La bataille de Spotsylvania Court House
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE DE SPOTSYLVANIA
COURT HOUSE
Les 9 au 13 mai 1864
SOMMAIRE
La bataille de Spotsylvania (ou Spotsylvania Court House) se déroula du 9 au 12 mai 1864, dans le Comté de Spotsylvania, en Virginie. Cette bataille, qui fut un horrible combat de tranchées, opposa les armées des généraux Grant et Lee. Elle fut l’un des affrontements les plus féroces de la guerre civile.
ARMÉES EN PRÉSENCE
L’ARMÉE DU POTOMAC
Lorsqu’éclate la Guerre Civile, en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale) décident de rester fidèles à l’Union. L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forme la frontière séparant l’Union des États confédérés. Les commandants : – Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861. – Le Major – général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, de l’armée et du ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862. – Le Major – général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863. – Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863. – Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865. – Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période. – Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.
L’ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD
Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee, et le Mississippi. L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie, en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LE NORD
Les forces nordistes du général Ulysse S. Grant et du major-général George Gordon Meade comptent entre 108 000 et 115 000 hommes.
– Le IIème Corps est commandé par le général de division Winfield S. Hancock.
– Le Vème Corps est commandé par le major-general Gouverneur K. Warren.
– Le VIème Corps est commandé par le major-général John Sedgwick.
– Le corps de cavalerie est commandé par le général de division Philip Sheridan,
– Le 5ème régiment de cavalerie de New York de la 3ème division est armé de carabines Spencer à sept coups, ainsi que la première brigade du Michigan.
– Le IXème Corps est commandé par le général Ambrose Burnside. Seuls environ 6 000 hommes du IXème Corps sont des vétérans expérimentés.
POUR LE SUD
Les forces sudistes du général Robert E. Lee comptent entre 52 000 et 63 000 hommes.
– Le premier corps est commandé par le major-général Richard H. Anderson.
– Le deuxième corps est commandé par le général Richard Stoddert Ewell.
– Le troisième corps est commandé par le général Ambrose Powell « AP » Hill.
– Le corps de cavalerie est commandé par le général de division James Ewell Brown (« JEB ») Stuart.
CONTEXTE
La bataille de Spotsylvania (du 9 au 13 mai) est la suite fatidique de celle de la Wilderness qui s’est déroulée quelques jours plus tôt, du 5 au 6 mai.
Grant avait assuré au président Lincoln qu’il n’y aurait plus de repli. Dès le lendemain de la défaite, alors que les soldats s’attendaient à un départ vers le nord, l’armée se remet en marche. Mais cette fois, on ne recule plus ; on marche vers le sud.
Ulysse Simpson Grant. La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
À la fin de la bataille de la Wilderness, c’est le « statu quo » : elle se termine par une issue indécise, avec un léger avantage à l’armée confédérée. Les pertes nordistes sont élevées (Grant a perdu 17 000 hommes, contre 10 000 à l’ennemi). Loin de se décourager et au lieu de reculer (comme l’ont fait tous ses prédécesseurs), Grant va, malgré la défaite, donner l’ordre à ses troupes de faire de l’avant et de repasser à l’offensive.
Le 7 mai, la situation étant bloquée pour les deux armées, Grant décide de sortir de la nasse de la Wilderness. Il commence le contournement de l’aile droite de Lee, avec pour but la prise de Spotsylvania, un important nœud routier. En voyant leur chef refuser toute idée de retraite, les soldats de l’Union partent revigorés ; car pour la première fois dans une campagne de Virginie, l’armée du Potomac poursuit son offensive.
Si Grant réussit son plan, il refoulera les Confédérés tout en se rapprochant de la capitale sudiste, Richmond.
De son côté, Lee, cette fois encore, devance les intentions de son ennemi. Il quitte la Wilderness et établit des fortifications autour du village de Spotsylvania. Une fois de plus, il est en infériorité numérique avec ses 52 000 hommes, mais il est prêt à affronter les 100 000 soldats de l’Union de son adversaire Grant.
