Qui était Joséphine de Beauharnais ?

naigleMarie-Josèphe Rose de Tascher de la Pagerie

(1763-1814)

« Joséphine de Beauharnais »

« Dieu, lui aussi, a essayé de faire des ouvrages. Sa prose, c’est l’homme. Sa poésie, c’est la femme.» Napoléon Bonaparte.


Naissance et famille.

Marie-Josèphe-Rose de Tascher de la Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais, naît le 23 juin 1763 aux Trois-Îlets, en Martinique et décède le 29 mai 1814 au château de Malmaison, à Rueil-Malmaison. Issue d’une famille installée sur l’île depuis un demi-siècle, elle est la fille de Joseph Gaspard de Tascher, chevalier et seigneur de La Pagerie, et de Rose Claire des Vergers de Sannois. Venue en France très jeune, elle épouse, à l’âge de seize ans, le vicomte Alexandre de Beauharnais. Celui-ci sera guillotiné en 1794 sous la Terreur. Elle aura avec lui deux enfants :

  • Eugène de Beauharnais, (3 septembre 1781-21 février 1824), qui deviendra le gendre du roi Maximilien 1er de Bavière. Celui-ci lui donnera, le 14 novembre 1817, le titre de Duc de Leuchtenberg. Plusieurs descendants de la lignée épouseront des monarques européens.
Eugene-Beauharnais

Eugène de Beauharnais

  • Hortense Eugénie Cécile de Beauharnais (10 avril 1783-5 octobre 1837), qui épousera Louis Bonaparte, un des frères de Napoléon. Elle donnera naissance au futur Napoléon III et au Duc Charles de Morny.
Hortense_de_Beauharnais

Hortense de Beauharnais

Le mariage de Rose et d’Alexandre ne sera pas heureux. En décembre 1785, après une union dissolue de part et d’autre, le couple se sépare dans des conditions difficiles : Alexandre a multiplié les liaisons et dilapidé sa fortune (trois grandes exploitations à Saint-Domingue sur lesquelles travaillent des centaines d’esclaves). Rose vivra à Paris une existence mondaine, et ne pourra subvenir à ses dépenses ; elle sera en permanence poursuivie par ses créanciers.


Pendant la Révolution.

En 1788, elle retourne en Martinique afin d’essayer de rétablir la situation financière de ses avoirs terriens, qui demeure très précaire. Mais à partir de 1790, la Révolution finit par atteindre l’île et la force à regagner la France. Son mari est alors Président de l’Assemblée Constituante. Poste très haut placé, mais aussi très dangereux. Emprisonnée comme son époux sous la Terreur, puis délivrée le 9 thermidor, alors que son mari, lui, est guillotiné, elle parviendra à sauver ses enfants. La chute de Robespierre arrivant à point nommé, elle et tous les suspects seront libérés. Durant son incarcération au couvent des Carmes, elle nouera une liaison avec un autre prisonnier : le beau général Lazare Hoche. Rose est à présent une jeune et jolie veuve.


Reine du Directoire.

Dès sa sortie de prison, malgré une pauvreté manifeste (sa situation financière est affligeante), elle est sous le Directoire une personne très en vue, et devient la maîtresse de Barras. Sa beauté et ses amitiés haut placées lui valent des entrées dans tous les salons parisiens à la mode. Elle est tellement démunie qu’elle est dispensée, lors des soirées, d’apporter son pain, comme cela se faisait à cette époque-là. Cependant, elle est toujours bien mise, et joue de ses charmes pour payer les dettes qu’elle contracte régulièrement. Elle enchaîne les adultères, ce qui lui cause une certaine mauvaise réputation auprès de l’opinion publique. Séduisante à souhait, elle a néanmoins les dents si gâtées, que les peintres portraitistes se doivent de la représenter sur leurs toiles les lèvres fermées. Grâce à Barras, son protecteur, elle parvient à récupérer les biens d’Alexandre de Beauharnais. Dès 1795, elle acquiert un petit hôtel particulier, rue Chantereine, à Paris. Cet achat immobilier va lui permettre de se placer, selon son rang, dans la haute société parisienne. C’est par l’intermédiaire de Barras, que la citoyenne Beauharnais rencontre un jeune officier de six ans son cadet, promis à une belle carrière : Napoléon Bonaparte. Celui-ci est devenu un intime du roi du Directoire depuis la répression de l’insurrection royaliste de Vendémiaire. Elle a 32 ans, et ne voit en lui ni plus ni moins qu’une stabilité financière. Napoléon, lui, en tombe éperdument amoureux, et l’épouse civilement le 9 mars 1796, juste avant son départ pour la Campagne d’Italie. Mais c’est un mariage sans amour pour la belle courtisane qui ne voit, en ce petit général, qu’un moyen de s’élever dans les sphères les plus en vue du Directoire, où son amant, Barras occupe une place de premier choix. Elle demeure convaincue des capacités de Napoléon à se forger un bel avenir : il lui apportera la richesse qui lui fait horriblement défaut eu égard aux somptueuses dépenses dont elle fait l’objet continuellement. C’est en grande partie grâce à son influence que Napoléon sera nommé général en chef de l’armée d’Italie. Ce dernier va se montrer jaloux et possessif. Pour ne pas avoir à prononcer son deuxième prénom, tant de fois utilisé par ses anciens amants, il le féminise et le transforme en Joséphine. Les infidélités chroniques de Joséphine, qui refuse de suivre son époux pendant ses campagnes, et son inconduite durant son absence, vont rendre la vie du couple orageuse. Sa belle-famille ne la porte pas dans son cœur. Pauline, la jeune sœur de Napoléon, qui a le même âge qu’Hortense de Beauharnais, la fille de Joséphine, la surnomme « la vieille ». Et surtout, elle n’a pas encore été présentée à sa belle-mère qui vit, pour l’instant, à Marseille.


