Iwo Jima, l’enfer du Pacifique

                                                                                                                                                    

                                                                                                                                                                                   

                                                                                                                   

SECONDE GUERRE MONDIALE

GUERRE DU PACIFIQUE

ARCHIPEL OGASAWARA

Drapeau du Japon

IWO JIMA, L’ENFER DU PACIFIQUE

Du 19 février au 26 mars 1945

Bataille d’Iwo Jima, le Mont Suribashi

SOMMAIRE

La bataille d’Iwo Jima, engagée le 19 février 1945, fut l’une des plus dures et des plus sanglantes du théâtre du Pacifique. Sur ce petit bout de terre volcanique de 21 km², les Marines américains affrontèrent une défense japonaise acharnée, aménagée en réseaux souterrains et méthodiquement organisée (bunkers et positions camouflées). Cette petite île (faisant partie de l’archipel d’Ogasawara, à environ 1 000 km au sud de Tokyo) couverte de cendres noires, et solidement défendue par l’Armée impériale japonaise, devint le théâtre d’un affrontement parmi les plus brutaux du Pacifique.

Elle s’acheva par la conquête de l’île par les Américains, au prix de 20 703 tués et 1 152 disparus côté japonais (la quasi-totalité de la garnison), ainsi que 6 821 tués, 492 disparus et 19 189 blessés côté américain (soit plus du tiers des effectifs débarqués).

Les soldats américains surnommèrent certaines crêtes de sobriquets particulièrement représentatifs : « Meatgrinder » (hachoir à viande), « Bloody Ridge » (crête sanglante), ou encore « Death Valley » (Vallée de la Mort).

LE SYMBOLE DU DRAPEAU…

Ce qui marqua le plus l’imaginaire collectif de la bataille d’Iwo Jima, c’est surtout une image émouvante : celle qui fut immortalisée par la photo d’un groupe de Marines plantant le drapeau américain sur le sommet du mont Suribachi. Ce point culminant de l’île deviendra le symbole de cette guerre se déroulant dans l’enfer nippon.

CHARLES LINDBERG, LE MARINE QUI PLANTA LE PREMIER DRAPEAU SUR IWO JIMA

Charles Lindberg – Le Marine qui planta le premier drapeau sur Iwo Jima

Charles W. Lindberg (1919-2007), originaire de Richfield dans le Minnesota, était caporal dans les Marines américains pendant la Seconde Guerre mondiale. Engagé au sein du « 2nd Battalion, 28th Marine Regiment, 5th Marine Division », il participa en février 1945 à la terrible bataille d’Iwo Jima ; l’un des combats les plus brutaux de la Guerre du Pacifique.

Le 23 février, Lindberg faisait partie du petit détachement de Marines envoyé pour hisser le premier drapeau américain sur le mont Suribachi (sommet volcanique dominant l’île). Ce lever de drapeau fut réalisé au terme d’un assaut acharné contre les positions japonaises. Lindberg, qui portait un lance-flammes, était en première ligne de l’assaut.

Ce premier drapeau, trop petit pour être visible depuis toute l’île, fut rapidement remplacé par un second, plus grand. C’est ce deuxième lever de drapeau qui fut immortalisé par la célèbre photographie de Joe Rosenthal, qui devint une image iconique de la guerre.

Bien que son rôle historique fût éclipsé par ce second cliché, Lindberg garda toute sa vie en mémoire le souvenir du premier lever de drapeau, auquel il avait directement participé.

Gravement blessé plus tard dans la bataille, il fut décoré de la Silver Star pour bravoure. Après la guerre, il mena une vie discrète dans le Minnesota, rappelant régulièrement la vérité sur la première cérémonie du drapeau.

Charles Lindberg s’est éteint en 2007 à l’âge de 86 ans.

CONTEXTE

A l’été 1944, alors que la France fête sa Libération, les Américains prennent pied sur les îles Mariannes, à 2500 km du Japon, et installent, en dehors de la Chine, leurs premières bases de bombardiers à long rayon d’action, les fameux B29.

IWO JIMA, UN INTÉRÊT STRATÉGIQUE ?

Cette petite île, située à plus de 1 000 km au sud du Japon, est isolée en plein océan. Rien en apparence ne voue Iwo Jima (« île au Souffre » en japonais) à devenir l’objectif capital de l’état-major américain. C’est sa position géographique (à mi-chemin entre les Mariannes et Tokyo) et l’installation d’aérodromes sur son terrain volcanique, qui décident les militaires américains à la conquérir.

