1372, Victoire navale française à la Rochelle
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
1372, VICTOIRE NAVALE FRANÇAISE
A LA ROCHELLE
LOCALISATION
La Rochelle est une ville du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime, en région Nouvelle-Aquitaine.
En 1371, les Rochelais boutent les Anglais hors du château royal, mais n’ouvrent les portes à Du Guesclin qu’après confirmation par Charles V des privilèges de leur ville. Ils s’assurent ainsi une grande autonomie vis-à-vis du pouvoir royal. Maire, échevins et leurs successeurs y gagneront aussi un droit de noblesse héréditaire et perpétuel. Dès lors, la ville restera française. Au XIVème siècle, la ville jouira d’une grande prospérité, essentiellement due au commerce des vins et eaux-de-vie d’Aunis et de Saintonge.
SIÈGE DE LA ROCHELLE
Du 22 Juin au 23 Août 1372
Le 22 juin 1372 débute le siège de La Rochelle. Il est ordonné par Charles V, et dirigé par le connétable Bertrand Du Guesclin. Il se terminera le 23 août 1372 par la bataille de La Rochelle.
SOMMAIRE
Au mois de juin 1372, la ville est assiégée par les Français. Une imposante escadre anglaise se pointe au large de La Rochelle. La flotte du roi de Castille, dont Charles V a sollicité l’appui, attend le roi de France sur place.
Le fracas de la bataille est alors terrible. Mais pour cette fois, les Dieux de la guerre vont se pencher en faveur de la flotte française et de son alliée castillane. Cette victoire sur l’ennemi héréditaire anglais est la bienvenue après le désastre de Poitiers de 1356, les Français retrouvent un second souffle. La victoire de La Rochelle permet au royaume de France de se lancer dans la reconquête des territoires perdus, devenus possessions anglaises.
Lire :
– Bertrand Du Guesclin, le chef de guerre.
ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
1360, TRAITE DE BRÉTIGNY
A l’issue du traité, l’Angleterre reçoit le duché d’Aquitaine et Calais. La rançon pour la libération du roi Jean le Bon est fixée à trois millions d’écus ; une somme colossale pour l’époque. Le 24 octobre Le Valois est libéré. Pour revenir sur le sol français, il passe par Calais, où il ratifie les préliminaires de Brétigny. Comme garantie de sa loyauté concernant la bonne exécution du traité, il laisse des otages en Angleterre.
En octobre 1360, avec la signature du traité de Calais, les belligérants français et anglais déposent les armes. Quatre ans plus tôt, en 1356, le roi de France Jean II le Bon a été fait prisonnier à l’issue de la bataille de Poitiers.
Il a renoncé à tous ses droits sur les territoires cédés, notamment l’Aquitaine. De son côté, le roi d’Angleterre Édouard III renonce à ses prétentions sur la couronne de France.
LA GUERRE REPREND…
En 1362, Édouard de Woodstock (le Prince Noir), fils du monarque anglais Édouard III, transforme l’ancien duché d’Aquitaine en principauté personnelle. Cette décision n’est pas du goût de la population, qui va montrer une certaine hostilité à l’initiative du prince. D’autant que le train de vie dispendieux et le caractère irascible du « Prince Noir » sont de moins en moins tolérés par le petit peuple.
Le mécontentement va prendre de l’ampleur lorsqu’en 1368, Édouard de Woodstock escompte lever un fouage (dix sous par foyer, pour une durée de cinq ans).
Quelques seigneurs aquitains s’y opposent, notamment Jean d’Armagnac et Arnaud d’Albret, qui demandent l’intervention du roi d’Angleterre.
Cependant, sans attendre la décision du monarque anglais, tous deux s’adressent de la même manière au roi de France Charles V. N’est-il pas leur souverain légitime ?
Mais le roi Charles de France se trouve devant un dilemme. Deux questions épineuses se posent à lui :
– s’il accepte la proposition des seigneurs aquitains, il rompt le traité de Calais.
– s’il la refuse, il abandonne tout espoir de reconquérir tous les territoires concédés en 1360 par le traité de Brétigny.
Son choix est fait : il accepte la proposition des Aquitains, et décide de relancer la guerre contre l’ennemi anglais.
De son côté, le 3 juin 1369, Édouard III s’octroie de nouveau le titre de roi de France.