Epouse du 1er Consul.

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Château de Malmaison Rueil

Le 21 avril 1799, sous le Directoire, Joséphine acquiert le château de la Malmaison, situé dans la commune de Rueil-Malmaison, dans le département des Hauts-de-Seine. A la demande de Napoléon, la bâtisse fera l’objet d’une refonte totale quant à sa rénovation et sa décoration. Un projet ambitieux de reconstruction du Château, présenté par l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, sera modéré par Bonaparte, étant jugé trop onéreux. Durant le Consulat, Napoléon y séjournera à plusieurs reprises jusqu’en 1804. Le château deviendra même un temps le centre nerveux du gouvernement français, en parallèle de celui des Tuileries, puis le choix se portera sur le château de Saint Cloud, un édifice plus digne de son rang.

Une fois la Campagne d’Egypte terminée, c’est dans son hôtel particulier de la rue Chantereine, que sera préparé le coup d’Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799), qui propulsera Napoléon vers le Consulat. Joséphine y participera activement, au même titre que son beau-frère Joseph, et Joachim Murat, qui le deviendra le 18 janvier 1800, en se mariant avec Caroline.

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Coup d’Etat du 18 Brumaire


Le Consulat et le Triumvirat.

Le 9 novembre 1799, le coup d’Etat du 18 Brumaire donne le pouvoir à trois Consuls : Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos. La Constitution de l’an VIII (13 décembre 1799), rédigée par Bonaparte, lui donne la presque totalité du pouvoir. Le Triumvirat ne survivra que quelques semaines, et en décembre 1799, Napoléon sera nommé Premier Consul pour une durée de dix ans. Sa marge de manœuvre est alors immense : il détient le pouvoir exécutif, promulgue les lois, nomme les membres de toutes les administrations et des conseils départementaux et municipaux, les officiers, les conseillers d’Etat, les diplomates, ainsi que les juges. Les deux autres Consuls, Lebrun et Cambacérès n’ont que des participations consultatives. Et le 16 Thermidor An X (4 août 1802), le Sénatus-consulte, ratifié par plébiscite, lui accorde des pouvoirs encore plus importants : il devient Consul à vie.

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Joséphine Beauharnais


L’Empire en ligne de mire.

Joséphine sait qu’elle ne peut donner un héritier à son mari et veut assurer sa position en renforçant ses liens avec la famille de son époux. Son temps est compté, elle veut à tout prix éviter la répudiation. Le 4 janvier 1802 est célébré le mariage d’Hortense de Beauharnais avec Louis Bonaparte. A la Malmaison elle charme ses invités, et assume avec aisance ses fonctions de première dame, titre qu’elle préfère à celui de Consulesse.

  • Le 18 mai 1804, le Sénat vote l’instauration d’un gouvernement impérial et proclame Napoléon Empereur héréditaire des Français.
  • Le 30 octobre 1804, dans la chapelle du palais des Tuileries, en présence du cardinal Fesch, Napoléon et Joséphine se marient religieusement. Elle espère ainsi, assoir définitivement sa notoriété d’épouse de celui qui va s’appeler désormais Napoléon 1er.

 

Le Sacre.

