1356, la catastrophe de Poitiers
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LA CATASTROPHE DE POITIERS
Le 19 septembre 1356
SITUATION
La bataille de Poitiers est un affrontement majeur de la Guerre de Cent. Elle se déroula le 19 septembre 1356 à Nouaillé-Maupertuis, à environ 12 kilomètres de Poitiers, en Aquitaine.
LOCALISATION
Nouaillé-Maupertuis est une commune du centre-ouest de la France, située dans le département de la Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine, Poitiers.
EN BREF…
Ce jour-là, les 12 000 Français du roi Jean II le Bon affrontent, aux environs de Poitiers, les 8 000 hommes placés sous les ordres du prince de Galles (le fils d’Édouard III d’Angleterre), surnommé le « Prince Noir ». S’en suivent cinq heures de mêlée furieuse et de charges folles des chevaliers français, qui sont décimés par les archers anglais et contraints à la déroute.
JEAN II LE BON
Son règne sera marqué par la crise de la féodalité, par les cinglantes défaites du début de la guerre de Cent Ans, et par la grande peste de 1348. Le 19 septembre 1356, Jean le Bon est battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers.
Lire : Jean II le Bon, catastrophes et désastres.
Bien qu’en supériorité numérique, l’armée française subit ce jour-là une terrible défaite. Toute la chevalerie française, dans un assaut irréfléchi, va échouer pitoyablement et chuter sous les flèches des archers anglais. Le roi est capturé, ainsi que son valeureux fils Philippe qui va gagner ce jour-là, le nom de « Philippe le Hardi ». De nombreux chevaliers survivants à l’hécatombe seront fait eux-aussi prisonniers.
PHILIPPE LE HARDI
Il sera, de 1363 à 1404, le premier duc de Bourgogne de la maison de Valois. En 1356, lors de la défaite française de Poitiers, il fait preuve d’une grande bravoure aux côtés de son père Jean II le Bon. Il a tout juste quatorze ans. Cette vaillance au combat lui vaudra le surnom de « Hardi ». Il est appelé un temps Philippe « sans Terre », mais son père le récompense au retour de sa captivité londonienne en lui conférant, en 1360, la Touraine en apanage. Et en 1363, le roi lui concèdera le duché de Bourgogne. Il sera le maître de la Flandre, de l’Artois, de Rethel, des seigneuries de Malines et de Salins, de terres champenoises, de Nevers, et de la baronnie de Donzy. Philippe le Hardi a également sous son autorité le duché de Bourgogne et le comté de Bourgogne. La possession de cet ensemble territorial colossal fait de lui le plus puissant des « sires des fleurs de lys », le premier des pairs de France. Philippe le Hardi crée les bases d’un État bourguignon puissant. Qui se dressera plus tard en rival du royaume de France, allant jusqu’à le faire vaciller et le mettre en péril. Il préfigure ainsi une histoire glorieuse de la Bourgogne. La dynastie des Valois de Bourgogne, qu’il fondera, règnera plus d’un siècle.
Au soir de la bataille, près de la moitié de l’armée française a été anéantie : 2 500 hommes ont été tués, 2 000 ont été faits prisonniers. Vainqueurs, les Anglais ont à déplorer des pertes bien moindres. Dix ans après Crécy (1346), qui a révélé la terrible efficacité des archers anglais, Poitiers, c’est déjà la routine de la défaite.
Nonobstant, la bataille de Poitiers est plus qu’un simple événement de la guerre de Cent Ans. Ce conflit, qui a commencé en 1337, va durer jusqu’en 1453. Cette bataille vient mettre un
terme à une course-poursuite effrénée d’un mois entre le roi de France et le Prince Noir (d’août à septembre 1356). Elle marque aussi un tournant dans la guerre de Cent Ans. À la suite de la capture de Jean le Bon, le royaume se trouve dirigé par le dauphin Charles (le futur Charles V, le Sage), tout juste âgé de dix-huit ans.
En 1358, le pays se trouve alors déchiré entre les ambitions du roi de Navarre Charles le Mauvais et la démagogie d’Étienne Marcel, le prévôt des marchands. Le pays, écrasé d’impôts pour payer la colossale rançon exigée par les Anglais, pour la libération du roi Jean II le Bon, doit faire face à une terrible jacquerie. Cette dernière conteste les privilèges de la noblesse, qui a perdu de son prestige à Poitiers.
LA GRANDE JACQUERIE
La Grande Jacquerie est une insurrection de paysans qui eut lieu en 1358, lors de la guerre de Cent Ans, dans un contexte de crise politique, militaire et sociale. Cette révolte est à l’origine du terme « jacquerie ». Il sera repris pour désigner toutes sortes de soulèvements populaires dans les campagnes d’Île-de-France, de Picardie, de Champagne, d’Artois et de Normandie.
La première phase de la Guerre de Cent Ans s’achève par une irréfutable victoire anglaise, qui est attestée par la signature, en 1360, du désastreux traité de Brétigny. Celui-ci ampute le pays du quart de son territoire.
ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
1355
En automne
L’héritier au trône d’Angleterre, Édouard II de Woodstock (prince de Galles, plus connu sous le nom de « prince Noir » à cause de la couleur de son armure), débarque sur le sol de France pour y mener campagne, et chevauche à travers le Languedoc.
ÉDOUARD DE WOODSTOCK DIT « LE PRINCE NOIR »
Il était le fils aîné du roi d’Angleterre Édouard III et de Philippa de Hainaut. Il fut prince de Galles, comte de Chester, duc de Cornouailles et duc d’Aquitaine. Guerrier redoutable, il participa activement à la Guerre de Cent Ans au cours de laquelle il remporta de nombreuses batailles. Les plus célèbres furent Crécy (26 août 1346), Poitiers (19 septembre 1356), Winchelsea (29 août 1350), la Chevauchée de 1355, la Bataille de Nájera (3 avril 1367), et le sac de Limoges (19 septembre 1370). Il mourra un an avant son père et ne sera donc jamais roi d’Angleterre.
CONTEXTE
Le roi de France Jean II le Bon veut stopper son ennemi anglais, le prince de Galles (Édouard de Woodstock). Celui-ci mène sur le territoire français une chevauchée dévastatrice qui débute le 4 août 1356, et se termine par la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356.
LES CHEVAUCHÉES
Ces chevauchées avaient pour objectif principal de se couvrir d’une gloire facile en terrorisant les populations démunies. En outre, elles permettaient d’amasser un énorme butin acquis sur les territoires florissants du royaume de France. Ainsi, l’armée du roi de France était diminuée car dépourvue en argent, en hommes et en ravitaillement. En tarissant ces sources de profits, les chevauchées fragilisaient irrémédiablement le roi de France et ses vassaux, qui ne pouvaient plus disposer de réserves. En contrepartie, le roi d’Angleterre et ses alliés s’enrichissaient copieusement.
SOMMAIRE
L’armée de Jean le Bon s’apprête à guerroyer de nouveau contre son ennemi anglais, Édouard III. Les plaies du carnage de la bataille de Crécy, dix ans plus tôt, et le massacre de la chevalerie française, ne sont pas cicatrisées et sont encore dans toutes les mémoires.
Lire : la bataille de Crécy.
Depuis le début août 1356, la chevauchée, conduite par le Prince noir, dévaste une grande partie du Bergeracois (sud-ouest de la Dordogne), du Périgord, du Nontronnais (nord de la Dordogne), du Confolentais (partie occidentale du Massif Central, au nord-est du département de la Charente), du Nord-Ouest du Limousin, de la Marche (Creuse), du Nord et Sud du Boischaut (région située dans les départements de l’Indre et du Cher), de la Champagne berrichonne, du Berry, de la Sologne, du Sud de la Touraine, et du Poitou.
Jean II le Bon suit son intrépide ennemi anglais avec vigilance et efficacité. Pour mettre toutes les chances de son côté, il scinde en deux parties l’« ost » royal (« ost », ancien mot français désignant une armée en campagne) et garde près de lui ses cavaliers les plus rapides.
Après avoir cherché l’adversaire, les troupes françaises se trouvent à proximité des Anglais à Tours.
Par une adroite manœuvre, le roi de France oblige les Anglo-Gascons à orienter leur route vers le sud.
Le 16 septembre, les forces françaises, au départ de Loches, franchissent la Creuse à la Haye, se rendent maître du pont de Chauvigny, et foncent sur Poitiers.
Le 17 septembre au matin, le Prince noir s’élance avec 200 hommes d’armes à travers la forêt de Moulière, et débouche sur la route de Poitiers, à Chauvigny. Il se trouve soudainement nez à nez avec l’arrière-garde de l’armée française, forte de 700 hommes d’armes et de chevaliers, à la-Chaboterie-au-Breuil-l ‘Abbesse.
Les Français, totalement surpris, détalent dans la forêt, perdant 240 hommes, dont le comte de Joigny, Jean II de Châlon (comte d’Auxerre) et Jean II de Châtillon. Tous deux seront faits prisonniers et libérés après rançon.
Lorsque le roi Jean II le Bon apprend que les Anglais sont derrière et non devant, il fait faire volte-face à sa troupe, et le soir venu, les deux camps ennemis campent l’un en face de l’autre.
Avant que les hostilités ne se déclenchent, le cardinal de Talleyrand-Périgord, légat pontifical d’Innocent VI, tente un arbitrage, et obtient une trêve de 24 heures.
Les Anglo-Gascons sont en nette infériorité numérique, menacés d’encerclement et de famine. Leur situation est compromettante. Aussi, ils tentent de faire un marché avec les Français : ils leur proposent de restituer le butin et de ne point porter les armes pendant sept ans contre le royaume de France.
Mais du côté français, on veut saisir l’occasion unique qui se présente, la disproportion numérique aidant, pour anéantir une bonne fois pour toutes ces pilleurs de royaume.
Le texte de la reddition est clair et strict : le Prince Noir devra se rendre au roi de France. Une condition que l’héritier au trône d’Angleterre ne peut accepter. Édouard de Woodstock étant encerclé et toutes voies de communications vers la Guyenne étant coupées, il se résout contre son gré à combattre.
L’affrontement, que l’on croit victorieux du côté français, va se dérouler sur un terrain accidenté et encombré par de nombreuses haies, ce qui n’est pas facile pour les cavaliers. Le roi Jean prend alors une décision ; il est impossible d’attaquer uniquement à cheval dans ces conditions, le combat se fera à pied.
Alors qu’il s’apprête à donner l’ordre d’attaquer, deux légats du pape, arrivés de Poitiers, demandent une trêve pour mettre en place des négociations. Malgré la bonne volonté du prince de Galles, on ne pourra tomber d’accord…
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LES ANGLAIS ET LES GASCONS
L’armée anglo-gasconne est forte d’environ 7000 hommes et dotée d’une nombreuse archerie. Elle est commandée par Edouard de Woodstock, le Prince de Galles, dit « le Prince Noir ».
Nonobstant, les archers d’Édouard III étaient des soldats choisis et bien rémunérés, qui avaient suivi un entrainement de tir permanent, régulier, et nécessaire. Appréciés à leur juste valeur, ils touchaient une solde assez conséquente de six pence par jour. Ils étaient vêtus d’un pourpoint (justaucorps) de cuir, ainsi que d’un casque de cuir, renforcé quelquefois par des armatures de fer. Pour compléter la panoplie, ils avaient un manteau qui leur servait, à la fois de couverture pour dormir, et pour abriter de la pluie la corde de leur arc. Tout au long de la campagne de Crécy, ils chevauchaient leur monture mais combattaient à pied. L’arc est une invention galloise qui fit son apparition dans l’armement anglais avec Édouard Ier. Sous le règne de son petit-fils Édouard III, la puissance de l’arc et l’adresse des archers étaient parvenues à une telle efficacité que l’armure la plus épaisse, à l’époque, n’assurait pas toujours une protection suffisante. La verge, de 2 mètres de longueur, en if ou en orme, bandée par une corde, pouvait envoyer avec précision à 260 mètres, des flèches à pointes métalliques. Chaque archer portait en outre un pieu à bout ferré qu’il plantait dans le sol, devant lui, et qui lui assurait une bonne protection contre les charges de cavalerie.
POUR LES FRANÇAIS
L’armée française est forte d’environ 15000 hommes, commandée par le roi de France Jean II le Bon.
DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
Le 17 septembre, les 7000 Anglais et Gascons occupent une position défensive sur un plateau boisé au pied duquel serpente une petite rivière, le Miosson. Ils ont fortifié les lieux, creusé des tranchées, et planté des pieux sur les coteaux où circule un étroit sentier cerné de haies.
