Clovis épouse Clotilde
LES MÉROVINGIENS
CLOVIS ÉPOUSE CLOTILDE
CLOTILDE, UNE PRINCESSE CHRÉTIENNE
Descendante d’un clan burgonde converti au catholicisme au début du Vème siècle, Clotilde va êtreun rouage essentiel dans la conversion de son époux.
Fervente croyante, elle trouvera unappui sûr auprès de ses amis : l’évêque de Reims, Rémi (437-533), et la diaconesse de Paris, « Geneviève de Paris » (née vers 420-morte vers 500).
Clotilde, la jeune burgonde que Clovis a choisi d’épouser ? est une princesse de haut rang descendante de la prestigieuse lignée d’Athanaric (318-381), roi wisigoth de la seconde moitié du IVème siècle. C’est aussi une femme profondément catholique.
Clotilde a donc été éduquée dans la foi catholique nicéenne. Elle était destinée à entrer au couvent lorsque son oncle Gondebaud assassina ses parents. Hormis Chilpéric II (le père de Clotilde), Gondebaud avait deux autres frères : Godegisile (443-501) et Gondemar.
Durant les années 480, Gondemar et Chilpéric II (le père de Clotilde) disparaissent. Dans les années 490, Gondebaud et Godegisile restent donc les seuls rois des Burgondes. Cette disparition suspecte de deux des frères fera l’objet d’un certain nombre d’interrogations.
Au Ier siècle, ils migrent vers l’actuelle Poméranie aux bouches de l’Oder. Au IIème siècle, ils s’établissent en Silésie, aux sources de la Vistule. Vers la fin du IIIème siècle, ils font mouvement vers l’Elbe, puis vers le Main. À la fin du IVème siècle, à la suite de la migration des Vandales et Alains en Gaule romaine, ils s’établissent aux abords du Rhin, en Germanie supérieure. Ils constituent ainsi un premier royaume en 413. En 436, ils seront battus par les Huns en Germanie inférieure. A la fin des Migrations germaniques de la fin de l’Antiquité, les Burgondes s’établissent durablement dans le centre-est de la Gaule, comme peuple fédéré de l’Empire romain d’Occident. Au Vème siècle, lors de l’effondrement de ce dernier, les Burgondes y fondent un royaume couvrant initialement une grande partie des actuelles régions suivantes : Bourgogne, Franche-Comté, Savoie, Lyonnais, Dauphiné et Suisse romande. Dès 534, le Royaume des Burgondes est absorbé dans l’Espace Mérovingien en tant que « Regnum Burgundi », futur Royaume de Bourgogne.
CLOTILDE SE MET EN ROUTE POUR SOISSONS
Accompagnée d’une escorte de guerriers francs, la « belle et sage » Clotilde se dirige vers Troyes, à Villery, pour y rejoindre son futur époux. Puis le couple se met en route pour Soissons, ville où les noces seront consommées.
En effet, dans les us et coutumes du peuple franc, il n’existe pas de cérémonie officielle du mariage. Après leur première rencontre, si les époux sont d’accord, ils se donnent charnellement l’un à l’autre. Seul témoignage de leur union, un cadeau, ou un don, était offert par le mari le lendemain de la nuit de noce : le Morgengabe.
Par ce présent, le mari certifiait aux yeux de toute l’assemblée présente que sa femme était vierge, et que les enfants qui naîtraient de cette union seront ses descendants légitimes.
CLOTILDE, UNE PRINCESSE ORPHELINE
Depuis l’assassinat de ses parents, la jeune fille est sous la dépendance de son oncle Gondebaud, le roi des Burgondes. Elle réside à Genève chez son autre oncle Godegisile, et rejoint la résidence de Gondebaud à Lyon. Clotilde n’a pas le choix : ce mariage représente le seul moyen d’échapper à la tutelle de son oncle et de sa prison dorée.
Pour l’église gallo-romaine (alors en guerre contre l’arianisme doctrine hérétique choisie par les Wisigoths et les Burgondes), cette jeune chrétienne se révèle comme la prétendante idéale.