CONTEXTE
Conformément aux accords du traité de Brétigny, les Anglais ont investi tout le Sud-Ouest de la France. Pour reconquérir les territoires perdus, le roi Charles V pratique contre les chevauchées anglaises la tactique de la « terre déserte ». Il évite ainsi les grandes batailles rangées en rase campagne, qui ont vu la destruction de la chevalerie française (comme à Crécy ou à Poitiers), et reprend une à une toutes les places fortes par une guerre de siège.
LES CHEVAUCHÉES
Ces chevauchées avaient pour objectif principal de se couvrir d’une gloire facile en terrorisant les populations démunies. En outre, elles permettaient d’amasser un énorme butin acquis sur les territoires florissants du royaume de France. Ainsi, l’armée du roi de France était diminuée car dépourvue en argent, en hommes et en ravitaillement. En tarissant ces sources de profits, les chevauchées fragilisaient irrémédiablement le roi de France et ses vassaux, qui ne pouvaient plus disposer de réserves. En contrepartie, le roi d’Angleterre et ses alliés s’enrichissaient copieusement.
TERRE DÉSERTE
Lequel la résume ainsi : « Mieux vaut pays pillé que pays perdu. » La tactique de la terre déserte consiste à faire le vide devant l’adversaire en stockant hommes et biens dans des endroits hors d’atteinte de l’ennemi, mais sans détruire le pays. C’est le contraire de la politique de la « terre brûlée ». Celle-ci consiste en la destruction systématique de toutes les ressources et moyens de production du pays, pour éviter qu’ils tombent entre les mains de l’ennemi.
LA FLOTTE CASTILLANE AU SECOURS DE LA FLOTTE FRANÇAISE
Au printemps 1372, une armada anglaise cingle en direction de La Rochelle. Le danger d’une sérieuse invasion du territoire se profile à l’horizon… Dans l’urgence, Charles V fait appel à ses alliés.
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LES FRANCO-CASTILLANS
La Castille dépêche vingt-cinq galères, placées sous les ordres du Gênois Boccanegra.
Celui-ci quitte Santander pour prendre la mer à la mi-juin 1372. Les marins castillans arrivent en vue du port de La Rochelle le 22 juin 1372. Et trouvent les navires anglais ancrés à quelques encablures du port de La Rochelle. Gênois Boccanegra décide de se placer en embuscade.
En outre, la flotte de la Manche, forte de huit galères commandées par un autre Gênois, Rainier Grimaldi, se tient au large.
POUR LES ANGLAIS
La flotte anglaise est commandée par Jean de Hastings (comte de Pembroke). Elle est composée de trente-six nefs de guerre de hauts bords à faible tirant d’eau, et quatorze navires de transport chargés d’hommes en arme et de marchandises.
DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
Le 22 juin 1372
L’armada anglaise se présente face à sa rivale, et ses archers décochent sans attendre une pluie de flèches sur l’escadre de Boccanegra.
Malgré son infériorité numérique, l’amiral castillan ouvre le feu avec des tirs d’artillerie et d’arbalètes. Les nefs anglaises (faisant rempart pour protéger les navires de transport) se défendent avec force contre les galères castillanes qui, elles, sont armées de canons, ce qui leur donne une légère supériorité. Bientôt, les membrures des vaisseaux anglais sont pulvérisées
par les boulets castillans. Quatre navires de transports anglais sont abordés et leurs équipages jetés par-dessus bord. L’amiral gênois décide alors de se replier pour ménager ses hommes qui ont senti le goût de la victoire.
Pour les Anglais c’est l’incompréhension… ce répit inattendu leur laisse espérer une possible revanche. Aussi, à marée descendante, Jean de Hastings donne l’ordre à sa flotte de rejoindre la haute mer. Mais les bâtiments de transport font des erreurs de manœuvre, et s’échouent sur les hauts fonds…
UN GÉNOIS RUSÉ !
L’amiral de la flotte castillane, Ambrosio Boccanegra, sait que les nefs anglaises, lourdement chargées et peu maniables en eaux peu profondes, auront des difficultés pour manœuvrer à marée basse.
Pour détruire l’armada anglaise, il lui suffit d’y mettre le feu. Boccanegra décide de profiter de la marée pour porter l’estocade.
La nuit est claire, mais les vents sont contraires à la flotte anglaise.
