La bataille de la Wilderness

                                                                                      

 

LA GUERRE DE SÉCESSION

(1861-1865)

LA BATAILLE DE LA WILDERNESS

Les 5 et 6 mai 1864

Bataille de la Wilderness

SOMMAIRE

La bataille de la Wilderness s’est déroulée du 5 au 6 mai 1864 dans la forêt de la Wilderness, en Virginie. Les armées en présence étaient commandées par le général nordiste Ulysses S. Grant et par le général sudiste Robert E. Lee.

Cette bataille (aussi appelée « bataille de la nature sauvage ») débute dans la confusion la plus totale. Les officiers doivent s’orienter à la boussole. Des unités s’égarent et, par faute de visibilité, tirent par mégarde sur leurs propres camarades. Mais le deuxième jour, les forces de l’Union parviennent à enfoncer le centre des lignes confédérées.

Inquiet, Lee voit avec soulagement la brigade texane du général John Gregg (1828-1864) se précipiter pour renforcer sa ligne. Les Texans résisteront jusqu’à l’arrivée des renforts.

A l’issue de la bataille, le bilan est lourd pour l’Union : les Confédérés ont enfoncé le flanc droit des positions nordistes, ils ont fait 600 prisonniers, dont deux généraux, et ont failli couper la ligne de ravitaillement de l’Armée du Potomac de Grant.

La première offensive de Grant se solde donc par un désastre : la bataille de la Wilderness lui a coûté 17 000 hommes.

De plus, un gigantesque incendie de broussaille se déclare pendant la nuit entre les deux positions retranchées ennemies. Les tirs de canons et de fusils mettent le feu à la forêt, et environ 200 blessés, qui ne pourront s’extirper des flammes, périront brûlés vifs.

CONTEXTE

Au cours de l’hiver 1863-1864, les armées belligérantes ont hiverné à quelques kilomètres de distance, séparées seulement par la « Rapidan River ». Dès le retour du printemps, le général Grant reprend l’offensive et tente sans succès de chasser Lee de ses positions. Mais ce dernier sait que le but de Grant est de l’entraîner dans la Wilderness (une zone forestière sauvage, impénétrable et dense de 180 km2, qui a déjà été le théâtre de sanglants affrontements lors de la bataille de Chancellorsville, un an plus tôt).

Alors que les Nordistes passent dans la Wilderness, Lee les laisse traverser la Rapidan River. Il veut pouvoir les attaquer de flanc. C’est ainsi que le 5 mai, les avant-gardes des deux armées se font face.

LA « RAPIDAN RIVER »

Longue de 142 km (88 miles), elle coule à travers le centre-nord de l’État de Virginie. C’est le plus grand affluent de la rivière Rappahannock. Les deux rivières convergent juste à l’ouest de la ville de Fredericksburg.

La « Rapidan River »

La « Rapidan River » commence à l’ouest de « Doubletop Mountain », dans le parc national de Shenandoah, où le « Mill Prong » rencontre le « Laurel Prong », à « Rapidan Camp », à environ 4,8 km au sud de « Big Meadows ».

Elle marque la frontière du comté d’Orange avec les comtés de Culpeper et de Madison. La rivière Rapidan a été le théâtre de violents combats pendant la guerre civile. Des sites historiques tels que Ely’s Ford, Chancellorsville, Brandy Station, Kelly’s Ford, et la bataille de la Wilderness se trouvent à proximité de son parcours.


ARMÉES EN PRÉSENCE

L’ARMÉE DU POTOMAC

Armée du Potomac

L’Armée du Potomac est la principale Armée de l’Union sur le théâtre oriental de la guerre de Sécession.

L’armée du Potomac

Lorsqu’éclate la Guerre Civile, en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale) décident de rester fidèles à l’Union. L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forme la frontière séparant l’Union des États confédérés.

Les commandants :

– Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861.  

– Le Major – général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, de l’armée et du ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862.  

– Le Major – général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863.  

– Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863.  

– Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865.  

– Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période.  

– Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.


L’ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD

L’armée de Virginie du Nord

L’armée de Virginie du Nord était une armée des États confédérés d’Amérique durant la Guerre de Sécession. Au cours des opérations qui se déroulèrent dans l’Est pendant le conflit, elle représentait la force de frappe majeure de la Confédération.

L’armée de Virginie du Nord

Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee, et le Mississippi.

L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie, en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.

FORCES EN PRÉSENCE

Bataille de la Wilderness

POUR LE NORD

 

Les forces nordistes du général Ulysse S. Grant s’élèvent à 101 895 hommes.

Ulysses S. Grant’

– Le IIème Corps est commandé par le général de division Winfield S. Hancock.

– Le Vème Corps est commandé par le major général Gouverneur K. Warren.

– Le VIème Corps est commandé par le major général John Sedgwick.

– Le corps de cavalerie est commandé par le général de division Philip Sheridan,

– Le 5ème régiment de cavalerie de New York de la 3ème division est armé de carabines Spencer à sept coups, ainsi que la première brigade du Michigan.

 

Dans le Corps du général George Gordon Meade, on trouve des soldats qui ne dépendent à aucun des quatre corps. Ils appartiennent à la prévôté, à un petit groupe de gardes et d’infirmiers, et à des parties de l’artillerie non affectées à un corps.

– Le IXème Corps, est commandé par le général Ambrose Burnside. Seuls environ 6 000 hommes du IXème Corps sont des vétérans expérimentés.

POUR LE SUD

 

Les forces sudistes du général Robert E. Lee se montent à 61 025 hommes.

Robert Edward Lee

– Le premier corps est commandé par le général James Longstreet. C’est l’unité de combat d’élite de Robert E. Lee.

– Le deuxième corps est commandé par le général Richard S. Ewell.

– Le troisième corps est commandé par le général Ambrose Powell « AP » Hill.

– Le corps de cavalerie est commandé par le général de division James Ewell Brown « JEB » Stuart.

DÉROULEMENT DE LA BATAILLE

Battle of the Wilderness

Le 5 mai

Lee se déplace avec son armée de 60 000 hommes afin d’intercepter l’armée de Grant, qui en totalise plus de 100 000.

Mais pour attaquer l’ennemi (une fois de plus en nette supériorité numérique), il doit attendre les renforts des 20 000 hommes du 1er Corps de James Longstreet.

Le 5 mai, à l’encontre des ordres de Lee, deux corps confédérés se dirigeant vers l’ouest croisent la route de trois corps nordistes marchant vers le sud. Pour Lee, l’affrontement est trop prématuré, car l’armée de James Longstreet n’est pas encore arrivée. Cependant, une offensive est lancée contre les Unionistes à l’intersection des routes qui mènent vers le sud. Plus de 45 000 sudistes, dirigés par le général Ewell, donnent l’assaut aux 100 000 Fédéraux commandés par le général George Gordon Meade. Malgré leur supériorité numérique (presque à un contre deux), les Nordistes ne parviennent pas à prendre le dessus.

Face à la connaissance du terrain des Confédérés, les soldats de l’Union sont rapidement contraints de défendre le croisement des deux routes qu’ils doivent absolument tenir s’ils veulent continuer vers le Sud. Finalement, ils réussiront à tenir la position.

La bataille est indécise, et d’une spectaculaire violence. Cependant, les Nordistes parviennent à prendre l’avantage et refoulent les forces sudistes.

À ce moment-là, il semble que la victoire sourit aux soldats de l’Union ; il suffirait de pousser un peu plus pour battre l’armée de Lee définitivement. Mais des deux côtés, les troupes sont trop épuisées et incapables de faire le moindre mouvement. Il faudra recommencer le lendemain.

