Les Témoins du passé – Le Prieuré de Champdieu

LES TÉMOINS DU PASSÉ

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LE PRIEURÉ

DE

CHAMPDIEU

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Champdieu, Loire

Blason de la ville de Champdieu

Blason de la ville de Champdieu

TYPE : église prieurale.

CULTE : catholique romain.

PÉRIODE OU STYLE : art roman du Forez.

DÉBUT DE LA CONSTRUCTION : An Mil.

L’ÉGLISE : 11ème et 12ème siècles.

ARCHITECTURE : influence lyonnaise.

CHŒUR ET CRYPTE : probablement influence Byzantine.

TRANSEPT, CLOCHER, NEF et NARTHEX : influences auvergnates.

FIN DES TRAVAUX : 13ème siècle.

PROPRIÉTAIRE ACTUEL : commune de Champdieu.

 

PROTECTION :

ÉGLISE : classement par arrêté du 12 juillet 1886.

PRIEURÉ : classement par journal officiel du 18 avril 1914.

En histoire de l’art, L’ART ROMAN est la période qui s’étend, en Europe, du début du 10ème siècle à la seconde moitié du 12ème siècle. Elle se situe entre l’art préroman et l’art gothique.

 SITUATION

Le prieuré de Champdieu est situé sur la commune de Champdieu, dans le département de la Loire, à 40 kilomètres de Saint-Étienne, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

HISTORIQUE

1 – LE VILLAGE

Le patronyme du village de Champdieu a évolué au cours du temps. A l’origine on mentionne d’abord Candicus (chef romain). Puis au 12ème siècle le bourg prend le nom de Candiaco. Au 13ème siècle, il devient Chandiaco, puis Chandieu, pour enfin s’appeler au 16ème siècle Champdieu.

2 – LE PRIEURÉ

Sa fondation remonte autour de l’An Mil, par une confrérie de moines bénédictins arrivés de l’abbaye de Manglieu, en Auvergne. Le prieuré fait sans doute suite à une donation pieuse. C’est ainsi que ces religieux auvergnats s’installent à Champdieu. Le village est alors mentionné comme « ecclesia di Candiaco ». A partir du 11ème siècle, l’église paroissiale d’origine est détruite pour donner naissance à l’édification d’un prieuré. Durant deux siècles, ses habitants vont transformer et façonner le village pour lui donner son aspect actuel. A la Révolution, l’église prieurale est abandonnée, son prieuré réquisitionné, vendu en « lots » et restructuré en logements pour des familles pauvres.

L’ARCHITECTURE ROMANE est un style architectural qui a pris son essor en Europe au cours du Moyen-Âge (entre le milieu du 10ème siècle et le 12ème siècle). Il est emblématique des monuments religieux de cette époque, et se définit par l’utilisation de voûtes en berceau de plein cintre, de voûtes brisées ou de voûtes d’arêtes, soutenues par des colonnes latérales. Ces dernières, qui soutiennent les arcs, sont essentiellement cylindriques et surmontées de chapiteaux. Elles sont dans la plupart des cas sculptées de reproductions d’animaux, de plantes, ou bien de symboles géométriques.

 L’ÉDIFICATION DU MONASTÈRE

Sa construction débute au 11ème siècle par les soubassements de la crypte, puis par l’édification des fondations de l’église et du prieuré. Il faudra attendre le siècle suivant pour voir monter les murailles, les toitures (voûtes) et leurs couvrements ; la bâtisse est alors achevée.

Le prieuré, lui, sera attribué à la diligence d’un prieur. Son aménagement va s’accommoder des contraintes de la vie, des instabilités et des incertitudes de l’époque. Ainsi, aux 14ème et 15ème siècles, durant la Guerre de Cent ans, l’église est ceinturée de fortifications complétant son enceinte massive. (Aujourd’hui on peut encore apercevoir les hauts murs surélevés du chevet, ainsi que les grands arcs dotés de leurs mâchicoulis). Enfin, aux 15ème et 16ème siècles, l’ensemble sera aménagé afin d’être plus confortable et séduisant.

LES FAÇADES FORTIFIÉES

Lorsque la guerre de Cent Ans jette sur les routes foréziennes les « Routiers » ou « Tards-Venus », ces guerriers devenus mercenaires, Champdieu, par peur des pillages, se dote d’un système de portes défensives et de remparts.

Mâchicoulis, échauguettes consolidant les encoignures, contreforts, rien ne manque ! C’est une vraie petite forteresse…

Presque intégralement de construction romane, l’église de Champdieu fut érigée pour les nécessités de la paroisse locale, celles des religieux du prieuré et enfin pour le service du pèlerinage à Saint Domnin.

LA PORTE DE BISE

La porte de « bise » date du 15ème siècle. Elle tire son nom de sa situation et de son exposition au nord. A ce jour, c’est la seule porte qui subsiste des fortifications de la ville.

PLAN DE L’ENSEMBLE MONASTIQUE

Plan du prieuré de Champdieu

Plan du prieuré de Champdieu

LES BÂTIMENTS MONASTIQUES

Le prieuré prend forme tout d’abord autour d’une cour centrale qui était, à l’origine, ceinturée par quatre galeries : le cloître. Au centre, on distingue un puits servant aux besoins et aux commodités de la vie quotidienne des moines.

