Le bon roi Dagobert

LES MÉROVINGIENS

Tiers de sou en or de Dagobert Ier

LE « BON ROI DAGOBERT »

(Vers 602/605 – 638 ou 639)

Dagobert Ier

Du Vème siècle au milieu du VIIIème siècle, la dynastie des Mérovingiens régna sur une très grande partie de la France et de la Belgique actuelles, ainsi que sur une partie de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays-Bas.

Clotaire 1er roi des Francs

Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident.  

Tiers de sous d’or de Dagobert Ier

Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511).

Mérovée

Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.

SOMMAIRE

A la mort de son père Clotaire II (584-629), Dagobert lui succède et devient roi de tous les Francs.

Clothaire II

Dagobert hérite d’un pays unifié qu’il va diriger pendant une dizaine d’années avec l’aide de son célèbre ministre, « le bon Saint Éloi ».         Il laisse à la postérité le souvenir d’un remarquable souverain, juste, bon chrétien, ayant pratiqué une politique étrangère audacieuse. Il sera le dernier grand roi mérovingien. Par la suite, tous ses successeurs seront nommés « rois fainéants ».

Lire :

Dagobert, le dernier des grands mérovingiens.

Dagobert le protecteur de Saint-Denis.

Dagobert fait de Paris sa capitale.

L’armée franque sous le règne de Dagobert.

LES ROIS FAINÉANTS

L’appellation de « rois fainéants » (littéralement rois qui ne font rien, « fait néant ») est octroyée aux rois francs mérovingiens qui, à partir de 639, succédèrent à Dagobert Ier.

Les manuels d’histoire de la Troisième République ont popularisé une image d’Épinal des rois mérovingiens allongés dans leurs chars à bœufs.

Cette appellation a été façonnée par Eginhard, biographe de Charlemagne, dans sa « Vita Karoli » (Vie de Charlemagne), écrite au IXème siècle.

Eginhard disait de ces Mérovingiens qu’ils « n’avaient plus de rois que le nom », n’ayant accompli aucune réforme d’importance au cours de leurs règnes (littéralement « ayant fait néant »).

NAISSANCE & FAMILLE

Dagobert Ier est un roi des Francs de la lignée mérovingienne. Il naît vers 602/605 et meurt le 19

Bertrude

janvier 638 ou 639. Dagobert Ier, arrière-arrière-petit-fils de Clovis Ier, est le fils de Clotaire II (584-629) et de Bertrude des Burgondes (née vers 590, décédée vers 618 à l’âge d’environ 28 ans).

Il règnera sur l’Austrasie de 623 à 632 et sera roi des Francs de 629 à 639. Le pouvoir, déjà affaibli sous son règne, échoit à sa mort aux des Maires du palais.

 

 

 

Les Maires du Palais, pendant la période mérovingienne, étaient les plus hauts dignitaires des royaumes francs, après les rois.

Dagobert aura un demi-frère, Caribert II (né vers 606-610 et mort le 8 avril 632). Celui-ci sera roi d’Aquitaine de 629 jusqu’à sa mort, en 632. Il est le fils du roi des Francs Clotaire II et probablement de la gouvernante de Caribert II, Sichilde (naissance inconnue-morte en 627).

JEUNESSE

Tout jeune, dès l’âge de neuf ans, Dagobert souffre d’une entérite colique (inflammation de l’intestin grêle). Sa mère l’envoie en compagnie de son demi-frère hors de Paris, dans la villa royale de Reuilly.

Dagobert Ier chassant le cerf

Là, il est encadré par des clercs qui lui inculquent le latin et l’histoire. Il y fait du sport, apprend à monter à cheval et s’initie au métier des armes ; il n’a que dix ans… En outre, on lui enseigne des métiers manuels tels que l’ébénisterie et la menuiserie.

En 615, il retourne à la cour du roi, son père, où il y perfectionne ses connaissance politiques et administratives.

Dès 623, son père Clotaire II l’associe au pouvoir. Il le nomme roi d’Austrasie (France de l’Est). En 629, à la mort de son père, Dagobert Ier se rend maître de la Neustrie (France du Nord), véritable centre de l’hégémonie franque avec Soissons et Paris. Il ne laissera à Caribert, son demi-frère, que l’Aquitaine, région qu’il récupérera en 632, au décès de ce dernier.

