Ouragans sur El Alamein

SECONDE GUERRE MONDIALE

Drapeau du Royaume Uni

OURAGANS SUR EL ALAMEIN 

Du 23 octobre au 3 novembre 1942

Des chars Sherman britanniques et des chars américains en formation pendant la campagne nord-africaine, El Alamein, 1942.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Afrique du Nord (aux Portes du Nil) devint un théâtre majeur du conflit. La Grande-Bretagne voulait garder le contrôle du canal de Suez, et sauvegarder ainsi les routes maritimes de la Méditerranée.

Au début du conflit, c’était le seul endroit où elle pouvait combattre et mener une guerre terrestre contre les puissances de l’Axe (l’Allemagne et l’Italie). Il était vital pour les Britanniques de remporter des victoires indispensables. Il fallait redonner de l’espoir au peuple anglais qui souffrait, surtout après la débâcle de Dunkerque et le « Blitz » meurtrier de la Luftwaffe sur Londres.

Les combats en Afrique du Nord, de juin 1940 à janvier 1943, furent connus sous le nom de « Guerre du désert ».

ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS

Un groupe de tankistes britanniques pose devant un char moyen M3 Grant

1940 -1941

L’OPÉRATION COMPASS (de décembre 1940 à février 1941)

Les troupes de la 1ère brigade grecque sur la ligne de front occupant une position de canon Bren. El Alamein, 1942

L’opération « Compass » fut le nom de code de la première opération militaire lancée à grande échelle par les Britanniques, dans le désert de Libye, lors de la « Guerre du Désert », contre les troupes italiennes. Ces dernières, mal équipées, furent repoussées hors de la Cyrénaïque (Libye orientale).

Dès février 1941, les troupes italiennes d’Afrique du Nord reçurent les renforts des forces allemandes. La venue de la « Deutsche Afrikakorps » (DAK) renforça considérablement la présence de l’Axe. Ce corps d’élite possédait des blindages, des armes et un entraînement largement supérieurs à ceux des Italiens et des Alliés. Son niveau d’excellence fut atteint lorsque le général Erwin Rommel (dit « le Renard du Désert ») prit le commandement en Afrique du Nord, et remporta une série de victoires en mars et avril 1941.

D’avril à décembre 1941, les Alliés réussirent à repousser les forces de l’Axe lors du siège de Tobrouk.

Une unité d’assaut de l’Afrika Korps monte à bord d’un Panzerkampfwagen IV Ausf. D du Panzer-Regiment 8 (15. Panzer-Division), durant le siège de Tobrouk.

Panzerkampfwagen IV Ausf. D du Panzer-Regiment 8 (15. Panzer-Division) durant le siège de Tobrouk, 1941

Cette image saisissante nous transporte en 1941, en plein désert libyen, alors que les forces de l’Afrika Korps, dirigées par le général Erwin Rommel, encerclent la ville fortifiée de Tobrouk. On y voit une unité d’assaut allemande prenant position sur un Panzer IV Ausf. D, char moyen emblématique de la Wehrmacht, affecté ici au Panzer-Regiment 8 de la 15ème Panzerdivision.

Le siège de Tobrouk fut l’un des épisodes les plus acharnés de la campagne d’Afrique du Nord. Les forces germano-italiennes tentèrent à plusieurs reprises de briser la résistance des troupes britanniques, retranchées dans la ville. Les Panzer IV, bien qu’encore équipés à cette époque de canons courts de 75 mm, jouèrent un rôle clé dans les percées et l’appui rapproché.

La scène illustre le mode opératoire typique de l’ « Afrika Korps » : une combinaison de mobilité, de coordination blindés-infanterie et de vitesse dans l’attaque. Malgré leur supériorité tactique, les forces de l’Axe ne parvinrent pas à prendre Tobrouk à cette période, la garnison australienne et britannique opposant une défense farouche jusqu’à leur relève partielle, fin 1941.

Drapeau de l’Australie

El-Adem, 27 août 1941. Des Australiens face à l’artillerie capturée.

Le 27 août 1941, dans le secteur d’El-Adem, au sud de Tobrouk, des soldats de la compagnie D du 2/17ème bataillon d’infanterie de la 9ème division australienne utilisent un canon de campagne italien capturé. Cette scène illustre parfaitement l’un des aspects marquants de la campagne d’Afrique du Nord : l’utilisation par les Alliés du matériel saisi à l’ennemi, dans un théâtre d’opérations où chaque pièce d’artillerie comptait.

Australiens avec de l’artillerie capturée

La 9ème division australienne à Tobrouk

La 9ème division australienne fut l’une des unités les plus héroïques de la défense de Tobrouk, assiégée par les forces germano-italiennes de mars à décembre 1941. Les « Rats de Tobrouk », comme les surnomma ironiquement la propagande allemande, tinrent leur position pendant plus de huit mois, repoussant assauts blindés, bombardements aériens et attaques d’infanterie. Le 2/17ème bataillon, formé en Nouvelle-Galles du Sud, faisait partie de la brigade engagée sur plusieurs points stratégiques du périmètre défensif. Ces hommes participèrent à des patrouilles offensives, à des embuscades nocturnes et à la récupération de matériel ennemi.

L’artillerie italienne capturée

Les troupes australiennes, souvent en infériorité numérique et matérielle, eurent recours à une pratique répandue : retourner contre l’ennemi ses propres armes. Le canon visible sur la photo est un pièce d’artillerie italienne saisie au cours des combats. Ces armes capturées permettaient de renforcer les défenses alliées et d’économiser des munitions, tout en symbolisant la supériorité tactique des défenseurs.

El-Adem, un secteur stratégique

Le secteur d’El-Adem constituait un point crucial pour le contrôle de l’accès à Tobrouk. Situé sur la route menant à la base fortifiée, il fut le théâtre de nombreux affrontements entre les forces de l’Axe et les défenseurs australiens.

L’image de ces soldats australiens illustre à la fois l’âpreté des combats en Afrique du Nord et l’ingéniosité des troupes alliées. Elle rappelle aussi le rôle décisif des unités australiennes dans une bataille qui devint l’un des symboles de la résistance alliée face à Rommel.


1942

Le 20 juin 1942, l’ « Afrika Korps » atteignit Tobrouk (bataille de Gazala), qui capitula le lendemain.

De mai à juin 1942, « le Renard du Désert » fut victorieux à la bataille de Gazala (l’« Afrikakorps » enfonça la ligne de défense alliée de Gazala, et en juin 1942, s’empara de Tobrouk, alors que la huitième armée britannique battait en retraite). Pour ces victoires, Rommel fut promu au rang de maréchal.

Cependant, les grands objectifs de Rommel demeuraient la prise d’Alexandrie et du canal de Suez.