« Cette bataille, reconnaîtra le général Holland Smith, est la plus dure que les Etats-Unis aient livrée au cours des cent soixante-huit ans de leur existence ».

Holland Smith

Iwo Jima servira alors de lieu de transit, de stockage, et d’escale aux équipages des bombardiers à long rayon d’action pour aller pilonner les grandes villes japonaises. Les aérodromes de l’île (située à mi-chemin du Japon et des îles Mariannes) pourront servir pour les chasseurs d’escorte « P-51K Mustang » de la « 7th Air Force », et éventuellement de terrain d’atterrissage d’urgence pour les « B-29 Superfortress » de la « 20th Air Force » endommagés ou à court de carburant.

Ainsi, la conquête de l’île aggravera les difficultés stratégiques de l’aviation impériale nippone.

Les P-51K Mustang 

DES PILONNAGES INTENSIFS QUOTIDIENS…

D’août à octobre 1944, l’île va subir les bombardements les plus longs de toute la guerre du Pacifique (avec 48 raids aériens), spécialement pour annihiler ses deux aérodromes. Puis, dès le 8 décembre, les marines de guerre américaines prennent le relais.

Fin décembre 1944, les Alliés débarquent sur l’île de Leyte, dans les Philippines, et s’en emparent bien plus rapidement qu’ils ne l’avaient envisagé.

Au début de 1945, le Japon est bombardé quotidiennement depuis les îles Mariannes. C’est l’opération « Scavenger » (Iwo Jima sert alors de station d’alerte pour la défense nippone).

Il est donc décidé d’envahir Iwo Jima et de prendre le contrôle de ses aérodromes, d’importance stratégique pour la suite des opérations (opération « Detachment »).

LE BOMBARDIER LIBERATOR VB109

À la mi-juillet 1944, les bombardiers PB4Y-1 Liberator de l’escadron de bomber 109 (VB-109), nouvellement basés sur Saipan, menèrent le premier raid terrestre contre Iwo Jima, encore détenu par les Japonais.

Le 13 juillet, deux avions VB-109 bombardèrent l’île d’Iwo Jima (représentant ainsi une extension significative des opérations aériennes américaines dans les îles Bonin et Volcano, situées entre les Mariannes et le Japon). Ces raids visaient à brouiller la logistique japonaise, à détruire les défenses aériennes, et à préparer les futures opérations dans le Pacifique.

Les attaques faisaient suite à la récente capture de Saipan par les Marines américains, qui l’utilisèrent comme base avancée cruciale pour les futures missions à longue portée.

Le PB4Y-1 (une variante navale du B-24 Liberator) permit à la Marine d’atteindre des cibles auparavant hors de portée. Alors que le VB-109 avait déjà mené des raids de reconnaissance et de harcèlement, ceux de juillet à Saipan affaiblirent les positions japonaises sur Iwo Jima et les îles voisines. Pour les Nippons, ces îles, en particulier Iwo Jima, étaient vitales pour le réseau d’alerte aérienne et de défense japonais.

Même si les raids ne causèrent que des dégâts minimes, ils démontrèrent la portée croissante de la puissance aérienne américaine, et contribuèrent à l’isolement et à l’invasion possible d’Iwo Jima au début de 1945. Ces opérations mirent en évidence les progrès logistiques et opérationnels de la marine américaine, et contribuèrent à laminer les capacités défensives japonaises dans le Pacifique central.


Lire : le cauchemar de Saipan

FORCES EN PRÉSENCE

POUR LES AMÉRICAINS

 

 

– la Vème « Amphibious Corps »

Cette unité s’occupe aussi bien d’administration générale, de ravitaillement, de formation, d’équipement, de planification opérationnelle, que de coordination sur le terrain. Elle est placée sous le commandement du général Harry Schmidt.

Harry Schmidt

la « Seventh Air Force »

C’est une composante des forces aériennes de l’USAAF (United States Army Air Forces), qui opère dans la POA (Pacific Ocean Areas) ; c’est-à-dire dans l’océan Pacifique central.

la Vème flotte des États-Unis

La cinquième flotte des États-Unis (United States Fifth Fleet) est une flotte de l’US Navy. Elle a été créée le 26 avril 1944, puis sera supprimée en janvier 1947.