Des archers, dont les « long bow » peuvent envoyer des flèches mortelles à plus de 400 mètres, sont disposé en avant-postes.
En contrebas sont rassemblés les 15 000 hommes de l’armée française, essentiellement l’élite de la chevalerie. Elle compte dans ses rangs les quatre fils du monarque : le dauphin Charles, (le futur Charles V), Louis d’Anjou, Jean de Berry, et le futur duc de Bourgogne, Philippe le Hardi.
Le roi Jean est sûr de sa force ; il ne doit faire qu’une bouchée de ce ramassis de brigands venus d’Outre-Manche. Aussi sa tactique sera très simple : foncer dans le tas avec sa cavalerie lourde. D’abord il attaquera de front, puis il donnera l’ordre de l’assaut à la piétaille, qui terminera le travail. Ces piétons seront renforcés, le cas échéant, par le bataillon du roi.
MAIS LA RÉALITÉ SERA TOUT AUTRE…
Ce lundi matin du 19 septembre, l’aube commence à pointer lorsque des mouvements se font perceptibles dans le camp anglais. Tout laisse à penser que l’ennemi essaie de transporter son butin de l’autre côté du Miosson, au gué de l’Homme. En fait, ils décident d’abandonner leurs positions défensives pour aller se placer en bas du plateau. Leurs mouvements, au milieu de la végétation et des fourrés qui les dissimulent des sentinelles françaises qui guettent, sont protégés par les archers gallois et irlandais.
Soudain, les deux commandants de l’avant-garde française (qui ont un avis contraire sur les mouvements anglais) donnent l’alerte. Le maréchal Jean de Clermont soupçonne un piège, alors que le maréchal Arnoul d’Audrehem pense qu’il faut tout de suite attaquer et occuper les passages.
Le ton monte, et des deux côtés on se défie. Aussitôt les 300 lances de Jean le Bon chargent furieusement, chacun pour soi, sans réfléchir et sans prendre les ordres du roi.
La charge du maréchal Arnoul Audrehem, sur un chemin bordé de haies, est réduite à néant par les archers gallois masqués derrière les buissons.
A peine ont-ils franchi le gué qu’ils tombent dans le piège tendu par les archers anglais, dont les tirs meurtriers achèvent hommes et chevaux. De l’autre côté du chemin, le connétable Gauthier VI de Brienne vient se rajouter aux forces du maréchal de Clermont pour charger sur le comte de Salisbury. Ils essuient les mêmes revers, et c’est bientôt la déroute. Tous deux sont tués dans l’assaut et l’avant-garde est décimée.
La bataille est engagée depuis une heure à peine et le roi Jean n’a déjà plus de cavalerie en état de combattre.
Le gros de l’« ost » royal se met en mouvement en direction de Miosson. Mais les rescapés de la première charge, désemparés, s’enfuyant vers l’arrière pour rejoindre leurs lignes, viennent perturber et semer la confusion parmi la piétaille. Ce mouvement de recul engendre une débandade générale des piétons qui estiment que la défaite est consommée.
La belle armée du roi Jean, si bien rangée en ordre de bataille, se transforme en une véritable pagaille où commence à régner le chaos.
Beaucoup s’égarent sur le champ de bataille. Isolés dans cette cohue, ils représentent des cibles parfaites pour les archers anglais, qui n’en croient pas leurs yeux de tant de facilité à les abattre. D’autres parviennent à se sortir de la mêlée et abandonnent le champ de bataille avec armes et étendards. Le roi Jean prend alors conscience du désastre qui se profile. Il donne l’ordre d’exfiltrer de la masse combattante le dauphin Charles et ses frères. Seul, le plus jeune, Philippe, âgé de quatorze ans, refuse de se replier et veut continuer à guerroyer auprès de son père.
« PÈRE, GARDEZ-VOUS A GAUCHE ! PÈRE, GARDEZ-VOUS A DROITE ! »
Dans l’après-midi, sur le champ de bataille, on continue à se battre dans le plus grand désordre. Assauts après assauts, les forces de l’« ost » royal s’épuisent dans un affrontement héroïque mais inutile.