Le 2 décembre 1804, en présence du pape Pie VII, il lui pose, lui-même, la couronne impériale sur la tête et la proclame impératrice des Français.
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Tandis que l’étoile de son mari de cesse de grandir et de briller au firmament des plus hautes instances de la vie politique de la France, Joséphine se range à de meilleurs sentiments et s’assagit. Elle comprend toute l’utilité qu’elle peut apporter dans un domaine où elle excelle : la diplomatie. En témoigne le tableau du « Sacre » peint par David qui, à sa demande et par son habileté, représente son couronnement à elle, et non celui de Napoléon.


Le divorce.

Maria-Walewska

Maria Walewska

Mais l’avenir, pour Rose, ne s’annonce pas reluisant. Elle s’avère incapable de donner à son époux l’héritier dont il a besoin pour pérenniser son statut d’Empereur. Joséphine a déjà mis au monde deux enfants, Eugène et Hortense. Il semble donc que la stérilité ne peut venir que de son époux. Jusqu’au jour où une suivante de sa sœur Caroline lui donne un fils, le comte Léon, et sa jolie maîtresse polonaise, la comtesse Maria Walewska, un autre. Cette révélation est autant douloureuse pour Napoléon que pour Rose : tous les deux savent maintenant que leur union ne pourra y survivre.

Le divorce est signé le 15 décembre et prononcé par un sénatus-consulte le 16 décembre 1809 ; le mariage religieux sera annulé l’année suivante. Napoléon ne s’en remettra jamais véritablement et il lui sera très dur de renoncer à cette union.

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Le divorce de l’Impératrice Joséphine

«Adieu, ma chère Joséphine, résignez-vous ainsi que moi, et ne perdez jamais le souvenir de celui qui ne vous a jamais oubliée et ne vous oubliera jamais.» Napoléon.

Cependant, l’Empereur va se montrer très généreux et lui accordera le luxe dont elle a tant besoin. Joséphine conservera son titre d’Impératrice des Français, et recevra une riche dotation comprenant le château de la Malmaison.

Entourée de sa famille, elle est une mère et grand-mère comblée. Napoléon lui rendra de nombreuses visites. Elle y mènera une existence des plus luxueuses, consacrant tout son temps à sa passion pour la botanique, au milieu de ses jardins exotiques et de ses collections de fleurs qu’elle fera venir, à grands frais, du monde entier. Elle décèdera à la Malmaison peu après la chute de l’Empire, le 29 mai 1814, à l’âge de 51 ans, d’une fluxion de poitrine. C’est en souhaitant faire visiter son domaine au Tsar Alexandre 1er, vêtue d’une simple robe d’été, qu’elle avait pris froid.
Le 28 septembre 1825, ses cendres sont inhumées en l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Rueil-Malmaison dans le tombeau commandé par ses deux enfants, Eugène et Hortense.

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Tombeau de Joséphine Rueil


Rapport de police du 31 mai 1814
par Monsieur le comte Beugnot (35)

«La mort de Mme de Beauharnais a excité généralement des regrets. Cette femme était née avec de la douceur et quelque chose d’élégant et d’aimable dans les manières et l’esprit. Elle n’était pas sans instruction et sans quelque goût des beaux-arts. Malheureuse à l’excès durant le règne de son mari, elle s’était réfugiée contre ses brutalités et ses dédains dans la culture de la botanique et avait été assez loin dans cette science aimable. Depuis sa retraite, elle avait fait de Malmaison un séjour enchanteur et riche de trésors de plus d’un genre. Le public était instruit des combats qu’elle livrait pour arracher des victimes à Bonaparte, et lui avait su gré d’avoir embrassé ses genoux pour sauver le duc d’Enghien. Seule au milieu de ces Corses fastueux, elle parlait la langue des Français et devinait leurs cœurs. La bonne compagnie lui donne des regrets. Le peuple, qui ne veut pas permettre aux personnages un peu fameux de mourir de leur mort naturelle, veut qu’elle ait été empoisonnée. La vérité est que, mal disposée mercredi dernier, lorsque l’empereur de Russie l’honora de sa visite, elle fit des efforts pour accompagner ce prince dans ses jardins et qu’elle a gagné un refroidissement dont elle a été si mal traitée qu’elle a succombé après quatre jours de maladie. Son fils, le prince Eugène, n’a point fait imprimer de billets de part, mais il en a envoyé à la main de forts modestes et où il a éludé la difficulté de donner des titres à sa mère. Il s’est retiré avec sa sœur dans la terre de Saint-Leu qui appartient à cette dernière.»

aigle

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1 réponse

  1. 25 septembre 2014

    […] dans la propriété de Joséphine de Beauharnais, rue Chantereine à Paris, que se trame le renversement du régime. Pour se faire, Sieyès, […]

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