Charles Martel. Poitiers, 732.
CHARLES MARTEL.
POITIERS, 732.
LES PIPPINIDES
Le terme de Pippinides désigne au sens strict les membres de la famille de Pépin de Landen en ligne agnatique, c’est-à-dire issus de ce dernier par les hommes. Cognatique : Se dit d’un mode de descendance ou filiation qui se transmet aussi bien par les hommes que par les femmes.
Lire :
– L’inexorable ascension des maires du palais.
Il y avait autant de maires du palais qu’il y avait de royaumes, avec un maire du palais pour le royaume de Neustrie, un autre pour le royaume d’Austrasie, et un troisième pour le royaume de Bourgogne.
CHARLES MARTEL
ARRÊTE LES OMMEYADES A POITIERS
Lire :
– Charles Martel, seul successeur de Pépin de Herstal
– Charles Martel, réunificateur de l’État franc
SOMMAIRE
En 732, les Omeyyades ont envahi une large partie de la Méditerranée : l’Egypte, la Syrie, l’Afrique du Nord (l’actuel Maghreb), et la péninsule ibérique.
Parti de Pampelune, le gouverneur musulman d’Espagne Abd al-Rahman entreprend une invasion au-delà des Pyrénées. Les populations sont terrifiées. Une horde de cavaliers, ravageant tout sur leur passage, dévastent les campagnes en Aquitaine, égorgent et décapitent, avec leurs cimeterres, les infidèles chrétiens.
Eudes d’Aquitaine constate que la situation est quasi désespérée : les Arabes sont partout et exercent de réelles menaces sur le royaume franc. Pris dans la tourmente, il appelle alors à l’aide le brillant maire du palais, l’homme le plus prestigieux du moment : Charles Martel.
EVENEMENTS ANTÉRIEURS
RAPPEL
La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne). La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).
Charles Martel est maire d’Austrasie (France de l’Est). Il a soumis les deux autres maires (de Neustrie et de Burgondie). Il s’est déjà montré un grand guerrier, et a réuni autour de lui presque tous les pouvoirs politiques.
En 718-720, il vainc les Saxons (peuple germanique).
En 719, il soumet les Frisons (un autre peuple germanique).
720
Les forces musulmanes arabes et berbères (Omeyyades) ont envahi la péninsule ibérique (711-726), franchi les Pyrénées (720) et conquis la Gaule narbonnaise, qui était un territoire majeur des Wisigoths (721-725). Après des heurts sporadiques, sous la direction d’Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi, wali d’al-Andalus, elles pénètrent en Gaule et se dirigent sur Tours, « la ville sainte de la Gaule ».
– Les Sarrazins assiègent Toulouse. La menace musulmane force Eudes, duc d’Aquitaine, à faire allégeance à Charles Martel, qui reconnait Chilpéric II comme roi des Francs.
– les Sarrazins accentuent leur pression, multiplient les incursions au nord des Pyrénées, conquièrent Narbonne, et s’implantent solidement au sud de la Loire.
721
– Les forces musulmanes sont battues à Toulouse par les troupes aquitaines.
725
– Charles doit se préparer uniquement à combattre un ennemi beaucoup plus redoutable venant du sud.
– Sous le commandement d’Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi (nouveau gouverneur de l’Espagne), les Sarrazins s’emparent de Carcassonne et de Nîmes, ravagent Avignon, Valence, Vienne et Lyon, et se dirigent vers le nord jusqu’à Besançon et Dijon.
En représailles, il envoie son armée contre le gouverneur de la Catalogne, Munuza Utaman Abu Nâsar (chef berbère de la frontière des Pyrénées). Celui-ci avait refusé de participer à une expédition contre la Gaule car il avait conclu une trêve avec son beau-père le duc Eudes d’Aquitaine. Munuza sera vaincu et tué dans son château de Llívia, et son épouse Lampegia sera envoyée captive au calife de Damas.
– Le 21 août 725, Autun est prise et pillée par les troupes musulmanes. Le monastère de Luxeuil est dévasté.
730
– Charles Martel attaque et bat les Alamans.