Il remporta une nouvelle victoire à la bataille de Mersa Matruh (du 26 au 29 juin 1942). Son armée étant épuisée et ses lignes de ravitaillement ralenties, Rommel fut stoppé lors de la Première Bataille d’El Alamein.

LA PREMIÈRE BATAILLE D’EL ALAMEIN (du 1er au 27 juillet 1942)

La première bataille d’El Alamein (ou bataille d’Al Mata) eut lieu lors de la « Guerre du Désert », durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle se déroula près de la ville égyptienne d’El-Alamein, à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Alexandrie. Du 1er au 27 juillet 1942, les forces de l’Axe de l’Afrikakorps (commandées par Erwin Rommel) et l’armée italienne affrontèrent les forces alliées (principalement britanniques), commandées par Claude Auchinleck,

Cette bataille stoppa la seconde avancée des forces de l’Axe en Égypte. Cet avantage se concrétisera par la bataille d’ « Alam el Halfa » un mois plus tard, puis, en octobre, par la victoire décisive du général Bernard Montgomery, lors de la Seconde bataille d’El Alamein.

Mais, même amoindri, l’« Afrikakorps » demeurait une menace réelle pour l’Égypte et les intérêts pétroliers de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient.

L’issue de ces affrontements (sur de vastes étendues de territoire), au cours desquels les deux camps engrangèrent sans cesse victoires et échecs, se décidera finalement lors d’un affrontement colossal à la Seconde Bataille d’El Alamein.

LA SECONDE BATAILLE D’EL ALAMEIN (du 23 octobre au 3 novembre 1942)

Elle se déroula du 23 octobre au 3 novembre 1942, près d’El-Alamein (Égypte). Elle opposa la 8ème armée britannique, dirigée par le « field marshal » Bernard Montgomery (dit « Monty »), au Deutsches Afrikakorps (DAK), commandé par le « generalfeldmarschall » Erwin Rommel (dit « le Renard du Désert »). L’issue se solda par une victoire alliée décisive.

CONTEXTE

En juin 1942, l’armée britannique était en mauvaise posture, même si elle avait réussi à obtenir un répit lui permettant de se replier, grâce aux Français libres, à l’issue de la bataille de Bir Hakeim (du 27 mai au 10 juin 1942).

En juillet 1942, lors de la Première bataille d’El Alamein, le général britannique Claude Auchinleck avait repoussé en septembre la dernière offensive de Rommel à la bataille d’Alam el Halfa.

La seconde bataille d’El-Alamein était décisive, car elle permettait aux Britanniques de repousser les Allemands qui menaçaient depuis plus de six mois la ville d’Alexandrie et le canal de Suez.

La Royal Navy en Méditerranée (qui empêchait tout ravitaillement du « Deutsches Afrikakorps ») et la supériorité numérique des chars de l’armée britannique furent les deux facteurs décisifs qui permirent la victoire alliée.

Après la bataille, les forces de l’Axe durent se résoudre à la défensive, où elles se révélèrent moins efficaces que dans l’offensive.

Dès lors, le successeur d’Auchinleck, Bernard Montgomery, put préparer la grande contre-offensive en vue de chasser les Allemands et les Italiens d’Afrique ; ce sera la Seconde bataille d’El Alamein.

PRÉLUDE

Du côté allemand…

Le 28 août 1942, Rommel tenta une percée pour bousculer les forces britanniques avant qu’elles ne se renforcent. La manœuvre fut un échec, surtout à cause du manque de carburant.

Le 3 septembre, ses forces se replièrent sur leur base de départ après avoir perdu 42 chars sur le terrain. Rommel organisa alors ses lignes défensivement.

Le 22 septembre, il était trop malade pour continuer à assurer le commandement du DAK ; il le confia au général Georg Stumme (en provenance du front de Russie).

Le lendemain, Rommel décolla de Derna à destination de Rome, où il devait rencontrer Mussolini. Après cette étape romaine, il s’envola pour Berlin où il eut un entretien avec le Führer. Puis il partit se soigner au centre d’hospitalisation du Semmering, à proximité de Wiener Neustadt. À ce moment-là, Hitler ne pensait absolument pas renvoyer Rommel en Libye, mais plutôt sur le front de l’Est.

Début octobre, Rommel se rendit à nouveau à Berlin pour répondre à plusieurs entretiens avec la presse allemande. Il annonça à cet effet que l’ « AfrikaKorps » atteindrait bientôt Alexandrie, sans omettre de signaler tous ses problèmes de ravitaillement et de progression. Il retrouva le moral à la suite de la promesse de Hitler de lui envoyer très rapidement des chars Tigre I, dont il venait de voir le prototype.

Pendant ce temps, du côté allié…

Le Premier ministre britannique Winston Churchill exerçait sur ses commandants d’armée en Afrique une pression de tous les instants. Il voulait obtenir une victoire définitive et rapide contre les forces de l’ « Afrikakorps » de Rommel.

La première bataille d’El Alamein (du 1er au 27 juillet 1942) s’était terminée par une impasse. Le général britannique Claude Auchinleck, qui avait pris personnellement le commandement de la Huitième Armée, fut remplacé par le général Harold Alexander comme commandant en chef du Moyen-Orient.

En août 1942, le commandement de la Huitième armée fut confié au lieutenant-général Bernard Montgomery.

Montgomery

Du côté italien…

En Afrique, l’armée alliée renforça ses positions et en particulier celles d’El-Alamein. De plus, les combats continuaient, et c’était en grande partie les Italiens qui en subissaient le poids. Le 2 octobre, le 10ème bataillon du commandant Grossi, de la « Folgore », repoussa à lui seul une attaque de la 6ème brigade néo-zélandaise. A cours du combat, les Italiens détruisirent 20 chars Grant.

Les forces italiennes durent supporter deux grandes difficultés : la chaleur intenable, et les maladies (dysenterie, insolations, scorbut), qui faisaient des ravages dans leurs rangs, mais aussi dans la 8ème armée britannique ; laquelle ne cessa par ailleurs d’attaquer les positions ennemies.

À la suite des pertes subies, mais aussi en raison des conditions de vie dans l’armée britannique, plusieurs mutineries eurent lieu ; dont celle des troupes australiennes, qui refusèrent catégoriquement de retourner à l’assaut.

LES COMMANDANTS :

ERWIN ROMMEL, LE FER DE LANCE DE L’AFRIKAKORPS…

Le général Erwin Rommel

Erwin Rommel sur un Panzer III en Afrique du Nord, 1942

La photographie d’Erwin Rommel perché sur un Panzerkampfwagen III évoque l’image du « Renard du désert » au faîte de sa gloire.

Erwin Rommel sur un Panzer III en Afrique du Nord, 1942

En 1942, le maréchal allemand symbolisait l’Afrikakorps, une force mécanisée qui sut mettre en échec, à plusieurs reprises, les armées britanniques en Libye, et en Égypte.