Dans la mêlée, on ne distingue plus que la bannière royale qui flotte, pitoyablement malmenée. Le roi Jean décide alors de combattre à pied. Brandissant sa hache et son casque ôté, il se rue fièrement sur l’ennemi sous l’œil vigilant de son fils Philippe, qui se trouve à ses côtés.
« Père, gardez-vous à gauche ! père, gardez-vous à droite ! »
Quelques fidèles sont encore présents. Le connétable Brienne et le porte-oriflamme Geoffroy de Charny tombent sous les coups en défendant le roi. Bientôt le roi Jean est cerné de toutes parts. Anglais et Gascons rivalisent pour sa capture ; tous espèrent une forte rançon. S’ensuit une mêlée confuse, où le roi est bousculé et agrippé par une vingtaine de soldats désireux de s’octroyer la prime pour sa prise.
LE ROI CHEVALIER JEAN
L’attitude du roi Jean, qui décide de se sacrifier pour sauver son honneur, fut remarquée et très appréciée dans le monde chevaleresque de l’époque. Cette attitude du don de sa personne faisant fi du danger sera considérée comme estimable et élégante ; digne d’un chevalier.
Il ne devra la vie sauve qu’à l’intervention de Warwick, envoyé par le Prince Noir. Celui-ci stoppe instantanément l’échauffourée moyennant la promesse d’une récompense en dédommagement. Les anglais poursuivent les fuyards jusqu’à Poitiers qui est obligée, pour stopper cette débandade, de fermer ses portes.
La bataille, qui avait commencé à 6 heures du matin, est finie à midi ! Elle se termine sur un désastre. Le roi Jean peut se prévaloir, malgré la défaite, de ne pas s’être enfui comme l’avait fait dix ans plus tôt son père, Philippe VI, lors de la bataille de Crécy. Sa capture va enclencher une période de grands troubles, d’anarchie et de révoltes, qui vont mettre la monarchie en péril.
On a beaucoup déblatéré, après la bataille de Poitiers, sur la couardise des chevaliers français face à leurs adversaires. Il faut savoir que l’« ost » royal du monarque Jean le Bon était très diverse. La troupe était composée de mercenaires et de routiers qui se battaient pour celui qui leur offrait le plus d’or. Pour ces derniers, bien souvent, la fuite était une façon de préserver leur « métier » et leur « outil de travail ». En outre, il y avait aussi les départs volontaires, acceptés depuis l’ordonnance d’avril 1351. Le fuyard était simplement tenu d’avertir le connétable ou le maréchal de sa décision. Il y avait enfin tous ceux qui estimaient que leur devoir était accompli, que l’issue de la bataille était perdue, et qu’il était inutile de continuer à se battre et de risquer sa vie. Ces derniers étaient d’autant plus convaincus de leur bon droit, que le roi Jean leur avait montré l’exemple en soustrayant ses propres fils de la bataille.
Lire : mercenaires routiers et écorcheurs au Moyen Âge.
PERTES
POUR LES FRANÇAIS
Il est difficile d’avoir des chiffres précis. Les Français ce jour-là ont dû déplorer la perte d’environ 8000 hommes, tués, blessés et prisonniers (dont la capture du roi de France, Jean II le Bon, et de son plus jeune fils, Philippe « le Hardi »). La plupart de la chevalerie a été décimée, dont 17 comtes, 1 archevêque, 66 barons et bannerets.
POUR LES ANGLAIS
Les pertes anglaises sont presque insignifiantes lorsqu’on les compare à celles des Français : 190 hommes d’armes et 150 archers.
CONSÉQUENCES
Édouard III exige pour la libération du roi Jean une rançon colossale, d’un montant de quatre millions d’écus d’or ; une somme faramineuse pour l’époque. Contrairement à la noblesse française, celui-ci jouit d’un très grand prestige.
Poitiers est une très grande victoire pour l’Angleterre, plus grande encore que celle obtenue en 1346 à Crécy. En 10 ans, les Français n’ont pas été capables de faire évoluer leur technique militaire. Comme en 1346, l’armée française s’appuyait encore presque exclusivement sur sa cavalerie, et l’archerie était inexistante dans ses rangs.
Pendant la captivité du roi Jean, le royaume de France sera traversé par des troubles politiques graves.
