Les égouts de Paris sous Charles V
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
CHRONIQUES MÉDIÉVALES
LES ÉGOUTS DE PARIS
SOUS CHARLES V
SOMMAIRE
Au XIVème siècle, Paris, grande et magnifique ville du royaume, affiche fièrement toutes ses richesses et ses splendeurs. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, les rues et ruelles de la cité présentent un tout autre spectacle. C’est un lieu de vie nauséabond et insalubre. Et pour cause : dans ces venelles s’écoule d’une manière anarchique le flot permanent des eaux usées. En sus, les gens du peuple (bourgeois, notables, ou grands seigneurs) y déversent impunément leur déchets et immondices, qui finissent leur trajet le plus souvent dans la Seine.
C’est par cette appellation qu’on nomma un ruisseau qui circulait sur la rive droite de Paris, dans le Marais. Avec le temps, le mot changea d’orthographe pour devenir égout. Puis, le ruisseau lui aussi se transforma, en se charriant des immondices apportées par les eaux coulant dans les rues.
HISTORIQUE
Les premiers égouts souterrains de Paris furent construits par les Romains. L’un d’eux se situait sous l’actuel boulevard Saint-Michel (une artère qui sépare le Vème du VIème arrondissement). Une première amélioration voit le jour sous le règne de Philippe Auguste qui, vers 1200, entreprend de faire paver les rues de la capitale, avec une rigole d’écoulement au centre.
Ce n’est qu’en 1370 que le prévôt des marchands, Hugues Aubriot, va se pencher sérieusement sur le problème de l’hygiène et de la salubrité publique. Il va innover en faisant construire, rue de Montmartre, un égout voûté et maçonné qui transportera les eaux usées, pour les déverser dans le ruisseau de Ménilmontant. Avant, on se contentait au mieux d’une rigole au milieu des ruelles. Et encore, la majeure partie de la ville n’en avait pas. Les eaux stagnantes engendraient alors une odeur pestilentielle ambiante qui ne disparaissait jamais.
En 1824, on ne dénombre qu’une vingtaine de kilomètres d’égouts dans la capitale. Et ceux-ci sont vidés… dans la Seine ! Il faut savoir qu’on y puise chaque jour l’eau « pseudo potable » des Parisiens ! Vous l’aurez compris, l’odeur de l’époque devait être insoutenable ! Et on ne parle pas non plus des déjections animales, voire même des cadavres qu’on retrouvait ici ou là, au coin d’une rue…
Lire :
– L’insalubrité des rues de Paris au Moyen-Âge
– Des pavés pour les rues de Paris
LE CLIN D’ŒIL : « TENIR LE HAUT DU PAVÉ ! »
En 1372, il devient obligatoire de crier « Gare à l’eau » trois fois avant de jeter ses ordures par la fenêtre.
LES EXCRÉMENTS BALANCÉS DANS LES RUES !
LES ÉGOUTS DE PARIS AU FIL DES SIÈCLES…
LE MOYEN ÂGE
Au Xème siècle, Paris est une grande cité habitée par quelques cent mille âmes. Partout, de grands monuments voient jour. La ville, telle une demoiselle qui s’apprête à vivre une riche destinée, se pare de ses plus beaux atours.
Pourtant une ombre obscurcit ce majestueux tableau : Paris ne se préoccupe pas de l’hygiène publique. Les déchets, les immondices et les eaux usées se mélangent et s’entassent dans les rues, en générant un ruissellements épais et nauséabond. Ces dépôts stagnent en bourbiers et en mares putrides, où pullulent les germes de la peste véhiculée par une nuée de rats.
Lire: La peste noire, 1346
DES COCHONS EN LIBERTÉ
Il faut donc imaginer les bêtes se baladant parmi les passants dans les rues de Paris, avec tout ce que ça devait comporter comme désagrément. Ce n’est qu’en 1131 que la divagation des cochons sera interdite dans la ville, après qu’un porc errant se rua sous le cheval de Philippe de France, le fils aîné du roi Louis VI le Gros. Le cheval paniqué se cabra, désarçonna son cavalier, et l’écrasa de tout son poids.
Lire : les Croisades, Louis VII
C’est Philippe Auguste qui, au début du XIIIème siècle, prend les premières mesures de salubrité. Le roi fait paver certaines rues, où sont créées des rigoles. Ces venelles sont bordées par des vieilles maisons à encorbellement qui, rapprochées les unes des autres obscurcissent la voie.
Puis, un peu plus tard, on commence à creuser les premiers égouts (de simples tranchées à ciel ouvert). Une mesure qui, au-delà du mérite d’exister, n’empêche ni les odeurs pestilentielles, ni les avalanches de boue qui, avec la pluie, se répandent surs les voies en terre battue !
