Le siège de Tunis – 1270

                                                                                    

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LES CROISADES

(1095 – 1291)

LE SIÈGE DE TUNIS

1270

 HUITIÈME CROISADE 

 (1270)

 

« Dieu le veut ! »

Croisé

Croisé

 

Un long chemin vers la terre du Christ

 

Lire :

1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II

2 – La Première Croisade

3- La Deuxième Croisade

4- La Troisième Croisade

5- La Quatrième Croisade

6- La Cinquième Croisade

7- La Sixième Croisade

8- La Septième Croisade

 9- La Huitième Croisade

INTRODUCTION

Prêchées et bénies par les papes successifs, dirigées par les souverains des royaumes et des Empires de la vieille Europe, ces expéditions se devaient d’être les ambassadrices de tout ce que l’esprit de la chevalerie médiévale portait de bon en lui. Nonobstant, les Croisades furent, mise à part la 1ère, un échec militaire, mais sur le plan culturel et économique, l’Occident chrétien en ressortira enrichi. En effet, au sortir de cette aventure, l’Europe en sera bénéficiaire ; elle était en retard sur le mode de vie d’un Orient qui commence alors à décliner. On retiendra sur le plan géopolitique, la création des États latins d’Orient : les Comtés d’Edesse et de Tripoli, la Principauté d’Antioche, et le Royaume de Jérusalem. De pair, cette période engendrera le développement et la prospérité des républiques italiennes comme Amalfi, Gênes, Pise et Venise, qui tireront des profits considérables de cette aventure.

 

 

SOMMAIRE

L’échec de la Septième Croisade aura un retentissement profond dans tout l’Occident chrétien. Après la défaite de Mansourah, Louis IX, capturé et maintenu prisonnier, ne sera libéré que contre rançon. Cet échec sera ressenti par le Capétien comme une punition de Dieu, et il en sera grandement affligé. Au 13ème siècle la ferveur religieuse n’est plus la même que pour la Première Croisade (1095-1099) ; elle s’est émoussée au fil du temps et des échecs. L’Europe ne se rassemble plus derrière sa foi et contre les infidèles comme au 12ème siècle. Alors que le tombeau du Christ est toujours aux mains des Mamelouks, en Occident les événements ont évolué. Refoulés hors de la Sicile, les Musulmans sont méthodiquement expulsés de la péninsule ibérique, Reconquista oblige (du milieu du 13ème siècle à 1492). Pourtant, en 1270, le sultan Baybar représente une menace réelle pour la survie des États latins d’Orient qui sont en danger. La situation devient urgente ; c’est ce qui persuade les papes Alexandre IV, Urbain IV et Clément IV à appeler l’Occident chrétien à une Huitième Croisade. Saint Louis veut alors tenter une nouvelle fois l’impossible… Dès 1267, il commence à réunir l’argent, les vivres et l’armement : tout ce qui est nécessaire et vital à l’expédition. En juillet 1270, il s’embarque d’Aigues-Mortes pour Tunis. Fourbu et harassé par la chaleur et le manque d’eau, le roi meurt à 56 ans, ravagé par la peste ou la dysenterie, sous les remparts de la ville. Avec cet échec se terminent deux siècles de Croisades (1095-1291). Quel meilleur symbole pouvait-on exiger, pour mettre un terme à cette longue période et pour en incarner l’ultime figure, que Saint Louis, ce roi très chrétien …

 

Tours et Remparts d'Aigues-Mortes

Tours et Remparts d’Aigues-Mortes

 

QUELQUES REPÈRES :

MAMELOUKS : sont issus de la garde d’esclaves mercenaires à la solde du Sultan ayyoubide. Ils renverseront ce dernier en 1250 lors de la Septième Croisade. Le Sultanat Mamelouks gouvernera l’Égypte et la Syrie de 1250 à 1517.

ABBASSIDES : dynastie arabe qui règne sur le Califat abbassides (750-1258), centrée sur Bagdad de 762 à 1055 (prise de la ville par les Mongols). Son fondateur, Abû al-`Abbâs surnommé As-Saffâh, est un descendant de ‘Abbas ibn ‘Abd al-Muttalib, le plus jeune oncle du prophète Mahomet.

