La bataille de Formigny

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Blason du royaume d’Angleterre

Blason du royaume de France

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

LA BATAILLE DE FORMIGNY

Le 13 avril 1450

La bataille de Formigny

 

Blason du département du Calvados

LOCALISATION

Formigny est une ancienne commune française située dans le département du Calvados, en région Normandie. Depuis le 1er janvier 2017, elle fait partie de la commune de Formigny La Bataille.

SOMMAIRE

Le 15 avril 1450, à Formigny en Normandie, a lieu la bataille de Formigny. Elle oppose les Français et leurs alliés Bretons aux Anglais.

Blason de la Normandie

C’est une bataille décisive de la Guerre de Cent Ans. La victoire des Français permet à Charles VII de mettre un terme aux ambitions de la couronne d’Angleterre sur la Normandie.

Depuis cent treize ans que la Guerre de Cent Ans a débuté, le royaume de France demeure en 1450 toujours amputé de la Guyenne et de la Normandie. Après les conquêtes de l’année précédente, Charles VII s’apprête à guerroyer contre des Anglais bien décidés à prendre leur revanche. Il ne faudra que quelques heures au roi de France et à son allié breton pour vaincre l’ennemi anglais.

CONTEXTE

Charles VII, qui guette le moment propice pour reprendre les hostilités, a toujours pour priorité de « bouter l’Anglais hors du royaume ».

La situation des envahisseurs outre-Manche n’a jamais été aussi critique. En effet, l’Angleterre subit de plein fouet une grave crise de succession : deux branches cadettes des Plantagenêt s’affrontent dans une guerre civile, la « Guerre des Deux Roses ».

LA GUERRE DES DEUX ROSES

 

La Guerre des Deux Roses fut une guerre civile menée pour le contrôle du trône d’Angleterre. Elle eut lieu du milieu à la fin du XVème siècle, entre les partisans de deux branches cadettes rivales de la maison royale des Plantagenêt : les Lancaster (rose rouge) et les York (rose blanche).

Les affrontements décimeront les lignées masculines des deux dynasties. L’issue de ce conflit conduira la famille Tudor à monter sur le trône d’Angleterre.

Longtemps indécis, le roi de France Charles VII, conscient de ce flottement, va en profiter et entamer la reconquête des territoires détenus par les Anglais. Dans un premier temps, il se rapproche de la Bourgogne avec qui il entame des négociations de paix. Elles aboutissent le 21 septembre 1435 par la signature du traité d’Arras, qui met fin à la guerre entre la France et la Bourgogne. Désormais, le roi Charles a les mains libres pour affronter les Anglais.

21 septembre 1435 – Le traité d’Arras

Lire : Le traité d’Arras.

LA RECONQUÊTE DE LA NORMANDIE

Le 12 novembre 1437, Charles VII fait son entrée dans Paris.

Libération de Paris 1436

Lire : Paris enfin libéré des Anglais.

Le 28 mai 1444, une trêve est signée à Tours entre les deux belligérants. Cet accord permet aux deux partis d’avoir un répit.

L’entrée de Charles VII à Tours lors de la signature des trèves

Lire : La trêve de Tours.

1449

Le 23 mars 1449, un mercenaire à la solde des Anglais, Surienne (dit « l’Aragonais ») se rend maître de la ville bretonne de Fougères. Il agit pour le compte du duc de Somerset, lieutenant du roi d’Angleterre en Normandie. Cet événement fait basculer officiellement la Bretagne dans le camp français.

Charles VII

 

Arthur de Richemont

Un accord est signé entre le duc de Bretagne François Ier (le frère du duc Arthur III de Bretagne, dit le « Connétable de Richemont ») et le roi de France Charles VII. Celui-ci envoie ses capitaines guerroyer, et lance une campagne en Normandie afin de libérer définitivement la province.

Le 17 juillet 1449, au cours d’une séance solennelle du Conseil du roi, on énumère les appels impétueux adressés au roi Charles par les Normands. Le souverain français ne peut, sans décliner le serment du sacre, les laisser à la merci d’un monarque étranger. La trêve de Tours de 1444 est bel et bien rompue…

Lire : le sacre de Charles VII.

UN PLAN DE BATAILLE DÉTAILLÉ…

La bataille de Formigny.

Charles VII et ses chefs de guerre mettent sur pied un audacieux plan de bataille. Il réside en une attaque concentrique dirigée par trois armées. Il s’agit d’encercler les troupes anglaises et de « nettoyer » la Normandie.