Clovis, lui, a déjà une épouse, une princesse rhénane. Il est en quête de se trouver une femme de haut rang. Il compte ainsi acquérir un certain prestige, et se hisser dans le cercle des souverains barbares qui se partagent les restes de l’Empire romain d’Occident.
Depuis douze ans déjà, Clovis est le roi des Francs saliens. Il est très jeune, il n’a que 28 ans. C’est un monarque barbare et païen. Nonobstant, il n’a jamais montré à l’égard des Chrétiens une forme d’animosité ou de cruauté. C’est pour cette raison que les prélats ne désespèrent pas de le convertir un jour au Christianisme.
Dorénavant, tous leurs espoirs se reportent sur Clotilde. Elle est leur meilleure ambassadrice pour obtenir gain de cause.
Fort du soutien de l’église, Clovis deviendra pour Rome l’unique souverain légitime de tous les rois barbares.
LE CLIN D’ŒIL
LA DÉFIANCE ET L’OPPOSITION DE GONDEBAUD
Au cours de l’année suivante, Clovis fait officiellement sa demande en mariage à Gondebaud, l’oncle de Clotilde. Mais le roi des Burgondes n’est pas enclin à accorder sa nièce à ce roi ambitieux et belliqueux, qu’il ne désire ni comme ami ni comme ennemi. Cependant, après mûres réflexions, il réalise que s’attirer les faveurs de ce barbare qui a vaincu Syagrius (le dernier représentant en Gaule de l’Empire romain d’Occident) s’avèrerait comme un soutien politique de poids (contre les peuples Goths voisins : les Ostrogoths en Italie et les Wisigoths en Aquitaine).
Lire: La bataille de Soissons
Les Wisigoths migrèrent depuis la région de la mer Noire, et s’installèrent vers 270-275 dans la province romaine abandonnée de Dacie (actuelle Roumanie), au sein de l’Empire romain. Dès 376, ils migrèrent à nouveau vers l’ouest, et vécurent au sein de l’Empire romain d’Occident, en Hispanie et en Aquitaine.
Les Ostrogoths apparaissent dans l’Antiquité et poursuivent leur migration jusqu’à l’Antiquité tardive. Ils se révélèrent dans les bassins de la Vistule, puis du Dniepr et du Boug méridional, d’où ils seront chassés par les Huns. Puis ils ravageront les Balkans pour finalement conquérir l’Italie, sous le règne de Théodoric le Grand. Une petite minorité restera en Crimée.
Gondebaud, tout en manifestant sa désapprobation, accepte d’unir sa nièce à ce roi barbare. Puis il se ravise, et détache ses soldats pour aller récupérer sa protégée sur la route de Soissons.
La belle Clotilde ne redoute qu’une chose : que son oncle change d’avis au tout dernier instant. Devant elle, seule la terre franque peut la sauver et l’arracher des mains de Gondebaud. Autoritaire et fière de son rang, elle refuse de monter dans la charrette préparée à son intention, et demande à ce qu’on lui selle un cheval (car c’est une excellente cavalière). Clotilde fera toute la route de Lyon à Dijon puis à Troyes, menant bien souvent la tête du cortège, faisant l’admiration de l’escorte dépêchée par Clovis.
Détachée de l’emprise de son oncle Gondebaud, Clotilde a maintenant toute laliberté nécessaire pour s’affirmer. Suivant les préceptes de sa religion chrétienne, elle impose à son mari une fidélité absolue.
Pourtant, l’intérêt politique de son époux serait de toute évidence de contracter de nouvelles alliances. La seule relation du roi se limite à sa première femme Evochilde (princesse franque rhénane), qui est la mère de son premier fils, Thierry.
Ingomer, le premier enfant du couple, décède dans sa robe de baptême. Puis naîtront Clodomir (495-524), Childebert (497-558), et Clotaire (498-561). La naissance de ses trois fils assure à la fois la pérennité de la descendance de Clovis et le statut de première épouse de Clotilde.
Elle peut désormais fomenter sa vengeance envers l’assassin de ses parents, son oncle Gondebaud. A partir de 500, l’influence de Clotilde va aboutir au retournement de l’alliance entre les Burgondes et Clovis.
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clotilde_(femme_de_Clovis)
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier