Les Témoins du passe – L’Abbaye Saint-Vincent de Nieul-sur-l’Autise
LES TÉMOINS DU PASSÉ
ABBAYE SAINT-VINCENT
DE
NIEUL-SUR-L’AUTISE
Abbaye Royale Saint-Vincent
Vendée
Nieul-sur-l’Autise
Bas-Poitou
TYPE : abbaye.
CULTE : catholique romain.
STYLE DOMINANT : gothique.
DÉBUT DE CONSTRUCTION : 11ème siècle.
FIN DE CONSTRUCTION : 19ème siècle.
PROTECTION : le monument est classé au titre des monuments historiques en 1862.
SITUATION
Nieul-sur-l’Autise est un village vers l’extrême sud du département de la Vendée. Il se situe à proximité de la frontière avec la région Poitou-Charentes (au sud de Vouvant et au sud-est de Fontenay-le-Comte). Le site est desservi par le Chemin Vert et par une voie fluviale (l’Autise).
PRÉSENTATION
Fondée en 1068, l’abbaye Saint-Vincent de Nieul bénéficie de la protection Comtes de Poitou et des ducs d’Aquitaine. En 1141, Aliénor d’Aquitaine (née vers 1122 ou 1124-morte en 1204), alors reine de France, lui accorde le statut d’Abbaye Royale. Elle est à ce jour un des rares ensembles monastiques complets du Bas-Poitou.
HISTORIQUE
– En 1068, un groupe de chanoines génovéfains mandatés par le seigneur de Vouvant, arrive dans les lieus pour y fonder un monastère. L’abbaye prend rapidement son essor, grâce notamment aux nombreux dons et privilèges accordés par ses protecteurs, les ducs d’Aquitaines et le roi de France Louis VII. Ce dernier, de passage à Niort avec son épouse Aliénor d’Aquitaine (née en 1122 à Nieul-sur-l’Autise), certifie les religieux dans leurs biens et les prend sous sa tutelle.
– La mère d’Aliénor d’Aquitaine, Aénor de Châtellerault (née vers 1103- morte en 1130), y est inhumée.
– En 1139, le Concile du Latran oblige les moines réguliers à suivre la règle de Saint Augustin. L’abbaye œuvrera énergiquement aux travaux d’irrigation de la région, donnant naissance plus tard au Marais Poitevin.
– En 1217, c’est sur les terres des abbayes de Maillezais, Nieul-sur-l’Autise, Saint Michel en l’Herm, Saint Maixent l’Ecole, et l’Absie que sera creusé le 1er canal. Celui-ci prendra le nom de « Canal des cinq abbés ».
– Lors des guerres de religions, des personnages célèbres séjournent à Nieul-sur-l’Autise : le Duc d’Anjou (le futur Henri III), le Prince de Condé et le Roi de Navarre (le futur Henri IV) sont dépêchés par le Roi Charles IX, pour renforcer le siège contre la ville protestante de La Rochelle. Leur présence déchaîne la furia des assauts protestants sur l’abbaye.
– En 1568, cette dernière est pillée, incendiée, et ses occupants sauvagement massacrés.
– Entre 1630 et 1646, il faudra toute la volonté et la vaillance de l’abbé Brisson pour relever l’abbaye de ces cendres.
– En 1715, ne pouvant plus subsister dans l’abbaye, les moines consentent à sa suppression et à son annexion au chapitre de La Rochelle.
– Dès 1718, il n’existe plus de vie monastique dans les lieux et l’abbaye est désertée.
– En 1791, durant la période révolutionnaire, l’édifice est mis en vente par le département de la Vendée comme bien national. Pendant ce temps l’abbatiale, qui est devenue église paroissiale, se transforme et devient propriété de la commune. Ses terres et ses dépendances (bâtiments du cloître) sont fractionnées et vendus.
– En 1862, le monument est classé au titre des monuments historiques.
– En 1910, 1936, et 1945, l’ensemble subira de nombreuses restaurations.
– En 1969, l’édifice est acquis par le département de la Vendée. Un joyau d’histoire, restauré et mis en valeur pour faire revivre ce lieu d’exception.
L’ABBAYE D’ALIÉNOR
Découvrons maintenant ce joyau de l’architecture romane. Nieul-sur-l’Autise se dresse somptueusement depuis des siècles au milieu d’un écrin de verdure, au centre du marais poitevin.
ENTRÉE
Une passerelle extérieure donne accès à l’abbaye. Dès les premiers pas dans le passage, l’on découvre le premier thème abordé, celui de la musique et de ses sculptures au 12ème siècle. Au fur et à mesure que l’on avance, des instruments de musique médiévaux s’illuminent par des éclairages spéciaux.
PLAN
L’ÉGLISE SAINT – VINCENT
Adossé au chœur en hémicycle du 19ème siècle, le croisillon sud du transept est le seul vestige qui subsiste de la 1ère église de la fin du 11ème siècle. La façade ouest représente un magnifique exemple de l’architecture du Poitou roman. On distingue, sur les sculptures, des animaux fabuleux qui se lovent sur les chapiteaux des colonnes, et qui apparaissent aussi sur ceux du portail central.
L’église est pourvue de deux clochers : l’un se situe au-dessus du transept et l’autre au dessus du portail.
