Le château cathare de Peyrepertuse

LES TÉMOINS DU PASSÉ

LE CHÂTEAU CATHARE DE PEYREPERTUSE

Le Château de Peyrepertuse

TYPE : château fort.

STYLE : médiéval.

ÉPOQUE : Moyen Âge.

PÉRIODE : cathare.

DÉBUT DE CONSTRUCTION : XIIème siècle.

FIN DE CONSTRUCTION : XIIIème siècle.

DESTINATION INITIALE : Résidence seigneuriale.

PROPRIÉTÉ : Privé.

DIMENSIONS : 300 m de long sur 60 m de large. L’édifice se présente comme un gigantesque vaisseau de pierre, avec une proue fuselée semblable à l’avant d’un navire. Cet espace contenait une « pierrière » (pièce d’artillerie médiévale).

ÉTAT DE CONSERVATION : Vestiges, ruines.

COMMUNE : Duilhac-sous-Peyrepertuse.

DÉPARTEMENT : l’Aude.

RÉGION : l’Occitanie.

PROTECTION : classé Monument Historique par arrêté le 19 mars 1908.

PROPRIÉTÉ : la commune.

LOCALISATION

Le château de Peyrepertuse

Le château de Peyrepertuse est un ancien château fort dit « cathare », dont les ruines et les vestiges se dressent sur la commune française de Duilhac-sous-Peyrepertuse, dans le département de l’Aude, en région Occitanie.

DUILHAC-SOUS-PEYREPERTUSE

Le château de Peyrepertuse

Duilhac-sous-Peyrepertuse est une commune française, située dans le département de l’Aude, en région Occitanie.

La commune fait partie du massif des Corbières. Elle est drainée par le Verdouble, le Rec de Riben, le ruisseau d’en Trébals, et par divers autres petits cours d’eau.

En 2021, sa population s’élevait à 148 habitants, appelés les Duilhacaises et les Duilhacais.

Duilhac-sous-Peyrepertuse se trouve à 7,2 km du château de Quéribus, à 31,9 km du Château de Villerouge Termènes, à 34,4 km du château de Termes, à 68,6 km du château de Puivert, à 38,8 km du château d’Arques, et à 103 km du château de Saissac.

UN PEU D’HISTOIRE

Lire : la Croisade des Albigeois.

1209 – La prise de Carcassonne

Le catharisme, une menace pour l’Église et pour le roi

Vers le milieu du XIIème siècle, alors que l’Europe est dominée par une profonde et ardente foi catholique, le Midi toulousain est gagné par une hérésie toute aussi enflammée, le Catharisme. Cette nouvelle religion, qui apparaît vers le XIIème siècle dans les Balkans, s’appuie essentiellement sur une dualité. Ses disciples, « les Parfaits », croient en deux principes divins opposés : d’une part un monde spirituel avec un Dieu bon, celui de l’Évangile, et de l’autre un monde matériel et corrompu avec un prince du mal et des ténèbres, le Dieu de l’Ancien Testament. Les valeurs morales et l’austérité de ses adeptes contrastent avec l’opulence et le relâchement des représentants de l’Église catholique. Les cathares rejettent les sacrements, les indulgences, le purgatoire et le culte des saints. Ils ne glorifient point le sacrifice de la croix, et ne reconnaissent pas le pape comme le successeur légal des apôtres. Refusant le concept de propriété et condamnant le serment, ils sont considérés comme subversifs par la société féodale et par la royauté. Les fondations du christianisme vont chanceler, au point de décider le pape Innocent III à déclarer les « Bons Hommes » et les « Bonnes Dames », hérétiques.

Le Midi de la France en 1209, après la mort de Raymond V.

En France, lorsque les croyances cathares apparaissent, la chrétienté est partagée au sein de l’Eglise : une grande divergence d’idées demeure entre les Français du Nord et les gens du Midi. Alors que ceux du Nord admettent la foi catholique romaine, dans les régions du Sud l’on a adopté l’« arianisme » depuis les premières heures du christianisme. Cette disparité va opposer le Languedoc à l’autorité de Rome, et faire de lui un foyer où les hérésies et les schismes vont se développer sans contrainte.

La Croisade des Albigeois met un terme à ces divisions. D’abord décidée pour des raisons religieuses, elle est le fait majeur de l’histoire médiévale de ce territoire, par sa violence, mais aussi par son impact politique : une frontière commence à se dessiner au Sud, pour un royaume, la France.

C’est à Arius (256-336), théologien alexandrin, que l’on attribue au début du 4ème siècle le courant de pensée théologien, l’« arianisme ». Sa pensée assure que si Dieu est divin, son fils Jésus, lui, est avant tout un humain mais possède cependant une part de divinité. C’est en 325 que le concile de Nicée, rassemblé par l’empereur Constantin, rejeta l’« arianisme », jugé hérétique.