FATIMIDES : dynastie du califat shiite positionnée sur l’Égypte (909-1171). Ses membres reconnaissent leurs origines comme descendants de Mahomet par sa fille Fatima.

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue (756-1030). Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers en 732, face à Charles Martel.

SELDJOUKIDES : membres de la plus importante des tribus turques qui ont émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran. Islamisé et organisé militairement, ce peuple conquiert un immense empire autant sur l’Empire Byzantin (prise de Constantinople en 1453) que sur les différents califats arabo-musulmans.

AYYOUBIDES : la dynastie musulmane des Ayyoubides est une famille arabe d’origine Kurde. Elle descend d’un officier kurde, Najm ad-Din Ayyub, lui-même père de Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193).

 

 

Combats entre Chrétiens et Musulmans

Combats entre Chrétiens et Musulmans

 

CHRONOLOGIE DES ÉVÈNEMENTS ANTÉRIEURS

(1268-1272)

 

Écrits du poète Rutebeuf : « On peut bien gagner Dieu sans bouger de son pays, en vivant de son héritage. Je ne fais de tort à personne. Si je pars, que deviendront ma femme et mes enfants ? Il sera temps de se battre quand le sultan viendra par ici. »

 

Siège de Tunis

Siège de Tunis

 

1261

– 25 mai : à Viterbe (Etats pontificaux), mort du pape Alexandre IV. Urbain IV lui succède.

Alexandre IV

Alexandre IV

– 25 juillet : Michel VIII Paléologue (1224-1282) reprend Constantinople aux Latins.

– 15 août : Michel VIII Paléologue (1224-1282) est couronné Empereur byzantin.

1263

Le sultan mamelouk d’Égypte, Baybars 1er, détruit Nazareth.

1264

– Février : mort de Jean d’Ibelin, seigneur de Beyrouth. Sa fille Isabelle d’Ibelin (1252-1282) lui succède.

– 2 octobre : à Pérouse, mort du pape Urbain IV. Clément IV lui succède.

 

Pape Urbain IV

Pape Urbain IV

1265

– 27 février : le sultan mamelouk d’Égypte Baybars s’empare de Césarée.

– 5 mars : prise de Caïffa par le sultan d’Égypte Baybars.

– 26 avril : le sultan d’Égypte Baybars s’empare d’Arsouf.

1266

– 25 juillet : le sultan mamelouk d’Égypte Baybars s’empare de Çafed.

– 24 août : le sultan d’Égypte Baybars bat les Arméniens près d’Alexandrie et pille Sis (capitale du royaume arménien de Cilicie).

Sis capitale du royaume arménien de Cilicie

Sis capitale du royaume arménien de Cilicie

7 décembre : mort de Jean d’Ibelin, comte de Jaffa.

1267

– 24 mars : Le roi Louis IX prend la croix. Il est rejoint par seulement 10 000 hommes.

– 7 mai : signature du traité de Viterbe. Baudouin II de Courtenay, dernier Empereur de Constantinople, abandonne au frère du roi Charles d’Anjou (1227-1285 la principauté d’Achaïe ou de Morée.

Charles d'Anjou

Charles d’Anjou

– 5 décembre : mort d’Hugues II de Lusignan, roi de Chypre. Son cousin Hugues III de Poitiers lui succède.

– 25 décembre : Hugues III de Poitiers devient roi de Chypre.

1268

– 7 mars : le sultan mamelouk d’Égypte Baybars s’empare de Jaffa.

– 15 avril : le sultan Baybars s’empare de Beaufort.

Forteresse de Beaufort

Forteresse de Beaufort

– 14 mai : prise d’Antioche par le sultan Baybars.

– 24 juin : Édouard 1er, roi d’Angleterre, prend la croix.

Edouard 1er

Édouard 1er

29 novembre : à Viterbe (États pontificaux), mort du pape Clément IV. Grégoire X lui succède.

 

Clément IV

Clément IV

1269

24 octobre : Hugues III est couronné roi de Jérusalem.