A l’Est, dès la mi-août, le comte de Saint Pôl entre dans Lisieux.

A l’Ouest, en novembre, le duc Arthur III de Bretagne, occupe Coutances, Saint Lô et Fougères.

Au sud, Jean Dunois, « le Batârd d’Orléans » (lieutenant général des armées) s’empare de Harfleur.

Le 12 octobre, seules les places d’Avranches, de Bayeux, de Bricquebec, de Caen, de Cherbourg et de Saint-Sauveur-le-Vicomte sont encore aux mains des Anglais.

A la fin de la campagne de 1449, les Anglais ont perdu plusieurs grandes villes de Basse Normandie (Coutances, Carentan, Saint-Lô, et Valognes). Ils ont été battus à plusieurs reprises en Haute Normandie par l’armée française de Dunois, « le Batârd d’Orléans ».

Le 29 octobre 1449, les Anglais sont défaits à Rouen et retraitent sur le Cotentin. Ils quittent Rouen alors que les forces françaises font leur jonction. Le piège se referme sur eux. Le plan de Charles VII marche à la perfection ; ses hommes peuvent se reposer pour l’hiver. 

La totalité de la Normandie est sur le point d’être reprise par les Français ; à moins que l’ennemi anglais ne reçoive des renforts…

FORCES EN PRÉSENCE

POUR LES FRANÇAIS

L’ost royal de France est fort de 4500 hommes, et doté d’une artillerie (couleuvrines). Il est commandé par le roi Charles VII lui-même et par le Connétable Arthur de Richemont.

ARTHUR III DE BRETAGNE

Arthur III de Bretagne, dit le « Connétable de Richemont » ou « le Justicier », naît le 24 août 1393 au château de Suscinio, près de Vannes. Il meurt le 26 décembre 1458 à Nantes. C’est un seigneur breton, fils de Jean IV, duc de Bretagne, et de sa troisième épouse Jeanne de Navarre.

Blason du connétable de Richemont avant qu’il ne devienne duc de Bretagne.

Richemont participe en 1415 à la bataille d’Azincourt, où il est blessé et fait prisonnier. Il restera en captivité en Angleterre pendant cinq ans.

Arthur III de Bretagne, dit le connétable Richemont

Le 7 mars 1425, Richemont est nommé connétable de France par Charles VII.

En septembre 1428, Richemont est disgracié en raison de ses échecs militaires et politiques, puisque l’alliance avec le duc de Bretagne (son frère, Jean V de Bretagne) s’est révélée inefficace. En effet, ce dernier, confronté à l’offensive anglaise, exécute un nouveau revirement d’alliance. En juillet 1427, il négocie avec le duc de Bedford, et le 8 septembre de la

Le connétable Arthur de Richemont

même année, reconnaît le traité de Troyes.

Le 13 avril 1436, il reprend Paris contrôlée par Anglais, et sera l’un des compagnons d’armes de Jeanne d’Arc.

En 1457, il devient duc de Bretagne.

POUR LES ANGLAIS

L’armée anglaise est forte d’environ 7 000 hommes (surtout des archers, des hallebardiers, et des cavaliers).

Les forces anglaises sont dirigées par sir Thomas Kyriell.

THOMAS KYRIELL

Thomas Kyriell naît vers 1396 et meurt exécuté le 18 février 1461, après la seconde bataille de St Albans (bataille de la Guerre des Deux Roses).

Armes de Thomas Kyriell

Kyriell est un soldat anglais de la Guerre de Cent Ans qui a servi sous Henri V en Normandie. En 1436, il défend la forteresse du Crotoy, en Picardie. Il se bat sous les ordres de John Talbot dans les environs de Rouen, et sera fait banneret en 1443.

En 1450, lors de la bataille de Formigny, Kyriell commande les forces anglaises. Il est capturé au cours de l’affrontement, puis libéré.

À la seconde bataille de St Albans, Kyriell, guerroyant dans le camp des perdants, est capturé alors qu’il garde le roi Henri VI, prisonnier des Yorkistes. Il sera décapité avec William Bonville.

REVOILÀ LES ANGLAIS !

La bataille de Formigny

1450

Avec l’hiver, les Bretons quittent l’armée française, promettant d’être de retour dès le mois de janvier suivant.

Marguerite d’Anjou

Marguerite d’Anjou et le duc de Suffolk William de La Pole, qui gouvernent alors au nom du roi Henry VI, ne veulent rien lâcher des possessions continentales de l’Angleterre.

