An 800, Charlemagne est couronné Empereur d’Occident
LES CAROLINGIENS
AN 800, CHARLEMAGNE EST COURONNE
EMPEREUR D’OCCIDENT
Situation en Europe occidentale vers l’an 800
A la fin du VIIIème siècle, l’empire franc représente à peu près tout l’Occident chrétien. Il s’étend à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud-est jusqu’à Bénévent (en Campanie, Italie), et au sud-ouest jusqu’à l’Èbre (fleuve d’Espagne).
Seuls quelques petit royaumes anglo-saxons et espagnols n’ont pas été intégrés. Ils représentent une infime quantité. D’ailleurs, ces petites monarchies se révèlent amicales, et affichent envers le roi des Francs une vraie reconnaissance pour sa protection.
Donc, la suprématie de Charlemagne s’applique à tous les pays, et à tous les hommes qui admettent le pape de Rome comme autorité centrale de l’Église.
Au-delà, c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde infidèle de l’Islam, ou enfin le vieil Empire d’Orient byzantin (celui-ci est Chrétien, certes, mais montre une orthodoxie bien incertaine et, de plus en plus, les Byzantins se groupent autour du patriarche de Constantinople, ostracisant ainsi le pape de Rome).
Situation dans l’Empire byzantin
Depuis 792, l’Empire Byzantin est dirigé par Irène, la mère de l’empereur Constantin VI. En 797, elle assume officiellement le titre de « basileus » (titre des empereurs byzantins dans l’Empire romain d’Orient), ce qui, dans la société de l’époque, est un peu inconvenant. A plus forte raison lorsqu’on sait que son fils est mort peu après avoir eu les yeux crevés sur son ordre. Les milieux carolingiens considèrent que le titre impérial byzantin n’est pas légitimement porté.
EMPEREUR ET BON CHRÉTIEN !
Carolus Magnus n’est pas seulement un conquérant, c’est aussi un bon chrétien : il a mis son épée au service de la foi. A Rome, le jour de Noël 800, le plus puissant des souverains d’Occident, petit-fils de Charles Martel, va être sacré Empereur par le pape Léon III.
Le 24 novembre 800, Charlemagne entre dans Rome avec faste, magnificence, et beaucoup d’éclat. Le suivent ses conseillers et une forte troupe en arme. Le peuple est au rendez-vous, l’acclame, et l’accueille en triomphe.
Le puissant roi des Francs est venu rétablir l’autorité du Saint Père Léon III ; et ça ne plait pas à tout le monde, notamment aux grands seigneurs. La présence du Carolingien n’est pas de bonne augure pour ceux qui ont essayé de se débarrasser d’un pape peu manipulable à leur goût. C’est pourquoi Charlemagne ne se sent pas à l’aise à Rome : trop de conspiration, de manigances et de complots agitent l’aristocratie et le clergé.
Quelques mois plus tôt, le 25 avril 799, au cours de la procession de Saint Marc, le pontife Léon III a été victime d’un attentat dirigé par le clan byzantin. Des sbires armés l’ont agressé, molesté. Ils ont tenté de lui crever les yeux et de lui couper la langue. Immédiatement, le pape est venu demander la protection de Charlemagne, le puissant monarque carolingien qui a mis son épée au service de Dieu.
Cet événement va sonner le glas de la suprématie des défenseurs de Byzance sur Rome.
Le 23 décembre 800, à la basilique Saint-Pierre-du-Latran, Léon III prête le serment d’innocence. Il est ainsi réhabilité dans ses fonctions, et les coupables de l’attentat sont identifiés et punis.
Il représente un événement survenu à la veille du couronnement de Charlemagne. Le pape répond aux calomnies des neveux de son prédécesseur, Adrien Ier, en réaffirmant le principe que le vicaire du Christ n’est responsable de ses actes que devant Dieu.