1270

– 13 janvier : mort d’Héthoum 1er, ancien roi d’Arménie.

– 2 juillet : Louis IX appareille pour la seconde fois d’Aigues-Mortes. Il doit rejoindre Cagliari, en Sardaigne, puis Tunis.

 

Départ de la Huitième Croisade

Départ de la Huitième Croisade

– 18 juillet : Saint-Louis débarque à Tunis. Alors qu’il assiège la ville, une épidémie de typhus se propage sur l’armée croisée.

– 21 juillet : la plaine de Carthage et ses puits sont aux mains des Croisés.

– 24 juillet : Carthage est prise d’assaut.

Tour de siège

Tour de siège

– 2 août : Jean Tristan, quatrième fils du roi de France, meurt victime de l’épidémie de dysenterie.

– 17 août : assassinat de Philippe de Montfort, seigneur de Toron et de Tyr.

– 20 août : Édouard 1er quitte Douvres pour la France. Il est suivi par 225 chevaliers et par plus d’un millier d’hommes.

– 25 août : Louis IX, atteint par le typhus, meurt devant les remparts de Tunis. Son frère Charles d’Anjou prend le commandement de la Croisade.

Mort de Louis IX le 25 août 1270

Mort de Louis IX le 25 août 1270

Louis IX et son fils Jean Tristan étant morts loin de chez eux, ils seront inhumés suivant la technique funéraire du « mos Teutonicus ». Plus tard, tous deux reposeront dans l’église de l’abbaye royale de Saint-Denis.

LE MOS TEUTONICUS (locution latine, littéralement « usage teuton ») désigne une technique funéraire d’excarnation pratiquée dans l’Europe médiévale. (Le corps du roi défunt est dépecé, bouilli dans du vin et les chairs sont séparées des os.)

 

– 30 octobre : la Huitième Croisade lève le siège de Tunis.

– 11 novembre : l’armée croisée quitte la Tunisie pour rejoindre la Sicile. 

 

QUELQUES REPÈRES :

CALIFE : chef temporel et spirituel dans les États musulmans. Titre porté par les successeurs du prophète Mahomet.

CALIFAT : comprend le territoire et la population musulmane qui y vit sous l’autorité d’un Calife. Trois Califats revendiqueront le rôle suprême du point de vue temporel et spirituel : Abbassides (Bagdad), Omeyyades (Damas puis Cordoue en Espagne) et Fatimides (Le Caire).

VIZIR : haut fonctionnaire, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dignitaires musulmans.

ATABEG : titre de noblesse turc. Sous l’hégémonie de la dynastie seldjoukide, il s’agissait d’un dignitaire qui avait le rôle de protecteur d’un jeune prince. A la mort de ce dernier, un Atabeg était désigné pour défendre les biens des héritiers.

ÉMIR : titre de noblesse d’un dignitaire musulman ; en arabe c’est celui qui commande, qui donne des ordres.

 

SULTAN : titre porté par des souverains de différents états musulmans, à partir du 11ème siècle (Seldjoukides). Il est donné par le calife à ceux à qui il confère ce pouvoir. Le territoire géré par un sultan est un « sultanat ».

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LE SIÈGE DE TUNIS

1270

Siège de Tunis1270

Siège de Tunis 1270

LA FIN DE LA HUITIÈME CROISADE

Le 25 août 1270 (jour de la mort de Louis IX) Charles d’Anjou, frère du roi, arrive enfin avec les renforts tant attendus.

La mort de Saint Louis- 25 août 1270

La mort de Saint Louis- 25 août 1270

Le roi de Sicile, frère cadet du roi de France, apporte son soutien avec ses troupes mais il est déjà bien trop tard. Dès le pied posé sur le sol tunisien, il s’empresse d’aller se recueillir  auprès de la dépouille de Louis IX. Puis il prête allégeance à son neveu, Philippe III le Hardi, désormais roi de France. Enfin, le 27 août, ce dernier reçoit l’hommage des barons. L’épidémie de dysenterie a eu raison de son père et de son jeune frère Tristan de Nevers, mais lui a survécu miraculeusement. Encore affaibli par la maladie, il ne peut combattre et donne le pouvoir militaire à son oncle Charles d’Anjou.