Soit au total : 70 000 hommes

POUR LES JAPONAIS

 

 

La garnison de l’Île d’Iwo Jima, soit 22 000 hommes placés sous le commandement du général Tadamichi Kuribayashi.

Tadamichi Kuribayashi

L’OPÉRATION « DETACHMENT »

Le débarquement à Iwo Jima – une bataille décisive du Pacifique…

L’opération « Detachment », commandée par le général Harry Schmidt, est confiée au Vème Corps amphibie, composé des 3ème, 4ème et 5ème Divisions de Marines, avec un effectif total de 70 000 hommes.

Les 4ème (droite) et 5ème Divisions (gauche) accostent au sud de l’île, entre East Boat Basin et le mont Suribachi. La 3ème Division de Marines (9ème et 21ème Régiments) est tenue en réserve.

L’opération « Detachment » est composée de 8 cuirassés, 8 croiseurs, et 10 porte-avions d’escorte. Cette flotte a pour mission d’appuyer le Vème corps amphibie (3ème, 4ème et 5ème divisions de Marines), composé de 30 000 hommes qui doivent débarquer le 19 février sur la longue plage sud-est de l’île.

Les « Landing Vehicles Tracked » (LVT) étaient une classe de véhicules amphibies de débarquement utilisés par la Marine américaine, le Corps des Marines des États-Unis, et l’Armée de terre des États-Unis, au cours de la Seconde Guerre mondiale. Si les LVT étaient initialement conçus uniquement comme transporteurs de fret pour la marine, ils évoluèrent rapidement pour le transport de troupes d’assaut et de véhicules blindés. Dans l’armée américaine, ils étaient aussi couramment appelés « amtrack », d’après la contraction du mot « amphibious tractor » (tracteur amphibie en anglais).  

Ils pouvaient atteindre une vitesse maximale de 32 km/h (12 km/h dans l’eau) et recevoir jusqu’à 30 hommes de troupe.

LA BATAILLE

À 9 heures du matin, ce 19 février 1945, 30 000 soldats américains, principalement des Marines, s’entassent hâtivement dans les barges de débarquement pour aller en découdre sur l’île avec l’ennemi nippon.

D’une superficie d’à peine 21 km2, l’île est plate. Elle est reconnaissable par son unique sommet, le mont Suribachi, qui culmine à 169 mètres. Iwo Jima est un minuscule point perdu dans le Pacifique, à 1000 kilomètres au sud des côtes japonaises.

L’île, dotée d’un réseau de protections souterraines, est défendue par une garnison de 22 000 soldats, composée de la 109ème division d’infanterie japonaise et de renforts (l’unique but est d’infliger de lourdes pertes aux Alliés, afin de les décourager d’envahir l’archipel du Japon). Les défenseurs japonais sont prêts. Tous doivent faire le sacrifice de leur vie pour leur patrie en emportant dix ennemis avec eux.

Pour préparer l’assaut amphibie, le débarquement est précédé par un intense bombardement ; les Américains tirent 14 000 tonnes d’obus sur l’île. Rien ne peut subsister à un tel déluge de fer et de feu, pensent les assaillants yankees. Lorsque le tir cesse et que l’attaque est lancée, les Marines, en approchant de l’île, n’ont aucun doute : les Japonais ont été pulvérisés par le feu d’artillerie. Mais alors que les barges s’apprêtent à atteindre le rivage, un déluge de mitraille et d’acier s’abat sur les frêles embarcations ; s’ensuit un véritable massacre…

Les Japonais attendent que les Marines aient tous débarqué avant de déclencher un feu d’enfer. Dans un premier temps, les Américains sont figés sur les plages, mais, grâce à l’appui des canons de la Marine, ils parviennent à avancer.

Les Marines doivent affronter l’intense feu nippon depuis le volcan Suribachi, qui surplombe le sud de la plage. Ils subissent les tirs croisés d’artillerie, de mitrailleuses et de snipers d’unités japonaises, retranchées dans de bonnes positions défensives (qu’elles ont mis des mois à mettre en place, et que les bombardements préalables à l’invasion ont à peine endommagées).

Au fur et à mesure que des vagues successives de Marines mettent le pied sur l’île, la zone de débarquement se retrouve saturée. Ce qui augmente d’autant plus les pertes au combat des forces américaines, toujours incapables d’avancer. Pour les assaillants, il n’est pas possible de creuser des trous dans le basalte ; seuls les lance-flammes et les grenades parviennent à débusquer les défenseurs retranchés.

