An 800, Charlemagne est couronné Empereur d’Occident

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

AN 800, CHARLEMAGNE EST COURONNE

EMPEREUR D’OCCIDENT

25 décembre 800 Charlemagne est couronné empereur d’Occident

Armoiries imaginaires attribuées à Charlemagne telles qu’on peut les voir dans Les écus armoriés des Neuf Preux. Paris, Bibliothèque nationale de France

Situation en Europe occidentale vers l’an 800

 

A la fin du VIIIème siècle, l’empire franc représente à peu près tout l’Occident chrétien. Il s’étend à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud-est jusqu’à Bénévent (en Campanie, Italie), et au sud-ouest jusqu’à l’Èbre (fleuve d’Espagne).

Seuls quelques petit royaumes anglo-saxons et espagnols n’ont pas été intégrés. Ils représentent une infime quantité. D’ailleurs, ces petites monarchies se révèlent amicales, et affichent envers le roi des Francs une vraie reconnaissance pour sa protection.

Donc, la suprématie de Charlemagne s’applique à tous les pays, et à tous les hommes qui admettent le pape de Rome comme autorité centrale de l’Église.

Au-delà, c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde infidèle de l’Islam, ou enfin le vieil Empire d’Orient byzantin (celui-ci est Chrétien, certes, mais montre une orthodoxie bien incertaine et, de plus en plus, les Byzantins se groupent autour du patriarche de Constantinople, ostracisant ainsi le pape de Rome).

Situation dans l’Empire byzantin

Irène l’Athénienne. Un solidus à son l’effigie.

Depuis 792, l’Empire Byzantin est dirigé par Irène, la mère de l’empereur Constantin VI. En 797, elle assume officiellement le titre de « basileus » (titre des empereurs byzantins dans l’Empire romain d’Orient), ce qui, dans la société de l’époque, est un peu inconvenant. A plus forte raison lorsqu’on sait que son fils est mort peu après avoir eu les yeux crevés sur son ordre. Les milieux carolingiens considèrent que le titre impérial byzantin n’est pas légitimement porté.

EMPEREUR ET BON CHRÉTIEN !

Carolus Magnus n’est pas seulement un conquérant, c’est aussi un bon chrétien : il a mis son épée au service de la foi. A Rome, le jour de Noël 800, le plus puissant des souverains d’Occident, petit-fils de Charles Martel, va être sacré Empereur par le pape Léon III.

Le 24 novembre 800, Charlemagne entre dans Rome avec faste, magnificence, et beaucoup d’éclat. Le suivent ses conseillers et une forte troupe en arme. Le peuple est au rendez-vous, l’acclame, et l’accueille en triomphe.

Le puissant roi des Francs est venu rétablir l’autorité du Saint Père Léon III ; et ça ne plait pas à tout le monde, notamment aux grands seigneurs. La présence du Carolingien n’est pas de bonne augure pour ceux qui ont essayé de se débarrasser d’un pape peu manipulable à leur goût. C’est pourquoi Charlemagne ne se sent pas à l’aise à Rome : trop de conspiration, de manigances et de complots agitent l’aristocratie et le clergé.

Quelques mois plus tôt, le 25 avril 799, au cours de la procession de Saint Marc, le pontife Léon III a été victime d’un attentat dirigé par le clan byzantin. Des sbires armés l’ont agressé, molesté. Ils ont tenté de lui crever les yeux et de lui couper la langue. Immédiatement, le pape est venu demander la protection de Charlemagne, le puissant monarque carolingien qui a mis son épée au service de Dieu.

Cet événement va sonner le glas de la suprématie des défenseurs de Byzance sur Rome.

Le 23 décembre 800, à la basilique Saint-Pierre-du-Latran, Léon III prête le serment d’innocence. Il est ainsi réhabilité dans ses fonctions, et les coupables de l’attentat sont identifiés et punis.

Serment d‘innocence de Léon III

Serment d‘innocence de Léon III

Il représente un événement survenu à la veille du couronnement de Charlemagne. Le pape répond aux calomnies des neveux de son prédécesseur, Adrien Ier, en réaffirmant le principe que le vicaire du Christ n’est responsable de ses actes que devant Dieu.


LÉON III RECONNAISSANT… ET PROSTERNÉ

Léon III, détail d’une mosaïque du triclinium leoninum de l’ancien palais du Latran. Vers 799. Rome

Léon III, successeur du pape Hadrien Ier, centralise tous les ressentiments de l’aristocratie romaine. En 799, il est capturé par Paschalis (le neveu d’Adrien Ier) et isolé dans le monastère de Saint-Érasme (il est frappé et jeté à terre. On essaie de lui couper la langue et de lui crever les yeux).

Il parvient à s’échapper, se réfugie auprès de Charlemagne, et sollicite du roi des Francs justice et protection.

De retour à Rome, le pape Léon est replacé provisoirement sur son siège pontifical, mais seul un empereur lui semble être en capacité de restaurer son autorité. 

Le jour de Noël 800, à Rome, Léon III couronne Charlemagne Empereur. Pour le Saint Père, cet événement représente son entière et totale réhabilitation.

Charlemagne couronné empereur d’Occident par le pape Léon III

Désormais, le Saint Siège sera tout prédisposé à ce que Charlemagne domine entièrement l’église franque ; les réformes vont pouvoir commencer…


DES CÉRÉMONIES SOMPTUEUSES

Charlemagne

Le pontife presse le roi Charles pour que celui-ci assiste aux cérémonies de Noël. Les festivités doivent se dérouler dans la basilique érigée sur la tombe de Saint Pierre par Constantin, le premier Empereur chrétien.

Le matin de Noël 800, la foule, venue en masse, s’agglutine dans le sanctuaire où doit se dérouler la cérémonie. Charlemagne a endossé la « chlamyde » (le manteau) et a chaussé les sandales des patriciens romains. Aussitôt entré dans la basilique, il va se prosterner et se recueillir devant la Confession de l’Apôtre. Puis un jeune clerc, s’avançant vers lui, lui apporte sur un coussin de couleur pourpre la couronne d’or des Empereurs, sertie de pierres précieuses.

Couronne de Charlemagne

Le Saint Père avance vers Charlemagne et, tout en prononçant la formule de consécration, lui impose la couronne sur la tête. Puis, se tournant vers l’assemblée, il demande que la foule présente crie par trois fois : « Charles, Auguste, couronné par Dieu grand et pacifique Empereur, vie et victoire ! »

Buste reliquaire de Charlemagne

Une fois le silence revenu dans la basilique, le pape oint d’huile sainte la tête du puissant monarque. Puis l’assemblée entonne les louanges, alors que le pontife offre à Charlemagne l’acte d’hommage qui était jusqu’à présent réservé aux souverains de Byzance.

UNE FIN DU MONDE PRÉSAGÉE !

25 décembre 800 Charlemagne est couronné empereur d’Occident

Les prédictions avaient annoncé la fin du monde pour l’année 800. Le Carolingien est alors au pinacle de son règne. Mais toute médaille a son revers… Au cours de son séjour à Rome, sa mère, Berthe au grand pied, son ami, le lettré Alcuin, et surtout (ce qui va attrister profondément Charlemagne) son épouse, Liutgarde, rendent leur âme à Dieu.

Alcuin

C’est porté par un immense chagrin que le nouvel Empereur d’Occident regagne sa capitale d’Aix-la-Chapelle.

CHARLEMAGNE VOULAIT-IL ÊTRE SACRE EMPEREUR ?

Charlemagne

Le jour de Noël de l’an 800, Charlemagne est donc couronné empereur d’Occident par le pape Léon III. Une fois le sacre terminé, le nouvel Empereur se montre courroucé que les rites de son couronnement soient inversés au profit du pape.

En effet, Léon III lui dépose subitement la couronne sur la tête alors qu’il est en train de prier, et ensuite seulement, le fait acclamer et se prosterne devant lui. Une façon manifeste de signifier que c’est lui, le Pape, qui fait l’Empereur, et non pas le contraire.

Selon Éginhard (le biographe de Charlemagne), l’Empereur serait sorti furieux de la cérémonie : il aurait préféré que l’on suive le rituel byzantin, à savoir l’acclamation, le couronnement, et enfin l’adoration.

Eginhard (770-840)

Éginhard évoque même que « Charlemagne aurait renoncé à entrer dans l’Église ce jour-là, s’il avait pu connaître d’avance le dessein du pontife ».


De nombreuses questions se posent : Charlemagne a-t-il été couronné par surprise, à son insu ? S’est-il fait prier pour accepter l’offre ? A-t-il passé un accord avec Léon III ?

Charlemagne

Depuis la mort de Théodose Ier (empereur romain de l’antiquité tardive), en 395, l’ancien empire romain est divisé en deux parties : la partie occidentale, avec Rome pour capitale, et la partie orientale qui dépend, elle, de Constantinople.

Quant à Rome, elle se trouve partagée entre Byzance à l’Est, et le royaume franc.  

En 797, Irène, l’impératrice d’Orient, a fait aveugler son fils (Constantin IV) pour s’emparer du trône. Beaucoup de contemporains de l’époque estiment qu’il n’y a plus d’empereur et que la place est libre. C’est le bon moment pour Léon III, qui s’empare de la situation favorable pour se tourner vers Charlemagne.

Une fois sacré empereur, que ce soit ou non contre sa volonté, le Carolingien confirme son indépendance vis-à-vis de l’Église de Rome. Car pour lui, sa capitale n’est pas Rome mais Aix-la-Chapelle. D’ailleurs, il n’oubliera jamais qu’il est un de ces Francs conquérants de l’Occident.


SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

 

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