L’opération « Walkyrie »
SECONDE GUERRE MONDIALE

Rastenburg
LE « WOFSCHANZE »,
ET L’OPÉRATION « WALKYRIE »
Le complot du 20 juillet 1944 contre Hitler

Le « Wofschanze »

Le « Wofschanze » Le « Wofschanze », également « Wolfschanze », (en français : « Retranchement du Loup » ou, « Tanière du Loup ») se situait en Prusse orientale, près de Rastenburg. C’était le nom de code désignant le principal quartier général d’Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était aussi le nom de camouflage d’une base militaire de l’état-major des forces armées allemandes, située dans les bois, près du hameau de Forst Görlitz (aujourd’hui Gierłoż, près de Rastenburg), alors en Prusse-Orientale (aujourd’hui Kętrzyn, en Pologne). Il se composait d’un ensemble de blockhaus et de maisons en rondins aux toits recouverts d’herbe, bâtis dans une épaisse forêt ; le tout protégé par plusieurs lignes de fils de fer barbelés, de champs de mines, et de positions défensives. Il était desservi par un aérodrome situé dans le voisinage. On trouvera souvent le terme « Wolfsschanze » traduit comme « tanière du loup » ; mais « Schanze » indique en allemand une position militaire fortifiée, comme un fortin ou une casemate, et non comme le terrier d’un animal. Le complexe fut détruit et abandonné par les Allemands le 25 janvier 1945, lors de la retraite de la Wehrmacht face à l’avancée soviétique. L’Armée rouge s’en emparera deux jours plus tard.

Drapeau du Rastenburg
L’OPÉRATION WALKYRIE
Berlin, été 1944.
La guerre fait rage, et l’Europe est en ruine ; des villes entières sont anéanties ; on compte des millions de morts. Et pourtant, au milieu de ce chaos, des hommes s’élèvent et osent l’inconcevable : ils projettent de tuer Adolf Hitler.
A la tête de cette conjuration se trouve le colonel Claus Schenk Graf von Stauffenberg.
Ce noble, natif du « souabe Jettingen-Sheppach » (circonscription de Bavière), est considéré, dès le début de la guerre, comme un officier brillant, courageux et loyal envers le « chef ». Mais ce qu’il va voir en première ligne, les atrocités des SS, les meurtres systématiques, la mort insensée d’innombrables camarades, toutes ces horreurs vont le décider : Hitler doit mourir. À tout prix.
Souabe
Le plan
Un coup d’état se met en place sous le nom de code de « Opération Valkyrie ». Stauffenberg lui-même doit commettre l’assassinat au cours d’un briefing avec le « Führer », au centre du « Wolfsschanze » (le quartier général d’Adolf Hitler).
Une mallette contenant un explosif avec minuterie doit être programmée onze minutes avant la détonation. Puis s’en suivra l’évasion à Berlin, où ses co-conspirateurs attendent pour s’emparer du pouvoir.
Jour de l’attentat : le 20 Juillet 1944.
Stauffenberg se rend à Rastenburg avec son adjudant Verner von Haeften. Malgré ses graves blessures de guerre (il a perdu un œil, une main et deux doigts au combat), il porte lui-même l’engin explosif dans la salle de conférence.
Vers 12 h 15, à la fin de la réunion avec Keitel, Stauffenberg demande à se rafraîchir et à changer de chemise (ce qui n’a rien de surprenant en raison de la chaleur estivale).
Rejoint dans les toilettes par Haeften, il n’a le temps d’amorcer, compte tenu de son handicap, que l’une des deux bombes ; de plus, il est interrompu dans ses préparatifs par un officier envoyé par l’aide de camp de Keitel, Ernst John von Freyend. Celui-ci lui demande de se presser, en raison d’un appel téléphonique urgent du général Erich Fellgiebel (responsable des communications du Haut Commandement de la Wehrmacht – OKW – et chargé d’empêcher, après l’attentat, toute communication vers l’extérieur).