Désormais, Dagobert Ier règnera seul aux destinés de ce vaste royaume.

Dagobert reçoit le royaume Franc par les évêques et les grands de Burgondie.

RAPPEL

L’Austrasie : l’Est de la France actuelle, l’Est de la Belgique actuelle et les régions rhénanes.

La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne).

La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).

Dagobert Ier

En France, la mémoire collective a retenu du bon roi Dagobert cette chanson :

« Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers ; le grand Saint Éloi lui dit : ô mon roi ! votre majesté est mal culottée. C’est vrai, lui dit le roi, Je vais la remettre à l’endroit ».

Qui ne l’a pas chantée ?

Le bon roi Dagobert

Car d’après les récits de ses contemporains, Dagobert était tellement distrait qu’il avait l’habitude de mettre ses culottes (ses braies, pantalons) à l’envers. Bon vivant et populaire, il s’amusait bien souvent de lui-même et de ses négligences. Le respect dû au roi a fait passer sa distraction pour une simple légende.

La culotte du roi Dagobert et Saint Éloi

En fait, dans la culture populaire de France, celle-ci semble dater de la Révolution Française. Elle est écrite vers 1787, pour railler le monarque Louis XVI. Or, à l’époque, il était impossible de s’en prendre verbalement et directement à la personne du Bourbon. Alors les auteurs de la chanson détourneront leurs quolibets sur un autre nom de roi très ancien : Dagobert Ier. Puis, pour éloigner les soupçons et la censure, ils associeront le personnage de Saint Éloi aux paroles de la comptine.

MARIAGES

Dagobert Ier aura plusieurs épouses et concubines dont :

Gomatrude Gométrude ou Gomatrudis (598-630), reine des Francs, première épouse de Dagobert Ier.

Gomatrude

Nantilde ou Nantechilde (vers 610 – 642), reine des Francs. D’abord concubine, le roi l’épouse en 633. De cette union naîtra Clovis II (roi de Neustrie et de Bourgogne de 639 à sa mort).

Clovis II et Nanthilde

Ragnétrude (ou Ragentrude, ou Raintrude) est une concubine de Dagobert Ier. (Aucune source contemporaine ne mentionne de mariage entre Dagobert et Ragnétrude, aussi cette dernière ne peut pas être considérée comme reine des Francs).

On ne connaît rien de sa vie si ce n’est qu’elle est austrasienne, et que le roi Dagobert Ier la rencontre en Austrasie. Il en fera sa maîtresse et elle lui donnera un fils, Sigebert (630-656).

Dagobert Ier, Ragnétrude et leur fils Sigebert III

Wulfégonde ou Vulfégonde (naissance et mort inconnues) fut reine des Francs en tant que seconde épouse du roi Dagobert Ier.

Berchilde ou Bertechildis (naissance et mort inconnues) fut reine des Francs en tant que troisième épouse du roi Dagobert Ier

LE CLIN D’ŒIL

Tourmenté par l’idée de se savoir incapable de procréer et d’avoir un héritier mâle, le roi Dagobert se persuade « d’essayer » de séduire toutes les femmes de son entourage ! Aussi, sa liaison avec Ragnétrude est une passade, comme le seront tant d’autres à venir… Parmi ses nombreuses femmes, l’Histoire a retenu Wulfgonde, une jouvencelle qui était la fille d’un chef wisigoth soumis à l’autorité des Francs. Sans la moindre résistance de sa part, la jeune fille sera séduite par le roi. Elle sera la concubine favorite du monarque durant de nombreuses années. Si bien qu’elle aurait résidé à la cour et mangé à la table de Nanthilde, l’épouse légitime (qui aurait pourtant pu s’offusquer de la présence de sa rivale). Concernant Berthilde, il semblerait que Dagobert Ier l’aurait rencontrée lors d’une de ses escapades pour rejoindre la couche de Ragnétrude…

DAGOBERT ET SES CONQUÊTES FÉMININES

Saint Amand à la cour de Dagobert. Bibliothèque municipale de Valenciennes.

DAGOBERT CONVOITE LA MODESTE NANTHILDE

Le roi éprouve un fol amour pour l’exquise Nanthilde. Il la veut, même si pour cela il lui faudra répudier Gomatrude, sa première épouse. Il est décidé à tout faire pour la conquérir. Il y parvient. Cependant, après les épousailles célébrées en décembre 629, Dagobert s’égarera dans la couche de l’Austrasienne Ragnétude. De cette union illégitime naîtra un fils, le futur Sigebert III.