En 213, ils apparaissent pour la première fois dans les écrits romains. En 260, ils conquirent les Champs Décumates, puis essaimèrent une zone couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade), et une partie de la Séquanaise (l’Alsace). Ils participèrent à la germanisation de ces territoires, auparavant romanisés. En 496, les Alamans furent vaincus par les Francs de Clovis. Ce dernier annexa leur territoire à son royaume. Après le traité de Verdun (août 843), ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de composer le duché de Souabe, du Xème au XIIIème siècle.
– Les forces sarrasines s’emparent d’Avignon.
– Les flottes musulmanes attaquent la Sicile.
C’est donc contre un homme auréolé de gloire que s’apprêtent à combattre les Arabes.
LE MONDE ARABE EN 732
Depuis 632, date de la mort de Mahomet (le prophète fondateur de l’Islam), le monde arabe n’a eu de cesse de s’agrandir. En un siècle, l’Égypte, la Syrie, la Perse, l’Afrique du Nord et l’Espagne ont été envahies par les hordes omeyyades.
Mais un tel succès entraîne forcément des revers ; et des divisions politiques internes naissent. En 732, ce qui freine la marche en avant des Arabes est beaucoup plus complexe que la bataille de Poitiers. Des guerres civiles meurtrières voient le jour. Elles apparaissent entre Arabes venus d’Afrique et Arabes venus de Syrie en Espagne. A celles-ci s’ajoute la révolte des Berbères d’Afrique du Nord. Tous ces conflits vont immobiliser un nombre considérable de troupes.
En 732, après cent ans d’une progression démesurée, le monde arabe se fissure, se morcelle et commence à faiblir. Vers 740, le Califat omeyyade entre en crise.
POITIERS, 732.
CHARLES MARTEL, SEUL REMPART DE LA CHRÉTIENTÉ.
Son surnom de « Martel » (le marteau) vient de l’énergie qu’il développe pour imposer sa puissance et sa politique.
2 MARS
Les Sarrazins, menés par l’émir d’Espagne Abd-al-Rahmân, amorcent une campagne militaire contre les Francs. Partis de Pampelune, ils franchissent le col de Roncevaux et marchent sur la Vasconie. Ils écrasent le duc Eudes d’Aquitaine devant Bordeaux, qu’ils pillent, puis ravagent Saintes, Périgueux, Agen, et Angoulême.
En remontant vers le nord, les armées musulmanes menacent la riche abbaye de Saint-Martin-de-Tours. Eudes d’Aquitaine, vaincu, part se réfugier aux côtés de Charles Martel pour lui demander de lui venir en aide.
LA BATAILLE DE POITIERS
La bataille de Poitiers (ou bataille de Tours pour les Anglo-Saxons) est appelée dans des sources arabes « bataille du Pavé des Martyrs ». Elle oppose d’une part, les armées chrétiennes (Franques et Burgondes) commandées par Charles Martel, alliées au forces aquitaines dirigées par Eudes d’Aquitaine, et d’autre part, une armée omeyyade menée par Abd al-Rahman, gouverneur général d’al-Andalus.
La bataille est sujette à controverse (nombreux sont ceux qui ne peuvent être sûrs ni du lieu, ni de la date de la bataille).
Les historiens débattent encore sur le lieu de la bataille. Certains avis divergent et la situent entre les villes de Poitiers et de Tours, au nord de l’Aquitaine, près du village de Vouneuil-sur-Vienne. D’aucuns la situent très proche de Tours (l’emplacement de la bataille jouxterait alors la frontière entre le Royaume franc et celui d’Aquitaine, alors indépendant), ou encore non loin de Poitiers.
DES MORTS PAR « CENTAINES DE MILLIERS » !
Charles Martel accourt immédiatement sur les bords de la Loire pour protéger le monastère de Saint-Martin-de-Tours. Une fois celui-ci préservé des infidèles musulmans, il se précipite vers le sud.
Son armée est venue de toutes les contrées du royaume franc pour affronter cet audacieux envahisseur. La rencontre doit se livrer près de Poitiers. Il devient alors vital de refouler les troupes du général arabe Abd-al-Rahman, le gouverneur d’Espagne.