Stauffenberg place l’explosif amorcé dans sa serviette, et remet l’autre à Haeften. Selon certains historiens, comme Ian Kershaw et Joachim Fest, si Stauffenberg avait conservé l’engin non amorcé dans sa serviette, l’effet de l’explosion aurait été doublé, ce qui n’aurait laissé aucun survivant dans la salle de conférence.
La veille, Hitler a décidé que la réunion serait écoutée, qu’elle ne regrouperait qu’un nombre limité de participants, et se focaliserait uniquement sur des affaires courantes et des problèmes essentiels.
Goering et Himmler, apprenant qu’en raison de la visite de Mussolini la réunion sera brève et assez peu intéressante, décident de ne pas y participer (alors qu’habituellement, ils assistent à la conférence journalière).
Stauffenberg rejoint la réunion pendant l’exposé du général Adolf Heusinger (1897-1982) ; en raison du handicap dû à sa surdité partielle, il demande à être placé à la droite du Führer, et à sa proximité immédiate.
Le lieutenant-colonel Ernst John von Freyend (1909-1980), qui ne participe pas à la réunion, propose de lui porter sa serviette (sans savoir qu’elle contient la bombe), et la dépose contre le côté externe du socle massif de la table. Selon Paul Berben, Stauffenberg l’a placé initialement du côté intérieur du socle en bois de la table de conférence, c’est-à-dire à proximité immédiate de Hitler ; mais, toujours selon le même auteur, Heinz Brandt (1907-1944), gêné lors de l’examen des cartes par la position de la serviette, la déplace du côté extérieur du socle ; un geste qui sauve vraisemblablement la vie du Führer. Peu de temps après le début de la réunion, Stauffenberg quitte la salle, en prétextant un appel téléphonique urgent.
12h42 – la mallette explose…
Stauffenberg voit de la fumée s’échapper, et des corps sont projetés par la fenêtre. Des éclats de bois, de verre et de carton-pâte virevoltent, puis des lambeaux de papier et de la laine isolante calcinée se mettent à pleuvoir. Il ne peut pas voir qu’à ce moment-là, dans la salle, les dégâts sont considérables. Le revêtement du plafond et des murs (en carton-paille blanc) pend en lambeaux. Les châssis des fenêtres sont brisés, et les rideaux déchirés. La grande table, dont plus de la moitié du plateau a été détruit, s’est effondrée ».
Pour Stauffenberg, ça ne fait aucun doute : Hitler est mort.
Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’un malencontreux événement a fait échouer tout le mécanisme de son plan, si méticuleusement préparé.
Il ne sait pas qu’un officier a poussé la sacoche infernale derrière l’énorme jambe de la solide table de réunion. Ce petit geste a un impact gigantesque. L’explosion tue quatre hommes, et pourtant Hitler survit ; blessé, mais vivant.
Au moment où Stauffenberg quitte la salle de conférence du baraquement, 24 personnes sont présentes autour de la table :
1 – Adolf Hitler, légèrement blessé. Il est projeté contre une cloison ; il est étourdi et souffre d’égratignures, de brûlures superficielles et de contusions, surtout au bras droit. Il a également les deux tympans perforés, et près de 200 petits éclats de bois seront retirés de ses jambes. Ses vêtements sont en lambeaux.
2 – Adolf Heusinger (Generalleutnant, chef des opérations au Haut Commandement de l’Armée de terre – OKH – faisant office de chef d’état-major adjoint de l’Armée de terre), légèrement blessé.
3 – Günther Korten (General der Flieger, chef d’état-major adjoint de la Luftwaffe), grièvement blessé. Il est éventré par un éclat de bois, et décédera à l’hôpital le surlendemain.
4 – Heinz Brandt (Oberst affecté à l’état-major général, 1er officier de l’état-major général de l’Armée de terre, suppléant du général Heusinger) ; il a une jambe arrachée et mourra à l’hôpital le surlendemain.
5 – Karl-Heinrich Bodenschatz (General der Flieger, officier de liaison du commandant en chef de la Luftwaffe au quartier général du Führer), grièvement blessé.
6 – Heinz Waizenegger (Oberstleutnant affecté à l’état-major général, aide de camp de Keitel) ; blessé.