Léon III, successeur du pape Hadrien Ier, centralise tous les ressentiments de l’aristocratie romaine. En 799, il est capturé par Paschalis (le neveu d’Adrien Ier) et isolé dans le monastère de Saint-Érasme (il est frappé et jeté à terre. On essaie de lui couper la langue et de lui crever les yeux). Il parvient à s’échapper, se réfugie auprès de Charlemagne, et sollicite du roi des Francs justice et protection. De retour à Rome, le pape Léon est replacé provisoirement sur son siège pontifical, mais seul un empereur lui semble être en capacité de restaurer son autorité. Le jour de Noël 800, à Rome, Léon III couronne Charlemagne Empereur. Pour le Saint Père, cet événement représente son entière et totale réhabilitation. Désormais, le Saint Siège sera tout prédisposé à ce que Charlemagne domine entièrement l’église franque ; les réformes vont pouvoir commencer…
DES CÉRÉMONIES SOMPTUEUSES
Le pontife presse le roi Charles pour que celui-ci assiste aux cérémonies de Noël. Les festivités doivent se dérouler dans la basilique érigée sur la tombe de Saint Pierre par Constantin, le premier Empereur chrétien.
Le matin de Noël 800, la foule, venue en masse, s’agglutine dans le sanctuaire où doit se dérouler la cérémonie. Charlemagne a endossé la « chlamyde » (le manteau) et a chaussé les sandales des patriciens romains. Aussitôt entré dans la basilique, il va se prosterner et se recueillir devant la Confession de l’Apôtre. Puis un jeune clerc, s’avançant vers lui, lui apporte sur un coussin de couleur pourpre la couronne d’or des Empereurs, sertie de pierres précieuses.
Le Saint Père avance vers Charlemagne et, tout en prononçant la formule de consécration, lui impose la couronne sur la tête. Puis, se tournant vers l’assemblée, il demande que la foule présente crie par trois fois : « Charles, Auguste, couronné par Dieu grand et pacifique Empereur, vie et victoire ! »
Une fois le silence revenu dans la basilique, le pape oint d’huile sainte la tête du puissant monarque. Puis l’assemblée entonne les louanges, alors que le pontife offre à Charlemagne l’acte d’hommage qui était jusqu’à présent réservé aux souverains de Byzance.
UNE FIN DU MONDE PRÉSAGÉE !
Les prédictions avaient annoncé la fin du monde pour l’année 800. Le Carolingien est alors au pinacle de son règne. Mais toute médaille a son revers… Au cours de son séjour à Rome, sa mère, Berthe au grand pied, son ami, le lettré Alcuin, et surtout (ce qui va attrister profondément Charlemagne) son épouse, Liutgarde, rendent leur âme à Dieu.
C’est porté par un immense chagrin que le nouvel Empereur d’Occident regagne sa capitale d’Aix-la-Chapelle.
CHARLEMAGNE VOULAIT-IL ÊTRE SACRE EMPEREUR ?
Le jour de Noël de l’an 800, Charlemagne est donc couronné empereur d’Occident par le pape Léon III. Une fois le sacre terminé, le nouvel Empereur se montre courroucé que les rites de son couronnement soient inversés au profit du pape.
En effet, Léon III lui dépose subitement la couronne sur la tête alors qu’il est en train de prier, et ensuite seulement, le fait acclamer et se prosterne devant lui. Une façon manifeste de signifier que c’est lui, le Pape, qui fait l’Empereur, et non pas le contraire.
Éginhard évoque même que « Charlemagne aurait renoncé à entrer dans l’Église ce jour-là, s’il avait pu connaître d’avance le dessein du pontife ».
Depuis la mort de Théodose Ier (empereur romain de l’antiquité tardive), en 395, l’ancien empire romain est divisé en deux parties : la partie occidentale, avec Rome pour capitale, et la partie orientale qui dépend, elle, de Constantinople. Quant à Rome, elle se trouve partagée entre Byzance à l’Est, et le royaume franc. En 797, Irène, l’impératrice d’Orient, a fait aveugler son fils (Constantin IV) pour s’emparer du trône. Beaucoup de contemporains de l’époque estiment qu’il n’y a plus d’empereur et que la place est libre. C’est le bon moment pour Léon III, qui s’empare de la situation favorable pour se tourner vers Charlemagne. Une fois sacré empereur, que ce soit ou non contre sa volonté, le Carolingien confirme son indépendance vis-à-vis de l’Église de Rome. Car pour lui, sa capitale n’est pas Rome mais Aix-la-Chapelle. D’ailleurs, il n’oubliera jamais qu’il est un de ces Francs conquérants de l’Occident.
SARCOPHAGES CAROLINGIENS
– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole
En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.
Lire : Cornillon-Confoux
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne