Les Témoins du Passé – Sainte-Eulalie-de-Cernon
LES TÉMOINS DU PASSÉ
MOYEN ÂGE
SAINTE-EULALIE
DE
CERNON
Blason de la ville de Sainte-Eulalie de Cernon
Blason de l’Aveyron
LE LARZAC, TERRE DES TEMPLIERS…
Lire:
LOCALISATION
Sainte-Eulalie de Cernon est une commune française située dans le département de l’Aveyron, en région Occitanie.
Le territoire de la commune comprend une portion sud du Massif central. Il s’étend sur une partie du causse du Larzac et une partie de la vallée du Cernon.
FONDATION
Créée par les Templiers en 1151.
Récupérée par les Hospitaliers en 1312.
PÉRIODES DE CONSTRUCTION
2ème moitié du 12ème siècle, puis 17ème et 19ème siècles (Sources « Monumentum », fiche Mérimée : PA00094147).
ÉLÉMENTS PROTÉGÉS
ÉGLISE : inscription sur la liste des Monuments Historiques de 1927.
COMMANDERIE : classement par arrêté du 16 août 1976, et inscription par arrêté du 31 mars 2003 (Sources « Monumentum », fiche Mérimée : PA00094146).
LE CLIN D’ŒIL
L’Ordre est créé selon la règle du « chevalier du Christ » : simplicité, pauvreté, chasteté et prières. Cette règle s’appuie sur celle de Saint Benoit, avec quelques nuances empruntées à celle de Saint Augustin. Cette doctrine est suivie par les chanoines de l’Ordre du Saint Sépulcre, près desquels vivent les premiers Templiers. L’ordre a alors plusieurs appellations : la milice des Pauvres Chevaliers de Christ, les Chevaliers de la Sainte Cité, les Chevaliers du Temple de Salomon de Jérusalem, la Sainte Milice hiérosolymitaine du Temple de Salomon. Au fil du temps, le nom qui deviendra le plus usité sera celui de « Templiers ».
Lire : les Grands Maîtres de l’Ordre du Temple.
Les Templiers – (peinture de Nan Émile)
QUELQUES RAPPELS
L’ORDRE DU TEMPLE
L’Ordre du Temple était un « Ordre religieux et militaire » issu de la chevalerie chrétienne du Moyen Âge. Il fut créé en 1129, lors du Concile de Troyes. A l’origine, ses membres constituaient une milice nommée les « Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ». L’ordre eut pour mission, au cours des 12ème et 13ème siècles, d’accompagner et de protéger les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, à Jérusalem, dans le contexte de la Guerre Sainte et des Croisades. Les soldats du Christ seront présents dans de nombreuses batailles lors des Croisades en Terre Sainte, ainsi que dans la péninsule ibérique lors de la « Reconquista ».
Les Templiers – (peinture de Nan Émile)
Pour accomplir et financer ses missions, l’Ordre va pouvoir, grâce à des dons fonciers, essaimer etconstruire à travers l’Europe tout un réseau de monastères (commanderies), puis s’étendre dans tout l’Occident chrétien. Cette montée en puissance va lui donner un rôle privilégié parmi les souverains de l’époque. Les Pauvres chevaliers du Christ vont devenir des partenaires financiers de premier choix auprès des monarques occidentaux. Ils effectueront même, avec certains rois, des transactions à caractère non lucratif, voire devenir les gardiens des trésors royaux.
Le 28 mai 1291, après la chute de Saint-Jean-d’Acre et le retrait définitif des armées croisées de laTerre Sainte, l’Ordre va tomber en disgrâce. Devenus trop puissants aux yeux du roi de France Philippe le Bel, les chevaliers du Temple seront condamnés en procès pour hérésie.
Le 14 septembre 1307, le roi dépêche des messagers à tous ses sénéchaux et baillis, leur ordonnant de saisir tous les biens mobiliers et immobiliers des chevaliers du Temple.
Le 13 octobre 1307, sur ordre du roi, l’on procède en France à l’arrestation de la totalité des Templiers au cours d’une même journée.
Le 13 mars 1312, l’Ordre est dissout par le pape Clément V.
Le 18 mars 1314, le dernier Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay, est brûlé sur un bûcher dressé sur l’île aux Juifs, à Paris.
L’ORDRE DE SAINT-JEAN DE JÉRUSALEM
L’Ordre de l’Hôpital fut créé en Orient, quelques années avant l’Ordre du Temple. Il avait pour but d’accueillir, de soigner et d’offrir l’hospitalité. Ce n’est que plus tardivement que, tout comme les Templiers, ils protègeront les pèlerins sur les routes de la Terre Sainte, possèderont des châteaux, et deviendront un Ordre à la fois militaire et religieux.