Walt Whitman La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
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Walt Whitman, poète et écrivain américain, naît le 31 mai 1819 à Long Island ; il meurt le 26 mars 1892 à Camden. Son chef-d’œuvre est sans conteste son recueil de poèmes « Feuilles d’herbe » (Leaves of Grass). Walt Whitman arrive en Virginie ; il vient d’apprendre que son frère George a été blessé à Fredericksburg. Ce qu’il voit dans les hôpitaux de la Guerre le bouleverse. Dès lors, il n’aura de cesse d’apporter réconfort et assistance aux blessés. A Washington, Walt Whitman, poète à ses heures, travaille comme infirmier dans les hôpitaux bondés de l’armée. Mais ses nerfs finissent par lâcher. Un médecin lui dira : « Vous prodiguez aux blessés tout ce que nos baumes et médecines sont incapables de donner pour soulager leurs souffrances, et leur misère ».
Pendant les premières années de la guerre, les batailles ont été meurtrières, mais relativement espacées dans le temps. Désormais, elles vont se succéder sans interruption de la bataille de la Wilderness à celle de Cold Harbor, les armées vont s’affronter pendant 30 jours d’affilée.
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
LE CLIN D’ŒIL
Les deux armées s’entretuent pendant des jours sans avancer d’un pouce. Jamais auparavant une telle pluie de feu ne s’était abattue aussi longtemps sur la terre. Les tirs sont si denses que certains soldats sont littéralement déchiquetés par les projectiles. Un soldat de l’Union se souviendra plus tard de cette bataille comme ayant été « le moment le plus atroce de sa vie ».
Le 9 mai
Les deux armées s’avancent l’une vers l’autre. Le plan de Grant est d’attaquer l’ennemi de front.
Winfield Scott Hancock, à la tête du IIème Corps, doit contourner l’aile gauche confédérée. Pour exécuter cet ordre, les Fédéraux ont à traverser la même rivière à deux reprises.
Ce contretemps donne à Lee la possibilité de réagir en conséquence. Il envoie deux divisions renforcer l’aile gauche de son armée.
Le 10 mai
Constatant l’arrivée de renforts sur l’aile gauche confédérée, Grant pense alors que Lee a affaibli son centre. Il attaque aussitôt, et envoie cinq de ses divisions affronter les lignes confédérées en direction de leur centre gauche, sur une longueur d’environ un kilomètre et demi. Mais, les nordistes se heurtent à une résistance acharnée de l’ennemi. En fait, Lee n’a pas dégarni son centre mais son aile droite. Malgré cela, le centre des lignes sudistes subit une percée. Les Fédéraux ont lancé une attaque depuis une colline de 800 mètres de hauteur, qu’ils ont appelée le « fer à mulet » à cause de sa forme.
C’est à ce moment que le colonel Emory Upton (jeune officier nordiste diplômé de West Point) envoie douze régiments, disposés sur quatre lignes, attaquer les tranchées sudistes.
Les soldats chargent sur 200 mètres en courant et en hurlant. Ceux de la première ligne investissent la première position de défense des Confédérés et parviennent à élargir la percée de chaque côté.
Puis la deuxième ligne de soldats attaque le deuxième réseau de tranchées, et ainsi de suite pour les deux autres lignes.
A l’issue de cette offensive, 1 000 Confédérés sont capturés. Les hommes du colonel Emory Upton ont réalisé une trouée dans la ligne de défense de Lee.
La route vers Richmond semble grande ouverte aux troupes de l’Union. Mais contre toute attente, l’unité chargée d’exploiter la trouée, sans enthousiasme, bat en retraite aux premiers coups de canons de l’artillerie sudiste. L’assaut échoue et les homme d’Emory Upton doivent reculer, s’étant trop éloignés de 800 mètres de leurs soutiens.
Malgré cette occasion perdue, Upton sera promu à un grade supérieur par le général Grant.
Le lendemain, Grant voudra renouveler l’attaque d’Emory Upton. Cette fois-ci, il utilisera un corps d’armée entier, avec des attaques secondaires sur les autres parties du front.