Deux heures à peine après le début de l’offensive, on fait déjà appel aux unités d’infanterie de réserve.

À la fin du premier jour, les Marines ont réussi à établir une tête de pont sur toute l’extrémité sud de l’île, excepté le mont Suribachi.

La plage ne sera à peu près sécurisée que le soir ; cependant, les tirs de snipers sporadiques ne cesseront qu’après la prise du mont Suribachi, quatre jours plus tard.

40 000 hommes débarqueront les jours suivants et, finalement, le 23 février, le sommet sera atteint. Un drapeau sera élevé sur le Suribachi et un deuxième le remplacera peu après.

LES « CODE TALKER »

Face aux percées des Japonais dans le Pacifique, les États-Unis avaient besoin de communications instantanées et inviolables. La solution ne vint pas des machines, mais des racines profondes d’une culture autochtone. En 1942, le Corps des Marines lança un programme secret, recrutant des Navajos pour utiliser leur langue à des fins militaires.

Les Américains recrutèrent spécialement pour le théâtre Pacifique de la Seconde Guerre mondiale des « code talker » (litt. « parleur de code ») amérindiens. Néanmoins, outre les « Navajos », il y eut aussi des « Cherokees », « Chactas », « Lakotas », « Mesquakies » et des « Comanches ».

Lors de la Première Guerre mondiale, l’armée américaine avait utilisé les « Chactas » pour ses communications chiffrées (ils étaient plus rapides que les machines à coder), mais les Allemands étaient parvenus à casser le code.

Pendant le second conflit, les « Navajos » développèrent un code incassable en utilisant leur langue maternelle. Ce procédé, qui déconcerta les briseurs de code ennemis, jouera un rôle déterminant dans la victoire alliée.

Dans leur langue, il était parfois nécessaire de transcrire certains mots avec des expressions du quotidien, faute d’équivalents : « Avion » était ainsi traduit par « oiseau », et « bombardier » par « oiseau enceinte ». Le code navajo attribuait par ailleurs un mot indien pour chaque lettre de l’alphabet latin.

Chaque mot Navajo signifiait une lettre ou un terme militaire, comme « Chʼéʼéh degháhii » (tank). Le mot « moasi », qui renvoie au « chat », était ainsi utilisé pour désigner la lettre « C » ; ce qui rendait impossible aux étrangers de le décoder.

Aux côtés des membres de 33 autres tribus indigènes, ces héros amérindiens changèrent l’histoire avec leur langue et leur bravoure. Ce code restera classifié jusque dans les années 80, l’armée américaine estimant qu’il pouvait de nouveau servir en cas de guerre. Durant la Seconde Guerre mondiale, d’autres indiens des tribus Choctaws, Comanches et Seminoles furent aussi chargés de transmettre dans leur langue des messages codés.

D’ABORD, S’EMPARER DES AÉRODRÔMES…

L’île comporte deux aérodromes, plus un 3ème en construction sur le plateau de sa partie nord.

La garnison japonaise (22 000 combattants) lutte avec acharnement. Mais le 22 février, les Marines s’emparent d’un premier aérodrome. Le second est l’objet de furieux combats acharnés. Des groupes désordonnés de Japonais se lancent dans des contre-attaques suicides, ce qui provoque une profonde confusion et un grand désordre dans la bataille. Ces assauts « Banzaï » disparates sont exécutés sur les initiatives individuelles de quelques officiers, mais pas du haut-commandement impérial sur l’île.

« Banzaï ! » : les origines d’un cri de guerre japonais

Le mot « Banzaï » est resté gravé dans l’imaginaire collectif comme étant le cri de guerre lancé par les soldats de l’armée impériale japonaise, lors de charges suicidaires pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, ses origines remontent bien plus loin dans l’histoire, et n’avaient au départ rien de guerrier.

Le terme « Banzai » signifie littéralement « dix mille ans ». Il évoque une idée de longévité et de prospérité. Venu de Chine à l’époque impériale japonaise, il était utilisé comme une acclamation respectueuse à l’adresse de l’empereur : « Tenno Heika Banzai » (« longue vie à Sa Majesté l’Empereur »). Ce cri solennel, répété à l’unisson lors de cérémonies officielles, servait à exalter l’unité nationale et la loyauté au souverain.    

À partir de l’ère Meiji (fin XIXème siècle), alors que le Japon se modernise et militarise son idéologie, le « Banzai » prend une dimension nouvelle : il devient le cri guerrier de ralliement des troupes.