Le 6 mai

Le 6 mai, à 5 h du matin, Grant lance une contre-attaque sur l’aile droite de Lee, à travers la forêt de Wilderness. L’assaut repousse les Sudistes sur un kilomètre et demi ; la situation tourne rapidement à leur désavantage. Rien ne semble arrêter la furia nordiste.

The battle of the Wilderness

Lee (dont le quartier général se trouve près du front) veut, pour montrer l’exemple, se mettre à la tête des Texans afin de lancer une contre-attaque. Mais ceux-ci demandent avec insistance au général de rester en arrière ; Lee y consent.

Robert Edward Lee

Les Texans partent au combat et stoppent les Nordistes dans la forêt. Puis, sous la pression des soldats de Longstreet qui viennent d’arriver au moment propice, ils les repoussent jusque sur leur ligne de départ.

Un membre de l’état-major de Lee raconte :

« Nous avions à peine fait un pas que le général Lee, devant tout le commandement, s’est mis debout sur ses étriers, a découvert sa chevelure grise, et d’une voix fervente s’est exclamé :

– Les Texans font toujours reculer l’ennemi ».

La Guerre de Sécession de Ken Burns.

Grant envoie alors des renforts et la bataille devient acharnée. Les lignes de défense sudistes réussissent à se maintenir sur leurs positions, malgré les pertes qui s’accumulent et le moral qui baisse rapidement.

De leur côté, les Nordistes sont incapables de profiter de la situation. Dans les taillis, dans les bois épais et touffus, les généraux s’égarent et perdent leurs unités. Tout mouvement devient inextricable ; il est impossible de coordonner les mouvements de l’armée.

Bataille de la Wilderness

En pleine bataille, et venant se rajouter au chaos, un incendie se déclare dans la forêt. Le feu atteint sans distinction les blessés des deux armées. Des soldats isolés, ne pouvant bouger, cloués au sol et abandonnés sur place, attendant que le combat s’arrête, sont désespérés. Ils implorent vainement qu’on vienne à leur secours. Mais rien n’y fait ; ils sont rejoints par les flammes et brûlés vifs.

C’est alors que les Confédérés prennent l’avantage grâce à leur connaissance du terrain : sur le champ de bataille se trouve un terre-plein élevé, en vue de la construction d’une voie ferrée. Il longe l’aile gauche de l’Union et ne figure pas sur les cartes. Un des généraux de l’Etat-Major de Longstreet connaît la présence de cette butte, recouverte de végétation camouflée naturellement, ce qui permettra aux Confédérés de s’y abriter.

Le 6 mai

L’après-midi du 6 mai, quatre brigades confédérées attaquent l’aile gauche des Fédéraux. Ceux-ci, surpris, sont rapidement gagnés par la panique. C’est à ce moment que Longstreet est touché à l’épaule par une balle perdue d’un tireur de son armée. Il survivra à sa blessure, qui le privera de commandement pour cinq longs mois.

Longstreet et son état-major avant la bataille de la Wilderness où il a été blessé.

Avec la nuit qui tombe, Grant décide de retirer ses troupes de la bataille. Au sein de son quartier général, son Etat-major est découragé et ses officiers parlent déjà de retraite vers Washington. D’autres sont inquiets et s’interrogent sur l’attitude à venir de « Bobby Lee ».

Grant a perdu 17 000 hommes, contre 10 000 à l’ennemi. Loin de se décourager, et au lieu de reculer comme l’ont fait tous ses prédécesseurs, il va, malgré la défaite, donner l’ordre à ses troupes de faire de l’avant et de repasser à l’offensive.

Ecoutant ses officiers d’État-major débattre sur ce que va bien pouvoir faire Robert Lee, Grant s’exprime en ses termes : « J’en ai par-dessus la tête d’entendre ce que Lee va faire ; vous avez toujours l’air de croire qu’il va nous faire un double saut périlleux et atterrir sur nos arrières et nos deux flancs à la fois ! Regagnez donc votre commandement et essayez un peu de penser à ce que nous allons faire nous-mêmes plutôt qu’à ce que Lee est en train de penser ! »

Grant avait assuré au président Lincoln qu’il n’y aurait plus de repli. Dès le lendemain, alors que les soldats s’attendaient à un départ vers le nord, l’armée se remet en marche ; mais cette fois, on ne recule plus, on marche vers le sud.