Lire : des pavés pour les rues de Paris
En 1370, le prévôt des marchands de Paris, Hugues Aubriot, décide de s’occuper sérieusement du problème. Il devient vital d’évacuer tous ces déchets hors les murs de la capitale. Cet homme, qui a fait construire le Petit Châtelet, le Pont-au-Change, le Pont Saint-Michel et la Bastille, fait bâtir le premier égout couvert rue Montmartre. C’est un ouvrage voûté et cimenté qui finit sa route dans le ruisseau du village de Ménilmontant.
LA RENAISSANCE
Le Paris de la Renaissance n’a plus rien à voir avec celui du Moyen Âge. La grande ville s’est considérablement agrandie, ainsi que sa population. Conscient du problème, François Ier va se saisir de l’affaire et ordonne le creusement de fosses sous les immeubles.
La corporation des « maîtres fifi » (ancêtres des égoutiers) est chargée de ramasser, de charrier et d’évacuer les déchets dans des fossés, en dehors de l’enceinte.
Lentement, le réseau souterrain prend de l’ampleur, et en 1643, à la fin du règne de Louis XIII, Paris compte vingt-quatre égouts.
Mais « quelquefois l’égout de Paris se mêlait de déborder, comme si ce Nil méconnu était subitement pris de colère », relate Victor Hugo dans les Misérables.
A Moustar (l’actuel quartier Mouffetard), le débordement est si important, que la fange se répand parfois jusqu’à la rue de Lourcine.
L’ÉPOQUE MODERNE
Sous Louis XIV, Michel Turgot fait creuser, sur la rive droite, un égout de ceinture.
A la veille de la Révolution, le réseau des égouts parisiens a vingt-six kilomètres de long. Mais le magma fangeux se déverse inexorablement dans la Seine pour la rive droite, et dans la Bièvre pour la rive gauche. Ces réservoirs d’eau « potable » sont irrémédiablement pollués.
LE CHOLÉRA
Ce n’est qu’au début du XIXème siècle que l’on observera de véritables avancées. De 1800 à 1850, la population de Paris s’accroit considérablement : elle passe de six cent cinquante mille à un peu plus d’un million d’habitants.
DES PARISIENS SALES
Lire : les bains publics au Moyen Âge
Sous l’Empire, Paris possède un réseau d’approvisionnement en eau. On aménage le canal de l’Ourq, les anciens collecteurs sont débourbés, décrassés, et prêts à être réutilisés. De nouvelles galeries souterraines sont construites, mais ce n’est toujours pas suffisant…
Tous ces problèmes d’insalubrité alarment en plus haut lieu le gouvernement de Louis Philippe. Et il a raison de s’inquiéter…
En 1832, la capitale est atteinte par une épidémie de choléra assassine qui fait des milliers de morts, dont le Président du Conseil Casimir Perrier !
Sous le Second Empire, le baron Haussmann (préfet de la Seine) confie à l’ingénieur Eugène Belgrand la réalisation d’un système « toile d’araignée », une ville sous la ville, identique au plan de la voirie en surface. Ce doit être un véritable réseau d’égout possédant des collecteurs principaux et secondaires. Ils seront assez larges pour permettre l’intervention d’équipes de curage et de nettoyage.
Dès lors, on va surmultiplier les efforts. Le réseau des égouts s’étendra et passera de trente kilomètres à l’aube du XXème siècle à près de quarante.
Victor Hugo a immortalisé les égouts de Paris dans les « Misérables » …
« Les sentines et les égouts jouaient un grand rôle au moyen âge (…), au Bas-Empire et dans ce vieil Orient. (…). La peste y naissait, les despotes y mouraient. L’égout a été sépulcre, il a été asile. Le crime, l’intelligence, la protestation sociale, la liberté de conscience, la pensée, le vol, tout ce que les lois humaines poursuivent ou ont poursuivi, s’est caché dans ce trou ; les Maillotins au XIVème siècle, les tire-laine au XVème, les huguenots au XVIème (…). L’égout, c’est la conscience de la ville. Tout y converge et s’y confronte. Dans ce lieu livide, il y a des ténèbres, mais il n’y a plus de secrets (…) L’histoire passe par l’égout. Les Saint-Barthélemy y filtrent goutte à goutte entre les pavés. Les grands assassinats publics, les boucheries politiques et religieuses, traversent ce souterrain de la civilisation et y poussent leurs cadavres ».
Lire : La Révolte des Maillotins.
Sources :
Photos publiques Facebook
Mes photos
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89gouts_de_Paris
https://www.histoires-de-paris.fr/egout-medieval-marais/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_le_Sage
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_VI_le_Gros
http://jeanmarieborghino.fr/croisades-louis-vii/
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