7 – Rudolf Schmundt (Generalleutnant, aide de camp en chef pour la Wehrmacht auprès de Hitler, et chef du personnel de l’Armée de terre) ; grièvement blessé à la cuisse, il décèdera à l’hôpital deux mois plus tard, le 1er octobre.
8 – Heinrich Borgmann (Oberstleutnant affecté à l’état-major général, aide de camp de Hitler) ; il est grièvement blessé.
9 – Walter Buhle (General der Infanterie, représentant de l’état-major de l’Armée de terre auprès du Haut Commandement de la Wehrmacht) ; il est blessé.
10 – Karl-Jesko von Puttkamer (Konteradmiral, aide de camp pour la Marine auprès de Hitler) ; il est légèrement blessé.
11 – Heinrich Berger (sténographe) ; il est grièvement blessé et a les deux jambes arrachées. Il mourra dans l’après-midi même.
12 – Heinz Assmann (Kapitän zur See, officier d’état-major de la Marine auprès du commandement des opérations de la Wehrmacht) ; blessé.
13 – Ernst John von Freyend (Major, aide de camp de Keitel) ; blessé.
14 – Walter Scherff (Generalmajor, chargé de mission auprès de Hitler pour l’écriture de l’histoire militaire) ; il est légèrement blessé.
15 – Hans-Erich Voss (Konteradmiral, représentant du commandant en chef de la Marine Karl Dönitz au quartier général du Führer) ; blessé.
16 – Otto Günsche (SS-Hauptsturmführer, aide de camp de Hitler) ; légèrement blessé.
17 – Nicolaus von Below (Oberst, aide de camp pour la Luftwaffe auprès de Hitler) ; blessé.
18 – Hermann Fegelein (SS-Gruppenführer, représentant de la Waffen-SS au quartier général du Führer) ; blessé.
19 – Heinz Buchholz (sténographe) ; blessé.
20 – Herbert Büchs (Major, affecté à l’état-major général, aide de camp de Jodl) ; blessé.
21 – Franz Edler von Sonnleithner (Ministerialdirigent, représentant du ministère des Affaires étrangères au quartier général du Führer) ; blessé.
22 – Walter Warlimont (General der Artillerie, suppléant du chef des opérations de la Wehrmacht, Jodl) ; légèrement blessé.
23 – Alfred Jodl (Generaloberst, chef des opérations de la Wehrmacht) ; légèrement blessé à la tête.
24 – Wilhelm Keitel (Generalfeldmarschall, chef du Haut Commandement de la Wehrmacht) ; il est légèrement blessé.
Version de l’insigne de blessure en noir, argent et or, du 20 juillet 1944 Par la suite, Hitler a ordonné qu’un insigne de blessure spécial soit décerné commémorant l’événement, car il croyait que « le destin était intervenu » pour lui.
Juste après l’explosion, Wilhelm Keitel (1882-1946) s’aperçoit que Hitler a survécu à l’attentat. Dès que celui-ci se relève, il le serre dans ses bras en s’exclamant « Mein Führer, vous êtes en vie, vous vivez ! ». Immédiatement après, Hitler (qui n’a néanmoins pas besoin d’aide pour marcher) est conduit dans son bunker d’habitation, situé tout près.
Aussitôt après l’explosion, les communications des deux quartiers généraux de Rastenburg sont bloquées, et plusieurs émetteurs relais déconnectés : l’entourage de Hitler veut dissimuler à la population toute nouvelle concernant l’attentat.
Stauffenberg et Haeften prennent à la hâte une voiture pour gagner le terrain d’aviation, afin de rejoindre Berlin. Les deux conjurés réussissent à franchir les deux dispositifs de garde et à s’envoler pour la capitale à 13 h 15. Tous deux sont alors fermement convaincus que nul n’a pu survivre à l’explosion, et que Hitler est mort. Eu égard à son départ précipité et inexpliqué de la réunion sans emporter sa serviette, sa casquette, ou son ceinturon, et au vu de la rapidité avec laquelle il s’est envolé pour Berlin, Stauffenberg est immédiatement soupçonné.
Berlin, 16 h. Stauffenberg est de retour au Bendlerblock.
À Berlin, les conjurés (et notamment Friedrich Olbricht, qui dirige les opérations sur place) hésitent à mettre en place le plan du putsch, car ils ne reçoivent aucune certitude de la mort d’Hitler. Certains membres du complot (dont Helldorf, le comte von Bismarck et Hans Bernd Gisevius) se réunissent à 11 h à la présidence de la police, sur l’Alexanderplatz, en attendant les ordres pour faire intervenir la police berlinoise, puis la Kriminalpolizei, dirigée par Arthur Nebe.
À 15 h, Stauffenberg, toujours convaincu de la mort d’Hitler, en informe Olbricht, depuis Rangsdorf, et part le rencontrer au Bendlerblock.

Friedrich Olbricht.
Vers 16 h, Olbricht appelle Helldorf en lui demandant de se tenir prêt : « L’affaire a démarré ». Les comploteurs, réunis à l’Alexanderplatz, rejoignent une demi-heure plus tard le Bendlerblock.
Ce n’est qu’à ce moment-là (plus de deux heures après l’attentat, donc assez tard) que l’opération « Walkyrie » est déclenchée. Georg et Philipp von Boeselager se tiennent prêts à marcher sur Berlin avec leurs régiments.
Peu après 15 h 30, lors de leur arrivée à l’aérodrome de Tempelhof, Stauffenberg et Haeften, qui n’ ont pas eu de contact avec les conjurés pendant leur vol (leur appareil étant dépourvu de radio), sont persuadés que l’opération Walkyrie se déroule comme prévu. À leur grande surprise, ils se retrouvent seuls ; personne ne les attend. Haeften téléphone alors aux conjurés réunis au Bendlerblock et déclare que Hitler est mort. Il est surpris d’apprendre que rien n’a encore été enclenché ; ce qui provoque la grande colère de Stauffenberg.
Dès son arrivée au quartier général, vers 16 h 30, Stauffenberg confirme la mort de Hitler ; sur la base de ces nouvelles informations, Olbricht demande à Fromm de donner l’ordre de déclencher l’opération Walkyrie. Mais celui-ci refuse, ayant été averti vers 16 heures par Wilhelm Keitel de l’échec de la tentative d’assassinat. Passant outre au refus de Fromm et aux tergiversations d’Olbricht, Albrecht Mertz von Quirnheim lance l’action, notamment « en adressant aux commandants militaires régionaux un message câblé qui commence par ces mots : le Führer, Adolf Hitler, est mort ».
Vers 18 h, le coup d’État semble avoir réussi. Certaines divisions militaires s’organisent pour mettre les opérations en place. Mais tard dans la soirée, Hitler prend la parole à la radio. La plupart des officiers temporisent alors face aux informations contradictoires qui leur sont communiquées.
Adolf Hitler Adolf Hitler, 21 juillet 1944.
Le coup d’État a échoué. Stauffenberg et son aide de camp étant en fuite, l’ordre de les abattre est lancé par le quartier général du Führer.
L’ÉCHEC DU COUP D’ÉTAT, ET LA RÉPRESSION…
Vers 22 h 30, un groupe d’officiers restés fidèles au régime arrêtent Stauffenberg et les conjurés. Fromm, qui les a couverts jusqu’alors, mais qui ne veut plus rien entendre d’une tentative de putsch, applique les décisions d’une prétendue cour martiale, décidée et dirigée à la hâte. Le but est probablement d’éradiquer toutes traces de sa connivence dans le complot. Il donne le soir-même du 20 juillet l’ordre de fusiller Claus von Stauffenberg, Werner von Haeften, Albrecht Ritter Mertz von Quirnheim et Friedrich Olbricht. L’exécution a lieu le 21 juillet, dans la cour du Bendlerblock, peu avant 1 h du matin. Les derniers mots de Stauffenberg auraient été « Vive l’Allemagne sacrée ! ».
Le lendemain, les corps des fusillés sont inhumés, avec leurs uniformes et médailles, à l’ancien cimetière Saint-Matthieu. Plus tard, Hitler les fera exhumer et donnera l’ordre de les brûler. Leurs cendres seront dispersées au-dessus d’un champ d’épandage de Berlin.
Conformément à l’ordre de Hitler, le 4 août, un jury d’honneur présidé par Rundstedt (avec comme assesseurs le « Generaloberst » Heinz Guderian et le « Generalfeldmarschall » Wilhelm Keitel) chasse de l’armée un premier groupe de 22 officiers, sans auditions ni examen de preuves. Au total, plus de cinquante officiers seront expulsés de l’armée au cours des mois d’août et de septembre.
Redevenus civils, les militaires faisant partie du complot sont donc traduits devant le « Volksgerichtshof » (Tribunal du peuple), présidé par Roland Freisler (Juge, avocat, homme politique, et juriste). Le premier procès (qui sera filmé) s’ouvre le 7 août 1944 dans la grande salle de la cour d’appel de Berlin et devant un public trié sur le volet. Les accusés sont Erwin von Witzleben, Erich Hoepner, Hellmuth Stieff, Paul von Hase, Robert Bernardis, Friedrich Karl Klausing, Peter Yorck von Wartenburgk et Albrecht von Hagen. Tout est fait pour les humilier et les déstabiliser : on les force à se présenter sans col de chemise (Hoepner n’est vêtu que d’un gilet de tricot). Ils sont également privés de leurs ceintures et de leurs bretelles, ce qui les oblige à retenir leur pantalon pendant que Freisler se moque d’eux et les invective grossièrement.
Le 8 août, tous les accusés sont condamnés à mort et exécutés le jour-même par pendaison (châtiment déshonorant exigé par Hitler) dans une dépendance de la prison de Plötzensee. Vêtus d’un uniforme de prisonnier et dénudés jusqu’aux hanches, ils sont pendus tour à tour à de simples crochets, avec des cordes particulièrement fines pour qu’ils meurent de lente strangulation, humiliés pendant leur agonie, les bourreaux leur baissant le pantalon. Leur supplice est filmé et photographié à la demande expresse de Hitler.
LES TERRIBLES CONSEQUENCES
L’échec de la conjuration sera suivi par une répression particulièrement féroce. Plusieurs dizaines de participants au complot seront jugés par le Tribunal du peuple, présidé par Roland Freisler, et condamnés à mort. Cet échec va accroître les fonctions de Heinrich Himmler, Martin Bormann et Joseph Goebbels au sein du régime, et renforcera la méfiance de Hitler à l’égard du corps des officiers de la Wehrmacht, au profit de ceux de la Waffen-SS.

Insigne de la Wehrmacht
LES FAMILLES CONDAMNÉES…
Hitler va décider de faire assassiner les familles des conjurés, et d’effacer leur nom de famille : « La famille Stauffenberg sera détruite jusqu’au dernier membre ». L’épouse de Stauffenberg, Nina von Stauffenberg, alors enceinte, sera d’abord déportée au camp de Ravensbrück. Puis, peu avant son accouchement, dans un centre de maternité nazi, à Francfort-sur-l’Oder, où en 1945, elle accouchera de Konstanze, le cinquième enfant de la famille. Les enfants seront envoyés dans un orphelinat, une « institution spéciale », à Bad Sachsa.
On les fera adopter par des familles nazies. Ils perdront le nom de Stauffenberg et obtiendront le nouveau nom de Meister. Ils y resteront jusqu’à la fin de la guerre, et seront libérés par les troupes américaines le 12 avril 1945.
L’épouse de Claus von Stauffenberg mourra en 2006, à l’âge de 92 ans.
Les familles de Carl Friedrich Goerdeler, Hans Oster, Henning von Tresckow, Ewald-Heinrich von Kleist-Schmenzin, Johannes Popitz et beaucoup d’autres seront également internées…

Werner von Haeften Le 20 juillet 1944, dans les profondeurs du QG de la « Wolfsschanze », en Prusse orientale, un jeune et fidèle officier allemand accompagnait son supérieur, l’oberst Claus von Stauffenberg, qui devait poser une bombe destinée à tuer Adolf Hitler. Cet homme, souvent relégué au second plan des livres d’histoire, s’appelait Werner von Haeften. Il était le bras droit, l’alter ego, le témoin silencieux et loyal du colonel Claus von Stauffenberg ; l’âme du complot visant à mettre fin au régime nazi. Mais Haeften n’était pas un simple exécutant : il fut un homme de conviction, de courage et de sacrifice, qui choisit de mourir aux côtés de son chef dans un geste de fidélité absolue. Né en 1908 à Berlin, il était issu d’une famille prussienne de juristes et de hauts fonctionnaires. Werner von Haeften incarnait la vieille élite allemande, cultivée, conservatrice mais empreinte d’une profonde rigueur morale. Après des études de droit, il s’engagea dans la Wehrmacht et rejoignit l’état-major, où il rencontra Stauffenberg. Leur complicité allait au-delà de la hiérarchie : Haeften partageait la rébellion intérieure de son supérieur face à l’horreur du régime nazi. Ce choix ne fut pas sans conséquences. Il le savait : agir contre Hitler, c’était signer son propre arrêt de mort. Pourtant, il ne recula pas. « Ce n’est pas la loyauté qui nous lie à Hitler, c’est la vérité qui nous en détache ». Ces mots semblent résumer l’état d’esprit de ceux qui, comme lui, se soulevèrent contre leur propre commandement. Le 20 juillet 1944 : l’attentat et l’échec… Haeften accompagna Stauffenberg à la Wolfsschanze, portant la mallette qui contenait la bombe. C’est lui qui surveilla l’entrée, qui manipula les détonateurs, qui partagea le silence et le suspense avant l’explosion. Quand Hitler sortit blessé mais indemne, l’opération Valkyrie s’effondra. Tous deux rentrèrent précipitamment à Berlin pour tenter un coup d’État qui était déjà condamné. Arrêtés au Bendlerblock, leur QG, Stauffenberg, Haeften, Olbricht et von Witzleben furent jugés sommairement et exécutés dans la nuit du 20 juillet. Sur le terrain de la cour, éclairé par des phares de camion, un peloton s’apprêtait à fusiller Stauffenberg. Haeften, alors, dans un ultime geste bouleversant, se jeta devant son supérieur pour prendre les balles à sa place. Geste inutile militairement, mais immense moralement. Il mourut sans hésitation ; il avait 36 ans. Un frère d’esprit et de sang Le destin de Werner von Haeften s’accompagna d’un drame familial. Son frère aîné, Hans Bernd von Haeften, juriste et diplomate, fut lui aussi impliqué dans la résistance. Quelques semaines plus tard, il fut pendu à Plötzensee avec une corde de piano, après avoir déclaré : « J’ai perdu toute loyauté envers Hitler. Je le considère comme le mal personnifié dans notre histoire. » Deux frères, deux intellectuels, deux martyrs d’un sursaut moral dans une Allemagne déchirée. Aujourd’hui, Werner von Haeften figure parmi les noms gravés au Mémorial de la Résistance allemande, situé au Bendlerblock ; endroit même où il tomba. Des écoles, des places et des institutions honorent sa mémoire. Dans le film « Walkyrie » (2008), son personnage, interprété par Jamie Parker, illustre la fidélité sans faille de ce soldat discret mais suprême. Dans des œuvres de fiction comme « Fox on the Rhine », il y est décrit comme un héros tragique, prêt à mourir les armes à la main pour défendre son commandant. Le courage pur, dénué de gloire… Werner von Haeften n’a pas mené de troupes au combat, ni signé de traités, ou même prononcé de discours célèbres. Mais il a fait ce que peu de militaires ont osé faire dans l’Allemagne nazie : dire non. Et il l’a fait non par haine, mais par fidélité à une autre idée de l’Allemagne, de l’honneur, et de la vérité. En offrant sa poitrine aux balles pour protéger son modèle, il a fait de sa mort un acte d’élévation, une protestation silencieuse et éternelle contre la barbarie.

Sources :
Mes photos
Photos publique Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Claus_von_Stauffenberg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolfsschanze
https://fr.wikipedia.org/wiki/Complot_du_20_juillet_1944