Malgré d’énormes difficultés, ils parviennent, au cours de l’hiver 1449-1450, à constituer une armée d’environ 3500 hommes, et la placent sous les ordres de

Henri VI roi d’Angleterre

Thomas Kyriell. (L’armée française, elle, est dispersée dans ses garnisons et attend l’arrivée du printemps.)

Cette armée anglaise débarque à Cherbourg le 15 mars 1450. Son objectif est de rejoindre les 2 000 hommes et de renforcer la garnison anglaise de Caen. Mais Valognes et Carentan, tenues par les Français, se situent sur leur route. Thomas Kyriell se trouve donc obligé de s’emparer de Valognes, qui lui barre le chemin.

Le 16 mars, Guillaume de Couvran (capitaine de Coutances) dépêche Grenoble (héraut d’armes du dauphin) pour porter cette nouvelle au roi, qui se trouve à Alençon en compagnie de son ami Jacques Cœur.

Jacques Cœur

Le 20 mars, le siège de Valognes commence, avec des renforts provenant des autres garnisons anglaises sous les ordres de Matthew Gough

Charles VII doit réagir dans l’urgence. Il confie le commandement de l’armée à Jean II de Bourbon, comte de Clermont. Celui-ci a pour mission de rejoindre l’armée du Connétable de Richemont, à Saint Lô, et de stopper l’offensive anglaise.

Malheureusement, les Anglais avancent bien plus vite que prévu. Vers la mi-mars, ils convergent vers Formigny, alors que les deux armées françaises n’ont pas fait leur jonction.   

Le dimanche 12 avril

De son côté, Thomas Kyriell quitte Valognes et prend la direction de Grand Vey. Il compte rejoindre Bayeux, tenue par les Anglais, puis Caen. Carentan est sur son

Charles VII, roi de France.

chemin ; le comte de Clermont y tient Conseil, et s’y trouve avec son armée. Mais il n’y a pas de pont sur la Vire avant Saint Lô, par où arrive le Connétable de Richemont. Il faut donc se résigner à passer par la seule issue possible, au nord, par Grand Vey. On peut franchir à gué l’estuaire de la Vire, mais si c’est

Arthur de Richemont

plus direct, le chemin est dangereux. L’armée anglaise emprunte donc un terrain difficile au nord des murailles de Carentan, où se trouve l’armée du comte de Clermont.

Le mardi 14 avril

Le comte de Clermont hésite. Doit-il engager un combat incertain, au risque de tout perdre ? Mais en revanche, peut-il se permettre de laisser passer l’ennemi sans intervenir, et réduire à néant les efforts de l’année précédente ? Ses hommes sont impatients d’en découdre avec l’Anglais ; l’inaction les a rendus furieux, et ils parlent de mutinerie et de trahison. Ils ne comprennent pas que l’armée du comte de Clermont ne profite pas de la situation défavorable dans laquelle se trouve l’armée ennemie de Thomas Kyriell.

Les habitants de Carentan et des villages voisins se précipitent avec des armes désuètes pour harceler les Anglais. Le comte de Clermont, craignant pour la vie des villageois, leur envoie une compagnie de cent lances (soit 400 cavaliers) sous les ordres de Pierre de Louvain. Mais ces forces sont trop faibles pour stopper Kyriell qui, pendant ce temps, a gagné la côte du Bessin, à Saint-Clément. Kyriell se dirige sur Bayeux ; son armée va passer la nuit à Formigny.

Le mercredi 15 avril

La petite armée de Clermont a quitté Carentan et prend la route de Bayeux. Elle veut rattraper les Anglais et les attaquer avec les renforts du Connétable de Richemont. Clermont n’a pas d’autre choix que d’engager le combat. Il doit se décider rapidement, d’autant qu’au même moment il apprend l’arrivée de renforts ennemis, commandés par Somerset.

Le champ de bataille se situe entre Carentan et Bayeux. Le matin du 15 avril 1450, les deux adversaires se font face.

L’AFFRONTEMENT…

La bataille de Formigny

Les Anglais présagent, comme à Crécy (1346), Poitiers (1356), et Azincourt (1415), une charge de la cavalerie française. Aussi ont-ils pris des positions défensives en creusant des fossés, et en plantant des pieux dans le sol pour stopper net l’assaut de l’ennemi. 