Dans les écoles, les combattants apprennent à le scander comme marque d’élan patriotique. Pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905), il accompagnait déjà les assauts de l’infanterie, mais restait encore perçu comme une invocation au succès collectif plutôt qu’un appel à la mort.    

1er avril 1942, les troupes impériales japonaises victorieuses reçoivent la reddition des troupes USAFFE sur Bataan le tout premier jour du mois.

C’est durant la Seconde Guerre mondiale que le « Banzai » change de nature et se charge d’une intensité dramatique.

Les soldats japonais sont alors formés par l’idéologie impériale, et par le « bushidō » (code des principes moraux que les guerriers japonais « samouraïs et bushi » étaient tenus d’observer). Les guerriers l’utilisent comme cri ultime avant de lancer des charges frontales massives contre les positions américaines ou alliées, notamment à Saipan, Tarawa ou Guadalcanal. Ces attaques, que les Américains qualifient de « Banzai charges », deviendront le symbole du sacrifice extrême, souvent voué à l’échec, mais marquant l’imaginaire par leur brutalité et la détermination désespérée des assaillants.

Ainsi, un mot issu d’un souhait de prospérité envers l’Empereur se transforme en cri de guerre, puis en synonyme d’assaut suicidaire.

Aujourd’hui, le terme conserve une double mémoire : celle d’un cri patriotique traditionnel encore utilisé au Japon lors de célébrations civiles, et celle, plus sombre, de la fureur guerrière des champs de bataille du Pacifique.


Lire :

le Cauchemar de Saipan

– 76 heures d’enfer sur l’atoll de Tarawa

– Guadalcanal

Les chars Sherman sont détruits les uns après les autres par les canons antichars nippons camouflés, et par de nombreuses mines.

Le 25 février, les derniers soldats japonais défendant le second aérodrome se suicident. Une zone située à l’est de celui-ci sera baptisée par les Marines, the « meatgrinder » (le hachoir à viande). Elle tombera le 3 mars mais aura coûté, à elle seule, 6 600 Marines, blessés ou tués.

LES CHARS SHERMAN À IWO JIMA

Bataille pour Iwo Jima, février-mars 1945. Un Sherman de l’USMC sur Iwo Jima a sauté sur une mine terrestre et a ensuite été touché cinq fois par des tirs d’artillerie japonaise, mais son équipage est sorti indemne

Le Sherman M4A3 « Calcutta » et son équipage de la 4th Marine Division à Iwo Jima (1945)

La bataille d’Iwo Jima fut l’une des plus dures et des plus sanglantes du théâtre du Pacifique. Sur ce petit bout de terre volcanique de 21 km², les Marines américains affrontèrent une défense japonaise acharnée, organisée en réseaux souterrains, bunkers et positions camouflées. Dans ce décor chaotique et bouleversé, les blindés eurent un rôle vital, bien que terriblement exposé. Parmi eux figurait le M4A3 Sherman « Calcutta » (du C Company, 4th Tank Battalion, 4th Marine Division). Il fut un symbole de la persévérance des équipages de chars dans une bataille où chaque mètre conquis coûtait un lourd tribut.

Le M4A3 Sherman dans le Pacifique

Le M4 Sherman fut produit à plus de 50 000 exemplaires. C’était le modèle standard des forces américaines durant la Seconde Guerre mondiale. La version M4A3 était équipée d’un moteur Ford V8 de 500 chevaux ; il se distinguait par sa puissance, sa robustesse et sa fiabilité dans des conditions extrêmes.

M4 Sherman

Dans le Pacifique, contrairement à l’Europe, les Sherman n’évoluaient pas dans de vastes batailles blindées. Ils avaient pour mission celle surtout d’appuyer l’infanterie des Marines dans des assauts contre des positions retranchées. Leur canon de 75 mm et leurs mitrailleuses permettaient de neutraliser bunkers, grottes et fortifications japonaises. Les équipages étaient soumis à des dangers constants, tels que les mines, les charges explosives, les tirs d’artillerie antichar, et les attaques suicides.

Le « Calcutta » à Iwo Jima

Dès les premiers jours de l’opération, le « 4th Tank Battalion » engagea ses Sherman au sein de la « 4th Marine Division ». Sur ce cliché, le char « Calcutta », photographié avec son équipage, symbolise cet engagement. Les chars d’assaut progressaient difficilement sur le sol volcanique mou, s’enlisant parfois dans les cendres noires de l’île. Les blindés étaient constamment freinés par les tunnels et nids de résistance japonais, qui déclenchaient le feu à courte distance.