Le Panzer III, fer de lance des premières campagnes

Le Panzer III, bien que dépassé à partir de 1942 face aux blindés alliés plus puissants (comme le Grant ou le Sherman), demeura encore l’un des chars les plus représentatifs des premières victoires allemandes en Afrique. Équipé d’un canon de 50 mm KwK 39 L/60, il était agile et parfaitement adapté aux vastes espaces du désert africain. Rommel sut tirer parti de ses qualités de mobilité et de fiabilité mécanique, malgré un blindage inférieur à ses adversaires.

Rommel, stratège mobile du désert

En 1942, après sa victoire à Gazala, Rommel mena l’offensive vers l’Égypte avec comme point culminant la prise de Tobrouk en juin. Sa stratégie reposait sur la vitesse, les manœuvres d’encerclement, et l’exploitation des défaillances de l’adversaire.

Ses commandements depuis les chars, ou les véhicules de reconnaissance, renforcèrent son image de chef au plus près de ses troupes.

Toujours en première ligne, il n’hésita pas à partager les risques avec ses soldats, ce qui lui valut une admiration certaine, y compris parmi ses adversaires.

Le tournant de 1942

Si le tableau illustre un moment de confiance, et encense le chef, il cache aussi la fragilité de la situation allemande. A l’été 1942, l’avancée de l’Afrikakorps s’arrêta à El Alamein, où les Britanniques, mieux approvisionnés, stoppèrent l’offensive. Dès lors, Rommel dut faire face à une guerre d’usure qu’il ne pouvait gagner sans soutien logistique suffisant.

Symbole d’une guerre du désert

Rommel debout sur ce véhicule n’est pas seulement une image militaire, mais une icône de la guerre du désert :

– l’alliance d’un chef charismatique et de ses blindés,

– la dureté des campagnes nord-africaines,

– et le contraste entre les premières victoires éclatantes et le basculement inévitable de la guerre.


MONTGOMERY : UN GÉNIE MILITAIRE CONTROVERSÉ ?

Montgomery

Le maréchal Bernard Law Montgomery fut l’un des plus célèbres commandants britanniques de la Seconde Guerre mondiale ; il fut autant admiré que critiqué. Si ses succès militaires furent indéniables (notamment à El Alamein, en 1942), il suscita pour plusieurs raisons de nombreuses critiques, à la fois pendant et après la guerre ; notamment de la part de ses alliés :

1 – Son ego surdimensionné et ses déclarations arrogantes…

Montgomery avait une très haute opinion de lui-même, qu’il n’hésitait pas à afficher publiquement. Il se présentait souvent comme le seul général compétent du camp allié, et minimisait les contributions des autres ; y compris celles de ses supérieurs ou alliés, comme Eisenhower, Patton, Bradley, et autres….

Il disait par exemple : « Si Rommel avait eu à m’affronter à la place des autres généraux alliés avant El Alamein, il aurait été battu plus tôt. »

2 – Sa rivalité détestable avec les autres généraux alliés.

Montgomery affichait une forte rivalité avec le général américain George S. Patton. Et ses rapports avec Eisenhower, pourtant son supérieur hiérarchique, étaient souvent tendus. Il voulait que toutes les troupes alliées en Europe soient placées sous son commandement unique, rejetant l’idée d’un commandement partagé avec les Américains.

Montgomery et le M3 Grant le duo décisif du désert nord-africain

Cette attitude heurtait la logique de coopération interalliée voulue par Churchill et Roosevelt.

3 – L’échec (relatif) de l’opération Market Garden…

En septembre 1944, Montgomery lança l’opération « Market Garden », une ambitieuse offensive aéroportée visant à forcer une percée rapide aux Pays-Bas, et à franchir le Rhin.

L’opération fut un semi-échec : Arnhem, dernier objectif, ne fut pas atteinte, et les pertes humaines furent lourdes (près de 17 000 hommes).

Montgomery refusa obstinément de reconnaître sa responsabilité, déclarant l’opération à « 90% réussie ; ce qui fut perçu comme un mépris pour les hommes tombés, et une mauvaise foi stratégique.

4 – Sa lenteur relative en Normandie.

Pendant la bataille de Normandie, en 1944, les forces britanniques commandées par Montgomery furent relativement lentes à progresser, comparées aux Américains qui remontaient du sud.

Bien que cela ait servi à fixer les divisions blindées allemandes, la presse américaine et certains officiers alliés accusèrent Montgomery d’excès de prudence, voire d’immobilisme. Il fut aussi accusé de surestimer ses résultats dans ses communiqués.

Le 7 décembre 1942, le maréchal britannique Bernard Montgomery inspectant un canon de défense côtière à Benghazi, en Libye

5 – Son comportement après la guerre.

En 1958, après la guerre, Montgomery publia ses mémoires, dans lesquelles il critiquait plusieurs de ses collègues, y compris Eisenhower, Patton, et Churchill…

Cette publication ranima le mécontentement de nombreux anciens alliés et contribua à ternir son image publique.

En bref

Montgomery fut un stratège habile, notamment dans les guerres défensives et les plans bien organisés. Mais son caractère clivant, son manque de diplomatie, ses rivalités personnelles et certains choix opérationnels contestables, alimentèrent de vives critiques (notamment chez les Américains et au sein du haut commandement allié).

Montgomery

Il reste néanmoins une figure majeure de la victoire alliée, mais plus critiquée que d’autres chefs de guerre, comme Eisenhower ou Alexander.

Drapeau de l’Italie de 1861 à 1956

FORCES EN PRÉSENCE

POUR LES FORCES DE L’AXE

 

Afrikakorps et Italiens

DAK Afrikakorps

– 116 000 hommes

– 71 bataillons d’infanterie

–  559 blindés (220 Panzers et 339 chars italiens)

–  800 canons antichars

Panzerbüchse 41 remorqué par un side-car en Afrique du Nord en 1942

– 500 pièces d’artillerie de campagne et d’artillerie moyenne

– 500 avions

Ju87 Stuka détruit at El Alamein Novembre 1942.

Des chars italiens M13/40 dans les sables d’Afrique du Nord  

Les chars italiens M1340 dans le désert

Cette photo montre des chars M13/40 de l’Armée italienne déployés en Afrique du Nord, durant les opérations du printemps 1941. Engagés notamment aux côtés de l’Afrika Korps allemand, sous le commandement de Rommel, ces blindés italiens représentèrent l’un des piliers de la composante mécanisée italienne dans le théâtre nord-africain.

Le M13/40 était un char moyen, équipé d’un canon de 47 mm et de plusieurs mitrailleuses Breda. Sa conception remonte à la fin des années 1930, et bien qu’il fût considéré comme un progrès par rapport aux modèles italiens précédents (comme le M11/39), il restait inférieur en blindage, en puissance de feu et en motorisation, par rapport à ses homologues britanniques (comme le « Crusader » ou plus tard le « Sherman » américain).