Pour se battre contre les hordes sarrasines, Charles Martel a équipé chacun de ses soldats d’une épée, d’un haubert, ainsi que d’une longue lance. Dans l’urgence, il a fait réaliser des casques surmontés de quatre feuilles de fer triangulaires, fixées par des rivets.
L’armée franque ainsi pourvue attend de pied ferme le choc avec les envahisseurs. L’attente dure sept jours. Des escarmouches ont lieu à la frontière du Poitou et de la Touraine. L’affrontement décisif va se dérouler sur deux jours.
Lorsque les Arabes lancent leur attaque, ils viennent se heurter vainement contre le mur de fer immobile des « phalanges » (formations organisées en palissade) franques.
Il semble que l’image donnée sur la solidité du mur franc soit assez juste, car c’est bien cette robustesse armée qui a impressionné les forces arabo-berbères.
Le choc est violent, la mêlée est engagée. Les forces franques réussissent à repousser leurs ennemis. Ceux-ci ne pourront pas renouveler leur assaut furieux, car les Vascons, commandés par Eudes d’Aquitaine, foncent et se ruent sur les arrières des troupes sarrasines.
Surpris par la tournure des événements, les soldats musulmans, croyant leur butin et leurs familles en péril, font demi-tour et refluent vers leurs bases arrières.
Les combats cessent à la tombée de la nuit. Le lendemain matin, Charles Martel constate que son ennemi a abandonné le champ de bataille.
Selon la légende, 375 000 Arabes seraient morts ce jour-là dans la bataille. Cette victoire des Francs sur les « infidèles » musulmans était censée apporter « la preuve de la supériorité du Christ sur Mahomet ». Pour preuve, le général arabe Abd-al-Rahman est tué au milieu de ses soldats morts.
Cette bataille de Poitiers met fin aux tentatives d’incursion des Sarrazins dans le royaume franc pour plus d’un siècle.
Sources : Les rois de France des Éditions Atlas (Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers).
Les survivants, obligés de regagner le Sud des Pyrénées, seront harcelés par les Vascons jusqu’au passage des cols.
CHARLES MARTEL LE SAUVEUR…
Après la victoire de Poitiers, Charles Martel apparaît comme le sauveur de la Chrétienté. Il se réconcilie et rétablit ses relations avec le pape. Lorsque l’indépendance du Saint Siège sera menacée par les invasions des Lombards, il s’engagera à le protéger militairement.
CONSÉQUENCES
Cette victoire marque le point limite de l’expansion sarrasine vers le Nord.
En répondant à l’appel à l’aide du duc Eudes d’Aquitaine, Charles a profité de la présence des troupes musulmanes en territoire franc pour intervenir dans une région qui refusait de se soumettre à son autorité.
Après l’affrontement décisif, Charles prend Bordeaux et entre en Aquitaine. Nonobstant, les forces musulmanes ne sont pas boutées hors de la Gaule. En 737, allié aux Lombards, il devra se battre à nouveau, cette fois en Provence et en Septimanie).
En 737, Charles Martel soumet le patrice Mauronte (duc ou patrice de Provence dans les premières années du VIIIème siècle) qui, allié des Sarrazins, avait mis sur pied une rébellion dirigée contre lui.
Charles bat le commandant omeyyade Umar ibn Ḫālid lors de la bataille de la Berre, au sud de Narbonne.
Si l’invasion musulmane est arrêtée, notamment dans le sud-ouest, les forces sarrasines ne sont pas parties pour autant (après l’échec du siège de Narbonne, la cité restera aux mains des Omeyyades jusqu’en 759). Les raids des Musulmans vont se poursuivre sur plusieurs décennies.
Vers 800, Charlemagne sera victorieux lors de la bataille du bois des Héros (en Saintonge). Ce combat de faible importance opposera, entre Saintes et Taillebourg, les Francs à une armée sarrasine qui ravageait le pays.
Il faudra attendre 973 et la victoire du comte Guillaume de Provence (955-993) à la bataille de Tourtour. Celle-ci marquera l’expulsion définitive des Omeyyades hors du territoire franc et mettra un terme à plus de deux siècles de présence musulmane.
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Martel
https://guyderambaud.wikia.org/fr/wiki/Charles_Martel
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Poitiers_(732)
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens
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