Philippe III le Courronement

Philippe III le Couronnement

Pourtant, bien que malade, le jeune roi entend résolument ne rien abandonner sur ses prérogatives de souverain. Le 12 septembre, fort de ses nouveaux privilèges, il dépêche deux messagers en France. Ces derniers ont pour tâche de confirmer les pouvoirs de régence octroyés par le défunt roi Louis à l’abbé de Saint Denis, Mathieu de Vendôme, ainsi qu’au seigneur Simon de Nesle.

UNE TRÊVE POUR SOLDE DE TOUT COMPTE !

Charles d’Anjou, maintenant à la tête d’une armée composée de troupes fraîches et aguerries, se lance à l’assaut des remparts de Tunis. Il mène une contre-attaque et inflige une lourde défaite aux Musulmans. L’émir de Tunis Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansi choisit de négocier la paix plutôt que de subir un long et meurtrier siège de sa ville.

 

PIERRIERE

Cet engin diabolique, qui s’inspire du principe du balancier, est dans sa version primitive d’une redoutable efficacité. Il est doté d’un bras mobile fixé sur une poutre verticale. Une des extrémités est chargée d’un bloc de pierre ou d’un boulet, et sur l’autre, plus courte, l’on a fixé un système de câbles. Les servants actionnent l’engin en tirant un coup sec sur les cordes pour propulser le projectile.

Pierrière

Pierrière

MANGONNEAU

Avec le temps, la machine va subir des transformations et se perfectionner grâce à l’intervention de véritables ingénieurs. Elle change de nom et devient mangonneau. Un détail qui fait toute la différence, car la force motrice fournie par l’homme est remplacée par un contrepoids qui se substitue à la traction humaine.

Mangonneau

Mangonneau

TRÉBUCHET

Enfin, elle prend le nom de trébuchet lorsque la présence de l’homme n’est plus demandée. Des projectiles de cent kilos peuvent alors être envoyés à plus de deux cents mètres avec une précision millimétrée. L’engin se révèle alors très efficace contre les murailles et devient la hantise des villes assiégées. Il ne sera supplanté qu’avec l’avènement de l’artillerie.

Trébuchet

Trébuchet

Le 30 octobre le traité de Tunis est signé entre les deux belligérants. Les signataires ont convenu d’une trêve de quinze ans et ont décidé que :

« Tous les négociants chrétiens auraient accès et libre patente dans les États de l’émir, dont les sujets bénéficieraient en France les mêmes droits (…). Les prêtres et les moines chrétiens pourraient demeurer dans les États de l’émir, qui leur donnerait un lieu pour bâtir des monastères et des églises et enterrer leurs morts ».

L’émir s’engage aussi à verser cinq mille onces d’or (dont deux mille seront pour Charles d’Anjou), pour l’abandon de Carthage par les Croisés. En outre, les prisonniers des deux camps seront libérés.

Il est plus que temps pour les Croisés de quitter cette terre contaminée par les maladies. L’épidémie continue à faire des ravages et se propage en menaçant les nouveaux venus. C’est Philippe III le Hardi qui donne le signal du départ de cette contrée devenue inhospitalière.

Le 11 novembre, la flotte croisée appareille et met le cap sur la Sicile. L’armée doit y hiverner avant de regagner la Palestine au printemps suivant pour continuer la Croisade.

Le 15 novembre, les navires arrivent à Trapani (Sicile). Alors que le roi, la reine et une partie des troupes franques mettent le pied sur le sol sicilien, une grosse tempête commence à poindre. Elle fera rage dans la nuit et la fureur des éléments sera funeste pour les coques de bois de la flotte croisée. Lorsque le jour se lève, l’on dénombrera dix huit bateaux coulés ou détruits, ainsi que la perte de quatre mille passagers et hommes d’équipage noyés. Dorénavant, la poursuite de la Croisade est devenue irréalisable.

