La bataille de Fort Pillow

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LA GUERRE DE SÉCESSION

(1861-1865)

LA BATAILLE DE FORT PILLOW

Le 12 avril 1864, Comté de Lauderdale, Tennessee

Le massacre de Fort Pillow

SOMMAIRE

La bataille de Fort Pillow s’est déroulée le 12 avril 1864 dans le Comté de Lauderdale, Tennessee. Les forces confédérées, victorieuses, étaient commandées par le général Nathan Bedford Forrest et le brigadier général James Ronald Chalmers (1831–1898). Face à elles, la garnison fédérale du fort était placée sous les ordres des majors Lionel F. Booth (1838-1864) et William F. Bradford (1827-1864). Les deux officiers furent tous les deux tués lors du combat.

CONTEXTE

En 1864, depuis la chute de Vicksburg (le 4 juillet 1863), les nordistes sont maîtres du Mississippi. La Confédération est coupée en deux. Les armées de Grant et de Sherman s’apprêtent à passer à l’attaque.

Pour s’y opposer, les Confédérés mettent en place une série de raids dévastateurs sur les arrières des lignes ennemies. Ils comptent ainsi affaiblir les forces de l’Union qui leur font face en détruisant leurs approvisionnements. Les Sudistes veulent surtout, par la même occasion, récupérer tout ce qui leur sera nécessaire à l’effort de guerre. C’est lors du retour d’un tel raid que les forces confédérées de Nathan Bedford Forrest vont se confronter à la garnison de Fort Pillow.

La bataille de Fort Pillow

LE TENNESSEE

« L’État des Volontaires »   

 

 

 

16ème État.

Capitale : Nashville.

Date d’entrée dans l’Union : 1er juin 1796.

La contrée était autrefois habitée par différentes tribus amérindiennes (à l’origine ce sont les premiers autochtones ayant occupé le continent américain). On distingue plusieurs peuples, comme les Chicachas, les Creeks et les Cherokees.

Au milieu du 16ème siècle, les Espagnols explorent le territoire. D’abord en 1540, par le conquistador Hernando de Soto (né en 1496 ou 1497-mort en 1542), puis en 1673, par les Français Louis Jolliet (1647-1700) et Jacques Marquette (1637-1675), qui descendent le fleuve Mississippi.

En 1673, suite au Traité de Paris, la région devient propriété de la couronne d’Angleterre.

Vers 1760, de nombreux pionniers viennent s’établir dans la vallée de l’Holston, de la Watauga et de la Nolichucky. Parmi les premiers, on cite le célèbre Daniel Boone (1734-1820), qui explorera et colonisera le futur Kentucky.

En 1769 est créée la première colonie permanente à Watauga.

En 1772, un district indépendant voit le jour, la « Watauga Association », qui sera annexée par la Caroline du Nord en 1776.

En 1779, la première ville de l’État, Jonesboro, est fondée par des Caroliniens du Nord.

Après la Guerre d’Indépendance, la partie occidentale du Tennessee est cédée par la Caroline du Nord au gouvernement des États-Unis. La partie orientale, où se situe un gouvernement indépendant, devient en 1784 l’«État de Franklin ».

En 1788, la contrée est à nouveau administrée par la Caroline du Nord, et devient Territoire au sud de la rivière Ohio (« Territory South of the River Ohio»), ou Territoire du Sud-Ouest.

Le 1er juin 1796, le Tennessee intègre l’Union et devient le 16ème État américain.

État esclavagiste, le Tennessee essaie tout d’abord d’éviter la Sécession, et sera un des derniers à rejoindre la Confédération des Etats du Sud.

Son territoire sera au cœur des combats, et d’importantes batailles auront lieu sur son sol, comme Fort Donelson (Février 1862), Chattanooga (novembre 1863), Franklin (novembre 1864), et Nashville (décembre 1864).

En outre, c’est dans l’état du Tennessee que sera perpétré le terrible massacre de Fort Pillow (avril 1864). Bataille au cours de laquelle les soldats noirs ayant refusé la reddition seront systématiquement exécutés.

En mars 1866, le Tennessee sera le premier État confédéré à être réadmis au sein de l’Union.

En 1865, c’est au Tennessee que le Ku Klux Klan, société secrète sudiste, verra le jour.


FORCES EN PRÉSENCE

Équipe de tir de la 2ème Artillerie légère de couleur vers mars 1863.

POUR LE NORD

 

Les forces de l’Union (la garnison du Fort Pillow) sont placées sous les ordres du major Lionel F. Booth, qui commande la 6e artillerie lourde des troupes de couleur des États-Unis.