Peu après la bataille, les Etats généraux de langue d’oïl se réunissent et décident de libérer Charles II (dit le Mauvais), roi de Navarre (cousin et beau-frère du roi captif); on a l’espoir qu’il sortira le pays du chaos. Mais le Navarrais, fidèle à lui-même, se rapprochera des Anglais dans l’intention de grappiller de nouvelles terres et domaines.
Finalement, en 1360, le traité de Brétigny est signé entre les deux ennemis. Hormis l’énorme rançon exigée pour la libération du roi Jean, la France abandonne aux Anglais tout le Sud-Ouest de la France (ce qui correspond environ aux anciennes possessions des Plantagenêt en Aquitaine).
CHARLES II DE NAVARRES (DIT « CHARLES LE MAUVAIS »)
d’Évreux de 1343 à 1378. Il est le fils de Philippe III, comte d’Évreux, et de Jeanne II, reine de Navarre (fille du roi de France et de Navarre, Louis X le Hutin). En 1328, Jeanne de Navarre ne peut toujours pas revendiquer la couronne, qui sera attribuée à Philippe VI de Valois (le descendant le plus direct par les mâles, mais qui n’est que cousin de Louis X). Mais les premiers Valois sont confrontés à la crise économique, sociale et politique, qui conduit à la Guerre de Cent Ans. Dès le début des hostilités, ils vont accumuler les défaites face à la supériorité tactique des Anglais, et se discréditer. Charles de Navarre n’aura de cesse de satisfaire son ambition, et d’essayer de profiter de la déstabilisation du royaume pour faire valoir sa légitimité sur le trône de France.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_II_le_Bon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_II_de_Navarre
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_le_Sage
Je découvre avec plaisir votre passion pour l’histoire. J’ai écrit quelques ouvrages, dont un sur la bataille de 732 m’ayant obligé à travailler sur celle de 1356. Dans ce cadre, j’ai lu avec plaisir votre article : 1356 la catastrophe de Poitiers et découvert, sauf erreur de ma part, quelques coquilles. Ainsi vous indiquez :
Poitiers ( 19 septembre 1366),
Sur votre carte :
Coté anglais, le double fléchage au nord de Châtellerault laisse supposer des allers-retours pour le prince Noir, qui selon moi n’ont pas eu lieu.
Une des premières énigmes de cette bataille est le passage de Jean le Bon le jeudi 15 devant Châtellerault, sans voir vu les anglais, ce que pourrait valider votre carte. Pourtant il doit avoir par les paysans locaux, lors de son départ de La Haye, connaissance du trajet qu’ils ont emprunté et chercher à frôler la Vienne en passant devant la cité Châtelleraudaise. Ce trajet sera d’ailleurs bien pris par quelques combattant français descendant à Poitiers depuis cette ville.
Je me tiens à votre disposition pour tout complément d’information.
Bien cordialement
Bonjour monsieur, merci pour votre message qui me touche beaucoup. Il m’engage à poursuivre mes efforts et me conforte dans mes recherches. J’ai corrigé la coquille concernant la date de la bataille de Poitiers. Bien souvent on se relit mais une erreur se faufile toujours entre les filets. Quant à la carte, j’ai utilisé le document que j’avais à ma disposition sans toutefois l’analyser, désolé. Si vous avez une carte plus détaillée à m’envoyer, c’est avec grand plaisir que je l’insèrerais dans mon article.
Merci encore de m’avoir lu, et d’y avoir apporté toutes ces précisions.
Bien cordialement.
Cher Monsieur,
Le samedi 17 vous n’abordez pas le déplacement du train de bagages, vous localisez les premiers combats à la Chabotterie emplacement cité par les chroniqueurs anglais ayant pu retranscrire ainsi le hameau de la Rabotterie. Pour rappel quelques lieux-dits sont difficilement localisables: Aumounk…
Selon moi, les écrits d’aujourd’hui sur cette bataille comportent beaucoup d’invraisemblances et le peu d’intérêt porté aux localisations de Froissart à Beaumont, Villani à la Tricherie, à la montagne de Chandos et Froissart, au passage devant Poitiers le mardi 20….
Pour tout complément d’information merci de me cont1cter par courrier personnel.
Bien cordialement
Répondeur
J’ai voulu de me contacter par courriel dont vous avez mon adresse et non courrier.
Bien cordialement