Le jeune roi Philippe le Hardi est forcé d’abandonner le projet de reprendre le combat dès le printemps venu ; il n’en a plus les moyens. Après avoir réuni ses barons il renonce, mais jure de reprendre la croix et se donne un délai de quatre ans.

Le prince Édouard, futur roi d’Angleterre, se retrouve seul pour poursuivre la Croisade. Après avoir hiverné en Sicile avec ses troupes, il quitte l’île au printemps, et le 9 mai 1271 arrive à Saint-Jean-d’Acre (Neuvième Croisade).

Edouard 1er et sa femme Eléonore de Castille

Édouard 1er et sa femme Éléonore de Castille

La neuvième Croisade (1271-1272), menée par le roi d’Angleterre Édouard 1er, est généralement considérée comme l’ultime Croisade médiévale. Elle fut organisée d’une manière intelligente et ordonnée, mais son manque de moyens et de soldats anéantit tous les efforts consentis. Elle eut pour seuls points positifs d’amener une paix durable pour dix ans, et d’assurer presque vingt ans de pérennité dans la région de Saint-Jean-d’Acre. En 1291, les Mamelouks envahiront définitivement les territoires syriens qui appartenaient encore aux Chrétiens.

 

LA MORT DE LA REINE

Contraint et forcé, le Capétien, de son côté, se met en marche pour regagner le royaume de France, en abandonnant derrière lui de nombreux malades et agonisants. En janvier 1271, Philippe et son armée ont rejoint l’Italie. Alors que les troupes franques entreprennent la lente remontée de la Péninsule, en Calabre, le cortège est victime d’un dramatique accident : le 11 janvier, en franchissant un cours d’eau en crue, Isabelle d’Aragon (1247-1271), l’épouse de Philippe le Hardi, tombe accidentellement de son cheval.

Lire :

Isabelle d'Aragon

Isabelle d’Aragon

La jeune reine, enceinte, met au monde prématurément son cinquième enfant qui ne survit pas. Peu de temps après ce drame, le 30 janvier, la reine Isabelle est elle aussi emportée dans la mort des suites de ses blessures.

Après une brève halte à Rome, l’ost royal se rend à Florence, puis gagne Milan, traverse les Alpes au col du Mont-Cenis et amorce sa remontée dans la vallée de la Maurienne. La colonne traverse Lyon, puis rejoint Mâcon, Chalons et Troyes.

Le 21 mai, après un voyage de plus de six mois depuis leur départ de Tunisie, le roi Philippe et son armée font leur entrée dans Paris. Une grande émotion règne sur le passage du cortège royal : le peuple de la capitale pleure son roi Louis IX, décédé à l’âge de cinquante six ans. Son fils Philippe le Hardi, âgé seulement de vingt six ans, règne seul désormais sur le trône de France.

A QUI PROFITE LA HUITIÈME CROISADE ?

Finalement, Charles d’Anjou, le roi de Sicile, sera le grand bénéficiaire de cette expédition. Il en tirera de toute évidence les meilleurs avantages. C’est lui qui décida son frère Louis IX à choisir la Tunisie plutôt que la Palestine. Pour ce faire, il avança que l’émir de Tunis était d’accord pour se convertir au Christianisme, et recevoir le baptême. En fait, avec le débarquement des Francs sur le sol tunisien, le roi de Sicile escomptait recouvrir le tribut que l’émir de Tunis, Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansi, avait jusqu’alors refusé de lui verser. Ce dû faisait suite aux accords du traité de Tunis du 30 octobre 1270 et à l’évacuation de Carthage par les Croisés. Il avait été convenu alors qu’une somme de 2000 onces d’or serait allouée au roi de Sicile. Cet argent, équivalant à peu près au montant impayé, couvrait un arriéré de cinq ans. Alors qu’il vient de poser enfin les pieds en Tunisie, le prince Édouard d’Angleterre est très en colère dès qu’il apprend le marché qui s’est effectué pendant son absence. Il est furieux d’être arrivé trop tard pour négocier, et de voir lui échapper sa part du « butin ». Il accusera publiquement Charles d’Anjou d’avoir détourné la croisade à son profit.

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