Char M1340 italien conservé au musée des blindés de Bovington.

En avril et mai 1941, ces M13/40 participèrent à la contre-offensive germano-italienne qui repoussa les troupes britanniques en Cyrénaïque, notamment après la défaite britannique de la bataille d’« El Agheila ». Si les Italiens purent obtenir quelques succès tactiques grâce à l’effet de masse et au soutien allemand, les faiblesses structurelles du M13/40 devinrent vite apparentes : blindage trop léger, fiabilité mécanique douteuse, absence de radio dans de nombreux exemplaires, et protection insuffisante contre les attaques aériennes et les obus perforants modernes.

Malgré ces handicaps, les équipages italiens firent souvent preuve de courage et d’initiative, et le M13/40 demeura un symbole de l’effort blindé italien dans la guerre du désert. En définitive, cette photo témoigne à la fois de l’ambition d’une armée moderne et de la réalité technologique limitée d’un pays dont l’industrie militaire n’était pas encore à la hauteur des exigences d’un conflit mondial mécanisé.


Le « Semovente da 75/18 », symbole de l’artillerie automotrice italienne, qui alterna entre influence allemande et pragmatisme de la guerre moderne.

Parmi les véhicules blindés utilisés par l’Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, le « Semovente da 75/18 » occupait une place étonnante. Construit à partir de 1941, cet engin dépourvu de tourelle, à la silhouette basse et trapue, s’inspirait directement des « Sturmgeschütz » allemands, dont il reprenait le principe de l’obusier monté en casemate sur un châssis de char.

Le Semovente da 7518

L’Italie fasciste, consciente du retard en ce qui concernait son industrie blindée, cherchait à compenser ses faiblesses techniques par des adaptations plus simples à produire. Le « Semovente da 75/18 » fut donc développé sur la base du char M13/40, avec un canon court de 75 mm, capable de fournir un appui-feu aux unités d’infanterie, ou de soutenir les blindés dans leurs offensives.

Un rôle qui va s’avérer crucial en Afrique du Nord.

Utilisé pour la première fois lors de la campagne de Libye et d’Égypte, le « Semovente » se montra relativement efficace dans le désert nord-africain ; sa silhouette ramassée le rendait difficile à repérer. Les troupes italiennes, souvent surclassées par les chars britanniques ou américains, possédaient dans le « Semovente » un moyen de renforcer leur puissance de feu, tout en bénéficiant d’une certaine fiabilité mécanique.

Erwin Rommel, commandant de l’« Afrika Korps », estima d’ailleurs que le « Semovente » était l’un des seuls blindés italiens vraiment adaptés aux combats modernes. D’ailleurs, il n’hésita pas à l’utiliser dans certaines de ses opérations conjointes.

Défense du territoire italien

Après la défaite en Afrique du Nord, le « Semovente da 75/18 » fut redéployé en Italie, où il joua un rôle important dans les combats défensifs face aux forces alliées, notamment lors des batailles de Sicile, de Salerne, et dans la lente remontée de la « Botte ». Bien que dépassé par les blindés alliés modernes, l’engin conserva, malgré ce handicap, une certaine efficacité dans des rôles de défense. Il pouvait tendre des embuscades et compenser l’absence de mobilité par la surprise.

Héritage et évolution

Le succès relatif du « Semovente da 75/18 » donna naissance à plusieurs variantes plus puissantes (comme le « Semovente da 105/25 »), ainsi qu’à la création de véhicules d’appui à la manière allemande ; favorisant la puissance de feu et la production simplifiée, au dépend de l’élaboration de chars complets et complexes.

Aujourd’hui, le « Semovente da 75/18 » reste un symbole de modernité de l’effort industriel italien, face à des défis technologiques et logistiques colossaux.

POUR LES BRITANNIQUES

8ème armée britannique

– 195 000 hommes

– 85 bataillons d’infanterie

– 1 029 tanks

– 1 451 canons antichars

– 908 canons d’artillerie de campagne et d’artillerie moyenne

– 530 avions

Le “Bishop”, l’arme de fortune du désert. Artillerie autopropulsée britannique en Afrique du Nord, 1942.

 

Le “Bishop”, l’arme de fortune du désert — Artillerie autopropulsée britannique en Afrique du Nord, 1942

En 1942, sur les sables brûlants d’Afrique du Nord, les troupes britanniques déployèrent une solution improvisée face aux besoins urgents de soutien mobile : le « Bishop », un canon de 25 livres monté sur le châssis du char « Valentine ».

Créé dans l’urgence, le Bishop fut une réponse britannique au besoin de tir indirect mobile ; mais son architecture révéla les contraintes de sa conception. Son imposante superstructure angulaire, haute et massive, dominait le châssis et supportait le canon, mais elle n’était ni pivotante, ni orientable comme une véritable tourelle. Cette silhouette rudimentaire et grossière lui valut d’être comparée, à juste titre, au KV-2 soviétique (un autre mastodonte aux allures de boîte de conserve blindée).

Le canon « Ordnance QF 25-pounder », pourtant efficace, était très apprécié pour sa polyvalence. Mais il était limité par le faible débattement et l’élévation réduite que permettait sa caisse improvisée. Sur le terrain, les artilleurs devaient parfois positionner le Bishop sur des pentes ou des talus pour atteindre des cibles à longue portée.

Malgré ces défauts, le Bishop remplit son rôle dans les combats de 1942 (notamment lors de la bataille d’El Alamein), avant d’être rapidement supplanté par des créations plus abouties comme le M7 Priest américain, qui offrait une bien meilleure flexibilité de tir.

Le Bishop resta ainsi un symbole de l’adaptabilité britannique en temps de crise. Un engin né de la nécessité, dépassé avant même d’avoir pu s’imposer, mais qui joua son rôle dans le feu du désert.


L’OPÉRATION « LIGHT FOOT »

A l’automne 1942, sous la pression du Premier ministre britannique Winston Churchill et face aux nombreuses complications de progression de l’armée allemande, Montgomery déclencha une contre-offensive de grande envergure. Son objectif consistait à repousser hors d’Égypte les forces de l’Axe. L’opération fut baptisée « Lightfoot » (pied léger).

Ce nom de code faisait référence aux multitudes de champs de mines enterrées dans les sables du champ de bataille d’El Alamein. Son plan consistait à déployer quatre divisions d’infanterie pour attaquer les lignes nord de l’Axe. Dès que deux larges voies d’accès auraient été dégagées à travers les champs de mines, Montgomery enverrait deux divisions blindées.

L’armée de Montgomery était constituée de divisions et de bataillons d’Australiens, d’Indiens, de Népalais, de Néo-Zélandais et de Sud-Africains. Elle comptait également deux brigades de Français libres et une brigade grecque.