Le 11 mai
Une patrouille sudiste informe Lee qu’un convoi de chariots de ravitaillement fait mouvement vers l’arrière.
Lee pense tout de suite à une nouvelle tentative de débordement, et s’organise pour une contre-attaque. Vingt-deux canons sont retirés de la position où doivent attaquer les nordistes, pour être portés sur l’aile gauche.
Le 12 mai
Dès l’aube, le son du clairon déclenche les hostilités, et les 15 000 hommes du IIème corps d’armée du général Winfield Scott Hancock se lancent à l’assaut des lignes ennemies.
Les canons déplacés par Lee arrivent trop tard, et sont capturés par les soldats de l’Union. Les troupes d’Hancock font de nombreux prisonniers, dont des hommes de la brigade d’élite « Stonewall ». De fait, l’armée sudiste est scindée en deux…
Lee tente de lancer une unité dans une contre-attaque désespérée. Les hommes de cette division (des Virginiens et des Géorgiens) refusent d’être menés par leur général et l’obligent à rester en arrière, à l’abri.
La division confédérée part donc à l’assaut des troupes fédérales en les refoulant jusqu’à leur point de départ, en plein désordre. Mais celles-ci parviennent à se ressaisir et résistent avec acharnement pendant plusieurs heures.
Au cours des combats, les Vème et IXème Corps d’armée de l’Union attaquent l’aile droite et l’aile gauche confédérées, en vain. En même temps, le VIème Corps (major-général John Sedgwick) s’apprête à aider Hancock en le soutenant sur sa droite.
Cet endroit (que l’on nommera plus tard l’ « Angle Sanglant de Spotsylvania ») restera tristement célèbre. Pendant près de 18 heures, de terribles combats parmi les plus féroces de la guerre s’y sont déroulés.
Du haut des buttes, les soldats tirent sur leurs adversaires qui se situent en contrebas, dans les tranchées. La fusillade est tellement intense et drue qu’un chêne de 60 centimètres de diamètre, situé juste derrière les lignes confédérées, sera sectionné par les balles.
Habituellement, au bout de quelques heures de combats aussi atroces et de corps à corps sanglants, un des deux belligérants abandonne le terrain. Mais là,
personne ne veut céder. Les soldats de l’Union ont l’espoir de faire une percée jusqu’à Richmond, tandis que les Sudistes luttent pour protéger leur capitale.
De nombreux témoignages existent et rapportent la même horreur. Les blessés au sol sont littéralement écrasés dans la boue par les soldats luttant dans la tranchée.
Finalement, Lee ordonne à ses troupes un repli de 800 mètres pour s’abriter plus loin, au niveau d’une position fortifiée par le Génie.
Le 13 mai, le champ de bataille est un horrible charnier. Des soldats de l’Union découvrent, à l’intérieur d’une fosse de 70 mètres carrés, 150 soldats confédérés morts et entassés sur plusieurs mètres de profondeur.
La tension durant la bataille est si forte que le général Richard Stoddert Ewell s’effondre, victime d’une dépression nerveuse. Ainsi se termine la bataille de Spotsylvania Court House.
BILAN
La campagne de l’été 1864 venait à peine de commencer que les pertes accumulées des deux batailles de la Wilderness et de Spotsylvania, étroitement liées, étaient effrayantes (32 000 victimes), ne donnant aucun résultat probant. L’issue de la bataille fut indécise, et la campagne de 1864, lancée par Grant, s’avéra bien longue et meurtrière.
PERTES
POUR LE NORD
Sur un effectif total de 108 000 à 115 000 hommes, les pertes humaines de la bataille pour l’armée de l’Union sont de 2725 tués, 13 416 blessés, et 2258 prisonniers ou disparus.
POUR LE SUD
Sur un effectif total de 52 000 hommes, les pertes humaines de la bataille pour les Confédérés s’élèvent à 1467 tués, 6235 blessés, et 5719 prisonniers ou disparus.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Spotsylvania