HISTORIQUE

Le château de Peyrepertuse

Le pays de Perapertusès (nom du pays dépendant de Peyrepertuse) est cité au IXème siècle.

Jusqu’en 874, la région appartient au comté de Razès. À ce moment-là, le pays de Perapertusès en est détaché (ainsi que la vicomté de Fenouillèdes avec laquelle il est juridiquement lié), et rattaché jusqu’en 988 au comté de Cerdagne.

Vers 1020, il devient propriété du comte de Bernard Taillefer de Besalú, et c’est à cette date qu’il est cité un premier château.

Le château de Peyrepertuse (XIème siècle) appartient à cette époque au comté de Besalù (petite contrée catalane). Il passe ensuite, en 1111, dans le comté de Barcelone, puis dans la vicomté de Narbonne.

À partir de 1180, le comte de Barcelone Alphonse II (devenu roi d’Aragon) s’affranchit de sa vassalité envers le roi de France. La région devient aussitôt une frontière.

Au cours de la Croisade des Albigeois, Guilhem de Peyrepertuse (le seigneur des lieux) fait allégeance à Simon de Montfort (le chef de la Croisade des barons du Nord) mais continue de résister, et s’empare du château de Puilaurens.

Guilhem de Peyrepertuse se soumet après l’échec du siège de Carcassonne, et le château est vendu en 1239 à la couronne de France.

C’est en 1240 que Peyrepertuse devient la propriété de Saint Louis. Lorsque celui-ci prend possession du château, il fait rapidement entreprendre des travaux de fortifications, qui font du modeste château seigneurial de Peyrepertuse une imposante forteresse royale.

En 1250-1251, on construit le donjon Sant Jòrdi, situé plus en hauteur sur la crête, auquel on accède par « l’escalier saint Louis » (ouvrage entièrement taillé dans le roc). Le « Donjon Vieux » est restructuré, ainsi que l’église Sainte-Marie qui existait auparavant.

Jusqu’en 1255, Peyrepertuse est en pays hostile, face à Quéribus et au Fenolhédès. La forteresse se doit d’être dotée de toutes les innovations permettant une solide défense (nouveaux engins de guerre, arbalètes)…

Les accès sont pourvus de chicanes. On crée devant la porte d’entrée un espace étroit, de façon à ce qu’un bélier ne puisse pas manoeuvrer (ou prendre son élan), et on dote les portes de barbacanes et d’échauguettes…

Une barbacane désignait pendant le Moyen Âge un petit ouvrage de fortification avancé, le plus souvent de plan circulaire. Connue dès l’Antiquité, la barbacane ne sera introduite en Occident que durant les Croisades. Elle constituait un sas entre l’extérieur et la forteresse, et se présentait comme un premier rempart pour celle-ci. 

Parfois distante de la place forte et séparée par un fossé, la barbacane protégeait les accès principaux, tels un passage, une porte ou une poterne. Elle permettait à la garnison du château de s’attrouper sur un point saillant à couvert. Les défenseurs pouvaient ainsi exécuter des sorties, afin de protéger une retraite ou l’envoi d’une troupe de secours.

Avec les châteaux de Quéribus, de Termes, de Puilaurens et d’Aguilar, le château de Peyrepertuse symbolise un des « cinq fils de Carcassonne ». Tous sont situés au sommet de pitons rocheux « inexpugnables ».

Peyrepertuse est surnommé la « Carcassonne céleste », car c’est le plus grand des cinq châteaux. La situation demeure confuse dans la région jusqu’à la signature du traité de Corbeil, en 1258, qui fixe la frontière juste au sud du château.

Le traité de Corbeil est signé le 11 mai 1258 entre les représentants du roi d’Aragon Jacques Ier, et ceux du roi de France Saint Louis

Par ce traité, le roi de France renonce à ses prétentions sur les comtés de la Marche d’Espagne, tandis que le roi d’Aragon renonce, de son côté, à certaines de ses ambitions dans le Languedoc (sauf Montpellier, entre autres).

Ce traité fixe la frontière du royaume de France au sud des Corbières, gardée côté français par les forteresses de Termes, Aguilar, Niort, Quéribus, Peyrepertuse et Puilaurens.

Le 3 avril 1367, lors de la Bataille de Nájera, Henri de Transtamare (prétendant au trône de Castille et allié à Bertrand Du Guesclin) est battu par les forces anglo-castillanes commandées par Edouard de Woodstock (« le Prince Noir »). Henri de Transtamare est autorisé par le roi de France Charles V à se réfugier au château de Peyrepertuse.

En 1542, Jean de Graves (seigneur de Sérignan) conquiert le château au nom de la Réforme Protestante, mais est ensuite fait prisonnier et exécuté.

En 1659, avec la signature du traité des Pyrénées, le château se retrouve déclassé en tant que place stratégique, car la frontière avec l’Espagne s’est déplacée plus au sud dans les Pyrénées. Il conservera cependant, jusqu’à la Révolution française (époque où il est abandonné), une petite garnison commandée par un officier subalterne.