Parmi les troupes britanniques se trouvait la célèbre 7ème division blindée, connue sous le nom de « Rats du désert » en raison de l’emblème de son insigne (une gerboise), et les hommes de la 1ère brigade française libre.

Rommel avait demandé à ses hommes de poser 500 000 mines pour mieux protéger les positions fixes. Les champs de mines, profonds de 8 km par endroits, étaient appelés par les troupes de l’Axe les « jardins du diable ».

LA BATAILLE

Elle débuta le 23 octobre. Des centaines d’avions se ruèrent sur les lignes de l’Axe.

À 21 h 40, le silence fut rompu par un virulent tir de barrage. L’artillerie britannique bombarda les positions germano-italiennes durant quinze minutes. Les milliers de canon de Montgomery pilonnèrent les positions ennemies. Les éclairs des canons soigneusement orchestrés de l’ « Opération Lightfoot » embrasèrent la nuit. Le ciel du désert rougit des lumières des explosions et des feux fusants.

Puis, à 22 heures, un tir de barrage se déclencha, permettant aux fantassins de quatre divisions de donner l’assaut. Aussitôt, le génie ouvrit des passages dans les champs de mines. Ce qui permit à la 23rd « Armoured Brigade » de progresser et de soutenir l’infanterie.

Un soldat de l’Indian Light Armoured Squadron en 1942 – Lybie

Au nord, les Australiens, qui subissaient beaucoup de pertes, réussirent à progresser, et accomplirent partiellement leurs objectifs. Sur leur flanc gauche, la 51st Highland Division progressait difficilement. Les charges se faisaient « à l’écossaise », cornemuses en tête. La division avait comme objectif la « Red Line », qui devait obligatoirement être atteinte à 2 h 45. Par la suite, d’autres unités devaient prendre la relève, et poursuivre l’attaque. Mais l’infanterie éprouvait de grosses difficultés à avancer, et ceux qui atteignirent la ligne accusaient déjà un gros retard. Au matin du 24 octobre, une seule compagnie avait atteint ses objectifs.

2ème bataille d’El Alamein

Pour les Néo-Zélandais situés plus au sud, le barrage d’artillerie fut très efficace, et les fantassins purent atteindre sans trop de mal la « Red Line ». À 4 h du matin, ils creusèrent des tranchées pour s’enterrer.

Au sud, les Sud-Africains avaient plus de difficultés. Certaines unités réussirent à atteindre la « Red Line », mais la deuxième vague n’y parvint pas (les Allemands avaient mis en place une riposte très puissante). Lorsque finalement, avec l’aide de l’artillerie, elle y arriva, il était déjà tard, et le jour commençait à se lever.

Sur les autres parties du front tenues par les Sud-Africains, la 164ème division d’infanterie allemande était bien retranchée, et leur bloquait toute avancée. En outre, les fantassins furent bloqués par un champ de mines imprévu. À l’aube, après avoir réussi à forcer les positions adverses, ils étaient encore à deux kilomètres de leurs objectifs. Le « Frontier Force Battalion », qui avait mené l’assaut, avait perdu 189 hommes. Tout au sud, la « 3rd Brigade » réussit à atteindre sa mission. À l’aube, les Australiens avaient atteint 80 % de leurs objectifs, les Néo-Zélandais 90 %, les Sud-Africains environ 30 %, et les Écossais seulement 25 %.

Les blindés entrent dans la bataille…

Dès 3 heures du matin, la « 9th Armoured Brigade » commença à avancer ; mais elle fut rapidement stoppée par un champ de mines. Les « Matilda Scorpions » sautaient sur les mines qu’ils devaient détruire. La destruction de tous ces blindés entraîna la confusion au sein de la brigade.

LE MATILDA SCORPION

Le « Matilda Scorpion I » était un dispositif de déminage développé au Moyen-Orient, et utilisé en Afrique du Nord. Il fut également modifié pour être utilisé sur le char « Valentine ».

Il utilisait des fléaux montés sur un rotor au bout de bras de 3 mètres de long, pour fouetter le sol et faire exploser les mines. Fin 1942, le « Baron IIIA » était prêt pour la production. Il utilisait deux moteurs Bedford et disposait d’une cabine de conduite spécialement conçue à la place de la tourelle habituelle.

Le Matilda Scorpion

Le « Scorpion I » utilisait un rotor et un fléau similaires, mais c’était une machine beaucoup plus simple. Les bras étaient fixes, éliminant ainsi une source de complexité. Il ne nécessitait qu’un seul moteur Bedford de 30 cv pour alimenter le rotor. Le poste de conduite simple, situé sur le côté droit de la coque du Matilda, consistait en un simple boîtier rectangulaire monté à l’extérieur des chenilles, d’où l’opérateur pouvait contrôler le rotor et redémarrer le moteur.

Pour arriver à conquérir la crête de Miteiriya, six Sherman sautèrent sur les mines. Le « Wiltshire Yeomanry », qui était bloqué, réussit malgré tout à avancer en perdant neuf chars de plus, et finit par croiser la « 15ème Panzerdivision », avant de se replier aux abords de la crête.

De son côté, la « 1st Armoured Division » devait avancer, et progresser de deux kilomètres vers l’ouest pour protéger les Australiens et les Écossais. Sur le front écossais, les chars, ne pouvant pas atteindre leurs objectifs, essayèrent de franchir le champ de mines (à travers des couloirs de huit mètres de large), ciblés par l’artillerie allemande. En évoluant hors des couloirs, ils étaient la cible des canons antichars. Les Alliés se trouvèrent donc dans une situation précaire.

Drapeau de la Nouvelle-Zélande

Sur le front néo-zélandais, la « 10th Armoured Division » progressa au début assez facilement à travers des champs de mines dégagés. Mais un autre champ (qui n’apparaissait pas sur les cartes britanniques) fut repéré, et le génie eut de grosses difficultés à y ouvrir des passages sous le feu des mitrailleuses allemandes. Il était de toute façon trop tard ; il faudrait affronter à la lumière du jour les lignes défensives retranchées des Germanos-Italiens. Ainsi, les « Sherwood Rangers » durent reculer après avoir subi le marmitage des batteries antichars italiennes. Dans la confusion du repli, des blindés sautèrent sur les mines. Seize chars furent ainsi détruits. Les 88 mm allemands occasionnèrent tant de pertes au sein du 47th RTR  (« Royal Tank Regiment »), que celui-ci dut être dissout.

Au soir du 24 octobre, les Alliés savaient que l’ « opération Lightfoot » était un quasi échec. En fait, il n’y a qu’au sud que le « 13th Corps » réussit à immobiliser les forces ennemies. En fin de compte, le front allemand était toujours intact, et les pertes des Britanniques et de leurs alliés s’avérèrent lourdes.

Du côté allemand, la situation n’était pas meilleure. En effet, alors que le général Georg Stumme (qui assurait l’intérim en l’absence de Rommel, malade) cherchait à prendre contact avec ses premières lignes, il aurait succombé à une crise cardiaque, à la suite d’un bombardement qui l’aurait éjecté hors du véhicule qui l’emmenait au front (sans pour autant que son chauffeur s’en aperçût).

Von Thoma prit alors l’intérim en attendant le retour de Rommel, qui ne devait plus tarder.

La contre-attaque des Allemands

Le 24 octobre, en fin de journée, la 15ème division blindée allemande contre-attaqua dans le secteur australien. L’assaut allemand fut violent et les blindés du « 40th RTR » subirent de lourdes pertes. A la contre-attaque vint s’ajouter un raid aérien britannique qui lâcha par erreur ses bombes sur les troupes australiennes.

Du côté écossais, les Panzer affrontèrent avec de sérieuses difficultés les chars de la « 2nd Armoured Brigade », et perdirent 26 de leurs blindés.

Les sapeurs furent une nouvelle fois surpris par la profondeur des champs de mines et, subissant le feu allemand, n’arrivèrent pas à ouvrir une voie rapidement. Pendant ce temps, les bombardiers allemands et les canons antichars tiraient sur les blindés britanniques, qui ne pouvaient manœuvrer. Le général Gatehouse demanda alors à Montgomery l’autorisation de se replier avec ses blindés. Mais le chef de la 8th ordonna de poursuivre l’attaque, ou alors d’accepter que les chefs de l’armée blindée fussent remplacés. Les blindés tinrent leurs positions, mais ce fut un massacre : des dizaines de Grant et Sherman furent détruits.

À la suite de ce revers, les Britanniques se demandèrent comment ils avaient pu échouer avec une telle supériorité numérique.

Pour les Britanniques, les pertes en blindés s’élevèrent à 215 chars et 38 autres véhicules blindés ; ce qui était largement supérieur aux pertes de l’Axe.

Pour les forces de l’Axe, il ne resta à la 15ème Panzerdivision que 31 chars en état, sur 119 au départ. Le 23 octobre, la 21ème Panzerdivision comptait 98 panzers sur 106. La division Ariete n’avait perdu que deux chars, et la division Littorio, 56.

Le 25 octobre, Rommel, de retour en Afrique, reprit le commandement de son armée.

Le général Erwin Rommel

L’ « OPÉRATION SUPERCHARGE »

Pendant ce temps, Montgomery mettait sur pied un nouveau plan, ressemblant à « Lightfoot » mais baptisé « Supercharge » (ce changement avait pour but de conforter le moral des troupes). Une nouvelle fois, l’offensive aurait lieu au nord.

Au matin du 2 novembre, Montgomery passa à la deuxième phase de son nouveau plan. Certaines divisions furent retirées de la ligne de front. Deux divisions d’infanterie et deux divisions blindées (fraîches, réparées et approvisionnées) furent réorganisées pour attaquer les lignes de Rommel.

Le plan d’attaque se concentra sur la zone située derrière la crête de Kidney, ainsi que sur les parties du champ de bataille où les troupes allemandes et italiennes étaient faiblement jointes.

Ce plan permit à Montgomery d’utiliser ses blindés dans une bande de terrain faiblement pourvue d’infanterie, et où les champs de mines étaient beaucoup moins denses. En réalité, il s’avéra que « Lightfoot » avait préparé le terrain pour « Supercharge ».

LE DÉROULEMENT DE LA BATAILLE

Le début de l’attaque se déroula sans difficultés pour les Alliés. Des tirs d’artillerie intensifs et des attaques aériennes de plusieurs heures précédèrent l’assaut final de Montgomery ; les défenses ennemies avaient été terriblement affaiblies par le pilonnage de l’aviation et de l’artillerie. Sur les flancs, les troupes progressèrent sans trop de complications ; les pertes les plus lourdes eurent lieu au centre.

Rommel contre-attaqua lorsqu’il pressentit qu’une nouvelle attaque de grande ampleur se préparait, et qu’il devina où elle se produirait exactement. Les pertes en blindés de l’Axe étaient maintenant sévères. Mais du côté britannique, on n’était pas en reste : de lourds dommages furent infligés à la « 8th Army » ; les artilleurs antichars de l’Axe furent très efficaces, en particulier contre les vieux chars alliés Valentine et Crusader. Pris de flanc, les rares survivants britanniques se replièrent ; sur les 94 chars de l’attaque, 75 furent détruits.

Ces contre-attaques causèrent un coût en hommes et en matériel que Rommel ne pouvait pas se permettre. Au fur et à mesure que la bataille s’éternisait, il devenait évident pour le commandant de l’« Afrikakorps » qu’il ne pourrait pas la gagner. Il se devait de bouger ; rester là où il était, c’était risquer, tôt ou tard, la destruction totale de son armée. Les Allemands se retrouvèrent bientôt à court de munitions et d’essence. Le ravitaillement par voie maritime était très insuffisant, car la Royal Navy dominait les mers. Les pertes en Panzer étaient critiques : à la fin du 2 novembre, il n’en restait plus que 35 disponibles, plus ceux qui se trouvaient en réparation.

LA FIN

Le 3 novembre, Rommel fit savoir à Berlin qu’il ne pouvait pas continuer à lutter sans carburant et sans munitions. Communication qui fut interceptée par les services secrets britanniques. Hitler ordonna que l’armée de Rommel continue à se battre. Mais les Alliés avaient désormais percé les lignes de l’Axe. Le 4 novembre, Rommel fut encore mis en échec par de nouveaux assauts alliées. Hitler l’autorisa alors à se retirer. Montgomery avait gagné.

BILAN ET PERTES

Au cours de la seconde bataille d’El Alamein, la Huitième Armée perdit plus de 500 chars, et subit environ 13 560 pertes : 2 350 tués, 8 950 blessés, et 2 260 disparus.

De l’autre côté, les pertes allemandes de l’« Afrikakorps » s’élevèrent à 1 149 tués, 3 886 blessés, et 8 050 capturés. Sur les 559 chars d’assaut (Panzer et italiens) de la « Panzerarmee », seuls 12 étaient encore en état de combattre.

Les pertes italiennes furent de 971 morts, 933 blessés, et 15 552 prisonniers.

CONSÉQUENCES

En quelques mois, El Alamein s’inscrivit dans un basculement de la guerre en faveur des Alliés : les Allemands furent écrasés à Stalingrad et repoussés d’Égypte. Comble du désastre pour les forces de l’Axe, le 8 novembre 1942, les Américains et les Britanniques débarquèrent en Algérie et au Maroc, dans le cadre de l’ « Opération Torch ». Cette victoire eut également pour conséquence de convaincre les forces françaises de Vichy, en Afrique du Nord, de coopérer avec les Alliés.

Certaines colonies françaises rejoignirent de Gaulle dans sa lutte contre l’Allemagne nazie. Quant à l’Italie mussolinienne, elle perdit la Libye, sa dernière possession africaine, et devait s’attendre à ce que bientôt les Alliés traversent la Méditerranée.

LA LÉGENDE D’EL ALAMEIN 

À Londres, la victoire fut retentissante. Winston Churchill prononça cette phrase restée célèbre : « Ce n’est pas la fin, ni même le commencement de la fin ; mais c’est la fin du commencement ». Pour beaucoup, la seconde bataille d’El Alamein marqua ainsi un tournant lors de la Seconde Guerre mondiale.


TÉMOIGNAGES DE COMBATTANTS DU DÉSERT…

L’exploit du caporal John « Jack » William Sillito, survivant du désert et héros du SAS

Le caporal John « Jack » William Sillito, survivant du désert et héros du SAS

En novembre 1942, à la veille de la seconde bataille d’El Alamein, un petit détachement du 1er escadron du « Special Air Service » (SAS) fut envoyé derrière les lignes ennemies avec une mission cruciale : saboter une ligne de chemin de fer stratégique, afin de désorganiser les flux logistiques de l’ « Afrika Korps » de Rommel. Parmi ses soldats se trouvait le caporal John « Jack » William Sillito, jeune soldat du « Staffordshire Yeomanry, Royal Armoured Corps », détaché au SAS.

La mission dégénéra rapidement. Après un échange de tirs avec les forces ennemies, Sillito fut séparé de son groupe. Isolé, sans nourriture ni eau, il entreprit un périple de plus de 100 miles à travers le désert nord-africain, marchant jour après jour sous un soleil écrasant. Une semaine entière s’écoula ainsi, dans un combat de survie extrême, où chaque pas devint une victoire sur la soif, la fatigue et la solitude.

Finalement, épuisé mais vivant, il parvint à rejoindre les lignes britanniques. Immédiatement hospitalisé, il fut photographié à son arrivée, les pieds encore lourdement bandés après son calvaire. Cette image, conservée à l’ « Imperial War Museum » (IWM E 19781), reste l’un des témoignages les plus saisissants de la dureté des opérations spéciales menées en Afrique du Nord.

Pour son courage exceptionnel et son endurance hors du commun, Sillito reçut en octobre 1943 la « Military Medal », ainsi qu’une barrette (distinction rare soulignant des actes répétés de bravoure). Il continua de servir avec le SAS en Afrique et en Sicile, participant à la montée en puissance de cette unité devenue légendaire.

L’histoire de Jack Sillito illustrait parfaitement l’esprit du SAS de David Stirling : des hommes capables de missions audacieuses, opérant loin derrière les lignes ennemies, et dotés d’une volonté de fer qui pouvait transformer une situation désespérée en légende vivante.


Un moment de silence face à la tombe improvisée d’un équipage ennemi…

Recueillement – Face à la tombe improvisée d’un équipage ennemi.

29 septembre 1942. La guerre, dans sa cruauté nue, se fige un instant dans un champ tourmenté d’Afrique du Nord. Un soldat britannique s’arrête, solitaire, devant une tombe creusée d’une manière sommaire. Ce qu’il observe n’est ni un monument glorieux, ni une sépulture régimentaire alignée au cordeau. C’est une croix de fortune, dressée à la hâte, marquant la fin de cinq vies allemandes. Cinq hommes tombés dans un « Panzerkampfwagen III Ausf. J » touché de plein fouet dans les combats récents. Derrière le soldat britannique, le char gît, disloqué, calciné. Un Panzer de la variante J, reconnaissable à son canon court de 50 mm KwK L/42 (redoutable au début du conflit, mais ensuite à peine suffisant face aux blindés alliés plus récents). L’engin n’est plus qu’une carcasse noire, éventrée, témoin de la violence des combats et de l’issue implacable d’un tir direct et précis. La photo, prise par le sergent Silverside, ne montre aucun triomphalisme. Seulement un homme en uniforme, figé dans un moment d’humanité silencieuse. Il regarde. Peut-être pense-t-il à ses propres camarades tombés. Peut-être se dit-il que l’un ou l’autre aurait pu finir là, de l’autre côté du viseur. Ou peut-être ne pense-t-il rien du tout, tant l’évidence de la mort impose le respect, même quand elle frappe l’ennemi.

C’est dans ce genre d’images que la guerre révèle un visage plus bienveillant que celui des victoires ou des défaites. Celui d’une humanité partagée dans le chaos. Celui d’un homme qui s’arrête. Parce que devant une tombe fraîche, on ne passe pas sans regarder.


Un soldat de l’« Afrikakorps » ; un fantôme dans le désert…

Un soldat de l’Afrikakorps, avril 1941

Avril 1941, quelque part en Afrique du Nord : un soldat allemand du « Deutsches Afrikakorps » (DAK) fait face à l’un des ennemis les plus implacables du théâtre nord-africain : le désert lui-même. Sur cette photo saisissante, il a le visage presque entièrement dissimulé. Une écharpe de fortune masque son nez et sa bouche, tandis que d’épaisses lunettes de protection le protègent de l’aveuglement provoqué par le sable et le soleil accablant. Ne subsiste que l’ombre de ses yeux, effacés derrière les verres fumés ; c’est un fantôme de guerre, façonné par les conditions extrêmes du Sahara.

Le « Deutsches Afrikakorps », formation expéditionnaire de la Wehrmacht, fut créé pour venir au secours des troupes italiennes écrasées par les Britanniques lors de l’opération « Compass ». Commandé par le célèbre général Erwin Rommel, le DAK incarna durant deux années une guerre de manœuvre, de vitesse, et d’adaptation constante aux éléments.

Mais la chaleur n’était pas le seul adversaire : siroccos, orages de sable, déshydratation, infections oculaires ou pulmonaires liées aux poussières, rendaient chaque jour démoniaque. Dans ce décor lunaire, les soldats durent improviser : des foulards humidifiés pour éviter l’asphyxie, des lunettes improvisées pour empêcher la cécité temporaire, des toiles tendues pour créer de l’ombre.

Malgré leurs efforts et leur ténacité, les forces de l’Axe finiront par succomber. Après deux ans de combats acharnés de la Libye à la Tunisie, le 13 mai 1943, les dernières unités allemandes et italiennes se rendront, marquant la fin de la campagne d’Afrique du Nord.

Cette photographie, silencieuse, symbolise autant l’ingéniosité que la solitude de ces hommes, engagés dans une guerre mécanique dans l’un des environnements les plus inhumains de la planète. Sous sa casquette coiffée de l’aigle impérial, ce soldat incarne la lutte contre un ennemi que ni tactique ni armement ne pouvaient vaincre : la nature elle-même.