NANTHILDE RÉSISTE AUX ASSAUTS DU ROI

Dagobert, comme beaucoup de souverains parmi la lignée de ses ascendants, est friand de jolies femmes. Son mariage avec l’honorable Gonatrude n’a nullement calmé ses élans amoureux. Au cours de l’une de ses escapades frivoles, Dagobert croise la belle Nanthilde, et aussitôt c’est le coup de foudre. Depuis ce jour-là, il désire la jeune femme qui repousse ses avances.

Le mariage de Dagobert 1er et Nanthilde. Grandes Chroniques de France

La noble et douce Nanthilde ne peut céder aux assauts du roi hors mariage. Peut-être par pur respect des sacrements chrétiens, ou alors par pure intention de devenir reine. Mais son refus ne décourage nullement Dagobert, qui redouble ses avances amoureuses auprès de la jeune femme, s’évertuant de plus belle et sans honte à convaincre Nanthilde. Il lui affirme que si elle lui cède, il se séparera de la reine Gonatrude et l’épousera. Il lui promet aussi de lui faire des enfants qui deviendront ses héritiers légitimes.

Face à de si alléchantes propositions, Nanthilde ne peut qu’accepter.

La reine Gonatrude est dès lors invitée à se retirer dans une demeure, dans la région de Chartres. Néanmoins, elle ne sera pas oubliée : elle aura à sa disposition une dot conséquente et de nombreux domestiques.

En décembre 629, on se dépêche de célébrer les noces de Dagobert Ier et de Nanthilde. L’union s’effectue malgré les contestations du conseiller du roi, Amand, qui rappelle à son souverain que celui-ci se doit de respecter ses obligations chrétiennes, et qu’il doit à tous moments s’afficher comme un modèle envers son peuple.

Saint Amand et Dagobert Ier

Mais à sa décharge, Dagobert avance que le mariage avec Gonatrude n’a pas été consommé. Il obtient donc l’annulation de son premier mariage. Quant à Amand, il sera chassé de la cour pour s’être impunément opposé aux désirs du roi.

Ne voulant pas réitérer la même déconvenue, Dagobert fera rajouter une clause dans son contrat de mariage avec Nanthilde. Elle spécifie que le roi aura le droit de découcher autant de fois qu’il le désirera, et d’avoir autant de concubines qu’il le souhaitera.  Ainsi, le roi pourra assouvir sa polygamie et son infidélité en toute légitimité…

« LE BON ROI DAGOBERT »

Le bon roi Dagobert

EN BREF

Dagobert sait que pour fortifier la cohésion du royaume et avoir une administration solide, il doit s’entourer des notables du pays et leur transmettre l’art de diriger.

Saint Éloi

Il leur octroie pour cela des responsabilités près de lui au palais, puis les renvoie dans leurs domaines respectifs, dotés d’un évêché.

L’illustre ministre de Dagobert (le futur Saint Eloi) exercera la charge d’officier de chancellerie avant de devenir l’évêque de Noyon.

 

 

Éloi de Noyon naît vers 588 et meurt le 1er décembre 660.

Saint Éloi

Orfèvre et monnayeur de profession, il est sous Clotaire II maître de la monnaie, et vraisemblablement à l’origine de la création du « denier d’argent ».

Saint Éloi

Véritable homme de confiance de Dagobert Ier, il exercera auprès de son roi la fonction de ministre des finances, avant de devenir évêque de Noyon.

En 1212 s’effectuera la translation de la relique d’un de ses bras. Celle-ci est célébrée à Paris, le 25 juin de chaque année, en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Pour les catholiques, Saint Éloi est fêté le 1er décembre.

 

DAGOBERT LE ROI CHRÉTIEN

En 630, en bon serviteur de la foi chrétienne, Dagobert fait ériger l’abbaye de Saint Denis.

Construction de Saint-Denis et Campagne de Dagobert Ier en Poitou.

Il y sera inhumé dans son tombeau. Le sanctuaire deviendra plus tard la nécropole des rois de France.

Tombeau du roi Dagobert

DAGOBERT LE ROI GUERRIER

– En 630, afin de rendre justice et secourir les pauvres, Dagobert voyage en Burgondie pour y établir les réformes mises en place en Austrasie.

Le royaume des Francs en 628

– En 631, Caribert, son demi-frère, meurt, sans doute assassiné par ordre de son frère, « le bon roi Dagobert ». C’était un usage pour les Mérovingiens d’avoir recours au crime afin d’assouvir leurs prétentions au pouvoir. Cette habitude sera souvent de mise, à tel point qu’elle s’avérera comme une nécessité politique pour attester l’unité du royaume. C’est du reste le souci primordial du roi : rétablir un royaume puissant et réconcilié. Pour assoir cette ambition, il s’empare immédiatement des fiefs de son défunt frère.

L’Europe centrale au Vème siècle.

– En 632, Dagobert n’a pas que des succès militaires : il échoue contre la résistance des Slaves. Pour les contrôler et maîtriser leur ardeur au combat, il doit faire des concessions aux Saxons en leur abandonnant la défense de ses frontières orientales.

Bataille entre les Francs, commandés par le roi Clotaire II, et les Saxons. Grandes Chroniques de France de Charles V.

Les Saxons représentent un peuple germanique appartenant au rameau occidental. Ils sont mentionnés pour la première fois au IIème siècle par le grec Ptolémée sur la carte Germania Magna. Il les situe alors au sud-ouest du Jutland, ce qui correspond à peu près à l’actuel Holstein, d’où ils semblent s’être dispersés au sud et à l’ouest.

– En 634, la noblesse d’Austrasie se révolte. Pour la calmer, Dagobert se voit obligé d’abandonner le royaume d’Austrasie à son fils Sigebert III, qui n’a alors que deux ans.

– En 637, il mène des campagnes militaires contre les Bretons et impose sa souveraineté à Judicaël, le prince de Domnonée.

– En 638, une révolte de Vascons éclate. Pour écarter la menace basque, Dagobert envoie une armée de Bourgogne pour mater la rébellion.

Hommage de saint Judicaël à Dagobert Ier et Bataille entre Dagobert Ier et les Vascons

– Enfin, il installe une ligne de défense à l’Est, dans la basse vallée du Rhin, face aux Frisons (un peuple germanique).

Les Frisons représentent un peuple germanique appartenant au « rameau westique ». Ils forment la plus grande des trois branches de la famille des langues germaniques, incluant notamment l’allemand, l’anglais et le néerlandais, mais également l’afrikaans, les langues frisonnes et le yiddish.

SA MORT

En 638 ou 639, à Épinay-sur-Seine, Dagobert Ier tombe malade d’un flux au ventre. Il meurt quelques jours après, le 19 janvier ; il est alors âgé de 36 ans.

19 janv. 639 mort de Dagobert Ier, en l’abbaye de Saint-Denis.

Dagobert a choisi le lieu où reposera sa dépouille. Il ne sera pas enterré à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, comme ses prédécesseurs depuis Childebert Ier, en 558. Il préfère se faire inhumer dans la nouvelle basilique Saint Denis, là où git depuis 570 Arégonde, son arrière-grand-mère et quatrième épouse de Clotaire Ier. Aujourd’hui, il ne subsiste que le tombeau qu’a fait installer au XIIIème siècle le roi Louis IX.

En 639, à sa mort, son royaume est divisé en deux entre ses deux fils, comme il le fut précédemment entre les fils de Clovis. Mais les conflits et querelles consécutifs au partage vont reprendre inexorablement. Ces disputes internes vont petit à petit abandonner le pouvoir aux maires du palais (ministres qui deviendront par la suite très puissants).

Les derniers rois mérovingiens sans pouvoir et sans argent porteront le sobriquet de « Rois Fainéants » ; ils seront plus tard remplacés par leurs célèbres « maires du palais ».

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dagobert_Ier

https://gw.geneanet.org/capreolus?lang=fr&n=merovingiens&oc=0&p=dagobert+ier+le+bon+roi+dagobert

https://gw.geneanet.org/hamety?lang=fr&iz=3874&p=bertrude&n=burgondes

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens

 

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2 réponses

  1. 2 mai 2023

    […] Le bon roi Dagobert […]

  2. 22 janvier 2024

    […] FONDATION : un panneau placé à l’entrée de l’édifice nous apprend que le monastère Saint-Martin aurait été fondé au VIème siècle par Sainte Énimie, sœur du roi Dagobert. […]

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