Les équipages de Sherman devaient être en étroite coordination avec les fantassins, ces derniers neutralisant les dangers immédiats des chars pour les protéger des assauts kamikazes. De nombreux blindés furent mis hors de combat, incendiés ou détruits par des mines. Toutefois, leur puissance de feu et leur blindage restaient fondamentaux pour franchir les défenses japonaises, notamment autour du mont Suribachi et de la zone nord de l’île.

Des hommes derrière la machine

La photographie du « Calcutta » rappelle que le Sherman n’était pas seulement une machine de guerre, mais aussi l’abri précaire d’un équipage de cinq hommes : un chef de char, un tireur, un chargeur, un conducteur, et un mitrailleur.

À Iwo Jima, ces équipages cohabitèrent dans une pression extrême. Enfermés dans un espace étouffant, saturé de chaleur et de bruit, chaque tankiste savait que le char pouvait être cloué sur place ou détruit à tout instant. Leur survie dépendait autant de l’entente de l’équipage que de la solidité de l’acier.

Le M4A3 Sherman « Calcutta » et les autres blindés de la « 4th Marine Division » contribuèrent à vaincre à Iwo Jima face aux forces japonaises, après 36 jours d’un combat d’une férocité inédite. La photographie de ce char et de son équipage est le témoin de la brutalité des combats dans le Pacifique, et du rôle souvent oublié des blindés dans les batailles se déroulant dans les îles. Le « Calcutta » symbolise la coalition de la puissance mécanique et du courage humain dans une campagne où chaque instant était une lutte de la vie sur la mort.

Le 2 mars, le 3ème terrain d’aviation est capturé, après des combats féroces et sanglants.

Le 15 mars, les Américains ont pris l’île presque en totalité. Ils doivent cependant continuer à annihiler des points de résistance tenaces.

Ce n’est que le 25 mars que le blockhaus du général Tadamichi Kuribayashi (commandant la garnison japonaise) au nord de l’île, sera neutralisé ; il n’y aura aucun survivant.

Dans les premières heures du 26 mars, après s’être silencieusement rapprochés des lignes américaines, environ 300 soldats nippons lancent une ultime charge « Gyokusai » sur l’un des aérodromes. 262 d’entre eux et 53 Américains périssent au cours de cet assaut. Il est probable que le général Kuribayashi ait mené lui-même cette ultime attaque, bien que son corps n’ait jamais été retrouvé.

À l’issue de la bataille, seuls 216 Japonais sur les 22 000 défenseurs de l’île seront faits prisonniers. Parmi ces 216 hommes, seulement 22 se rendront de leur plein gré, les autres seront pour la plupart capturés inconscients ou blessés (ce qui illustre la férocité des combats d’Iwo Jima, et des perspectives inquiétantes pour une éventuelle conquête du Japon).

L’attaque « Gyokusai »

La plus grande attaque suicide « Gyokusai » (bijou brisé) de la Guerre du Pacifique se déroula le 7 juillet 1944, lors de la bataille de Saipan. Au prix de près de 4 300 morts parmi les soldats japonais, elle décima presque entièrement les 1ers et 2èmes bataillons du 105ème régiment d’infanterie américain, qui perdit près de 650 hommes.

Sur les 22 000 civils à Saipan, des milliers combattirent les Américains, et participèrent à la charge suicide du 7 juillet.


BILAN ET PERTES

POUR LES AMÉRICAINS

En seulement 5 semaines, les forces américaines déploreront 6 821 morts, dont 5 931 Marines (soit environ un quart de l’ensemble des Marines tués durant toute la Seconde Guerre mondiale), et 19 000 blessés.

Les blessés :

1 porte-avions : l’USS Bismarck Sea, coulé le 21 février 1945 par des avions kamikazes, entraînant la mort de 318 de ses marins.

1 porte-avions : l’USS Saratoga, gravement endommagé le 21 février 1945, lors d’une attaque au cours de laquelle il est touché par cinq bombes et trois avions kamikazes japonais. 123 de ses marins seront tués ou disparus, et 36 de ses avions détruits.

USS Saratoga

Un quart de toutes les « Medal of Honor » reçues au cours de la guerre par des membres de l’USMC sera décerné pour la bataille d’Iwo Jima.

POUR LES JAPONAIS

 

 

On retrouvera seulement 8 700 corps sur les 20 à 22 000 combattants japonais morts durant la bataille (des recherches étant toujours en cours en 2011).

On ne dénombrera aucune victime civile, la population locale ayant été évacuée avant le début de la bataille. Les derniers soldats nippons faits prisonniers sur l’île, Yamakage Kufuku et Matsudo Linsoki, ne se rendront que le 6 janvier 1949. Ils vivront près de quatre ans cachés dans des grottes, se nourrissant grâce à des rations alimentaires volées dans les stocks américains.

CONSÉQUENCES

Dès le 9 mars, un aérodrome capturé permettra l’atterrissage en urgence d’un B-29 (il y en aura en tout par la suite 2 251).

Les B29 Superfortress

La semaine suivante, des chasseurs américains mèneront des raids depuis les aérodromes conquis. Dès le 7 avril, les chasseurs d’escorte de type Mustang P-51 assisteront les attaques de B-29 sur le Japon depuis l’île d’Iwo Jima.

Les travaux d’agrandissement et de construction de nouvelles pistes transformeront la surface aéroportuaire américaine, qui occupera jusqu’à la moitié d’Iwo Jima.

Trois mois plus tard, avec la prise d’Okinawa, l’encerclement du Japon sera total.

JOHN KINSEL Sr

« TALKER DE CODE NAVAJO » & HÉROS D’IWO JIMA

John Kinsel Sr.

Enrôlé en 1942, Kinsel servit avec la 3èmᵉ division de Marines lors de la bataille d’Iwo Jima. Il faisait partie des « Navajo Code Talkers », ces héros qui utilisèrent leur langue maternelle pour créer un code militaire inviolable, contribuant ainsi à la victoire alliée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les « Code Talkers » navajos

Sa vie reste un symbole de courage, de dévouement et d’ingéniosité, et un hommage à tous ceux qui ont servi pour protéger la liberté. John Kinsel Sr s’est éteint à l’âge remarquable de 107 ans. « USMC official history – Navajo Code Talkers »

LE CAPORAL THOMAS BEGAY

« TALKER DE CODE NAVAJO » & HÉROS D’IWO JIMA

Thomas H. Begay

Originaire du Nouveau-Mexique, Thomas H. Begay, après avoir appris l’attaque de Pearl Harbor (le 7 décembre 1941), s’enrôla à 16 ans pour servir son pays. Il fut l’un des 400 légendaires parleurs de « code navajo ».

Les « Code Talkers » navajos

Il utilisa la langue navajo pour transmettre en toute sécurité des messages codés que les Japonais ne purent jamais craquer. Il contribua ainsi à révolutionner la communication sur le champ de bataille dans sa langue maternelle (un dialecte inviolable qui joua un rôle vital dans la victoire alliée).

Affecté à la « 5ème division de la Marine Company », Begay mémorisa plus de 400 codes en seulement 30 jours. Sous le feu, lors de la terrible bataille d’Iwo Jima, il envoya des centaines de messages secrets ; soutenant ainsi efficacement les Marines sur les lignes de front. Lors de cette bataille, il assista au fameux lever du drapeau sur le Mont Suribachi.

Après la Seconde Guerre mondiale, Begay continua de servir dans l’armée américaine, et, pendant la guerre de Corée, survit à la « bataille du réservoir de Chosin ».

En 2001, il reçut la citation du Congrès, avec trois étoiles de bronze et la médaille d’argent.

Au-delà de sa carrière militaire, il consacra 40 ans au « Bureau of Indian Affairs », s’élevant au poste de surintendant de l’Agence Chinle, en Arizona. Aujourd’hui, il continue de partager son histoire, honorant à la fois son héritage navajo et son pays, et reste l’un des deux seuls « Talkers de code » (parleurs de code Navajo) survivants.

Vers 1970, après leur déclassification, Begay partagea ses expériences de parleur de code. Fier de son service et de la tradition militaire de sa famille, Begay se souvient avoir transmis plus de 800 messages, sans erreur, pendant son service de la Seconde Guerre mondiale.

Sources :

Mes photos

Photos publique Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Iwo_Jima

https://military-classic-memorabilia.com/iwo-jima-19-fevrier-1945/

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/la-bataille-d-iwo-jima-l-enfer-du-pacifique

 

 

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