Mais c’est sans compter l’artillerie ; un oubli qui va être lourd de conséquences. Vers midi, les canons et les couleuvrines français entrent en action.

Lire : La naissance de l’artillerie.

La canonnade est intense, et une pluie de boulets se déverse sur les fantassins et les archers anglais. Pour ces derniers, une seule issue : il faut charger et annihiler les pièces d’artillerie. Mais la chose n’est pas facile pour « enclouer » les canons. Il faut monter à l’assaut et neutraliser les canons.

« Enclouer un canon » est le nom donné à une pratique de sabotage sur les anciens canons à chargement par la bouche. Elle consistait à introduire à coups de marteau un clou sans tête dans la lumière de mise à feu, afin de le boucher et le rendre inutilisable.

Kyriell donne donc l’ordre de charger. Le combat est farouche et indécis. Au bout de quelques heures, une rumeur se répand sur le champ de bataille : les renforts arrivent…

Mais quels renforts ? ceux de l’armée du Connétable de Richemont, ou ceux de Somerset ? de quel côté les Dieux de la guerre vont-ils pencher ?

EDMOND BEAUFORT, Ier DUC DE SOMERSET

Edmond Beaufort naît vers 1406 et meurt le 22 mai 1455. Il fut le 1er comte de Dorset (en 1442), 4ème comte (en 1444) puis 2ème duc de Somerset (en 1448). Il fut l’un des grands capitaines anglais de la fin de la guerre de Cent Ans et du début de la Guerre des Deux Roses.

Armes des Beaufort

Il est le troisième fils de Jean Beaufort (1er comte de Somerset) et de Margaret Holland ; et le neveu de Henri Beaufort, évêque de Winchester et régent d’Angleterre. Ces deux hommes étaient les demi-frères de Henri IV d’Angleterre et les oncles de Henri V.

Edmond Beaufort duc de Somerset

Entré très jeune comme commandant dans l’armée anglaise, il prend une part active lors de la Guerre de Cent Ans et participera à plusieurs batailles :

– à Baugé (le 22 mars1421), où il est capturé. Somerset restera prisonnier de Charles VII pendant dix ans.

La bataille de Baugé

– au siège de Calais (du 9 au 29 juillet 1436) – au siège de Rouen (du 19 au 29 octobre 1449)

Le Siège de Calais

– au siège de Caen (du 5 juin au 1er juillet 1450)

– à Formigny (le 15 avril 1450)

– à la bataille de Saint Albans (le 22 mai 1455 lors de la Guerre des Deux Roses)

Pour les Anglais, nul doute : les renforts sont les leurs. A leur grande surprise, c’est Richemont qui se pointe. Sa troupe est forte de 300 lances, 1800 hommes dont 900 cavaliers, auxquels viennent s’ajouter 800 archers, accompagnés de leurs « coutiliers ».

Le coutilier (ou coustilier) est un soldat des XIVème et XVème siècles équipé d’une arme d’hast (coutille, costille, sorte de couteau fixé dans une hampe, d’où son appellation).

Lire : Charles VII et les réformes de l’Armée.

La supériorité numérique vient soudainement de basculer en faveur de Charles VII. Presque aussitôt, la cavalerie du Valois charge et renverse les lignes de défenses ennemies.

Charles VII

Les quelques fuyard qui peuvent s’échapper de la mêlée sont immédiatement achevés par les paysans normands. C’est un véritable massacre. On dénombrera 3774 tués chez les Anglais. Une poignée seulement chez les Français.

La reconquête de la Normandie prend, dès lors, des allures de balade militaire.

Le 6 août 1450, Charles VII entre dans Caen, puis dans Cherbourg, la deuxième place forte anglaise capitule le 12 août.

Charles d’Orléans (le frère du roi de France Charles VI) peut célébrer la victoire par ces vers : « Rejoys toi, franc royaume de France. A présent Dieu pour toi se combat ».

Il faut maintenant reconquérir la Guyenne, et la Guerre de Cent Ans pourra prendre fin…

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

Magazine Moyen Âge : « Formigny 1450 ».

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Formigny

 

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2 réponses

  1. 6 novembre 2022

    […] Le 15 avril 1450, Jean Dunois remporte avec Richemont et Clermont la victoire de Formigny. […]

  2. 7 novembre 2022

    […] Le 19 octobre 1449, il entre victorieux dans Rouen. Le 15 avril 1450, Jean Dunois remporte avec Richemont et Clermont la victoire de Formigny. […]

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