Au petit matin du 23 juin 1372
Boccanegra se lance soudainement à l’attaque de l’escadre anglaise, stupéfaite, qui attend la montée des flots pour engager le combat. Les navires de Pembroke sont pris au piège.
Chaque galère castillane, traînant des brûlots chargés d’huile et de suif, vogue vers les nefs anglaises. Les Castillans envoient les brûlots sur les bâtiments anglais, et c’est le début de la bataille. Les nefs s’embrasent les unes après les autres. Trois d’entre elles brûlent, touchées par les brûlots de suifs et d’huile. De nombreux navires anglais sont envoyés par le fond, dont celui transportant le trésor de guerre destiné à payer 3 000 mercenaires durant une année. Le vent aide à propager l’incendie jusqu’aux navires de transport. Chez les marins anglais, c’est la panique. Au risque de se noyer, ils se jettent à l’eau pour échapper aux flammes. Les chevaux, prisonniers dans les cales, défoncent par leurs ruades désespérées les cloisons et les membrures, et achèvent l’œuvre de l’artillerie de Boccanegra.
Certaines nefs échappent à l’incendie, mais encerclées de toutes parts, elles sont à leur tour envoyées par le fond. La victoire est totale. Jean de Hastings, comte de Pembroke, est lui-même fait prisonnier lors de l’abordage de sa nef.
Il sera emprisonné à Santander. Lors du retour en Espagne, Boccanegra capturera quatre navires anglais supplémentaires.
PERTES
POUR LES FRANCO-CASTILLANS
Les pertes de la flotte franco-castillane sont inconnues.
POUR LES ANGLAIS
– L’armada anglaise avait à son bord l’état-major et les meilleurs éléments de l’armée anglaise. Jean de Hastings (comte de Pembrocke) fut fait prisonnier avec quatre cents chevaliers et huit mille soldats.
– 50 navires seront capturés ou coulés.
CONSÉQUENCES
La bataille navale de La Rochelle (du 22 au 23 juin 1372) sonne pour les Français l’heure de la reconquête.
Ils reprennent progressivement le contrôle des terres cédées en 1360, lors du traité de Brétigny : le Poitou, l’Aunis, la Saintonge et l’Angoumois.
Pour les Anglais, c’est la fin de leur suprématie navale : la bataille marque l’arrêt net des routes maritimes avec leurs possessions de Guyenne. Ils perdent la maîtrise des mers, et doivent abandonner leur alliance avec les Portugais contre les Castillans.
Par la suite, ils seront mis en difficulté sur le continent, faute d’approvisionnement.
La France prend sa revanche sur la bataille de l’Écluse. Les lauriers, toutefois, ne sont pas français : la flotte victorieuse est celle du roi de Castille, Henri de Trastamare, qui paie ainsi sa dette au connétable Du Guesclin.
LE CLIN D’ŒIL !
Si la Guerre de Cent Ans reste avant tout un conflit terrestre, il est crucial pour Charles V de posséder une marine puissante afin de contrôler la Manche. En 1373, il place à la tête de la marine un nouvel amiral de France : l’aventureux Jean de Vienne, qui va réorganiser complètement les forces navales françaises. Ce « maître du Clos des galées » (le chantier naval de l’arsenal de Rouen) va centraliser les achats, les constructions et l’entretien des navires. L’effort essentiel exigé des arsenaux donne tout de suite des résultats. Dès 1377, la France peut compter sur une flotte pouvant aligner cent vingt navires de guerre, dont trente-cinq vaisseaux de haute mer équipés d’une artillerie lourde. Charles V a atteint son objectif. Les convois de marchandises et la côte normande sont désormais protégés contre une attaque de la marine anglaise. Avec la victoire de La Rochelle, Charles V pousse son avantage pour lancer sa flotte à l’assaut des ports anglais. Entre 1377 et 1380, il bombarde et brûle une dizaine d’entre eux, dont Portsmouth.
Lire : la bataille de l’Écluse
MES PHOTOS DE LA ROCHELLE
Sources :
Photos publiques Facebook
Mes photos
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Rochelle
https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_La_Rochelle_(1372)?tableofcontents=0
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_La_Rochelle_(1372)
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[…] à La Rochelle, il commande un corps d’Écossais venu au secours de Charles VII, et l’aidera à battre […]