En tant qu’Ordre militaire, les chevaliers prennent part à de nombreuses guerres qui émailleront l’histoire des États Latins, en combattant les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte.
Mais à la chute d’Acre en 1291, ils seront chassés de leur dernière place forte en Terre Sainte. Après une brève escale à Chypre, ils conquièrent Rhodes, qu’ils occuperont pendant plus de deux siècles. C’est sur cette île qu’ils perfectionnent les bases de leur organisation, qui va faire d’eux des combattants sur mer parmi les plus efficaces de leur temps.
Après la dissolution de l’Ordre du Temple en 1312 par le pape Clément V, les biens des Templiers sont donnés aux Hospitaliers.
En 1522, ces derniers sont expulsés de Rhodes par Soliman le Magnifique, qui s’empare de l’île.
En 1530, après quelques années d’errance, les Hospitaliers reçoivent de Charles Quint (1500-1558) l’île de Malte. Ils prennent alors le nom de « Chevaliers de l’Ordre de Malte ».
ESCAPADE DANS LES TRACES DES CITES TEMPLIERES & HOSPITALIERES DU LARZAC
SAINTE-EULALIE
DE
CERNON
Blason de la ville de Sainte-Eulalie de Cernon
HISTORIQUE
Le site de Sainte-Eulalie de Cernon est occupé depuis la Préhistoire, comme en témoignent les différents vestiges archéologiques (dolmens, tumulus, oppidum celte, occupation gallo-romaine…).
Au VIème siècle, une des premières paroisses de l’Aveyron est mentionnée par Saint Dalmas, évêque de Rodez.
Au Moyen Âge, l’église locale dépend des bénédictins de Gellone (abbaye bénédictine fondée en 804 par un aristocrate aquitain de l’époque carolingienne, Guillaume de Gellone, appelé Guilhèm en occitan).
En 1151, l’histoire des Templiers débute sur le Larzac lorsque l’abbé Raimond, de Saint-Guilhem-le-Désert, leur fait don de l’église de Sainte-Eulalie.
De nombreux dons sont attribués aux Templiers par les seigneurs locaux. Le plus important est celui fait en 1158 par Raimond Bérenger, roi d’Aragon et comte de Barcelone. Il leur cède, par l’intermédiaire du commandeur du Rouergue Élie de Montbrun, l’intégralité du village de Sainte-Eulalie de Cernon ainsi que la terre du Larzac qui l’entoure, avec l’autorisation d’y bâtir des villages et des forteresses.
À partir de 1159, grâce à l’administration des Templiers (1152-1307), le village prend son essor. Les Templiers vont donc commencer à rebâtir l’église, puis ils vont construire les bâtiments de la commanderie et créer une adduction d’eau. Avec l’organisation des terres cultivables, la commanderie va devenir une des plus puissantes du sud de la France.
En 1307, lors de la chute de l’Ordre du Temple commanditée par Philippe le Bel, les chevaliers et les hommes d’armes de Rouergue sont arrêtés et emprisonnés dans le château de Najac.
Plus tard, le 13 mars 1312, après la dissolution de l’Ordre des Templiers par le pape Clément V, les Hospitaliers hériteront de leurs fiefs et dépendances. Ils en seront les propriétaires jusqu’à la
Révolution Française. Ces nouveaux seigneurs marqueront profondément de leur empreinte l’aspect du village, notamment en édifiant des remparts, en réaménageant la commanderie, et en construisant la première chapelle de l’église.
En 1377, pendant la nuit du 11 juillet, François de Roquefeuil, un seigneur voisin issu de la puissante Maison de Roquefeuil, brûle le château et met la ville à sac.
De 1442 à 1450, pour se prémunir des attaques des mercenaires et des routiers arpentant la région lors de la guerre de Cent Ans, les Hospitaliers vont faire ériger l’enceinte fortifiée et construire des remparts autour du village. Cette muraille est aujourd’hui presque intacte.
À la Renaissance, la ville prend son essor. Le château devient une villégiature de Commandeurs, comme Jean-Antoine Riqueti de Mirabeau (oncle du fameux tribun révolutionnaire), et s’enrichit de fresques exceptionnelles. La place du village est restructurée, une fontaine monumentale est construite, entourée de quatre platanes magistraux. L’accès à l’église est inversé, le cœur est percé et pourvu d’un portail baroque.
En 1575, lors des guerres de religion, la ville est mise à sac par les protestants.
Lors de la Révolution française, Sainte-Eulalie est en partie détruite. La commanderie est partagée en huit lots d’habitations qui sont vendus aux enchères.
Depuis 1970, ces lots ont été réunifiés à nouveau et le monument réhabilité ; le site est désormais ouvert à la visite sur le parcours du Larzac Templier et Hospitalier.
PLAN DE LA CITE
Sainte Eulalie comporte deux ensembles de fortifications différents mais juxtaposés : les remparts ceinturant le village, qui datent du XVème siècle (érigés par les Hospitaliers), et la commanderie, qui se présente sous la forme d’un quadrilatère. On y trouve des locaux agricoles, l’église, et le bâtiment communautaire pourvu d’une cour intérieure centrale.
Plan du fascicule de Sainte-Eulalie Tourisme et Économie
Place de l’Église
12230 Sainte Eulalie de Cernon
1 | Place de la fontaine & l’Église |
2 | L’église |
3 | Le bâtiment communautaire de la commanderie |
4 | Le club des Jacobins & La Tour de la commanderie |
LES REMPARTS
5 | La Tour Mude | 12 | La Tour de la Maurine |
6 | La porte Saint-Jean | 13 | La Tour de Quarante |
7 | Le rempart sud | 14 | Le jeu de paume |
8 | La Tour du Touat del mary | 15 | Le trou du chien |
9 | La Tour porte | 16 | École des sœurs de Veyreau |
10 | La Tour Garnier | 17 | Chapelle Notre-Dame de Pitié |
11 | Le rempart nord | 18 | Cimetière |
LA PLACE DE LA FONTAINE
1 – L’ÉGLISE
La règle de vie des Templiers, influencée en partie par Saint Bernard qui soutient l’Ordre, est très stricte. Les Templiers sont soumis notamment aux trois vœux, chasteté, pauvreté et obéissance, comme les autres ordres religieux. Se réunir pour l’office dans la chapelle constituait le cœur de la vie communautaire. Extrait du fascicule de Sainte-Eulalie Tourisme et Économie Place de l’Église 12230 Sainte Eulalie de Cernon
L’ENTRÉE & LE PORTAIL
Elle est du XIIème siècle, date de l’installation des Templiers à Sainte Eulalie. Lorsqu’elle fut construite, le portail d’entrée actuel n’existait pas. En effet, la partie arrondie que l’on aperçoit au premier abord correspondait au chevet de l’édifice religieux. A l’origine, l’entrée était accessible par la cour intérieure de la commanderie. Ce n’est que plus tard en 1641, que le commandeur Jean de Bernuy Villeneuve, lassé de voir les fidèles passer sous ses fenêtres, a fait percer le chevet de l’église. C’est toute la particularité de cet édifice, avec son sens de marche inversé, et le portail d’entrée s’ouvrant depuis sur la place.
Au XVIème siècle, pour renforcer le système défensif, un ouvrage fortifié appelé « gabion » sera construit au-dessus de l’abside de l’église, surélevée à cet effet.
Initialement le cimetière se trouvait sur cette place, autour du chevet de l’église. Le portail est de style baroque. Les pierres qui forment l’arc de la porte (les claveaux) et celles qui composent les montants de la porte (eux-mêmes encadrés par deux pilastres), sont décorées de motifs de cannelures alternant avec des pointes de diamant en relief et des pointillés.
Au-dessus, au centre du fronton, une niche abrite une vierge à l’enfant du XVIIème siècle en marbre, provenant de Gênes, et classée Monument Historique. Le blason placé au-dessus du portail portait les armoiries personnelles de la famille Bernuy Villeneuve. Il fut martelé durant la Révolution française. Plus haut, dans l’œil de bœuf, une croix de Malte en fer forgé, et enfin, au-dessus, la date de l’inversion du sens de l’église : 1641.
L’église construite par les Templiers correspond à la nef romane actuelle qui témoigne du grand soin apporté à l’architecture. La plupart des chapelles latérales ont été ajoutées au XIXème siècle. A l’époque templière, le plan de l’édifice était donc simple : une nef unique, orientée vers l’est comme il était d’usage, c’est-à-dire dans le sens inverse du sens actuel. Au-dessus de la tribune et de l’entrée actuelle, on peut remarquer la voûte en cul de four qui caractérise l’emplacement du chœur originel. Époque hospitalière Lorsque les Hospitaliers prirent possession des lieux, au début du XIVème siècle, ils marquèrent l’architecture de la commanderie en effectuant plusieurs travaux. Parmi ceux-ci, la petite chapelle gothique, située à droite en entrant, fut construite pour accueillir les fonts baptismaux. Mais le trait le plus marquant parmi les travaux effectués au cours de la période hospitalière est sans nul doute l’inversion du sens de l’église. Elle fut ordonnée par le commandeur Jean de Bernuy Villeneuve au XVIIème siècle, dans le cadre d’importants travaux d’«améliorissement » qui concernaient d’ailleurs toute la commanderie. Il fit donc installer le chœur à l’ouest (son emplacement actuel), percer le chevet, et construire le portail d’entrée actuel. Ce texte est un extrait du fascicule de Sainte-Eulalie Tourisme et Économie Place de l’Église 12230 Sainte Eulalie de Cernon
LA FAÇADE EXTÉRIEURE
LA NEF & LES CHAPELLES
LE CHEMIN DE CROIX
LES CHAPITEAUX & LA VOÛTE
LES STALLES ET L’AUTEL
LES VITRAUX
2 – LA FONTAINE
Dans le cadre de ses travaux d’aménagement, Jean de Bernuy Villeneuve fit bâtir au centre de la place une fontaine, encadrée par quatre ormes qui seront remplacés au XIXème siècle par quatre platanes, et de nos jours par trois platanes et un tilleul.