L’équipage d’un char M13/40 de la division « Ariete »

L’équipage d’un char M13-40 de la division Ariete

Sur cette photographie capturée entre 1940 et 1942, quelque part dans les vastes étendues du désert nord-africain, l’équipage d’un char moyen italien M13/40 de la division blindée « Ariete » prend la pose. Cette image figée dans le temps illustre bien plus que des uniformes et un blindé ; elle dévoile un pan méconnu de la guerre mécanisée côté italien.

La division « Ariete » était l’unité blindée la plus prestigieuse de l’armée italienne pendant la campagne d’Afrique du Nord. Créée en 1939, elle fut engagée sur le front libyen dès le début des hostilités contre les forces britanniques. Son blindé principal, le char M13/40, était armé d’un canon de 47 mm et de plusieurs mitrailleuses Breda. Bien qu’obsolète face aux blindés britanniques et allemands plus puissants, le M13/40 représentait un effort notable de motorisation dans une armée encore largement ancrée dans la tradition de l’infanterie.

Les membres d’équipage visibles ici portent différents types de salopettes (un détail révélateur du manque d’uniformité logistique chronique dans l’armée italienne). Pourtant, ils ont en commun des équipements caractéristiques : tous sont armés du pistolet semi-automatique Beretta Mod. 34, calibre 9 mm corto (9×17 mm), une arme de poing largement distribuée dans les unités blindées et d’infanterie. Autre élément marquant, le casque en cuir souple, devenu emblématique des tankistes italiens, conçu pour protéger le crâne dans l’habitacle étroit et souvent secoué des blindés.

Ce cliché nous rappelle aussi une vérité simple mais souvent négligée : au-delà des grandes stratégies et des batailles décisives, ce sont des hommes jeunes, fatigués, et déterminés qui incarnent l’histoire. L’équipement rudimentaire, l’uniformité imparfaite, et les visages tendus disent tout de la rudesse du désert, de l’improvisation permanente, et du courage ordinaire.


Un Bersagliere à moto dans le désert libyen, novembre 1940

Un Bersaglieri italien à moto dans le désert libyen, novembre 1940

L’image représente un « Bersagliere » italien de la Seconde Guerre mondiale (juché sur une moto et armé d’une mitrailleuse légère Breda Modèle 30), au cours de la campagne du désert occidental près de Sidi Omar, en Libye, en novembre 1940. Cette photographie illustre à la fois l’ingéniosité et les limites de l’armée italienne engagée en Afrique du Nord, au début du conflit.

Les Bersaglieri : l’élite mobile de l’armée italienne

Créés en 1836, les Bersaglieri étaient réputés pour leur mobilité et leur discipline. À la différence de l’infanterie traditionnelle, ils se déplaçaient souvent à vélo, puis en moto ou en véhicules motorisés, pour incarner une force rapide, capable d’intervenir là où la ligne de front l’exigeait.

En Afrique du Nord, ces troupes furent adaptées à la guerre de mouvement dans l’immensité désertique. L’usage de la moto leur permettait des reconnaissances rapides, le transport d’armes collectives, et des raids éclairs contre les forces britanniques. Leur uniforme distinctif, souvent orné du fameux chapeau à plumes de coq de bruyère, symbolisait cet esprit d’élite.

La Breda Modèle 30 : une arme controversée

La mitrailleuse Breda Modèle 30 était l’arme d’appui standard des unités italiennes. Chambrée en 6,5 mm Carcano, elle souffrait toutefois d’un mécanisme complexe, sensible à la poussière et au sable du désert, ce qui la rendait peu fiable en Afrique du Nord. Sa cadence de tir limitée (500 coups/min théoriques, souvent bien moins en pratique) et son chargeur rigide de 20 cartouches obligeaient à de fréquentes interruptions.

Ainsi, même si elle équipait le « Bersagliere » de la photo, son efficacité était bien inférieure à celle des Bren britanniques ou des MG34 allemandes utilisées par l’ « Afrika Korps ».

La campagne du désert occidental (1940)

En septembre 1940, les forces italiennes du maréchal Graziani lancèrent une offensive depuis la Libye vers l’Égypte, atteignant Sidi Barrani. Toutefois, cette progression resta limitée et mal coordonnée. En novembre 1940, au moment où la photo fut prise, les Italiens tenaient des positions fragiles près de Sidi Omar, fort frontalier stratégique. Quelques semaines plus tard, en décembre, l’opération « Compass », déclenchée par les Britanniques, allait balayer les forces italiennes, capturant des dizaines de milliers de soldats et infligeant une défaite humiliante au régime fasciste.

Une image de contraste

Ce Bersagliere à moto symbolise les ambitions de modernité et de rapidité de l’armée italienne, mais il illustre aussi les limites structurelles du dispositif. Bien que courageux et souvent admirés pour leur ténacité, ces soldats étaient mal équipés et confrontés à des adversaires mieux dotés matériellement.

Conclusion

La photo de ce « Bersagliere », prise en novembre 1940, capture un moment clé où l’Italie fasciste pensait pouvoir rivaliser avec l’Empire britannique en Afrique. Elle montre l’illusion d’une armée qui voulait projeter une image de modernité motorisée, mais dont les faiblesses logistiques et techniques furent rapidement mises à nu dans les sables du désert.


Le SAS dans le désert : les fantômes du général Montgomery !

Les soldats (SAS) britannique

Photographiés en 1943 en Afrique du Nord, ces hommes sont membres du « Special Air Service » (SAS) britannique, unité d’élite fondée en 1941 par le major David Stirling. Leur mission : semer le chaos derrière les lignes de l’ « Afrika Korps », frapper vite, frapper fort, puis disparaître dans l’immensité brûlante du désert.

À bord de leurs jeeps blindées et lourdement armées (des véhicules devenus leur marque de fabrique), ces commandos du désert menèrent des raids audacieux contre les aérodromes ennemis, les dépôts de carburant et les convois allemands. Leur accoutrement atypique (shorts, keffiehs noirs, lunettes de protection) illustrait leur adaptation parfaite au théâtre d’opérations saharien.

Le regard du soldat au premier plan ne laisse place à aucun doute : il sait où il va, ce qu’il fait, et pourquoi il le fait. Ils étaient peu nombreux, mais leur efficacité était redoutable. Les hommes du SAS ne cherchaient ni les médailles, ni la gloire, seulement l’impact et la survie.

L’Histoire les surnommera plus tard les « fantômes du désert ».


Sources :

Mes photos

Photos publique Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_bataille_d%27El_Alamein

https://www.france24.com/fr/afrique/20221023-la-bataille-d-el-alamein-un-tournant-de-la-seconde-guerre-mondiale

https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2519/seconde-bataille-del-alamein/

https://www-historyofwar-org.translate.goog/articles/weapons_matilda_scorpion_I.html?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

 

 

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