LES DOUBLEAUX
La nef, somptueuse, est constituée de sept travées. Ses deux collatéraux élevés, qui la contrebutent, datent du 12ème siècle. Ceux-ci sont voûtés en berceaux brisés et renforcés par de solides doubleaux sur colonnes.
LA NEF
Elle présente une sérieuse inclinaison des piliers. Ceci est probablement dû à l’action d’une première construction des voûtes aux appuis mal contenus. L’usure inexorable du temps et les destructions occasionnées lors des guerres de religions, ont accru la déclivité de l’édifice. Au 17ème siècle, trois solides arcs-boutants furent construits qui chevauchent encore l’aile nord du cloître.
LE DORTOIR
A l’exception du chapelain (du fait de sa fonction paroissiale) et du chambrier, les moines dorment tous dans le dortoir commun. Tous deux disposent d’une chambre individuelle attribuée par l’abbé.
Quant au dortoir originel, nous en ignorons les agencements. Celui du 12ème siècle prend appui sur le transept de l’église du 11ème siècle. Il était placé au-dessus de la salle capitulaire et chapeauté par une voûte en berceau brisé ; on peut en apercevoir les vestiges aux extrémités de la salle. Il était éclairé à l’origine par cinq fenêtres étroites en plein-cintre. Elles étaient pourvues sur les bords de « coussièges » (sortes de banquettes de pierre construites dans l’épaisseur des murs). De l’autre côté de la pièce, une porte permettait l’accès au cloître.
LA SALLE CAPITULAIRE
A partir de 1139, le Concile de Latran place la communauté des chanoines de Nieul-sur-l’Autise sous les instances de la règle de Saint Augustin. Cette dernière prône la pauvreté individuelle dans un esprit de charité et d’unité. Dans cette pièce, chaque matin, l’abbé lit à ses condisciples la règle de Saint Augustin. Ensuite il indique le déroulement de l’office du lendemain et distribue les tâches à exécuter pour la journée.
La salle capitulaire s’ouvre sur la galerie orientale par cinq larges ouvertures. C’est une grande pièce dont la voûte en berceau date du 17ème siècle. La construction originelle comportait deux nefs à trois travées : les deux bases des piliers centraux sont encore visibles, et l’on peut encore apercevoir les empreintes des voûtes sur les parois. Des traces colorées révèlent aux visiteurs que la salle capitulaire était entièrement peinte, comme probablement l’ensemble de la bâtisse. Accolé à la pièce, un exigu couloir débouche sur le jardin et sur le cimetière. Juste à côté se trouve la chapelle des Chabot, située et aménagée sans doute sur l’emplacement d’une partie du chauffoir. Au centre se trouve la pierre tombale de l’abbé Hugues de Faye (abbé de 1304 à1319).
LE CLOÎTRE
Selon la règle, c’est dans ce lieu que l’on admet exclusivement les « laïcs de vie honnête et les seigneurs temporels ».
– A partir du 11ème siècle, ceux-ci, par leurs nombreux dons, contribuent à l’essor du monastère. On cite ainsi en 1076 Guillaume VIII, comte de Poitou et d’Aquitaine qui, en octroyant de nouvelles terres aux moines, atteste de la fondation de l’abbaye.
– Vers le milieu du 12ème siècle, la reine Aliénor d’Aquitaine leur attribue davantage de donations ainsi que des prérogatives supplémentaires. La reine Aliénor, dont la mère reposait près de la salle capitulaire, demande à Louis VII son époux de prendre sous sa protection le monastère, qui devient abbaye royale en 1141.
Le cloître du 12ème siècle est adossé contre le mur sud de l’église ; il demeure le seul cloître roman entier de l’ouest de la France. Il est de conception carrée et constitué de galeries, composées de cinq travées d’arcades. A l’étage, un couloir exigu débouche côté est sur le dortoir des chanoines, et côté ouest sur celui des hôtes.
A l’est, hormis l’escalier qui dessert le dortoir des chanoines, l’on distingue un enfeu gothique décoré de sculptures ; il désigne probablement la tombe d’Aénor de Châtellerault, la mère d’Aliénor d’Aquitaine. Puis on trouve également l’entrée de la salle capitulaire, l’accès aux champs et la chapelle des Chabot.
GISANTS & ENFEUS
Dans la galerie sud, près de la porte du réfectoire, se trouve le lavabo d’époque gothique.
LE RÉFECTOIRE
Après s’être lavé les mains au lavabo près de la porte d’entrée, les chanoines pénètrent en silence dans le réfectoire, rejoignent leur place et attendent debout que l’abbé arrive. On prend le repas dans un silence absolu, tout en écoutant la lecture des Saintes Écritures.
Aujourd’hui, il ne reste que des vestiges du réfectoire, qui se situe derrière le mur nord. On peut imaginer ses dimensions d’origine, avant sa destruction par les Guerres de Religion. De volume assez long, il est rectangulaire, voûté en berceau sur doubleaux ; le tout est éclairé par des ouvertures en plein cintre. Le réfectoire était flanqué de deux salles : l’une à l’ouest reliant les cuisines avec des celliers, l’autre à l’est, avec le chauffoir.
LE JARDIN & LA MAISON D’ALIÉNOR
1 réponse
[…] Lire : l’abbaye de Nieul-sur-l’Autise. […]