3 –LA COMMANDERIE
Elle fut édifiée par les Hospitaliers au XIVème siècle. Sur la façade, on distingue les contreforts rectangulaires qui supportent des mâchicoulis sur arcs. Il ne subsiste de ce système défensif que le départ d’un arc situé en haut de la chapelle de l’église. Sur la gauche du portail de l’église se trouvait la porte del Ferre, une porte piétonne d’accès à la commanderie. Cette porte était défendue par deux ravelins (ouvrages défensifs), construits durant les guerres de religions.
Maintenant entrons dans la commanderie…
Nous y accédons par le Point d’Accueil. Une porte débouche dans un passage voûté obscur construit au XVIIème siècle. Il permet d’arriver dans la cour intérieure et d’accéder aux étages.
LA COUR INTÉRIEURE
LE BÂTIMENT COMMUNAUTAIRE
Au premier niveau se trouvent la salle capitulaire et la cage d’escaliers menant au bâtiment communautaire (dortoir des moines et salle d’honneur), la salle des fresques, la chambre des capucins avec son échauguette, ainsi qu’une partie des appartements du commandeur.
LA SALLE DES FRESQUES
LA CHAMBRE DES CAPUCINS ET L’ÉCHAUGUETTE
LE DORTOIR DES MOINES
LA SALLE D’HONNEUR
LA CHAMBRE DU COMMANDEUR
4 – TOUR DE LA COMMANDERIE
LES REMPARTS
POINTS FORTIFIES
LA TOUR PORTE
Cette tour carrée, haute de 20 mètres, protégeait la porte principale qui donnait accès au village. La porte voûtée en arc brisé est caractéristique de cette époque. On peut encore voir les gonds de fer de l’ancienne porte double, les trous pour les longerons qui servaient à la barricader, et les mâchicoulis. Au-dessus de l’arc brisé étaient probablement représentées les armes de l’ordre des Hospitaliers et du commandeur Bertrand d’Arpajon.
POINTS REMARQUABLES DU VILLAGES
L’ÉCOLE DES SŒURS DE VEYREAU
C’est une des maisons les plus intéressantes du village. Elle se situe au fond d’une impasse appelée à tort « du couvent ».
Il s’agit d’une maison bâtie au XVème siècle (1442-1445), contemporaine des remparts sur lesquels elle prenait appui. Au XVIIème siècle, d’importants travaux ont permis de créer des accès indépendants afin de desservir plusieurs appartements.
Sa terrasse à balustre et son escalier à vis en font le plus bel exemple d’architecture classique de Saint-Eulalie.
Cette bâtisse accueillera l’école libre des filles de 1856 à 1908. La congrégation des sœurs hospitalières de Veyreau a en effet ouvert une école primaire de jeunes filles, dans une ou plusieurs maisons appartenant à Maria Grimal de Roquefort.
La loi du 30 octobre 1886, prévoyant la laïcisation des écoles congréganistes, amènera en 1908 sa fermeture ; les locaux seront mis alors à la disposition de particuliers.
Sur votre chemin vous pourrez admirer sur certaines maisons, clouée sur les fenêtres et sur les portes, une sorte de chardon de la région appelée la « cardabelle ».
Recherché et cueilli pour son aspect décoratif, ce chardon (de son vrai nom : Carline à feuilles d’acanthe) est appelé Cardabelle dans la région. Cette plante, une fois séchée, est clouée aux portes des maisons en décoration. Dans son milieu naturel, elle est utilisée comme baromètre (curieusement la plante voit son capitule se refermer à l’approche du mauvais temps), ou encore comme porte bonheur. La cardabelle étant une espèce en voie de disparition, elle est désormais protégée. Si vous la rencontrez aux détours d’un chemin sur les causses du Larzac ou de Lozère, ne la cueillez donc pas. Jadis on mangeait son cœur comestible, et ses feuilles épineuses étaient utilisées pour carder la laine des ovins. De plus sa racine était un remède contre de multiples affections et maladies.