En 1820, il sera vendu comme bien national. Il faudra attendre 1950 pour que débute la première campagne de restauration.

LE CHÂTEAU DE PEYREPERTUSE

Le château est situé sur la commune de Duilac-sous-Peyrepertuse, dans les Corbières. On y arrive par une petite route sinueuse, au milieu de la garrigue parsemée de vignes. L’édifice se dresse sur un éperon rocheux qui a la forme d’un navire. Sa silhouette imposante se devine depuis la vallée, et nul ne peut se douter du gigantisme du site. Arrivés au pied de la falaise haute de 40 mètres, on peut apprécier le spectacle à sa juste mesure. Sous nos yeux émerveillés, l’éperon rocheux et le château  écrasent notre regard de leur masse imposante.

VUES AÉRIENNES

LA CITADELLE DU VERTIGE…

LE VIEUX CHÂTEAU

L’ENCEINTE BASSE

Par la cour, à l’étage, on accède au logis du gouverneur et à l’église Sainte-Marie. Cette église paroissiale peut être datée du XIème siècle.

L’entrée principale se trouve du côté nord mais, à l’époque des cathares, un passage dérobé (portanelle ou poterne) permettait de pénétrer dans le château au moyen d’une échelle amovible. Aujourd’hui la poterne du passage dérobé est fermée, mais le chemin existe toujours (le panorama du passage derrière l’éperon est grandiose).

Comment, au Moyen Age, quitter le château sans être vu du guetteur ? Il existait une poterne qui donnait, entre les latrines et le logis, sur un sentier caché. Protégé par l’aiguille rocheuse attenante à la muraille non loin de là, on était à l’abri. Néanmoins, le fuyard devait avoir une bonne forme physique pour dévaler les rudes pentes abruptes…

Portanelle ou poterne : porte dissimulée dans une muraille qui permettait de s’enfuir ou de faire entrer des renforts à l’insu des assiégeants.

LES REMPARTS

Les puissantes murailles sont surmontées d’un chemin de ronde sur 120 m de long, qui court de l’entrée à l’éperon et assure la défense du rocher. C’est un endroit idéal qui permet aux guetteurs de détecter tout mouvement au loin dans la vallée.

Le sentier d’accès contourne la falaise, passe sous la première enceinte (celle qui donne à Peyrepertuse sa forme si spécifique) et se termine par un éperon. Cet ouvrage défensif est conçu pour détourner les projectiles.

Deux puissantes tours de défense réservent aux assaillants un accueil périlleux. S’ils arrivent à s’en emparer, des soldats postés en face, ou dans le château bas, les atteindront facilement. Il n’y a aucun moyen pour eux de se cacher. Mais avant d’arriver jusque là, il leur faudra éviter les tirs d’arbalètes pleuvant des nombreuses archères, judicieusement positionnées.

Aux XVème et XVIème siècles, un logis de deux étages abritait la garnison (en 1302, elle se composait d’un châtelain, de 21 sergents, d’un guetteur, d’un portier, d’un chapelain, et de chiens).

Au XIVème siècle, ce sont des autochtones qui gardent la forteresse : en majorité des paysans et des artisans… Rémunérés par le roi, ils sont exemptés d’impôts. D’où leur nom : « morte-payes » ; une charge lucrative, qui va bientôt devenir héréditaire.

On distingue près de l’entrée des éléments de vie commune bâtis dans la roche : un banc, des marches d’escalier, et un évier.

L’ASSOMMOIR

C’est un système de défense qui se retrouve dans tous les châteaux royaux. Il se présente sous la forme d’un logement aménagé dans l’arc de la porte d’entrée.

Un soldat ou un garde, posté sur une plate-forme située au-dessus de la porte, peut accueillir les assaillants en leur jetant toutes sortes d’objets : huile bouillantes, flèches, grosses pierres « assommantes »…!

FENÊTRES A COUSSIÈGES

Un coussiège est un banc ménagé dans l’embrasure d’une fenêtre par un ressaut de la baie. Forme courante dans les constructions médiévales, il est souvent en pierre, intégré à la maçonnerie, revêtu de bois, de coussins. …

PHOTOS 1998

PANORAMA

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

Cet article contient des infos recueillies sur des panneaux explicatifs affichés sur le parcours de la visite du site, à l’attention du visiteur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Peyrepertuse

https://cdt11.media.tourinsoft.eu/upload/guide-de-visite-peyrepertuse-fr.pdf

https://www.payscathare.org/les-sites/chateau-de-peyrepertuse

https://monumentum.fr/monument-historique/pa00102673/duilhac-sous-peyrepertuse-ruines-du-chateau-de-peyrepertuse

https://fr.wikipedia.org/wiki/Duilhac-sous-Peyrepertuse

https://www.baladesetpatrimoine.com/item/le-chateau-de-peyrepertuse/

 

 

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