Le 7 mai, la situation étant bloquée pour les deux armées, Grant décide de sortir de la nasse de la Wilderness et commence le contournement de l’aile droite de Lee, avec pour but la prise de Spotsylvania. En voyant leur chef refuser toute idée de retraite, les soldats de l’Union partent revigorés, car pour la première fois dans une campagne de Virginie, l’armée du Potomac continue une offensive après une défaite.

Concernant l’attitude de Grant, Sam Watkin, simple soldat dans l’armée de Virginie du Nord, écrit : « Voilà un nouveau général si mal au courant des traditions militaires de notre secteur qu’au lieu de se retirer, il a la témérité d’avancer pour tenter de conclure à nouveau. Nous fûmes très déçus du général Grant et très curieux de savoir combien il lui faudra de temps pour reconnaître son erreur. »

Samuel (« Sam ») Rush Watkins (né le 26 juin 1839, mort le 20 juillet 1901) était un soldat Confédéré durant la guerre de sécession.

Sam Watkins

Il est connu de nos jours pour ses mémoires publiées sous le titre de « Company Aytch : Or, a Side Show of the Big Show ». Il y décrit son expérience durant la guerre civile. Ces écrits sont considérés comme parmi les meilleurs témoignages existants de la vie du simple soldat pendant le conflit.


PERTES

Blessés de la bataille de la Wilderness à Mary’s Heights Fredericksburg, Virginie, en mai 1864

POUR LE NORD

 

Sur un effectif total de 101 895 hommes, les pertes de la bataille pour l’armée de l’Union sont de 2246 tués, 12 037 blessés, et 3383 prisonniers ou disparus.

POUR LE SUD

 

Sur un effectif total de 61 025 hommes, les pertes de la bataille pour les Confédérés s’élèvent à 1495 tués, 7928 blessés, et 1702 prisonniers ou disparus.

IN MEMORY

2nd lieutenant George Lovick Pierce Wren, « Minden Blues », compagnie G, « 8st Louisiana Infantry ».  

Wren s’enrôla comme soldat le 23 juin 1861 au camp Moore, en Louisiane. Selon ses dossiers militaires, il fut promu lieutenant en avril 1862, et blessé et capturé le 9 juin 1862 près de Port Republic, Virginie.

Le 17 septembre 1862, il fut blessé à la bataille de Sharpsburg, dans le Maryland.

Le 10 mai 1864, il fut capturé au cours de la bataille de la Wilderness.

Prisonnier de guerre, il fut finalement libéré en juin 1865.

&

Pendant la guerre civile, le sergent-chef Patrick DeLacy servit dans la compagnie A du « 143st Pennsylvanie Volunteer Infantry ».

Le 6 mai 1864, il reçut la médaille d’honneur à la bataille de la Wilderness, en Virginie, pour avoir capturé à lui seul le drapeau du « 1st régiment de Caroline du Sud ».

Après la guerre, DeLacy fut élu à l’assemblée législative de l’État de Pennsylvanie, et plus tard servit comme chef de la police à Scranton. Il est mort en 1915.


Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Photos publiques Facebook

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/Battle_of_the_Wilderness?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Wilderness

https://www.huffpost.com/archive/qc/entry/il-y-a-150-ans-la-bataille-de-wilderness_b_5268431

 

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2 réponses

  1. 3 juillet 2023

    […] bataille de la Wilderness s’est déroulée du 5 au 6 mai 1864 dans la forêt de la Wilderness, en Virginie. Les armées en […]

  2. 7 août 2023

    […] Gouverneur Kemble Warren Winfield Scott Hancock Horatio G.Wright Ambrose Burnside Major General Philip Sheridan […]

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