Major Lionel F. Booth, tué à Fort Pillow

 

 

 

 

 

 

Forces terrestres :

– le 1er Régiment d’Artillerie lourde d’Alabama (4 compagnies, 8 officiers et 213 soldats). C’est un régiment d’artillerie recruté parmi les Afro-Américains qui servent dans l’armée de l’Union.

Le 12 avril 1864, le régiment est rebaptisé « 6ème US Colored Heavy Artillery », et combat lors de la bataille de Fort Pillow. Le régiment deviendra le « 7ème US Colored Heavy Artillery », puis le « 11ème United States Colored Infantry ».

– la compagnie « D » du 2ème régiment d’artillerie montée, soit 1 officier et 40 hommes.

Ces 2 unités sont composées de soldats « afro-américains », c’est-à-dire de soldats noirs. Les officiers, eux, sont des blancs.

– 5 compagnies du 13ème de Cavalerie du Tennessee (soit 10 officiers et 285 hommes). Ce régiment est en cours de constitution.

Les défenseurs de Fort Pillow sont donc soit des troupes noires, soit des troupes composées de soldats du Tennessee, ceux que les confédérés appellent « renégats », « Tennessee Tories », ou « homemade yankees » (ce qui peut être traduit par « yankee d’occasion ou traitres »).

En avril 1864, la garnison du fort compte alors 600 hommes, dont la moitié sont d’anciens esclaves, inexpérimentés pour le combat.

Forces navales :

Une canonnière, l’« USS New Era », est présente au cours de la bataille de Fort Pillow, et interviendra dans le combat.

L’USS New Era

POUR LE SUD

 

Il s’agit d’une force de cavalerie dont le nombre varie entre 1 500 et 2 500 hommes. Les effectifs sont imprécis, car le corps principal détache fréquemment des unités pour opérer sur des objectifs secondaires. Les forces confédérées représentent 2 divisions de cavalerie, et sont sous le commandement du général Nathan Bedford Forrest.

Nathan Bedford Forrest

 

 

 

 

 

 

 

1 – la division Abraham Buford (brigades Tyree Harris Bell et Thompson),

2 – la division James Ronald Chalmers (brigades Mc Culloch et Richardson).

DÉROULEMENT DE LA BATAILLE

Le massacre de Fort Pillow

Le 12 avril, à 10h00 du matin, les forces confédérées de Forrest arrivent à Fort Pillow. À ce moment-là, James Ronald Chalmers encercle déjà la position ennemie. Une balle perdue tue le cheval de Forrest, qui est désarçonné et blessé dans sa chute. (Ce sera le premier des trois chevaux qu’il perdra ce jour-là).

Une fois que Forrest a chassé les postes défensifs avancés de l’ennemi, la bataille débute.

Chalmers a déployé des tireurs d’élite autour du terrain plus élevé qui surplombe le fort, exposant de nombreux défenseurs dans leur ligne de tir directe. Vers les 9 heures, le major Lionel F. Booth est tué d’une balle dans la poitrine par un tireur d’élite.

Le commandement nordiste passe alors au major William F. Bradford, du 6ème d’artillerie.

À 11h00, les Sudistes s’emparent de deux rangées de bastions à environ 150 mètres de l’extrémité sud du fort. Les défenseurs de l’Union n’ont pas réussi à détruire ces bâtiments avant que l’ennemi ne les occupent.

Les assaillants confédérés, bénéficiant du relief et à l’abri de la végétation, déversent un déluge de balles sur les défenseurs vulnérables. Ceux-ci, impuissants, ne peuvent même pas riposter pour se défendre, au risque de se découvrir au-dessus du parapet.

A 13 heures, les Confédérés parviennent à se faufiler jusqu’au fossé du fort ; là, ils sont relativement en sûreté. Les défenseurs nordistes ne peuvent leur tirer dessus sans s’exposer dangereusement, d’autant que les canons de leurs batteries sont dans l’incapacité de pointer aussi bas.

Vers 15 heures 30, Forrest envoie un parlementaire, sous la protection d’un drapeau blanc, pour exiger la reddition du fort. Il promet aux officiers de la garnison qu’ils seront traités comme des prisonniers de guerre. Mais le major-général nordiste William F. Bradford rejette la demande et refuse de se rendre.

Immédiatement, Forrest donne l’ordre de l’attaque. Le fort est submergé, et ses hommes ouvrent une brèche. Les défenseurs lâchent prise, reculent, puis tentent de s’enfuir, poursuivis par des Sudistes exaltés. Les Nordistes refoulent vers le fleuve où les tireurs sudistes positionnés au nord et au sud les canardent sans relâche ; la tuerie ne s’arrêtera pas.

LE MASSACRE

Le massacre de Fort Pillow

Pour l’Union, il y a eu massacre des défenseurs après leur reddition. Les témoignages fournis par des survivants laissent penser que les Sudistes ont massacré les Nordistes après qu’ils se sont rendus.

Les faits remontent jusqu’au président Lincoln. Le major-général nordiste C. C. Washburn écrira jusqu’au général Lee pour dénoncer ce crime.

Les Confédérés, eux, réfutent cette accusation. Il y a eu un assaut d’une position qui a refusé de se rendre ; et donc qui en a accepté toutes les conséquences. Des sources confédérées affirment que les soldats de Forrest ont continué à tirer en légitime défense.

PERTES

Parc historique d’État de Fort Pillow

POUR LE NORD

 

Sur un effectif total de 600 hommes (la garnison de Fort Pillow), les pertes de la bataille pour l’armée de l’Union s’élèvent à 221 tués et 130 blessés.

POUR LE SUD

 

Sur un effectif total de 1500 à 2500 hommes, les pertes de la bataille pour les Confédérés s’élèvent à 14 tués et 86 blessés.

CONSEQUENCES

Le massacre de Fort Pillow

Après la chute du Fort Pillow, Nathan Bedford Forrest sera la cible d’accusations. Dans le Nord, on lui reprochera d’avoir fait massacrer la garnison du fort, qui était composée de soldats de couleur.

Jusqu’à présent, les esclaves fugitifs évadés étaient employés dans les rangs de l’Armée de l’Union pour des tâches subalternes. Désormais, même avec une solde inférieure à celle d’un soldat blanc, un Noir peut combattre dans les rangs de l’Union.

Ce que refuse le Gouvernement confédéré, car il ne considère pas les soldats noirs comme des soldats, mais seulement comme des esclaves évadés devant être rendus à leurs propriétaires, ou vendus à de nouveaux maîtres.


L’UNITED STATED COLORED TROOPS

En 1863, le département de la Guerre des États-Unis émit les ordres généraux numéro 143, qui créèrent le « Bureau of United States Colored Troops ». L’article VI disait : « Les troupes de couleur peuvent être acceptées par les compagnies, pour être ensuite consolidées dans les bataillons et les régiments par l’adjudant général.

Les régiments seront numérotés […] dans l’ordre dans lequel ils sont élevés, le nombre devant être déterminé par l’adjudant général. » À la fin de la guerre, plus de 150 régiments d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie légère et lourde de l’USCT servirent dans les armées fédérales. Alors que la plupart des régiments recevaient des désignations USCT, plusieurs conservaient leurs affiliations étatiques, le 54ème Massachusetts et le 29ème Connecticut en étant les meilleurs exemples.

La 1st Caroline du Sud, 33ème USCT. La couleur rouge en faisait des cibles privilégiées sur le champ de bataille. Tous les uniformes de l’Union ont été normalisés en 1863

Malgré les possibilités limitées de promotion au-delà du niveau des sous-officiers, et l’inégalité salariale initiale, les soldats de l’USCT ont prouvé leur courage dans la bataille maintes et maintes fois, à des endroits comme New Market Heights, Petersburg, Battery Wagner, Port Hudson, Milliken Bend, et Fort Fisher.

Dix-sept soldats afro-américains qui ont servi dans les régiments de l’USCT ont reçu la Médaille d’honneur pour leurs actions courageuses pendant le conflit. 14 des 17 médailles d’honneur ont été gagnées à la bataille de New Market Heights.


IN MEMORY

Parc historique d’État de Fort Pillow

Soldat noir du « 54th Massachusetts Volunteer Infantry », George Washington Dugan est âgé de 44 ans lorsque, le 18 juillet 1863, il est tué lors de l’assaut sur Fort Wagner, en Caroline du Sud.

Concord, sa ville natale (Massachusetts), érigera un monument dédié à 48 de ses enfants qui sont morts pendant la guerre. Parce qu’il était porté disparu et non mort, son nom n’est pas inscrit sur le monument.

George Washington Dugan

Récemment, la ville de Concord a décidé d’honorer son héros en ajoutant son nom au monument. Les membres du « The Hannibal Guards », des historiens, et des reconstituteurs noirs ont été invités à participer à la cérémonie en l’honneur de Dugan.

Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Fort_Pillow

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Battle_of_Fort_Pillow?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

 

 

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1 réponse

  1. 3 juillet 2023

    […] outre, c’est dans l’état du Tennessee que sera perpétré le terrible massacre de Fort Pillow (avril 1864). Bataille au cours de laquelle les soldats noirs ayant refusé la reddition seront […]

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