Les différentes galeries du cloître s’ouvrent sur l’église, ainsi que dans les trois ensembles de bâtisses où se trouvent toutes les pièces conventuelles des moines. Il faudra attendre le 16ème siècle, avec la construction de deux tourelles munies d’escaliers à vis, pour circuler librement et à l’abri entre les différentes parties du monastère. Auparavant, le seul accès se faisait par l’extérieur, de nuit comme de jour et par tous les temps !

De nos jours, bien que largement modifié, l’ensemble des bâtiments conventuels est préservé. Il ne manque que l’aile est, qui s’est effondrée peu de temps après la Révolution.

La visite du prieuré s’effectue seulement au rez-de-chaussée. Les étages du monastère sont aménagés en salles de location, ou réservées à des associations champdiolates.

LE PORTAIL D’ENTRÉE

Le portail d’entrée de l’édifice ne possède pas de tympan sculpté, mais avec ses deux chapiteaux remarquables, l’essentiel est évoqué au premier regard :

– Sur celui de gauche, une petite sirène bifide (disposant de deux queues) nous indique la présence de deux cours d’eau souterrains.
– Sur celui de droite, des palmes d’acanthe facilitent l’accompagnement et le cheminement spirituel du pénitent.

 

 

 

LES TOURS & LE CLOCHER

L’église comporte deux clochers. Le clocher oriental, qui date du 12ème siècle, est typique du style roman auvergnat. Il comporte sur trois faces des doubles arcatures géminées, soutenues par des colonnettes aux chapiteaux sculptés.

Le clocher occidental date quant à lui du 16ème siècle. C’est celui où l’on a placé les cloches, d’où la présence d’abat-sons.

LE CLOÎTRE

1 – VUE D’ENSEMBLE

 

 

2 – LES GALERIES

 

3 – LES PLAFONDS DES GALERIES

4 – LE RÉFECTOIRE

Le réfectoire, c’est aussi la salle où l’on prend le repas en silence, accompagné de lectures. Il est situé au rez-de-chaussée, et recèle une superbe représentation de la Cène datant de la première moitié du 15ème siècle. Cette fresque reproduit trois instants : l’Eucharistie entre les apôtres, la question de Saint Jean au Christ : « Qui te trahira ? », et la trahison de Judas. Pour terminer cette œuvre, deux anges servent de chaque côté de la table le pain et le vin.

Hormis la peinture de la Cène, une partie des décorations est aussi minutieusement conservée, comme un bandeau de fresques à dessins géométriques du 13ème siècle, un magnifique plafond à caissons, et de grandes baies à meneaux.

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Fresque murale de la Cène, 15ème siècle

Cette peinture est une œuvre remarquable, surtout au niveau de la finition des visages, très méticuleusement réalisés. Cette fresque de la fin du Moyen Âge nous révèle que les artistes ne maîtrisent pas encore la perspective ; en témoignent les plats de poissons qui sont représentés vus de dessus. Le formidable état de conservation de ce tableau, dont la mise à jour remonte au 20ème siècle, est dû à l’épaisse couche de crépi qui, durant des siècles, a protégé et dissimulé les peintures des ravages du temps.

   

L’ÉGLISE PRIEURALE DE SAINT SÉBASTIEN

C’est un véritable bijou de l’art roman du Forez. Elle est bâtie sur une crypte que l’on peut découvrir en sous-sol. Dans la Loire, seules quatre églises sont dotées d’une crypte romane : celles de Champdieu, de Saint-Romain-le-Puy, de Saint-Jean-Soleymieux et de Saint-Just Saint-Rambert.

L’intérieur est assez austère. Cependant, il est agrémenté par plus d’une centaine de chapiteaux sculptés ornementaux et symboliques. Sur une dizaine de ces chapiteaux, on peut apercevoir, à travers l’église, la marche des anciens pénitents se dirigeant vers la purification de leurs âmes. Durant leur déplacement, ils rencontrent des sirènes, des griffons (créatures légendaires) ou autres atlantes (figure d’homme qui soutient sur le cou et les épaules une corniche, une tribune…). Ils se dirigent enfin vers les reliques de Saint Domnin d’Avrillé qui se trouvaient alors déposées dans la crypte (malheureusement disparues lors de la Révolution). A partir de 1143, Saint Domnin d’Avrillé devient le patron de l’église de Champdieu, juste après Saint Sébastien.

1 – LA NEF

2 – L’AUTEL

3 – LES VITRAUX

4 – LA CRYPTE

C’est la partie la plus ancienne, l’une des plus belles du Forez. Elle se situe sous le chœur et date des 10ème, 11ème, et 12ème siècles.

 

 La crypte abritait à partir de 1143 les reliques de Saint Domnin d’Avrillé, enfant martyrisé au 3ème siècle sous l’empereur Dioclétien. Elles seront définitivement perdues pendant la Révolution. Le plan de la crypte est de conception « Clunisienne ». Elle dispose d’une abside centrale, de deux absidioles, et d’un couloir qui réunit les trois parties. L’abside est constituée de 18 colonnes dont les fûts sont probablement des réemplois gallo-romains. Les chapiteaux sont emblématiques du 11ème siècle, ornés de végétaux et de palmes d’acanthe.

5 – CHAPITEAUX & COLONNES DE LA CRYPTE

 

6 – CARRELAGE DE LA CRYPTE

Blason du département de la Loire

Blason du département de la Loire

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