sont séparées des os.)

 

 

 

 « IL EST EN REPOS SANS FIN »

Guillaume de Nangis, moine historiographe, stipule que la mort de Louis IX, roi très chrétien, protecteur de la Sainte Église, représente une perte immense : « Spécialement tout le royaume de France doit plaindre, pleurer et douloir de sa mort, lequel était en repos et en joie par un si bon prince. Et si la force de la douleur reçoit raison, il vaut mieux que la France se réjouisse que de pleurer ; car son trépas fut si chrétien et sa vie si glorieuse, et ses faits si bons et si saints, qu’espérance certaine est à tous ceux qui le connurent, qu’il est trépassé du royaume temporel à la joyeuse cour du royaume céleste, où il est en repos sans fin et régnera perpétuellement avec les saints du paradis. »

 

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